ISSN 2970-2321

Cette fiche a été rédigée dans le cadre du projet d’Atlas encyclopédique des Petites Iles de Méditerranée, porté par le Conservatoire du Littoral, l’Initiative PIM, et leurs nombreux partenaires.
This sheet has been written as part of the encyclopedic Atlas of the Small Mediterranean Islands project, carried out by the Conservatoire du Littoral, the PIM Initiative and their numerous partners.
(https://pimatlas.org)

ILES

Cluster : Oran

Sous-bassin : ALGÉRIE

Ile aux rats

Contributeur : Tarik MOKHTARI

Date de création : 19 Décembre 2017

Pour citer cette version : MOKHTARI, T.  (2017). Fiche île : île aux Rats – Sous-bassin : Algérie. Atlas of Small Mediterranean Islands. https://pimatlas.org/ile-aux-rats/

Ile aux rats - Algérie (Bing Maps)
Iles rats Algérie - profil
Commune Oran
Archipel
Surface (ha) 1,6
Linéaire côtier (mètre) 691
Distance à la côte (Mile nautique)

0.0648

Altitude max (mètre) 29
Coordonnée géographiques Latitude
35,77472305
Longitude
-0,7961111665
Propriété foncière /
Gestionnaire(s) /
Statut de protection national /
international /

Description générale


Le Cap Falcon est situé sur la corniche oranaise, il délimite l’extrémité ouest de la grande baie d’Aïn el Turck et ses plages de sable fin. Avant, ce lieu était un petit village composé de cabanons à proximité de grandes dunes de sable où les Oranais et Oranaises venaient passer le week-end en bord de mer. De nos jours avec une urbanisation galopante, de nombreuses maisons ont été construites au Cap Falcon et elles sont habitées à longueur d’année. Quelques commerces de proximité se sont développé par conséquences. La partie nord du Cap a été préservée du béton car elle est située en zone militaire, on y trouve un petit poste de surveillance adjacent à un phare construit en 1868. C’est l’un des premiers phares d’Algérie ce phare bâti de pierres a une portée lumineuse se 29 miles(54 km), en descendant la falaise du Cap Falcon, on arrive au garage à bateaux. Il a été construit en 1958 et il est unique en Algérie. Il peut accueillir 80 bateaux répartis sur 2 étages, la mise à l’eau se fait par un treuil électrique, sa localisation le mets a l’abri du vent d’ouest. En quittant le garage à bateaux les marins-pêcheurs ou les plaisanciers avaient comme habitude de saluer la vierge Marie, une statue de 1.50 mètres conçue dans une petite grotte. Elle protégeait les marins- pêcheurs, veillait a ce que leurs pêches soient bonnes et qu’ils rentrent sains et saufs. En contournant le Cap Falcon, on arrive à l’île au chameau, puis une petite île sans nom, puis à l’île aux rats plus à l’ouest, la plus grande et la plus peuplée de ce petit archipel.

L’île aux rats à une superficie de 1.6 hectares, son plus grand axe fait 150 mètres et le point culminant est à 29 mètres d’altitude, elle se situe à 100 mètres de la côte. On peut y accoster sur la partie ouest dans une petite crique puis se diriger vers le nord pour monter au sommet de l’île constitué par un plateau. La partie sud de l’île est constituée d’une falaise abrupte. L’île ne possède pas de plage, ni de sentier terrestre. Il n’y a pas non plus de source d’eau douce. Très peu de visiteurs s’attardent sur cette île en dehors de quelques pêcheurs à la cannes ou quelques chasseurs en apnée qui gravitent autour de l’île.

ENCADRE : La Vierge du Cap Falcon


La 2eme guerre mondiale a marqué à jamais l’histoire de l’humanité. Plusieurs batailles ont eu lieu dans différentes régions du monde et la côte Oranaise n’a pas été épargnée. Les 2 évènements les plus marquants ont été la bataille de Mers el-Kebir le 3 juillet 1940, un jour où les anglais ont anéanti la flotte Française. Il y a eu à l’issue de cette bataille plus de 1300 morts alors que les anglais étaient pourtant les alliés des Français. Deux ans plus tard ces même anglais accompagnés des américains sont revenus avec une armada de 107 000 soldats et ont débarqué à Oran, Alger et Casablanca. Il y a eu aussi plusieurs batailles terrestres et navales qui se sont soldés par la perte de plusieurs bateaux de guerre et quelques morts. Au cours de ces 2 évènements tragiques, la population de Mers el-Kebir mobilisée a été épargnée et pour remercier dieu, elle a conçu une belle statue qu’elle a disposé dans une grotte à fleur de l’eau au Cap Falcon. En quittant le garage à bateaux et avant de prendre le large, les marins-pêcheurs saluaient sur leur chemin la vierge et faisaient une prière pour que leurs pêches soit bonnes et qu’elle veille sur leur sécurité en mer. C’était un rituel avant d’aller caler ses filets à l’île aux rats, à l’île au chameau ou un peu plus loin. Pour les plus jeunes c’était aussi un lieu de rendez-vous pour se baigner ou un point de repère pour pratiquer la chasse sous-marine. Ce lieu était aussi apprécié par les phoque-moines, ils adoraient prendre un bain de soleil au pied de la vierge. Et puis lors de l’indépendance de l’Algérie en 1962 la vierge a été rapatriée en France. Les circonstances de ce rapatriement ne sont pas très claires. La légende dit que pour éviter que la vierge ne soit saccagée, les pêcheurs l’ont jeté à la mer et qu’elle aurait refait surface. Alors ils l’ont confié à la Marine Nationale Française qui l’a rapatrié à Toulon. Mimoun Benhamou le président actuel du Club Nautique de Cap Falcon se souvient très bien de cet évènement dont il a une toute autre version. Après l’indépendance de l’Algérie, la base militaire de Mers el-Kebir est restée Française pendant plusieurs années et la vierge était toujours la et ce n’est qu’en 1968 lors de l’évacuation de cette base navale qu’une vedette de la Marine Nationale Française est venue de nuit pour desceller la statue et la rapatrier en France. Elle a été installé sur les hauteurs d’une falaise au Cap Brun près de Toulon; Avec le temps et les intempéries elle s’est beaucoup dégradée, alors il a été décidé en 1987 de la mettre à l’abri dans un blockhaus allemand converti chapelle à son honneur et une réplique identique a été déposée par hélitreuillage sur le toit de la chapelle. De la, elle domine la baie de Toulon, elle rayonne sur la mer méditerranée. Elle regarde au large, sans doute en direction d’Oran, elle est peut être nostalgique du Cap Falcon et de sa grotte, comme tous ces pieds-noirs rapatriés d’Algérie au lendemain de l’indépendance qui se réunissent les 15 août de chaque année dans cette chapelle pour se remémorer l’Algérie d’antan. A leurs tête Ghislaine Ruvira veille de près sur ce site, elle est présidente de l’Union des Amicales Varoises des Français rapatriés d’Outre-mer. Avec le concours des autorités civiles et militaires, le site a été entièrement rénové en 2007, des vitraux, des céramiques et des plaques en marbre ornent l’endroit avec des messages de paix et de fraternité. Lors de la cérémonie d’inauguration de ce mémorial, un olivier a été planté dans de la terre provenant de cimetières chrétiens, musulmans et juifs des 3 pays d’Afrique du Nord, mêlé à la terre de Toulon. A l’intérieur de la chapelle un arbre en fer forgé baptisé “L’arbre de vie” a été conçu avec des urnes contenants de la terre provenant de 45 de ces cimetières. Ce paisible lieu de mémoire, de pèlerinage et de retrouvailles a toujours été respecté. Il est régulièrement visité par les communautés de toutes les religions et même par les nouveaux mariés qui déposent leurs bouquets de fleurs au pied de la vierge. Les couples accrochent des cadenas de l’amour gravés à leurs noms à la grille et jettent les clés dans la méditerranée comme pour sceller à jamais leurs unions en priant qu’ils soient éternels. ils prie que Notre Dame de Cap Falcon protège leurs amours comme elle avait protégé auparavant les pêcheurs Oranais lors de leur sorties en mer. mais ca c’était avant qu’elle ne traverse la mer méditerranée, cette mer qui nous sépare, cette mer qui nous unit.


Tarik Mokhtari

Connaissances


La vierge du Cap Falcon

En arrivant dans la petite crique située à l’ouest, on observe plusieurs cormorans huppés, il y en a de plus en plus et ils sont moins craintifs. On dirait qu’il se sont habitués au bruit généré par la navigation et les moteurs des bateaux de plaisance. L’île est peuplée principalement par des goélands leucophées. Il a été observé plusieurs faucons pèlerin et 2 couples de faucons d’Eléonore. Quelques pigeons fréquentent aussi l’archipel. Il n’a pas été observé de puffins cendrés.

sur le plan botanique une première observation faite en avril 2015 a fait l’inventaire de 11 espèces dont Malva arborea une espèce rare en Algérie et Anthemis chrysantha une espèce endémique de la mer d’Alboran(NW de l’Algérie et SE de l’Espagne). Sur des photos de vue d’ensemble il semble que la partie ouest de l’île abrite Brassica spinescens. Cette espèce est considérée jusqu’à présent comme endémique des îles Habibas, elle a été surnommée “le choux des îles Habibas”. Elle a déjà été observée aussi sur le continent sur les falaises du Cap Falcon.

sur le plan marin le pourtour de l’île est riche en patelles géantes, Il n’y a plus de moules alors que l’île en contenant une quantité importantes de souvenir des vieux pêcheurs. Les fonds marins sont peuplés par des espèces communes de méditerranées, à savoir des girelles, des sars, des saupes et des rougets principalement. Dans le temps il y avait beaucoup de mérous(Epinephelus marginatus) et badèches(Epinephelus costae) qui occupaient les lieux. Il y a même au nord de l’île un site de plongée qui s’appelle “le sec des mérous”. C’est un des endroits préférés des chasseurs mais hélas les poissons se font de plus en plus rares et de plus en plus petits. Sur le versant Nord-Est de l’île, à 6 mètres de fond, il y a un tunnel d’une longueur de 10 mètres qui est souvent fréquenté par les cigales, on en trouve régulièrement plusieurs sur la paroi supérieure du tunnel surtout au printemps. Il y avait aussi des phoques-moines sur l’île et un peu partout dans la région. Au niveau du Cap Falcon, les vieux pêcheurs ont souvenir de 4 individus, ces derniers dérangeaient car ils se servait dans les filets de pêche sans jamais s’y prendre. Le dernier phoque-moine du Cap Falcon a été abattu par un fusil de chasse en 1988.

Comme son nom l’indique, l’île était infestée de rats, actuellement il n’y en aurait plus. Par contre il a été observé à 5 reprises de gros serpents de plus de 1,50 mètres sur l’île. Selon la description ca serait des couleuvres fer à cheval. Il n’y a pas eu d’observation d’autres reptiles sur l’île.

Intérêts


Il n’existe pas de publications disponibles sur internet ou dans la banque de données des PIM(Petites Îles de Méditerranée) pour juger d’un manière pertinente de l’importance de cette île. Des missions sur le terrain menées par des scientifiques Algériens, Français ou d’autres nationalités seraient intéressantes pour faire un inventaire précis des espèces présentes sur l’île et de décrire s’ils ont un intérêt particulier. Ceci dit, lors de l’observation ponctuelle faite en avril 2015, il semble que sur le plan botanique la fleur Malva arborea était présente d’une manière très importante et ca serait vraisemblablement le site en Algérie où elle serait la plus abondante. Sur certains photos Brassica spinescens semble avoir été repérée. Une 2eme mission sur le terrain est prévue pour confirmer ou infirmer cette forte hypothèse.

Sur le plan marin, bien que les poissons de grande taille soient beaucoup moins présents voir inexistants, on note la présence de nombreux juvéniles de mérous et de badèches. C’est un signe prometteur car le pourtour de l’île représente certainement une zone de nurseries pour ces espèces et d’autres espèces de poissons. Les Cigales sont devenus extrêmement rares sur le littoral algérien, il faudrait protéger les sites où il y en a encore tels que l’île aux rats. on note la présence de nombreuses patelles géantes sur le pourtour de l’île ce qui représente une richesse car cette espèce est devenue rare dans d’autres pays de méditerranée. Il y a aussi les grandes nacres(Pinna nobilis) autrefois présentes en grand nombre dans les fonds marins, les pêcheurs et les chasseurs s’en servait dans un but décoratif. Désormais il y en a encore quelques unes mais en faibles quantités.

Pressions


L’augmentation du nombre de pêcheurs, de chasseurs et de plaisanciers a forcement un impact négatif sur l’île aux rats. Avant uniquement quelques pêcheurs fréquentait l’île. Aujourd’hui ils sont beaucoup plus nombreux, certains pêcheurs à la canne n’ont pas d’embarcation. Pour une modique somme, ils sollicitent les propriétaires des barques stationnées en face du garage à bateaux pour les emmener sur l’île. Ils y passent toute la journée et parfois même la nuit puis se font récupérer pour rejoindre le continent. La chasse sous marine s’est aussi beaucoup développée et elle est mal codifiée. Il n’y pas de réglementation claire quand aux espèces protégées qui sont interdites à la pêche ou s’il y a une taille minimale pour les pêcher. On voit malheureusement souvent des chasseurs fiers d’avoir tiré un mérou de quelques centaines de grammes. Ce contexte a fait que le stock halieutique autour de l’île s’est beaucoup aminci. Les pêcheurs à la palangrotte faisait de belles prises à quelques mètres de l’île à quelques mètres de profondeurs. De nos jours, ils sont contraints d’aller très loin pour pourvoir pêcher quelques poissons.

L’accès a l’île étant difficile, on ne note pas de pollution ou de dégradations liées à la présence humaine par contre on ne connait pas l’impact des déjections de goélands leucophées sur la flore terrestre. Les goélands sont présents en grand nombre et il faudrait une mission de terrain menée par des experts pour répondre à cette question.

Gestion & Conservation


L’île aux rats comme l’archipel du Cap Falcon en général ne bénéficie pas de statut de protection ou de plan de conservation pour le moment.

Principales ressources bibliographiques


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ISSN 2970-2321

Cette fiche a été rédigée dans le cadre du projet d’Atlas encyclopédique des Petites Iles de Méditerranée, porté par le Conservatoire du Littoral, l’Initiative PIM, et leurs nombreux partenaires.
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(https://pimatlas.org)

ILES

Cluster : Oran

Sous-bassin : ALGÉRIE

Plane - Paloma

Contributeur : Tarik MOKHTARI

Date de création : 19 Décembre 2017

Pour citer cette version : MOKHTARI, T.  (2017). Fiche île : Plane / Paloma – Sous-bassin : Algérie. Atlas of Small Mediterranean Islands. https://pimatlas.org/ile-plane-paloma

Plane;Paloma (Bing Maps)
Plane Algérie - Profil
Commune Oran
Archipel
Surface (ha) 2,7
Linéaire côtier (mètre) 630
Distance à la côte (Mile nautique) 2,862
Altitude max (mètre) 17
Coordonnée géographiques Latitude
35.770943
Longitude
-0.901712
Propriété foncière Domaine public de l’Etat (100%)
Gestionnaire(s) /
Statut de protection national /
international /

Description générale


L’île Plane ou Paloma comme l’appelle les Oranais est une petite île de 2,7 hectares de superficie entourée d’une dizaine de petits rochers. Elle est située 25 km au Nord-Ouest d’Oran et à 7 km en face des plages de Andalouses et de Bousfer sur la corniche Oranaise. C’est une destination privilégiée pour les pêcheurs, les plongeurs ou tout simplement les plaisanciers qui veulent passer une journée en mer et faire une halte dans un endroit féerique. Ils en gardent un souvenir émerveillé.

L’île fait 300 mètres de long et possède 2 petits abris naturels, l’un à l’est et l’autre à l’ouest. On peut amarrer son bateau sur le petit quai et débarquer sur l’île en toute sécurité. Après avoir monté l’escalier et sa dizaine de marches, on observe sur la gauche une petite grotte dont le devant avait été clôturé par un mur, des vestiges d’une porte et d’une fenêtre rappellent que cet endroit avait été occupé autrefois par des pêcheurs qui restaient 2 ou 3 jours sur l’île. Au fond il y a même une cheminée naturellement creusée dans la roche et des feux de bois était fait a cet endroit; les diners étaient souvent composés de bonnes paellas garnies de poissons pêchés le jour-même.

En avançant vers l’ouest, on peut emprunter le petit sentier qui mène sur les hauteurs de l’île. Ce sentier redescend vers une crique bien protégée du vent d’est où l’on peut passer un agréable moment pour nager ou pique-niquer. Il n’existe pas de plage à proprement dit, les visiteurs se contenteront des rochers peu confortables pour poser leurs affaires avant de se mettre à l’eau.

Au sommet, à quelques 17 mètres d’altitude un joli petit phare domine l’île. Alimenté grâce a un petit panneau solaire sur sa partie supérieure, il aide les marins à la navigation. Il sert de repères pour les pêcheurs locaux ou pour les bateaux plus imposants (transports de voyageurs ou bateaux de commerce) qui se dirigent vers le port d’Oran de nuit. Une construction adjacente au phare servait de local technique pour la maintenance du phare. Dans les années 80 et jusqu’au début des années 90, ce local était utilisé et partagé par tous les pêcheurs qui fréquentaient l’île. On pouvait y trouver un petit coin cuisine avec quelques ustensiles, un lit, une petite table et des chaises. La tradition voulait que chacun avant de quitter l’île pour le continent y laissait ses restes, ca pouvait être des allumettes, une bouteille d’eau, des boites de conserve ou tous aliment non périssable. C’était une pratique conviviale qui a disparu avec le temps et c’est bien dommage.

Le contour de l’île est composé de rochers dont l’accès est difficile, il n’est fréquenté que par quelques pêcheurs à la canne qui se donne leur passion favori. Souvent ils sont déposés en bateaux par des pêcheurs venant de la plage de Bousfer ou la plage de Corales moyennant une modique rémunération. La majorité d’entre eux viennent pour la journée mais quelques courageux s’organisent pour bivouaquer quelques jours sur l’île. Ce n’est pas tant l’attrait du gain qui les motivent car les prises ne sont pas fabuleuses, mais c’est plus pour passer un moment sur l’île, loin de la pollution et du vacarme de la ville.

Connaissances


Goélands Leucophée

Sur le plan halieutique, Il n’y a jamais eu d’inventaire précis fait par des biologistes marins mais pour les plongeurs qui fréquentent l’île d’une manière assidue depuis des années et qui ont eu l’occasion de plonger ailleurs sur le littoral algérien ou dans d’autres pays, ils s’accordent tous a dire que les fonds marins de l’île plane sont parmi les plus beaux de Méditerranée. Il existe une grande variété dans les reliefs sous-marins, les habitats sont propices pour accueillir un grande biodiversité. D’après les récits et les photos des vieux plongeurs, on retrouve des pêches fabuleuses. Avec le temps les quantités de poissons qui sont la cible de pêche ont beaucoup diminué (Mérous, daurades, sars, rougets…), mais il persiste des quantité impressionnantes d’autres poissons. En s’immergeant dans l’eau, on est de suite accueilli par des bancs de milliers de bogues(Boops boops), au fond, il y a énormément de petits poissons tels que les castagnoles(Chromis chromis), les girelles royales(Coris julis) et les barbiers(Anthis anthias). En quantité moins importante on trouve des girelles paon(Thalassoma pavo) mais plus que sur la rive nord de la Méditerranée, on trouve aussi des espèces plus classiques telles que les saupes(Sarpa salpa), les oblades(Oblada melanura), les gobies et les blennies et plusieurs espèces de mérous. L’espèce la plus commune est la badèche(Epinephelus costae), il y a aussi des mérous bruns(Epinephelus marginatus) et en quantité moins importante, principalement au niveau du seco negro des mérous royal(Mycteroperca rubra). La flore sous-marine est exceptionnelle et riche en couleurs, on trouve des grandes gorgones, des anémones aux couleurs vives et une multitudes d’autres espèces qui mériteraient d’être étudiées et inventoriées. A plus grande profondeur, au delà des 50 mètres, il y a du corail rouge(Corallium rubrum), mais pas en grande quantité et de moins bonne qualité de celui qu’on trouve à l’est du pays.

Lors d’un mission PIM(Petites Iles de Méditerranée) en avril 2008 consacrée principalement à l’étude des îles Habibas, une demi-journée avait été consacrée à l’île plane, des observations en ornithologie, herpétologie et botanique ont été faites dont le rapport fait par Vincent Mouret est disponible sur le site internet de l’initiative PIM. Selon ce rapport, l’île Plane ne semble pas atteindre la qualité de la réserve naturelle des Iles Habibas en terme de biodiversité, mais elle reste toutefois un espace naturel intéressant pour différentes espèces et devrait à ce titre pouvoir obtenir un statut de protection avec une réglementation pour sa partie terrestre et marine.

sur le plan ornithologique, l’espèce prédominante sur l’île est le goéland leucophée, il n’a pas été procédé à un inventaire précis mais il a semblé y avoir une cinquantaine de nids sur l’île. 6 et 7 cormoran huppé(adultes et juvéniles) ont été observés à la pointe est et le long de la côte nord de l’île. Il n’a pas été observé de puffins cendrés. Plusieurs pigeons bisets nichent sur l’île. Il a aussi été observé 2 faucons crécerelles en vols au dessus du phare sans preuves de nidification ainsi que 6 martinets pâles.

Sur le plan herpétologique, 3 espèces de reptiles ont été observées et aucun amphibien. Le lézard à lunettes (Scelarcis perspicillata) présent en nombre sur l’île(18 individus observés) est l’espèce prédominante, il a été observé aussi 4 seps ocellé(Chalcides ocellatus tiligugu) et 2 tarentes de Mauritanie(Tarentola mauritanica mauritanica).

Sur le plan botanique, 10 espèces ont été inventoriées lors de la mission PIM d’avril 2008, ils sont réparties en deux groupements végétaux, un groupement halophile à Asteriscus maritimus sur la partie nord de l’île avec comme espèces retrouvées Limonium psilocladon, Cynomorium coccineum et suaeda vera, et un autre groupement végétal plus en hauteur sur l’île correspondant à un peuplement nitrophile; Ce groupement est dominé par des espèces telles que Lavatera mauritanica, Mesembryanthemum crystallinum, Mesembryanthemum nodiflorum et Chenopodium murale. Cette formation est le résultat de la présence de nombre important des goélands leucophées, de leur piétinement et leurs déjections. La dynamique végétale est lente sur l’île Plane et cela est dû a la présence d’un sol aride, de vents forts et l’absence de source d’eau ce qui sélectionne les espèces végétales les plus adaptées aux contraintes du climat.

ENCADRE : Le naufrage du Borysthène à l’île Plane



Le 15 décembre 1865 l’île Plane a été le théâtre d’un des plus dramatiques naufrages de l’histoire de la côte algérienne. Le Borysthène avait été lancé en 1853 à Birkenhead, en Angleterre sous le nom de Braziliera, il avait navigué pendant 2 ans pour la société «  South American and Général Stream Navigation Compagnie », avant d’être racheté par une société française «  La Compagnie des Messageries Impériales » qui le rebaptisa Borysthène. C’était un beau paquebot à voile et à vapeur de 75 mètres de long, il avait une juge brute de 1158 tonnes. Le 13 décembre 1865, Il avait pris le départ de Marseille avec ses 257 passagers et devait rallier Oran. Le Borysthène était presque arrivé à destination, la mer était agitée lorsque soudain un craquement terrible se fit entendre. Il fût suivi de violentes secousses. Le Borysthène venait de percuter l’île Plane. Charié par le vagues, il commençait a prendre l’eau et a couler doucement. A cette époque-là, l’île n’était pas répertoriée sur les cartes maritimes et elle n’était pas encore dotée d’un phare. Parmi les passagers beaucoup ne savaient pas nager, il y avait des femmes, il y avait des enfants, la scène était horrible, ils ont affronté la mort dans des conditions terribles, c’était l’hiver en pleine nuit dans une eau glaciale tout le monde faisait ses prières et ses adieux, les rescapés ont rejoint l’île. Ils ont fait du feu avec des planches des canots brisés et accroché des mouchoirs blancs en haut de grands bâtons pour être repérés. Le lendemain vers midi des corailleurs espagnols sont venus vers eux, ils ne pouvaient pas accoster. Ils leur ont jeté un sac avec des biscuits, du pain et du tabac et ce n’est que le surlendemain que 5 balancelles espagnoles sont venues les récupérer pour les emmener au port d’Oran où une foule immense les attendait. 70 passagers manquaient à l’appel. Un siècle et demi après ce naufrage, il persiste quelques vestiges de ce voilier entre 10 et 18 mètres de profondeur sur la face nord de l’île, ils ont été colonisés par les gorgones et les anémones.  Une plongée sur ces vertiges est toujours émouvante; en plus de la beauté du site et la richesse de sa faune sous-marine, on s’imagine le naufrage, la détresse des passagers en cette nuit de janvier 1865, la mer déchaînée, l’agonie de ceux qui seront portés disparus et ne rejoindront jamais la terre ferme, le froid, la faim, la douleur des rescapés. Ces vestiges nous rappellent l’histoire du Borysthène, et de son tragique naufrage.

Référence : “Les naufrages célèbres” de Zurcher et Margollé. aux éditions “l’ancre de marine”.


Tarik Mokhtari

Intérêts


Le grand intérêt de l’île Plane réside dans la richesse de ses fonds marins. Le pourtour de l’île est riche en tombants, roches, grottes et failles. La Biodiversité y est remarquable, elle est probablement l’une des plus riches sur tout le pourtour méditerranéen selon les experts en biologie marine qui ont eu l’occasion de visiter cet endroit. La zone de plongée est vaste, il existe plusieurs spots à des profondeurs variables et quelques 2 kilomètres au large au Nord et au Nord-Ouest après que la profondeur ai atteinte quelques 80 mètres, une zone difficilement accessible aux plongeurs, 2 secs se dessinent, le Seco Blanco qui remonte jusqu’à 6 mètres de fond et le Seco Negro qui remonte jusqu’à 8 mètres. Dans ces sites la, il est fréquent de croiser des poissons de tailles imposantes tels que des mérous de tous genre(mérou brun, mérou royal ou badèche), des liches ou des dentis. La grotte la plus profonde du Seco Blanco possède une entrée à 24 mètres de fond et après plusieurs galeries sinueuses habitées principalement par de grosses mostelles qui vivent dans une obscurité absolue, un faisceau de lumière oriente le plongeur vers la sortie qui s’élargie de plus en plus pour devenir imposante. Tapissé par de grandes gorgones, cette dernière se trouve à 37 mètres de fond. D’autres espèces habitent dans cette grotte telles que les corbs, les badèches et plusieurs espèces de crabes.

Plus près de l’île, sur sa partie Nord la présence de vestiges de l’épave du Borysthène représente une plongée intéressante vue l’importante historique de ce naufrage qui avait été l’un des plus dramatiques qu’ai connue la côte oranaise faisant 70 morts en janvier 1865. Plus d’un siècle et demi après le naufrage, le Borysthène n’a pas révélé tous ses secrets et un chantier de fouilles archéologiques permettrait de faire de belles découvertes. L’épave se trouve entre 10 et 18 mètres, une profondeur confortable pour les scaphandriers professionnels qui se lanceraient dans cette fouille la.

Il n’y a pas eu d’inventaires botaniques ou ornithologiques qui ai été réalisés sur l’île Plane. Cela fait d’elle un terrain d’études intéressant pour les universitaires ou les naturalistes car le terrain est vierge dans ces domaines la. Ces inventaires sont intéressants, et il est urgent de les faire car la découverte de richesses ou d’espèces protégées appuierait le dossier de classement de l’île.

Pressions


La faible superficie de l’île Plane ne permet pas l’accueil en nombre de touristes ou de pêcheurs, malheureusement avec le temps, on observe de plus en plus de monde qui fréquentent l’île. Il y a des jours où il y a plusieurs dizaines de pêcheurs à la canne installés sur tout le pourtour de l’île et il semble difficile de réguler ce flux. Le nombre de chasseurs sous-marins ne cesse aussi d’augmenter. Nous observons avec le temps une baisse importante des richesses halieutiques, il n’y a aucune règlementation de chasse sous-marine qui soit instaurée pour préserver les espèces, les chasseurs sous-marins tirent sur des poissons de plus en plus petits . Certains n’ont pas de scrupules pour braconner des mérous juvéniles de quelques centaines de grammes. D’autres pêcheurs témoins tentent de les sensibiliser sans grande efficacité. Cette situation risque inéluctablement de s’aggraver sauf si des mesures urgentes sont prises telles que l’implication des gardes-côtes pleinement dans la protection des richesses halieutiques en appliquant des restrictions de pêche en fixant des quotas pour les pêcheurs et chasseurs amateurs ou des tailles minimales des prises. La mise en réserve de l’île Plane avec des zones d’interdiction totale de pêche devrait aussi être une mesure imposante qui donnerait des résultats rapides et plus efficaces pour la préservation des espèces.

Il ne semble pas y avoir de braconnage d’œufs de goélands leucophées; En tous les cas la population imposante de goélands n’est pas impactée, elle se maintient avec le temps, ce qui semble même gêner l’hypothétique installation de goélands d’Audouin présents sur l’archipel voisin des îles Habibas. Il n’a pas été noté la présence de rats noir(Rattus rattus) sur l’île.

Gestion & Conservation


Malgré ses 1644 kilomètres de côte méditerranéenne, très peu d’espaces marins bénéficient d’un statut de protection en Algérie, un projet de créations de nouvelles aires marines protégées est en cours et l’île Plane possède toutes les caractéristiques pour en faire partie. L’idée qui avait été émise il y a quelques années par les autorités algériennes consistait a créer 14 aires marines protégées sur les 14 wilayates côtières.

C’est un long processus qui dure plusieurs années et il faut au préalable monter un dossier mettant en avant les atouts dont disposent ces sites pour pouvoir espérer bénéficier d’une concrétisation de ce projet de classement. Dans cette optique la, l’association d’écologie marine Barbarous a initié un travail d’études et de valorisation de l’île Plane en 2015. Ce projet PPI-OSCAN(Programme de Petites Initiatives pour les Organisations de la Société Civile d’Afrique du Nord) intitulé « Conservation et utilisation durable de l’île Plane » est cofinancé par le MREE(Ministère des Ressources en Eau et de l’Environnement) et l’UICN(Union Internationale pour la Conservation de la Nature). Il consiste à faire un inventaire exhaustif des richesses terrestres et sous-marines de l’île et ses alentours, 30 ecoplongeurs ont été formés entre 2015 et 2016 dans ce cadre-là, et sur le plan terrestre il a été procédé à la rénovation du débarcadère, son élargissement et l’installation d’une rambarde de sécurité. Il y a eu aussi la réalisation d’un sentier terrestre, la rénovation du phare et des deux locaux sur l’île. Des installations ont été faites pour agrémenter la journée des visiteurs de passage telles que des bancs pour pique-niquer ou admirer la vue ou encore des vestiaires et des toilettes. Chaque année en début de saison estivale, une journée de nettoyage de l’île est organisée avec la participation de plusieurs dizaines de bénévoles permettant de ramasser à chaque fois des centaines de kilogrammes de détritus en tout genre. Le plastique occupe une place prépondérante dans le tas de déchets récoltés.

Des inventaires exhaustifs et précis des richesses halieutiques, ornithologiques ou botaniques devront être faits pour appuyer le dossier de classement de l’île Plane. Ces inventaires devraient se faire d’une manière régulière par la suite pour suivre l’évolution. Dans le rapport de la mission PIM d’avril 2008, il est recommandé de suivre l’évolution de population de goélands leucophées tous les 5 ans. C’est valable aussi pour les quelques cormorans huppés qui ont été vu sur l’île. On recherchera également des espèces plus rares ou plus fragiles telles que le goéland d’Audouin ou les puffins cendrés non observé sur l’île pour le moment.

Avec tous ces éléments, à court terme l’île Plane devrait bénéficier d’un statut de protection, car elle le mérite bien !

Principales ressources bibliographiques


  1. “Les naufrages célèbres” de Zurcher et Margollé. aux éditions “l’ancre de marine”.
  2. Note de synthèse Réserve des îles Habibas (Algérie)  Projet Petites îles de Méditerranée 2008 Avril 2008
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ISSN 2970-2321

Cette fiche a été rédigée dans le cadre du projet d’Atlas encyclopédique des Petites Iles de Méditerranée, porté par le Conservatoire du Littoral, l’Initiative PIM, et leurs nombreux partenaires.
This sheet has been written as part of the encyclopedic Atlas of the Small Mediterranean Islands project, carried out by the Conservatoire du Littoral, the PIM Initiative and their numerous partners.
(https://pimatlas.org)

ILES

Cluster : Oran

Sous-bassin : ALGÉRIE

Habibas - Gharbia

Contributeur : Tarik MOKHTARI

Date de création : 19 Décembre 2017

Pour citer cette version : MOKHTARI, T.  (2017). Fiche île : Gharbia / Habibas – Sous-bassin : Algérie. Atlas of Small Mediterranean Islands. https://pimatlas.org/explorer-atlas/iles/habibas/

Habibas (Bing Maps)
KONICA MINOLTA DIGITAL CAMERA
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Commune Oran
Archipel Archipel des îles Habibas
Surface (ha) /
Linéaire côtier (mètre) 4400
Distance à la côte (Mile nautique) 5
Altitude max (mètre) 105
Coordonnée géographiques Latitude
Longitude
Propriété foncière Domaine public de l’Etat (100%)
Gestionnaire(s) Commissariat National du Littoral (2011)
Statut de protection national  Réserve naturelle (2002) , Réserve naturelle marine (2003)
international ASPIM (2005)

Description générale


Avec ses 40 hectares, l’archipel des îles Habibas est le plus grand archipel d’Algérie. Il est situé 9 km au large du Cap Blanc et de la plage de Madagh et à 17 km du port de Bouzedjar et du Cap Figalo. Depuis 2003 les îles Habibas bénéficient d’un statut de réserve naturelle marine et terrestre. La partie marine s’étend sur 2700 hectares. L’île Gharbia (l’île à l’ouest en arabe) est la plus grande île de l’archipel, elle mesure 1300 mètres de long et abrite 3 baies : la baie des nymphes, la baie de la morte et la baie des pêcheurs. Cette dernière est la plus fréquentée. En contournant le grand rocher, on arrive au petit débarcadère qui est adjacent à une toute petite plage. Dans cette baie en face du quai, les pêcheurs avaient construit une quinzaine de cabanons, les premiers semblent avoir été bâtis dans les années 1930, la vie aux îles Habibas était rythmée par les pêches extraordinaires. Ces cabanons ont été délaissés avec le temps et sont tombés en ruine. Dans le cadre de la mise en place de la réserve naturelle et l’aménagement de l’archipel, ces ruines ont été rasées en novembre 2012 pour que la baie retrouve son état naturel et sauvage. Il existe un petit sentier terrestre qui mène à la plage de la baie de la morte ou au phare qui culmine à 105 mètres d’altitude. Ce phare est habité en permanence par un gardien de l’ONSM (Office National de Signalisation Maritime) qui veille sur son bon fonctionnement. Lorsque le ciel est dégagé, depuis cet endroit, on a une superbe vue d’ensemble de l’archipel, sur l’île Plane à l’est et sur une bonne partie de la côte oranaise allant du Cap Figalo au Cap Lindless.

A l’issue de l’escale de La Calypso aux îles Habibas en août 1977, le commandant Jacques Yves Cousteau avait écrit un très bel article faisant l’éloge de l’archipel, il décrivait l’archipel comme un paradis, un eden sous-marin : « Je me pince, je n’y crois pas. J’ai l’impression de rêver les yeux ouverts. Je me suis déshabitué à contempler tant de splendeurs en Méditerranée. Je suis saoulé de beautés. Aux îles Habibas, la Méditerranée ressemble à ce qu’elle devrait partout redevenir si nous étions assez sages”. Il cite la rencontre furtive avec le phoque moine. Jean Georges Harmelin qui faisait partie de l’équipage scientifique lors de cette mission a réussi a immortaliser cette rencontre par de belles photos. Les phoques moines fréquenteront l’archipel jusqu’au début des années 1990 puis ils ont disparu aussi bien des Habibas que des côtes algériennes en général.

ENCADRE : Nordine, gardien du phare, gardien de l’archipel pendant 22 ans


Quand il était jeune homme, Nordine fréquentait régulièrement la plage de Madagh qui se trouve 8 km en face des îles Habibas. Il pouvait rester des heures a les contempler sans s’en lasser. A l’âge de 26 ans il a embarqué en tant que marin sur un sardinier de Bouzedjar, ça lui a permis de faire plusieurs escales sur l’archipel ce qui a confirmé son amour pour cet endroit féerique. Il s’est rapproché du gardien de phare et s’est renseigné sur la procédure de recrutement. La semaine d’après il était à la direction de l’ONSM (Office National de Signalisation Maritime) au port d’Oran avec son dossier soigneusement préparé. Après avoir fait un mois d’essai au port d’Oran, il a fait ses armes en effectuant des remplacements aux phares du Cap Falcon, sur l’îlot d’Arzew et sur les îlots des 2 frères à Ghazaouet. Ce n’est qu’après 3 ans qu’il a été affecté aux îles Habibas, il était tout content, il venait de concrétiser un rêve d’enfant. Ce rêve durera pendant 22 ans. Tous les jours c’était le même rituel. Nordine se leve, prend son café, s’attelle à quelques taches ménagères puis monte balayer la terrasse du toit. Celle-ci sert à la récupération des eaux pluviales qui sont stockées dans des bâches d’eau. Il utilise cette eau pour la vie quotidienne et comme eau potable aussi. Ensuite, il descend faire un tour d’inspection de l’ensemble de l’archipel. C’est impressionnant tous ce que la mer peut rejeter comme objets. Les plus insolites d’entre eux, Nordine les a collectionné dans une armoire dans le phare, c’était un peu son musée personnel. Ensuite il pêche un peu à la ligne, 2 ou 3 poissons, de quoi manger à midi. Puis se dirige vers le port et remonte au phare vers 16 heures. Au Coucher du soleil, il met en marche le phare et s’en occupe toute la nuit. Pour faire marcher le mécanisme d’éclairage il faut remonter un poids toutes les 2 heures puis en 1993 le phare est devenu automatique. Mais il faut quand même veiller à son bon fonctionnement. On n’est jamais à l’abri d’une défaillance. Il n’y a jamais eu d’incidents aux îles Habibas même mais dans les années 2000 un sardinier a percuté l’île Plane suite au dysfonctionnement de son phare et quelques années plus tard le même scénario s’est produit à Lourmiga. En milieu de nuit le patron-pêcheur avait confié la barre à son jeune neveu inexpérimenté et est allé s’assouplir un peu. Si le phare fonctionnait la collision aurait été évitée. Les longues journées passées en solitaire sur l’île convenaient très bien à Nordine. Il avait comme seul compagnon Kahla sa chienne. Mais il reconnait que recevoir de la visite de temps en temps était réconfortant. Dès qu’il y avait un bateau qui accostait dans le petit port, il allait à la rencontre de ses passagers. Parfois c’était de simples touristes à qui il était fier de faire visiter le phare en leur offrant un bon café bien chaud. Parfois c’était des hôtes plus prestigieux tels que les experts scientifiques algériens et étrangers venus étudier l’archipel. Alors le temps de leur séjour Nordine donnait le meilleur de lui-même pour les aider dans leur mission. Il garde aussi un souvenir émouvant de ces personnes hors du commun qui ont fait escale sur l’archipel. Parmi eux un Allemand solitaire sur son voilier de 35 mètres qui est venu 5 années de suite et cette Française d’un certain âge atteinte d’une maladie incurable qui pour réaliser son dernier souhait de faire le tour du monde a loué un voilier et les services de son skipper. Il y a eu aussi des moments moins conviviaux tels que ce jour où la mer s’est subitement agitée contraignant un sardinier avec les 27 ouvriers qu’il avait amené pour faire des travaux de réfection du phare a rester à quai pendant 3 jours. Un autre jour c’était le tour de 5 glisseurs et un chalutier, faisant prisonniers leurs 54 passagers pendant 2 jours. Les hommes ont dormi dans les cabanes des pêcheurs dans des conditions précaires, les femmes et les enfants sont montés au phare pour qu’ils puissent bénéficier d’un minimum de confort. 2 des enfants sont tombés malades et ont dû être rapatriés sur le continent par les gardes-côtes dans des conditions difficiles de navigation dans une mer déchaînée. Cette vie de gardien de phare alternant semaines paisibles a surveiller le trafic maritime et contempler l’horizon, journées conviviales à la rencontre de visiteurs et journées tumultueuses où le mer est capricieuse s’est arrêtée un jour de 2012 suite à un malentendu. On avait fait miroiter à Nordine un poste mieux payé dans une autre entreprise toujours en rapport avec la mer, il a cru bien faire en démissionnant de l’ONSM mais n’a jamais signé d’autres contrats. Il regrette amèrement sa décision. De Bousfer il regarde la côte, il regarde les îles Habibas et tous les soirs il pleure. Les 22 ans passés sur l’archipel était la plus joyeuse partie de sa vie.
Tarik Mokhtari

Connaissances


Depuis toujours, les scientifiques algériens quel que soit leurs spécialités se sont intéressés aux îles Habibas, les études réalisées se sont multipliées lors du projet de classement de l’archipel en réserve naturelle par des missions de terrains menées par le ministère de l’environnement, le CNL (Commissariat National du Littoral) avec le renfort d’experts algériens et étrangers ce qui fait des Habibas, l’archipel dont on a le plus de connaissances aujourd’hui en Algérie.

Sur le plan botanique, la toute première étude publiée a été menée par le Dr R. MAIRE et le Dr E. WILCZEK en 1936, des études plus récentes ont été publiées notamment par Errol VELA de l’université d’Aix-Marseille suite à des missions de terrain dans le cadre de l’initiative PIM (Petites Îles de Méditerranée) au printemps 2006 et 2007. On compte 97 espèces présentes sur l’île, 7 groupements végétaux ont été cartographiés, ceux occupants le plus d’espace sont le groupement arbustif à Salsola oppositifolia et Lycium intricatum et la pelouse à Anthemis chrysantha en mosaïque avec arbustes. Hormis quelques facteurs de perturbation, la population végétale des îles habibas est dans un bon état de conservation.

Sur le plan ornithologique, l’île est habitée par une très dense population de goélands leucophées(Larus michahellis), leur nombre a été estimé à 2150 couples lors d’une mission de terrain en mai 2006. Leur présence perturbe les populations de goélands d’Audouin(Larus audouinii), cette espèce rare et fragile a été observée lors de chaque mission mais avec des estimations très variables. En 2006 leur nombre a été évalué à 538 couples sur l’ensemble de l’archipel dont 257 couples sur l’île Gharbia. L’année d’après, curieusement aucun goéland d’Audouin n’a été observé. En 2008 uniquement 5 individus ont été vus et en juin 2011 trois colonies ont été observées sur l’archipel dont 2 sur l’île Gharbia avec une population de 32 individus. Le faucon d’Eléonore est une espèce exclusivement insulaire ; il hiverne en Afrique orientale et à Madagascar et rejoint les îles méditerranéennes en avril-mai pour se reproduire de mi-juillet à octobre. 5 couples avaient été observés par BOUKHALFA en 1990, les observations lors des missions PIM ont confirmé sa présence avec une population estimée à 30 couples. L’île abrite aussi 500 couples de puffins cendrés et d’autres espèces présentes en quantité moindre tel que le cormoran huppé de méditerranée, l’aigrette garzette, le balbuzard pêcheur ou encore le faucon pèlerin.

En ce qui concerne le milieu marin, les habitats sont exceptionnels, propices à une vie sous-marine riche. Sur les photos prises par des pêcheurs il y a quelques décennies, on note la prise de poissons de grandes tailles telles que les mérous, les badèches, les liches et les dentis. La présence de crustacés était aussi très importante avec de grosses langoustes et de grandes cigales et une présence beaucoup moins marquée pour les homards. Suite à la pêche excessive, les stocks halieutiques se font effondrés. Lors d’un inventaire fait par Jean Georges HARMELIN et Michel TILMANN en 2006 et 2007, une trentaine d’espèces ont été inventoriées ce qui est une abondance moyenne. Il a été noté la présence de badèches (Epinephelus costae) de petites tailles (30 – 40 cm) et quelques mérous (Epinephelus marginatus) dont un qui mesurait 80 cm. Leur comportement était fuyant ce qui est un indicateur de chasse sous-marine soutenue. Le paysage sous-marin est exceptionnel avec de larges couloirs à gorgones et une riche faune fixée. Il y a beaucoup moins de poissons que ce qu’on pourrait espérer compte tenu du potentiel de l’habitat. On déplore l’absence de corbs et de posidonie (Posidonia oceanica) pourtant présente sur le contient. On note aussi la présence de patelles géantes (Patella ferruginea), une espèce devenue rare en méditerranée. Lors d’un recensement de F. ESPINOSA en avril 2008, leur nombre était estimé à 577, lors d’un recensement en novembre 2014 par Mohammed El Mustapha KALLOUCHE leur nombre a été estimé à 321 individus dont les plus grandes atteignent presque 10 cm, signe que les visiteurs de l’île ne sont pas intéressés par le prélèvement de cette espèce.

Sur le plan herpétologique, F. Doumergue avait fait un premier inventaire qu’il avait publié dans “Essai sur la faune erpétologique de l’Oranie” en 1901. Une actualisation des connaissances en Algérie est en cours. En mai 2007 lors d’une mission PIM sur le terrain, des prospections ont été faites par Olivier PEYRE du cabinet Naturalia. Pendant 4 jours. 6 espèces de reptiles ont été recensées et aucune espèce amphibienne. Il s’agit de 5 sauriens (lézards) : la tarente de Maurétanie avec plus d’une centaine d’individus observés sur l’ile gharbia), l’Hémidactyle verruqueux, le Seps ocellé, le lézard à lunettes et le Trogonophide de Wiegmann. Une seule espèce de serpent a été observé furtivement, une couleuvre à capuchon d’Abubaker.

Intérêts


L’archipel des îles Habibas présente un grand patrimoine bio-écologique avec un niveau d’endémisme élevé et la présence de nombreuses espèces rares ou menacées aussi bien terrestres que marines.

Sur le plan ornithologique on peut noter la présence d’une des plus importantes colonies de goélands d’Audouin en Méditerranée, c’est une espèce protégée en Algérie et par plusieurs convention internationales(les conventions de Barcelone, de Bonn et de Ramsar et par le plan Birdlife international. Les puffins cendrés sont difficiles a observer car ils ne fréquentent leurs nids que la nuit. Des prospections ont été faites régulièrement et leur population est estimée à 500 couples ce qui fait des îles Habibas, le site le plus important de reproduction des puffins cendrés en Algérie.

Le cormoran huppé est une espèce rare, il n’a été décrit que 6 sites de nidification en Algérie, 5 à l’est du littoral algérien entre l’île de Colombi et El Kala et le 6eme aux îles Habibas. Cette espèce est protégée en Algérie par décret et par les conventions de Ramsar et celle de Barcelone. 13 couples ont été répertoriés lors d’une mission de terrain en 2008, leur maintenir et leur développement est une des priorités du plan de gestion de l’archipel. D’autres espèces bénéficiant d’un statut de protection en Algérie sont présente sur l’archipel tel que le Faucon d’Eléonore, le balbuzard pêcheur et l’Aigrette garzette.

Sur le plan botanique, il y a 16 espèces végétales d’intérêt patrimonial, parmi elles Anthemis chrysantha et Stachys brachyclada, il y a 9 espèces végétales endémiques, parmi elles le choux des Habibas ou Brassica spinescens endémique du Nord-Ouest de l’Algérie, cette espèce n’a été observée qu’aux îles Habibas et sur une falaise du Cap Falcon à l’ouest d’Oran et Spergularia pycnorrhiza dont la présence n’a été décrite qu’aux Habibas et à Aïn Franin à l’est d’Oran.

Au niveau marin de nombreuses espèces rares, remarquables et protégées en méditerranée on été inventoriées aux alentours de l’île, on citera les algues rouges (Lithophyllum lichenoides et Hypnea cervicornis), l’algue brune Cystoseira stricta, et la présence importante de patelles géantes (Patella ferruginea). Parmi les espèces animales on note la présence du madréporaire colonial Astroides calycularis, du triton Charonia nodifera et de l’étoile de mer Ophidiaster ophidianus, la présence de la gorgone rouge Paramucea clavata et de la grande nacre Pinna nobilis et de la petite nacre Pinna pernula. L’oursin diadème Centrostephanus longispinus est aussi présent mais plus rare.

Les habitats sous-marins sont propices pour accueillir en bon nombre des espèces emblématiques de la méditerranée tel que le mérou brun Epinephelus marginatus ou la grande cigale, ces espèces sont présentes mais en faible quantité. Pour le reste des espèces, les fonds marins autour de l’île représentent une zone de nurserie pour un bon nombre d’entre eux. De nombreux alevins et juvéniles sont observés à faible profondeur lors des différents inventaires.

En plus de la richesse de la biodiversité terrestre et marine qui attire les touristes et les scientifiques venant de la région, des autres villes d’Algérie ou de l’étranger, il est a noter plusieurs autres curiosités telles que le cimetière des naufragés du Sidi Bel Abbes, un paquebot qui a été torpillé par un sous-marin allemand le 20 avril 1943. Une quinzaine de corps rejetés par la mer sont enterrés dans un cimetière en hauteur de l’île, et au sommet, le beau phare de 12 mètres de hauteur est l’un des premiers phares d’Algérie, il a été construit par le service des phares et balises en 1879 et a une portée de 20 miles nautiques. Quelques rares vestiges suggèrent une présence romaine, aucun écrit ne relate cette partie de l’histoire qui reste a écrire.

ENCADRE : Le cimetière des îles Habibas



Sur les hauteurs des îles Habibas à mi-chemin entre le port et le phare, dans un petit carré entouré d’un muret, 4 mots laconiques sont écrits sur une plaque en marbre : « à nos camarades regrettés ». Plusieurs rumeurs circulaient sur l’origine de ce petit cimetière, certains disaient qu’une tempête s’était déclaré et que toutes les personnes sur l’île était mortes de faim et de soif, d’autres colportaient qu’une épidémie de choléra avait décimé l’équipage d’un bateau mais en lisant le livre « Eclats d’enfance à Mazagan » de Jean Louis Morel, on apprend ce qui s’est réellement passé ce 20 avril 1943. Un jour où le destin de son père a basculé alors que Jean Louis n’avait que 2 ans. Le Sidi-Bel-Abbes était un joli paquebot de 112 mètres de long, propriété de « La Société Générale de Transports Maritimes », il avait été réquisitionné pendant la 2eme guerre mondiale par la Marine Nationale Française pour le transport des troupes. En provenance de Dakar et après une escale à Casablanca, il devait rejoindre Oran avec à son bord le 7eme Régiment des Tirailleurs Sénégalais et leurs officiers Français, mais il n’arrivera jamais à bon port. Au large des îles Habibas, à 45 kilomètres au nord-ouest d’Oran, les 1287 passagers se sont fait surprendre par un sous-marin allemand ; La menace était permanente pendant cette période, et l’équipage savait que plusieurs sous-marins allemands sillonnaient la méditerranée. Dans les jours qui précédèrent le drame, l’alarme retentit plusieurs fois, c’étaient des exercices et tout le monde devait rejoindre le pont du bateau immédiatement. Quand la sonnerie retentit à 6h40 ce matin du 20 avril, beaucoup de passagers restèrent couchés, pensant que c’était encore un exercice comme les précédents. Sauf que cette fois-ci, il y avait réellement un sous-marin allemand dans les parages ; Quelques minutes plus tard, une torpille arrive droit sur Le Sidi-Bel-Abbès, percutant une des cales où se trouvent 50 tonnes de munitions. Puis une seconde, qui touche la chaufferie, achevant la dislocation de la partie avant de la coque. Le Sidi-Bel-Abbès coule instantanément, emportant avec lui 834 corps. Les autres bateaux qui faisaient partie du convoi ne se sont pas arrêtés pour porter secours aux naufragés du Sidi-Bel-Abbes, c’était la consigne car ils risquaient de se faire torpiller eux aussi. Seul le pétrolier Lorraine balança au passage quelques radeaux de sauvetage. Le sous-marin allemand réussi a prendre la fuite et ce n’est que vers 10 heures du matin que les secours revinrent sur les lieux du drame. Parmi les survivants, beaucoup sont évacués vers l’hôpital Baudens à Oran, ils souffraient de blessures ou de brûlures graves. Au cours de la matinée en faisant leur ronde sur l’île, Charles Crespo et monsieur Garcia découvrirent une scène macabre sur la face nord. Une quinzaine de corps se sont échoués sur les îles Habibas, ils gisaient sur les rochers. “J’ai aussitôt prévenu par morse la Marine Nationale française. Et une vedette est arrivée du Cap Figalo”, expliquera plus tard Charles Crespo qui vient d’apprendre que quelques heures auparavant, un convoi de plusieurs navires a été attaqué par un sous-marin allemand. Deux bateaux ont été coulés : Le Michigan, un pétrolier américain, et Le Sidi-Bel-Abbès. Avec l’aide de la Marine Nationale ils ont enterré ces corps sur les hauteurs de l’île. Il y avait une quinzaine de corps de Sénégalais et un seul corps de Français. Quelques temps plus tard, une femme venue de France s’est rendu sur l’île avec la Marine Nationale. Elle voulait savoir si son mari était enterré la. Le corps du blanc a été déterré mais au vu des effets personnels, il ne correspondait pas à son mari. En ce triste jour du 20 avril 1943, Jean Louis Morel est devenu orphelin de guerre et il ne connaitra jamais son père. La vie n’a pas été tendre avec lui et malgré le temps et les décennies passées, la peine ne s’est pas atténuée. Toute sa vie il a cherché a savoir si un hommage avait été rendu à son père ou si son sacrifice avait été oublié par tous. Ce n’est qu’en septembre 2015 qu’il découvrit avec grande émotion le nom de son père gravée sur la stèle commémorative de ce tragique naufrage qui se trouve dans le cimetière chrétien de p’tit lac à Oran. Son dernier souhait est que les visiteurs des îles Habibas connaissent l’origine de ce petit cimetière. Il a fait concevoir une belle plaque en faïence qui sera posée dans le cimetière. Avec ce geste symbolique il rend un dernier hommage a son père et aux 833 autres victimes du naufrage du Sidi Bel Abbes; de jeunes soldats français et sénégalais venus de Dakar pour combattre le nazisme et qui sont morts avant même de commencer la guerre.
Tarik Mokhtari

Pressions


La pêche était l’activité principale des séjours aux îles. Depuis toujours, les îles Habibas ont représenté le paradis des pêcheurs. Il y a eu une pêche excessive que ca soit en plongée sous-marine, à la ligne ou avec des filets et des chaluts, ce qui a fait baisser énormément les stocks halieutiques. Le nombre de bateaux fréquentant l’île pour pratiquer toute sorte de pêche a beaucoup augmenté pendant les années 2000. Lors des derniers recensements effectués, on note très peu de poissons de grandes tailles et leurs comportements est fuyant. L’interdiction de pêche a été effective en septembre 2011, la répression exercée par le service des gardes-côtes et le travail de sensibilisation des ecogardes du CNL a fortement limité le nombre de pêcheurs. Il persiste cependant quelques braconniers qui continuent a fréquenté l’île mais on espère que les stocks halieutiques vont se régénérer.

La présence de rats noirs (Rattus rattus) en quantité très importante sur l’île est un problème, cette espèce invasive a été introduite accidentellement grâce aux bateaux fréquentant l’île, les rats noirs n’ont aucun prédateur, par contre ils ont un impact négatif sur les populations d’oiseaux marins en consommant les œufs des puffins cendrés et sur la flore terrestre en consommant les graines, les plantules et les fruits des plantes. Des compagnes d’éradication des rats noirs sont menées régulièrement mais comme sur les autres îles qui subissent le même problème d’invasion, c’est un objectif très difficile a atteindre, ça reste une priorité pour la préservation des oiseaux marins.

La présence d’un grand nombre de colonies de goélands leucophées est un facteur de déséquilibre des écosystèmes de l’île. Leurs déjections est à l’origine de changements chimiques des sols par nitratation et enrichissement en matières organiques ce qui favorise le développement de plantes nitrophiles opportunistes aux dépens de la végétation originale. Le piétinement excessif sur les reposoirs entraine une dégradation de la flore et la mise à nue du sol. Ils dérangent les colonies de goélands d’Audouin avec lesquels ils sont tres probablement en compétition.

Le lichen gris ou Pepetra est une espèce remarquable présente sur l’île, il aurait des vertus pour soigner les calculs rénaux. Quelques malades demandent aux touristes ou aux gardiens de phares de leur en amener à l’occasion. Il est de temps en temps prélevé en petite quantité et ramené au continent.

Gestion & Conservation


Les îles Habibas dépendent administrativement de la commune d’Aïn el Karma, elles sont propriété du domaine de l’état algérien. En 1997 la direction générale de l’environnement a chargé l’ISMAL (Institut des Sciences de la Mer et de l’Aménagement du Littoral) de la réalisation d’une étude en vue du classement des îles Habibas en réserve naturelle. La procédure de classement a abouti en mars 2003. L’archipel est géré par le CNL, un organisme qui dépend du Ministère des Ressources en Eau et de l’Environnement. Il dispose de plusieurs directions régionales sur tout le littoral algérien, celle d’Oran est en charge de l’archipel où plusieurs ecogardes sont affectés y faisait des rotations régulières.

Dans le cadre de la convention de Barcelone, les îles Habibas ont été classées en 2005 comme ASPIM (Aire Spécialement Protégée d’importance méditerranéenne). Le Conservatoire du Littoral français a porté assistance au ministère de l’environnement algérien pour faire aboutir le projet de mise en place de la réserve naturelle. Plusieurs missions scientifiques ont été organisées dans le cadre de l’initiative PIM (Petites Îles de Méditerranée) ayant eu comme résultats l’amélioration des connaissances et la formalisation de propositions pour la rédaction et la mise en œuvre du schéma de gestion. Ce dernier a été rédigé en 2005 et réactualisé en avril 2013. On y trouve une description précise et détaillée de l’archipel, de ses atouts en matière de biodiversité marine et terrestre et leur valeur patrimoniale, les programmes et les actions a mettre en œuvre et les objectifs a atteindre pour une gestion optimale de ce site paradisiaque.

La réouverture de l’archipel au grand public se fera à court terme. Il faudra que cet accueil soit encadré autrement il risque d’y avoir des impacts négatifs sur les espèces fragiles de l’archipel. La réglementation doit être clairement affichée dès l’arrivée sur l’archipel des touristes et les actions de sensibilisation devront être multipliées. Les îles Habibas peuvent devenir rapidement un site phare et exemplaire pour le développement du tourisme de la nature en Algérie. Avec un développement d’activités économiques axées sur l’accueil et l’hébergement du public sur les communes proches du site. Il faut déterminer les différentes zones soumises à une réglementation particulière. Les zones de nidification des goélands d’Audouin ou les zones de présence d’une flore exceptionnelle seront interdites au public qui devra circuler sur l’île en suivant des sentiers bien balisés. Des activités jugées non destructrices seront autorisés tout en étant contrôlées. L’accès à l’île ne sera autorisé que pour de courtes durées, a savoir une visite à la journée, de préférence encadré par un guide de la réserve. L’accès à l’île de nuit et le bivouac seront interdits. Les aires marines protégées est une notion nouvelle en Algérie et la mise en réserve des îles Habibas a été perçue comme une contrainte par la population locale, l’accès y est interdit depuis 2011. À terme l’accès devrait être autorisé, réglementé et la pêche interdite. Un grand travail de sensibilisation doit être fait pour faire accepter le projet à la population en leur expliquant la valeur patrimoniale de la richesse de sa biodiversité et sa capacité a devenir un exemple pour le développement de l’écotourisme du Pays, ca serait un modèle en méditerranée avec des retombées économiques qui peuvent être conséquentes pour la région.

Le ministère charge de l’environnement a initié depuis un processus pour accélérer le classement de cet espace biostratégique pour le bassin sud occidental de la Méditerranée et un Schéma d’aménagement et d’orientation de gestion de l’île de Rachgoun a été élaboré par les experts mobilisés par le Conservatoire Français du Littoral en 2006 dans le cadre de la coopération algéro-française (projet d’Appui au Commissariat National du Littoral (MATE/CNL-FFEM.CdL/2006-2012).

Principales ressources bibliographiques


  1. Réserve des iles Habibas, notes naturalistes, petites îles de méditerranée. 2004/2007
  2. Mission de terrain Réserve Naturelle des îles Habibas PIM08, Vincent Mouret, avril 2008.
  3. DOUMERGUE F., 1901. – Essai sur la faune erpétologique de l’Oranie. bull.Soc. Géogr Archéol. Oran, XIX-XXI, Imprimerie Fouque, Oran : 404 p
  4. Jean-Patrick DURAND, Suivi ornithologique des populations d’oiseaux marins des îles Habibas (Algérie), Note naturaliste PIM, 2011.
  5. MAIRE R. et WILCZEK E., 1936 – Florule des îles habibas.- Bull. Soc. Hist. Nat. Afr. Nord, 26 Bis : 61-78
  6. Schéma de gestion de l’archipel des îles Habibas. Avril 2013
  7. Morel J.L.,Eclats d’enfance à Mazagan. Livre édité à compte d’auteur.
  8. Le journal des orphelins de guerre et des pupilles de la nations. numéro 731(Novembre 2015).
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ISSN 2970-2321

 

Cette fiche a été rédigée dans le cadre du projet d’Atlas encyclopédique des Petites Iles de Méditerranée, porté par le Conservatoire du Littoral, l’Initiative PIM, et leurs nombreux partenaires.
This sheet has been written as part of the encyclopedic Atlas of the Small Mediterranean Islands project, carried out by the Conservatoire du Littoral, the PIM Initiative and their numerous partners.
(https://pimatlas.org)

ILES

Cluster : Alger

Sous-bassin : ALGERIE

Réghaia - d’Agueli - Hadjret Bounetah

Contributeur : Samir GRIMES (Ecole Nationale Supérieure des Sciences de la Mer et de l’Aménagement du Littoral (ENSSMAL), Alger, Algérie

Date de création : 19 Décembre 2017

 

Pour citer cette version : GRIMES, S.  (2017). Fiche île : Bounetah – Sous-bassin : Algérie. Atlas of Small Mediterranean Islands. https://pimatlas.org/explorer-atlas/iles/bounetah/

Bounetah (Bing Maps)
Bounettah - Profil
Commune Réghaia
Archipel
Surface (ha) 0,08
Linéaire côtier (mètre) 750
Distance à la côte (Mile nautique) 0,648
Altitude max (mètre) 18
Coordonnée géographiques Latitude
36.79444504
Longitude
3.352499962
Propriété foncière
Gestionnaire(s)
Statut de protection national
international

Description générale


L’île de Réghaia est désignée sous le nom d’Agueli, appelée, aussi, Hadjret Bounetah par les habitants de la région. Elle se situe a l’extrême Est de la wilaya d’Alger, a environ 6 km d’Ain Taya, à une douzaine de kilomètres du cap Matifou et à un kilomètre du rivage. L’ilot est de nature marno-calcaire et grès, d’âge vindobonien (Miocene) et se présente sous forme d’un ensemble d’affleurements rocheux dont la partie principale s’étend sur environs 600 m et est orientée Est-Sud Ouest. L’île Agueli fait partie du complexe insulaire de l’Est algérois qui comprend également l’îlot Sandja (constitué de deux îlots en réalité) et le rocher de La Bordelaise. L’île Agueli est sous l’influence directe de la zone lacustre de Réghaia qui a subi de profondes transformations depuis 1930, période où existaient des  dunes qui retenaient l’oued et un marais naturel très riche en sauvagine. Parmi ces modifications, citons : entre 1932 et 1938, la construction d’une station de pompage ; en 1971–1974 curage du lac ainsi que la construction d’une digue pour retenir des volumes plus importants d’eau de l’oued, avec recalibration du canal sur la partie Nord du lac donnant sur la mer, face à l’île Agueli ; En 1983, a été créée le Centre Cynégétique de Réghaia pour la production d’oiseaux destinés au repeuplement des zones humides, le barrage, et en 1997, la station d’épuration des eaux usées de Réghaia a été mise en service.

La carte bathymétrique établie dans le cadre du projet AMIS SMAP III (APPL/2008) met en évidence un profil des fonds nettement irrégulier, avec des fonds inférieurs à 20 m, morphologiquement, relativement homogènes sur toute la longueur de la côte entre l’île Agueli et l’îlot Sandja avec trois dépressions bien marquées autour de l’île Aguelli.

Connaissances


Si la zone lacustre de Réghaia a bénéficié d’un intérêt particulier notamment sur le plan ornithologique, et ce, depuis le milieu du 20ème siècle, intérêt qui s’est accentué depuis le classement du lac en centre cynégétique géré et en zone humide internationale (Ramsar). L’île Agueli qui fait partie intégrante de cet ensemble d’écosystèmes autour de la zone humide n’a commencé à véritablement susciter l’intérêt des scientifiques et des gestionnaires qu’à partir de la mise en œuvre du PAC algérois (MATE/PAM/2002-2005).

Comme la majorité des îles et des îlots de l’Algérie, très peu de prospections et explorations scientifiques ont été réalisées sur l’île Agueli, pourtant, très proche de la côte et se trouvant dans une zone d’intérêt écologique avéré, en l’occurrence la zone humide de Réghaia, dernière zone humide côtière d’importance internationale du secteur centre de la côte algérienne.

L’essentiel des travaux sur le patrimoine biologique et écologique de l’île Agueli a été mené depuis le début des années 2000 dans le cadre de projets de coopération et d’appui multilatéraux (PAC Algérie/PAM/2002-2005 ; AMIS SMAP/UE/2005-2008 ; CARASP ; 2013-2015 ; PAP RAC/PAM/2012-2015). Les travaux ont permis d’améliorer sensiblement l’état des connaissances sur la biodiversité du secteur marin autour de l’île Agueli, en particulier les composantes patrimoniales de cette biodiversité ainsi qu’une meilleure compréhension de l’environnement immédiat de cette île (bathymétrie, circulation, érosion côtière, pollution, physico-chimie et fertilité des eaux).

ENCADRE : Principales interactions entre activités anthropiques et biodiversité marine dans la zone du plan (Source : Grimes, 2013)


Herbier

Posidonie

Écosystème

coralligène

Moulières

naturelles

Cordon

dunaire

Ressources

Pélagique

Ressources

Benthiques

Espèces

Remarquables

Pêche professionnelle

+++

+++

+

Pêche artisanale

+++

++

++

Surfréquentation estivale des plages

+++

++

+++

Activité du port

++

++

Stationnement sur cordons dunaire

+

+++

Extraction du sable des plages

++

+++

Braconnage (Plongée sous marine)

+++

+++

Aquaculture

++

++

+

+

+

Pêche non conventionnelle

+++

++

+++

Mouillage des embarcations

+++

+

+

Vidange des huiles des embarcations

++

+

+

+

+

++

Dessalement de l’eau de mer

++

++

+

+++

+++

Intérêts


Selon Khelifi (2014), l’Ile Aguelli est couverte d’une végétation halo-chasmophytique à dominance de Mesenbryanthemum nodiflorum, espèce halophyte. Les espèces les plus fréquentes sont : Lotus cytisoides, Asteriscus maritimus, Atriplex littoralis, Suaeda maritima et Lavatera cretica. La majorité de ces espèces sont des rudérales. L’ilot est  reconnu comme lieu de nidification de certaines espèces d’oiseaux marins comme le Goéland leucophé (Larus michahellis). Quand à la nidification du grand cormoran, elle est jugée probable (PAC, 2005).A notre connaissance, ces informations n’ont jamais été vérifiées depuis.

Quoi qu’il en soit, c’est surtout sur le plan de la biodiversité marine que l’île Agueli se distingue. Les investigations menées dans le cadre du projet Med MPAnet (CAR ASP, 2015) autour de l’île révèlent la présence d’une diversité biologique marine riche, diversifiée et par certains aspects remarquables.

19 espèces appartenant à 11 familles d’algues y sont identifiées (Corallinaceae, Codiaceae, Bonnemaisoniaceae, Dictyotaceae, …). Les Rhodophyta sont le phylum le plus diversifié (10 espèces), suivis des Chlorophyta (5 espèces), les Ochrophyta et les Tracheophyta (2 espèces chacun). 72 espèces animales benthiques y ont été identifiées, dont 14 espèces de Cnidaires et 11 Echinodermes. Aux pierres plus ou moins arrondies et les crevasses entre l’embouchure de l’oued de Réghaia et l’île Aguelli, incrustées de Paracentrotus lividus et les roches où alternent Asparagopsis sp. et Cystoseira stricta (9 m), succèdent un herbier à Posidonia oceanica très éparse sur fond de graviers et très peu de sable, où se rencontrent Centrostephanus longispinus et Lithophyllum incrustans. Les fonds d’éboulis et les tombants sur sable fin avec des touffes d’herbier à Posidonie deviennent plus denses à 4-7 m de profondeurs. Des investigations le long de l’axe oued de Réghaia – île Agueli, montrent autour de 30 m de profondeurs la présence de Lithophyllum incrustans, Spongia officinalis, Parazoanthus axinella, Echinaster sepositus, Centrostephanus longispinus et  Pinna nobilis ainsi que des taches d’Astroides calycularis. A plus de 30 m de profondeurs le sable grossier, par endroits mélangé au gravier, est riche en débris de coquilles. Ces sables abritent une flore et une faune remarquables, constituée, en plus du cortège précédent, de Cystoseira stricta, et quelques parcelles recouvertes d’Astroides calycularis.

A l’Ouest de l’embouchure de l’oued, le substrat est homogène de type « Sables Fins  Bien Calibrés » qui couvrent les fonds situés entre 10 et 30 m de profondeur. A partir de 10 m de profondeurs, on observe une alternance de fonds d’éboulis et tombants posés sur le sable fin par endroits avec des touffes de Posidonie. Un herbier mixte à Cymodocea nodosa et Zostera noltii s’étend, sur le fond, à 16-55 m du rivage, constituant un écosystème remarquable et fragile.

La flore marine est représentée par un ensemble d’algues photophiles (ex. Padina pavonica) et par des algues sciaphiles installées entres les rhizomes de posidonies (ex. Peyssonnelia sp). Parmi les mollusques rencontrés, des poulpes et seiches sont très fréquents, ainsi que le bivalve Pina nobilis (grande nacre) ; Citons également un gastéropode Turbo rugosum ainsi que des nudibranches. Sont rencontrés sur ces fonds, également, l’étoile de mer Echinaster sepositus et des holothuries, l’oursin comestible Paracentrotus lividus et l’oursin violet Sphaerechinus granularis, présents à plus faible profondeur à proximité de l’ilot. Plusieurs individus de Centrostephanus longispinus sont observés dans le coralligène. Vers 23-25 m de profondeur sont rencontrées, Spirographis spallanzani (spirographe), Clavelina lepadiformis (claveline), des anémones de mer, des organismes encroûtant et des gorgones.

Les fonds accidentés et les affleurements rocheux alternés de fonds meubles permettent l’installation d’un herbier à Posidonie. Il présente une limite brusque entre 12-13 m de profondeur et la limite est nettement régressive dans certaines zones vers 14-15 m et quelques touffes peuvent atteindre 18 m de profondeur. L’herbier à Posidonia oceanica sur fond rocheux de l’île Agueli a été balisé en 2007 par l’APPL (Agence pour la Protection et la Promotion du Littoral de la wilaya d’Alger) dans le cadre du projet AMIS SMAP III.

Selon Lamouti (2007), le recouvrement de l’herbier à Posidonie est relativement élevé sur l’ensemble du balisage (83.5 % en moyenne) et la densité moyenne de 378±144 faisceaux/m² révèle un “herbier clairsemé” selon la classification de Giraud (1977). D’après la classification de Pergent et al. (1995), qui intègre la profondeur, l’herbier présente en moyenne une densité “normale” pour une profondeur comprise entre 12 et 13 m de profondeur. De récentes  observations complémentaires (Benabdi 2016) indiquent une légère extension de l’herbier par rapport à la limite de la balise de 2007, synonyme d’un état de santé général de la zone marine autour de l’île Agueli stabilisé ou en légère amélioration.

Les trois principaux inventaires réalisés dans la zone marine autour de l’île Agueli révèlent la présence d’espèces remarquables des fonds méditerranéens (listes de la Convention de Barcelone) : Posidonia oceanica, Astroides calycularis, Ophidiaster ophidianus, Scyllarus arctus, Pinna nobilis, P. rudis, Epinephelus costae, Echinaster sepositus, Cymodocea nodosa, Dictyota dichotoma, Eunicella cavolini, E. singularis, E. verrucosa, Lithophyllum incrustans et Mesophyllum lichenoides. En outre, les espèces exotiques rencontrées dans ce secteurs sont Asparagopsis armata, A. taxiformis et Oculina Patagonica.

L’intérêt de la zone pour la pêche est également mis en évidence par l’enquête effectuée auprès des pêcheurs qui a permis de dresser une liste de plus d’une centaine d’espèces de poissons (55 familles), 3 espèces de Céphalopodes, une espèce de moule et 4 espèces de Crustacés. Les espèces les plus abondantes sont : le Pageot acarné, la Dorade rose, la Thonine. Quelques espèces sont devenues rares ces dernières années, comme le Sparaillon, le Sar tambour, la Dorade royale, les Ombrines, la Langouste et le Requin bleu.

Les espèces les plus recherchées par les pêcheurs sont les pagres (Pagrus pagrus, P. caeruleostictus, Sparus auriga), les sars (Diplodus cervinus, D. sargus, D. vulgaris), les dentés (Dentex dentex, D. gibbosus), la Dorade royale (Sparus aurata), les mérous (Epinephelus aeneus, E. costae, E. caninus, E. marginatus) et les rougets (Mullus barbatus, M. surmletus).

Trois enjeux écologiques sont associés à l’île Agueli : la préservation de l’herbier à Posidonie, le maintien et la préservation de l’écosystème à coralligène ainsi que la pérennisation du rôle de cet ilot dans les processus migratoires de l’ornithofaune.

Pressions


L’île Agueli est située dans une zone qui est exposée à de multiples sources de pression et de pollution. En effet, le bassin versant côtier d’El Harrach est le siège de l’une des plus importantes zones industrielles du pays avec l’Oued El Harrach comme vecteur d’une partie de ces rejets en mer, qui par le jeux des courant dominants Nord-Ouest draine inéluctablement une partie de la pollution vers les eaux situées entre le cap Matifou et l’îlot Agueli. Toutefois, ce cap atténue quelques peu les effets de ce jeu de courants en dirigeant les eaux provenant de la côte vers le large.

Les effets de la station de dessalement d’El Hamma (Alger) ne sont pas encore connus sur l’écosystème marin de l’Est algérois, mais la position de cette installation stratégique et salutaire pour la sécurité hydrique de la capitale requière un suivi particulier afin de réduire les effets négatifs potentiels sur les peuplements benthiques remarquables de l’Est de la wilaya d’Alger, dont ceux de l’île Agueli.

Cette zone est également connue pour son intense activité de pêche, en particulier entre les îlots Sandja et Agueli. La pêche de plaisance n’est pas non plus négligeable dans ce secteur (lignes et cannes à pêche, chasseurs apnéistes, harpons et fouines). Des cas de pêche par des chalutiers exploitant la zone non autorisée de moins de 50 m ont été signalés.  L’accroissement du nombre de chalutiers du port d’Alger, qui a doublé entre 2001 et 2011, combiné avec l’absence de nouvelles zones de chalutage expliquent en partie la diminution des captures, ce qui crée des situation d’infraction à la réglementation de pêche, notamment, la pêche sur les faibles profondeurs et sur les herbiers, des zones à haute productivité et en même d’une grande sensibilité écologique.

La pêche aux petits métiers dans les eaux et sur les fonds avoisinant l’ile Agueli est courante, utilisant des engins variés (palangre flottante pour l’espadon et occasionnellement les thonidés et scombridés, palangre de fond pour les petits poissons démersaux, filets maillants pour les thonines, Melva, bonite et espadons, trémail pour les rougets, marbrés, soles, sars, pagres, mulets et baudroies et lignes. Les espèces les plus rentables pour les petits métiers de la zone Est algéroise, sont les seiches, gros sars, dorades, limons, et bien sur les gros mérous et badèches.

Enfin, la nidification du Goéland leucophée, seule espèce d’oiseau marin nicheur présente sur l’île, entraine des perturbations manifestes à l’instar de l’ensemble des îles sur lesquelles s’installent les colonies : apports de détritus et perturbation des communautés végétales en favorisant le développement des espèces rudérales. Les populations restent cependant relativement faibles. Le recensement effectué en 2015 relevait la présence de 34 couples seulement. Les collectes d’œufs de Goéland, pratiquées à l’époque par les gardiens de phare, sont aujourd’hui anecdotiques.

Les effets des espèces exotiques rencontrées dans ce secteurs (Asparagopsis armata, A. taxiformis et Oculina Patagonica) ne sont pas encore connus, faute de recul scientifique, mais une veille par rapport aux interactions espèces exotiques et espèces indigènes est nécessaire dans cette zone.

Gestion & Conservation


L’île Agueli n’est pas encore classée, ni protégée. Grimes (2005) dans le cadre du projet PAC Algérie avait formulé le premier zoning de l’aire marine protégée de l’île Agueli, intégrée dans le grand périmètre de protection de la zone humide côtière du lac de Réghaia et comprenant également le cordon dunaire d’El Kaddous- Réghaia. La superficie de la zone marine proposée comme partie centrale de conservation et de protection (à forte réglementation) est de 863 hectares sur par rapport à une AMP de 2897  hectares (Grimes, 2005/PAC algérois).

Depuis cette date, le ministère chargé de l’environnement avec l’appui et le soutien de centres méditerranéens a inscrit l’île Agueli ainsi que la zone humide côtière du lac de Réghaia comme sites prioritaires pour une protection de haut niveau (PAP RAC/ Plan côtier de Réghaia/2013 ; CAR ASP (MedMPANet/2012 et plan de gestion/2015).

Il y a lieu de souligner qu’en 1999, le wali d’Alger avait signé l’arrêté N° 1844, désignant le lac de Réghaia « Réserve Naturelle ». En 2006, il a été procédé à l’inscription du marais de Réghaia comme site d’importance écologique de dimension internationale sur la liste de la convention de RAMSAR (préservation de la partie marine côtière jusqu’à 6 m de profondeur).

ENCADRE : Coordonnées et surfaces de protection de la réserve naturelle marine de l’île Aguelli (Source : Grimes, 2005)


 

Zone Identification Niveau de protection Coordonnées géographiques

Surface (hectares)

Zone A

Zone intégrale

Maximum

NO: 3.3079°/36.8024°   NE: 3.3752°/36.8092°

SO: 3.3077°/36.7961°    SE: 3.3652°/36.7840°

863

Zone B

Zone tampon

Modéré

NO: 3.3089°/36.8181°   NE: 3.3821°/36.8092°

SO: 3.3079°/36.8024°    SE: 3.3752°/36.8092°

689

Zone C

Zone périphérique

Faible

NO: 2.2891°/36.6483°   NE: 2.4482°/ 36.6207°

SO: 3.3089 °/36.8181°   SE: 3.3821°/36.8092°

1345

Principales ressources bibliographiques


  1. Boudouresque C-F., Guillaume Bernard G, BonhommeP., Charbonnel E., Diviacco G, Alexandre Meinesz A, Gérard Pergent G, Pergent-Martini C., Ruitton S  et Tunesi L., 2006. Préservation et conservation des herbiers à Posidonia oceanica, Pamoge Pub : 1-202.
  2. Giraud G., 1977. Contribution à la description et à la phénologie quantitative des herbiers à Posidonia oceanica (L) Delile, Thèse Doct. 3ème cycle, univ. Aix-Marseille II, Fr : 1-150
  3. Grimes S., 2005. Protection des sites sensibles naturels marins du secteur Cap Djinet au Mont Chenoua Actions pilotes, plan d’action et recommandations, MATE/MATE, Alger : 1- 45.
  4. Grimes S., 2013. Plan Côtier de Réghaia (PCR). Activité biodiversité marine et conservation des habitats côtiers remarquables. Etat des lieu, et diagnostic. Projet Medpartnership (MAOE/PAP RAC/PAM), 43 p.
  5. Lamouti S., 2006. Rapport d’activité du réseau de surveillance des herbiers à posidonies, habitats remarquables et espèces invasives. Dir. Grimes, Projet AMIS/SMAP3, APPL/CIRSA.
  6. MedMPANet, 2015. Plan de gestion : Etude écologique complémentaire et élaboration d’un plan de gestion pour la future aire marine protégée – Réghaia Algérie. CAR ASP. Accord Med MPAnet n°02/2014, 60 p.
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ISSN 2970-2321

Cette fiche a été rédigée dans le cadre du projet d’Atlas encyclopédique des Petites Iles de Méditerranée, porté par le Conservatoire du Littoral, l’Initiative PIM, et leurs nombreux partenaires.
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ILES

Cluster : Oran

Sous-bassin : ALGERIE

Sbiaat île Ouest

Contributeur : Tarik Mokhtari

 Date de création : 19 Décembre 2017

 

Pour citer cette version : MOKHTARI, T.  (2017). Fiche île : Sbiaat île Ouest – Sous-bassin : Algérie. Atlas of Small Mediterranean Islands. https://pimatlas.org/explorer-atlas/iles/sbiaat/

Sbiâat Ile Ouest (Bing Maps)
Progil - Sbiatt Ouest
Commune

Ain Temouchent

Archipel /
Surface (ha) 0,35
Linéaire côtier (mètre) /
Distance à la côte (Mile nautique)

0.0756

Altitude max (mètre) /
Coordonnée géographiques Latitude
35.54527778
Longitude
-1.20186667
Propriété foncière /
Gestionnaire(s) /
Statut de protection national /
international /

Description générale


Situé au sud-ouest du Cap Figalo dans commune de Msaid (wilaya de Aïn-Temouchent), l’archipel de Sbiaat est appelé “les 3 îles” par les Sasselois; il est constitué en réalité de 4 îles et une presqu’île à quelques mètres seulement d’une grande plage de sable fin de plus de 1 kilomètre de longueur. Pendant longtemps, l’archipel n’était accessible que par voie maritime. Il était fréquenté par les plaisanciers et les pêcheurs venants des plages de Bouzedjar à l’est ou la plage de Sassel à l’ouest. Quelques habitants du village de Msaid s’y rendent aussi régulièrement pour pratiquer la chasse sous-marine ou la pêche avec des cannes a partir des bords de la presqu’île. L’archipel est situé en bas d’une falaise, la piste difficilement praticable qui reliait la route du littoral à la plage a été rénovée, élargie et goudronnée au début des années 2000 ouvrant l’accès aux touristes qui découvraient pour la première fois ce très beau site. Un zone de parking a été aménagée au bord de la plage, un poste de gendarmerie et un poste de premiers secours ont été crées. L’archipel est resté naturel et sauvage, il n’y a pas de phare, il n’y a aucune habitation sur les îles, pas d’abri, quelques courageux font la traversée à la nage et s’aventurent sur les îles de Sbiaat mais la majorité des touristes restent sur la plage a contempler ce site paradisiaque.

Connaissances


Poussin Goéland leucophée

Il n’existe pas de publications scientifiques concernant l’archipel de Sbiaat disponibles sur internet. Ces îles sont peuplées essentiellement de goélands leucophées présents en très grande quantité; quelques rares pigeons ramiers ont été observés également. Sur le plan botanique, les îles sont revêtues d’arbustes et de quelques plantes, on note principalement la présence d’Anthemis chrysantha, une espèce endémique de la mer d’Alboran, Sonchus tenerrimus une espèce endémique de la région oranaise et d’autres jolies fleurs telles que Allium subvillosum ou Frankenia corymbosa. En ce qui concerne les poissons, leur quantité a beaucoup diminuée au cours des 20 dernières années suite à la pêche excessive, les espèces les plus fréquentes sont la badèche(Epinephelus costae), en moindre quantité le mérou brun(Epinephelus marginatus), les saupes, les sars, les rougets et les mulets. On note de moins en moins la présence de vives royales et de corbs(Sciaena umbra), 2 espèces très présentes auparavant. Les pêcheurs au filet avait l’habitude de prendre régulièrement des requins de sable et des requins-marteau. Ces prises deviennent exceptionnelles de nos jours. Un phoque-moine fréquentait l’archipel et le Cap Figalo, il dérangeait les pêcheurs, car il se servait dans leurs filets de pêche sans jamais s’y prendre. Au milieu des années 80, un pêcheur de Sassel a voulu l’exterminer. Armé d’un fusil de chasse, il a fait une sortie en mer a sa recherche, il a renoncé a le faire à la dernière minute. Ce phoque moine a définitivement quitter les lieux à la fin des années 1980.

Intérêts


C’est une très belle destination touristique fréquentée de nos jours par des touristes venants d’Aïn-Temouchent ou des wilayates limitrophes (Oran, Sidi Bel Abbes et Tlemcen). La majorité d’entre eux restent sur la grande plage de sable fin sur la côte. Quelques uns s’aventurent sur les îles de l’archipel. Jusqu’aux années 1990, les fonds marins aux abords de l’archipel étaient très poissonneux. Lors des dernières décennies, le nombre de bateaux fréquentant l’archipel et le nombre de pêcheurs ont considérablement augmentés rendant les prises de poissons de plus en plus rares. Les plongeurs peuvent toujours se consoler en allant explorer les épaves au large de l’archipel, il en existe au moins 2 dont « The City of Perth ». Ce navire anglais faisait partie d’un convoi qui devait rallier Annaba à Liverpool, il a été torpillé par un sous-marin allemand le 26 mars 1943, ses vestiges comprenant les canons et les imposantes hélices se trouvent à 18 mètres de fonds dans la baie entre l’archipel et le Cap Figalo. C’est un spot de plongée privilégié pour les plongeurs scaphandriers ou les apneistes confirmés.

Les ruines du cabanon de Louis Girardet situées sur la presqu’île représentent une curiosité. On devine l’aménagement du cabanon avec son coin cuisine, sa cheminée, ses espaces de rangement, le quai pour le bateau, le système de récupération des eaux pluviales et ses réservoirs, le treuil pour remonter le bateau sur l’île et les vestiges du système de tyrolienne entre l’île et le continent qui permettait à monsieur Girardet de faire la traversée tout en étant suspendu dans les airs quand la mer était agitée. 

ENCADRE : La presqu’île de Girardet


Fils unique et descendant d’une famille qui s’était installée en Algérie dès le début de la colonisation en 1840, Louis Girardet avait hérité de son père de terres agricoles aux alentours du village de Hassi El-Ghella(Er -rahel anciennement). Il avait la chance d’avoir 2 ouvriers sur lesquels il pouvait compter, un espagnol et un algéro-marocain. Comme il était passionné par la nature, il leur déléguait la gestion de ses terres et menait une vie au plus près de la mer. Il a fait construire une maison sur pilotis à la plage de Sassel. De la, il sortait régulièrement en bateau à la découverte de cette belle partie du littoral méditerranéen. En visitant l’archipel des 3 îles près du Cap Figalo, il est tombé sous le charme de cet endroit paradisiaque. Un beau jour une idée folle lui a traversé l’esprit : « et si je construisais un cabanon sur la presqu’île ? ». Il n’a pas hésité a concrétiser ce projet hors du commun. Après tout, sa femme de nature casanière s’occuperait de l’éducation de Georges et Christian leurs 2 enfants, ses ouvriers étaient performants, il leur faisait confiance et les terres agricoles étaient bien fertiles. Tout cela ne lui demandait pas beaucoup de présence physique. Le Cabanon réalisé était constitué d’une seule pièce de 4 mètres de long sur le côté est de la presqu’île, bien protégé des vents d’ouest. Il y avait un petit coin cuisine, une cheminée creusée dans la roche et quelques espaces de rangement. Il était à proximité directe d’un petit abri naturel où il pouvait accoster son bateau de 6 mètres. Au-dessus de son cabanon il a conçu un système pour récupérer l’eau de la pluie qui se déversait dans un petit bassin. Cette eau il s’en servait pour prendre sa douche et faire le ménage mais pas pour boire. Il amenait son eau potable du village de Bouzedjar ainsi que des batteries pour éclairer la lampe de son cabanon. La particularité de la presqu’île du Cap Figalo c’est que le cordon de sable qui la relie à la plage de Sbiaat n’est pas très large. Quand la mer s’agite, la presqu’île devient île et son accès n’est plus possible ; alors pour éviter de se retrouver bloquer dans son cabanon, Louis Girardet a conçu un système de tyroliennes, il a scellé 2 poteaux, un sur les hauteurs de l’île et un sur la falaise en face et à l’aide d’un câble, des roulettes et des poulies il pouvait se rendre sur l’île ou sur la plage. Des vestiges de ce système ingénieux sont encore visibles de nos jours sur l’île, ainsi que le treuil qui lui servait pour hisser son bateau par mauvais temps. Louis Girardet allait à la pêche tous les jours en face des îles ou au large du Cap Figalo. Il calait des nasses grâce auxquelles il prenait de grosses langoustes. Celles-ci étaient stockées dans le petit vivier de 2 mètres de large qu’il avait conçu sur la presqu’île. Il avait un ouvrier qui l’aidait pour ses sorties en mer, ce dernier n’était rémunéré que par l’argent de la vente des langoustes et il n’en manquaient pas au village de Bouzedjar. Il vivait seul sur sa presqu’île, son voisin le plus proche était monsieur Guitard qui avait construit un cabanon à l’extrémité de la baie au pied du Cap Figalo. Ils étaient les seuls occupants de toute cette région et à titre symbolique et honorifique, les autorités ont accordé à monsieur Girardet le titre de garde-pêche et garde-chasse. Cette vie paisible de solitaire en parfaite symbiose avec la nature aura duré jusqu’à l’âge de 59 ans. Monsieur Girardet se voyait vieillir sur sa presqu’île mais le destin en a décidé autrement. Le 5 juillet 1962 l’indépendance de l’Algérie est proclamée, la guerre est finie. Un grand soulagement pour les Algériens qui fêtent leur victoire pendant que les Français font leurs valises. Ce jour-là le hasard et la malchance fait que Louis Girardet se trouve au centre-ville d’Oran où règne une confusion totale. Des centaines de français sont massacrés (350 à 3000 selon les sources) et il en fera partie. S’il était reste sur sa presqu’île personne ne serait venu l’embêter. Vingt ans après Georges son fils est retourné dans son pays natal, c’était un voyage chargé d’émotions, il a revu son village et la plage de Sassel qui l’ont vu grandir. Accompagné de kader (Kadrika)un ami d’enfance, ils ont pris une petite barque et longé cette belle côte que son père chérissait au point d’y consacrer toute une vie. En Arrivant à la presqu’île tant d’images traversent son esprit, chaque rocher lui rappelle un souvenir d’enfance, un moment exceptionnel passé avec son père. Rien n’a changé ou presque, une route a été construite et la plage en bas de la falaise d’argile autrefois vierge est devenue accessible. Ce jour-là des dizaines de personnes sont présentes sur la plage, sur la presqu’île et aux abords du cabanon que son père avait bâti. Il est loin le temps où on pouvait profiter seul de ce site féerique qui porte désormais le nom de Girardet.
Tarik Mokhtari

Pressions


La grande plage de Sbiaat est l’une des plus belles plages d’Algérie. Avant qu’elle ne soit accessible il y avait peu de d’impact de pollution hormis les déchets ramenés par la mer lorsque cette dernière était agitée. Depuis que la plage est accessible, l’afflux massif de touristes a amené son lot de pollution. Les bouteilles, les sacs de plastiques et autres détritus sont malheureusement nombreux sur la plage notamment en fin de journée de week-ends d’été. En dehors de la saison estivale la plage retrouve un bon état de propreté. Au printemps, quelques rares personnes prélèvent les œufs des goélands leucophées des nids sur les îles. Il nous a été rapporté que cette pratique se faisait déjà auparavant(témoignage des années 1940), cela ne semble pas avoir d’impact significatif, une visite sur le terrain en avril 2015 retrouve une quantité très importante de goélands, de nids et d’oeufs.

Vu la beauté du site, plusieurs investisseurs notamment étrangers ont été tentés de monter des projets touristiques. Ils ont renoncé a leurs projets du fait du manque d’accessibilité au site, il faut rappeler aussi que Sbiaat n’est pas alimentée en eau courante ni en électricité. La direction du tourisme de la wilaya de Aïn Temouchent de 2007 classe le site en ZET(Zone d’Extension Touristique) et propose le site aux investisseurs. Avec l’ouverture de l’accès à la plage, cela les encouragera peut être. La particularité de l’Algérie c’est qu’il existe encore de grandes bandes du littoral méditerranéen, parfois de plusieurs dizaines de kilomètres totalement vierges. Vu l’élan démographique et le développement de l’urbanisme ces dernières décennies, il est évident que cette région fera l’objet d’un projet touristique tôt ou tard. On espère qu’il se fera en harmonie avec la nature. un tel projet concernera à priori la parcelle de terrain en face de la presqu’île. le reste de la plage étant en bas d’une falaise. Les îles ne semblent pas être menacées par l’urbanisation.

Enfin, la nidification du Goéland leucophée, seule espèce d’oiseau marin nicheur présente sur l’île, entraine des perturbations manifestes à l’instar de l’ensemble des îles sur lesquelles s’installent les colonies : apports de détritus et perturbation des communautés végétales en favorisant le développement des espèces rudérales. Les populations restent cependant relativement faibles. Le recensement effectué en 2015 relevait la présence de 34 couples seulement. Les collectes d’œufs de Goéland, pratiquées à l’époque par les gardiens de phare, sont aujourd’hui anecdotiques.

Gestion & Conservation


En arrivant sur le site, on peut lire sur une panneau “Ministère de l’aménagement du territoire et de l’environnement, Espace terrestre et marin remarquable”. Le panneau rappelle qu’il est interdit de prélever des fleurs, de ramasser des espèces protégées telles que les tortues et qu’il est interdit de jeter des ordures. Ces dernières années, pendant les saisons estivales des compagnes de sensibilisation sont organisées pour informer les touristes et les encadrer pour la préservation de la nature. Ces compagnes ont été organisées par le ministère de l’environnement et par la direction du tourisme de la wilaya de Aïn-temouchent.

Principales ressources bibliographiques


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ISSN 2970-2321

Cette fiche a été rédigée dans le cadre du projet d’Atlas encyclopédique des Petites Iles de Méditerranée, porté par le Conservatoire du Littoral, l’Initiative PIM, et leurs nombreux partenaires.
This sheet has been written as part of the encyclopedic Atlas of the Small Mediterranean Islands project, carried out by the Conservatoire du Littoral, the PIM Initiative and their numerous partners.
(https://pimatlas.org)

ILES

Cluster : Bejaia

Sous-bassin : ALGERIE

Tigzirt / îlot à l'ail

Contributeur : Riadh Moulai

Date de création : 19 Janvier 2017

Pour citer cette version : MOULAI, R.  (2017). Fiche île : Tigzirt / Ilôt à l’Ail – Sous-bassin : Algérie. Atlas of Small Mediterranean Islands. https://pimatlas.org/explorer-atlas/iles/ile-ail/

Tigzirt ; ilot à l'aïl (Bing Maps)
Photo profil - île d'Ail
Commune Béjaia
Archipel /
Surface (ha) 0,3
Linéaire côtier (mètre) 220
Distance à la côte (Mile nautique)

0.0702

Altitude max (mètre) 5
Coordonnée géographiques Latitude
36.89833333
Longitude
4.12091667
Propriété foncière /
Gestionnaire(s)
Statut de protection national /
international /

Description générale


Cet îlot, situé à l’extrémité ouest de la plage de Boulimate, à 10 km environs de la ville de

Bejaia, est localement surnommé “l’îlot à l’ail” ou TISKERTH à cause de sa végétation apparente depuis le continent, dominée par de grandes tiges d’Allium commutatum à floraison estivale

L’îlot, situé à seulement 100 m du rivage (plage de Boulimate), mesure environ 0,4 ha de superficie, dont la moitié seulement est couverte de végétation, la partie nord de l’îlot étant trop fortement soumise aux embruns. Sa topographie est relativement plane bien que ses côtes soient surélevées de quelques mètres au dessus du niveau de la mer. Il s’agit d’un affleurement de grès Quaternaire (plage fossile) fortement érodé par les embruns, de sorte que sa surface, très acérée, est extrêmement désagréable au pied du baigneur. C’est probablement cela qui le protège de la sur-fréquentation estivale, malgré sa grande accessibilité depuis la plage. (Vela et al.,2012)

Connaissances


La flore vasculaire semble comporter 21 espèces (Vela et al.,2012)

La faune des invertébrés terrestres de l’île de l’ail est composée des élements suivants;

  • Gastropoda: 1 espèce
  • Insecta: 35 espécés (Bensid et Namir,2016)

La faune des vertébrés terrestres est composés d’une seule espéce, le reptile, Chalcides ocellatus (Aissat, comm.perso.)

Intérêts


La découverte de cette station insulaire unique d’Allium commutatum en Algérie procure à l’îlot de Boulimate une valeur patrimoniale irremplaçable à l’échelon national. Cela justifie son intégration au sein de la “Zone Importante pour les Plantes” (Important Plant Area) voisine du Parc National de Gouraya qui incluait déjà naturellement la petite île des Pisans (Yahi & al., sous-presse). Cet exemple, parmi d’autres encore inédits (E. Véla, obs. pers.), illustre combien l’exploration du hotspot algéro-tunisien “Kabylies-Numidie-Kroumirie” (Véla & Benhouhou, 2007) n’est pas terminée et doit être poursuivie consciencieusement.

La présence Malva neglecta Wallr. [= M. rotundifolia auct., non L.] ne semble jamais avoir été reportée en Kabylie ni sur le littoral du Centre ou de l’Est algérien (Quézel & Santa 1963).

Pressions


Aucune pression anthropique notable; ne semble être notée sur l’île. l’île semble  peu fréquenté (voir ci-haut, description générale)

Gestion & Conservation


Aucune mesure de gestion et de conservation de cet espace insulaire ne semble exister pour l’instant.

Principales ressources bibliographiques


  1. Bensid M. et Namir F., 2016 – Analyse de la diversité entomologique de quelques îles de la région de Béjaia (Algérie). Mémo. Master en Biologie dela Conservation et developpement durable, Université de Béjaia,69 p.
  2. Quezel, P. & S. Santa (1962-1963). Nouvelle flore de l’Algérie et des régions désertiques méridionales, 1-2. CNRS, Paris.
  3. Vela & S. Benhouhou (2007). Évaluation d’un nouveau point chaud de biodiversité végétale dans le Bassin méditerranéen (Afrique du Nord). C.R. Biologies 330 : 589-60
  4. VELA E., BOUGAHAM A. F. et MOULAÏ R., 2012 – Découverte d’Allium commutatum Guss. (Alliaceae) en Algérie. Lagascalia 32 : 291-296
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Cette fiche a été rédigée dans le cadre du projet d’Atlas encyclopédique des Petites Iles de Méditerranée, porté par le Conservatoire du Littoral, l’Initiative PIM, et leurs nombreux partenaires.
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ILES

Cluster : Nord Eivissa

Subcuenca : BALEARIC ISLANDS

Murada

Collaborador :

Antonia Maria CIRER COSTA

Data de creació : 31.12.2017

 

Para citar esta versión : CIRER COSTA, A. (2017). Ficha isla : Isla Murada – Subcuenca : Baleares. Atlas of Small Mediterranean Islands. https://pimatlas.org/explorer-atlas/iles/illa-murada/

Murada (Bing Maps)
murada1
Ayuntamiento Sant Joan de Labritja
Archipiélago Nord Eivissa
Superficie (ha) 1,42
Lineal costero (metros) 529
Distancia a la costa (Millas Náuticas) 63
Altitud máxima (metros) 35
Coordenadas geográficas Latitud 39,0921
Longitud 1,43219
Propiedad  Dominio Publico Maritimo-Terrestre (100%)
Organismo gestor Direcció General d’Espais Naturals i Biodiversitat (Govern de les Illes Balears)
Figura de protección nacional /
internacional /

Descripció general


Es troba situada a ponent del Port de Balansat, a l’est de la Punta de sa Creu, davant els penya-segats de la Cala d’en Ferrer. Està separada d’Eivissa per un canal molt profund, contorn de la qual emergeix com un prisma irregular de roca calcària massiva del trànsit entre el juràssic i el cretaci inferior, de color blanquinós amb parets completament verticals. Els materials són més antics que els de la costa que hi confronta, de manera que la separació es deu a una falla prou important. Sols hi ha un punt, al costat sud-oest, on es pot apropar una barca, si l’onatge ho permet, i iniciar l’ascens a l’illa. A dalt de les cingleres naturals hi ha les restes d’una antiga paret que emmurallava completament l’illa; d’aquí ve el seu nom, d’època, constructors i finalitats enigmàtics, probablement preromana.

La part superior té uns 200 metres de llarg per 60 d’ample, és relativament planera, amb forma de rasa. La rasa és una superfície d’abrasió que es va formar quan el nivell del mar era més alt que ara i perquè els processos erosius van incidir fortament en l’illa (Mata & Roig, 2016). És molt pedregosa, amb les pedres de l’antiga muralla escampades i cobertes de vegetació nitrohalòfila, vegetació afavorida per l’elevada densitat d’aus que sustenta. En aquesta zona superior el grau de recobriment vegetal és molt elevat i la topografia permet una certa retenció d’aigua de pluja.

L’illa presenta nombroses cavitats i algunes coves ben desenvolupades, que serveixen de cau a distintes espècies d’aus marines.

Els fons marins són els propis dels penya-segats del nord-oest d’Eivissa, amb comunitats d’algues fotòfiles de llocs batuts en superfície, comunitats d’algues fotòfiles que ràpidament esdevenen esciòfiles a mitjan fondària a causa del pendent accentuat de les parets, de fins a 20 m de fondària. La part exterior de l’illot, entre 8 i 15 m de fons, presenta una sèrie de túnels i coves submarins que acullen una fauna cavernícola interessant. A la part nord de l’illa hi ha unes interessants plataformes rocoses cap als 33 m de fondària, travessades per canals d’uns pocs metres de fons que presenten una interessant fauna coral·lígena. A partir dels -40 m dominen els fons detrítics. La invasió per l’alga introduïda Lophocladia lallemandii, la qual va arribar molt probablement a finals de la dècada dels 90 (Patzner, 1998), és segurament l’impacte més considerable de les comunitats marines d’aquest illot.

Coneixement


Interès


La vegetació està constituïda per camèfits rupícoles litorals, alguns dels quals de distribució restringida, com la maçanella de penyal, Helichrysum fontanesii, Asteriscus maritimus, juntament amb altres de distribució més generalitzada al litoral eivissenc i als illots, com Limonium ebusitanum, Chrithmum maritimum i Daucus gnidium. Són especialment abundants espècies nitròfiles com el salat ver (Suaeda vera) o la malva (Lavatera arborea), l’all bord (Allium commutatum), entre els quals creixen exemplars d’esparreguera vera (Asparagus horridus).

En aquest illot s’ha introduït la lletrera de ses Margalides, Euphorbia margalidiana, per tal de tenir-ne una rèplica si en algun moment entrava en recessió la població de l’illa Margalida. Es tracta d’una introducció emparada pel Pla de Recuperació de l’espècie, portada a terme per la Conselleria de Medi Ambient.

L’elevat grau d’insularitat que presenta l’Illa Murada ha propiciat l’existència d’invertebrats endèmics, com els coleòpters Alphasida ibicensis i Phylan mediterraneus. Aquesta illa és la terra typica del gasteròpode Trochoidea ebusitana muradae, que n’és endèmic; així com de la sargantana Podarcis pityusensis muradae, població amb tendència al gegantisme, color del cos melànic amb laterals, gola i ventre, generalment, de color blau marí intens. Aquesta sargantana practica el comensalisme amb les aus marines, els nius de les quals visita a la recerca de restes d’aliment.

És un bon lloc de nidificació d’aus marines. Hi ha una bona colònia de virot gran, Calonectris diomedea, així com de noneta, Hydrobates pelagicus, alguna parella de corb marí emplomallat, Phalacrocorax aristotelis desmarestii, així com la gavina de peus grocs, Larus michahellis. S’hi ha documentat la pressió de l’òliba, Tyto alba, sobre la noneta, però deu ser un fenomen esporàdic no preocupant.

Cal incloure entre els interessos de l’illa les restes de la murada que li dona nom. Podria haver estat utilitzada en èpoques diferents, ja que s’hi detecten materials i tècniques heterogènies, i és possible que hagi tengut funcions defensives o també ramaderes. Alguns historiadors relacionen aquestes restes amb les de les Torres d’en Lluc, situades a la costa eivissenca, alguns quilòmetres al sud.

Pressió


L’Illa Murada no pateix una pressió excessiva. No és d’accés fàcil, però certament és visitada de manera incontrolada i pot ser que s’hi hagin produït molèsties ocasionals rellevants a les aus marines que hi nidifiquen.

No s’hi coneixen espècies invasores.

Gestió i conservació


L’Illa és Àrea Natural d’Especial Interès, la qual cosa hi proscriu definitivament cap actuació urbanística. També forma part de la Xarxa Natura 2000, en qualitat de LIC. No té, però, vigilància ni un seguiment suficient de les espècies de fauna i flora que hi viuen.

Principals recursos bibliogràfics


  1. Patzner, R., 1998.
  2. Posadas, E., 1989.
  3. Ribes-Marí, E., 1993.
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ISSN 2970-2321

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ILES

Cluster : Cabrera-Migjorn de Mallorca

Subcuenca  : BALEARIC ISLANDS

Na Guardis

Autores :

Jordi MUNTANER (Govern de les Illes Balears)

Fecha de creación :
31.12.2017

 

Para citar esta versión : MUNTANER, J. (2017). Ficha isla : Na Guardis – Subcuenca : Baleares. Atlas of Small Mediterranean Islands. https://pimatlas.org/explorer-atlas/iles/illa-de-na-guardis/

Na Guardis (Bing Maps)
guardis1
Ayuntamiento Ses Salines
Archipiélago Cabrera-Migjorn de Mallorca
Superficie (ha) 2,46
Lineal costero (metros) 747
Distancia a la costa (Millas Náuticas) 134
Altitud máxima (metros) 10
Coordenadas geográficas Latitud 39,3103
Longitud 3,00116
Propiedad  Dominio Publico Maritimo-Terrestre (100%)
Organismo gestor Direcció General d’Espais Naturals i Biodiversitat et Direcció General de Pesca i Medi Mar (Govern de les Illes Balears)
Figura de protección nacional /
internacional /

Descripció general


Es tracta d’una petita illa que pertany al terme municipal de ses Salines. Està situada al sud-est del port de la colònia de Sant Jordi, al sud de Mallorca. Aquesta illa protegeix aquest petit port (a 450 m de distància) dels embats dels vents de component sud i sud-est. Possiblement, el nom deriva de l’existència d’un punt de vigilància en el seu cim (Cosme Aguiló, [comunicació personal]). Entre na Guardis i la costa més propera de Mallorca es troben dos petits illots, el Gros i el de s’Estopa, i dos esculls, el Petit i el dels Corbs Marins. Una mica més enfora i cap al sud-est, però també a prop de na Guardis, es localitzen na Moltona, el més gran de tots i el més proper, i na Pelada, més petit i allunyat. Tots tres presenten característiques geològiques i biològiques molt semblants.

La composició geològica és de calcarenites vindobonianes i plistocèniques, amb aposicions de sediments arenosos i dunars i una confirmació tabular i ondulada. El perfil costaner presenta plataforma d’abrasió, abundància de reble d’erosió i fenòmens de microcarstificació per l’efecte de l’onatge. Els fons immediats són predominantment arenosos, amb una praderia de posidònia ben desenvolupada.

L’any 1990 es va construir la primera balisa de l’illa de na Guardis. Es tractava d’una marca lateral, d’estribord (verd) per senyalitzar l’illot a les embarcacions que recalen al port de la colònia de Sant Jordi. El 2003 un temporal va destruir-la, i només va quedar la base de formigó d’aquella instal·lació, i es va posar una balisa provisional. L’any 2004 es va substituir per una de fibra i se’n va canviar la ubicació a una zona més protegida. A l’octubre de 2014 la balisa va passar a ser una marca cardinal W (groc-negre-groc) per decisió de la Comissió de Fars. Actualment l’aparença lluminosa és de nou centelleigs blancs cada deu segons i té un abast nominal de tres milles nàutiques. L’equip lluminós és de leds i té alimentació solar mitjançant un panell fotovoltaic i una bateria. Està monitorada per via GSM des de Palma i s’hi fan dues o tres visites anuals per al manteniment.

Coneixement


Història

A la cota més elevada d’aquest illot es troba un important jaciment arqueològic corresponent a una instal·lació comercial púnica que va estar activa des de la seva fundació, cap al segle IV aC fins al segle II aC, coincidint amb l’ocupació romana. Es tracta del primer assentament púnic trobat a les Balears fora d’Eivissa. Posteriorment se n’han trobat d’altres a uns quants illots de Mallorca, però menys importants. Aquest establiment inclou un centre d’habitatge i comerç constituït per una edificació de planta rectangular, dividida en dues cambres iguals amb llars de foc. S’hi han trobat diferents restes ceràmiques de peces d’ús quotidià, com vaixelles i plats púnics-ebusitans i nombroses peces d’àmfores. Aquestes edificacions són ben visibles en els sistemes disponibles de fotografia aèria. També s’han trobat nombroses restes arqueològiques púniques, consistents en peces de ceràmica, a les aigües immediates a aquest illot.

No hi ha més testimonis històrics d’usos d’aquesta illa, fins a l’abalisament modern de navegació.

L’explotació del marès : la pedra illenca[1]

 

Na Pelada, a sa Colònia de Sant Jordi, és una magnífica duna fossil els estrats de la qual s’observen perfectament a la imatge. Hi habita una forma negra i petita de sargantana de les Balears.


A moltes petites illes és visible el rastre de la tasca dels antics trencadors de marès, que tallaven, a cops d’escoda, peces de roca arenosa per a la construcció. Aquests artesans aprofitaven les discontinuïtats entre els estrats per obtenir les seves peces. A la imatge, pedreres abandonades a l’illa Pelada.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Des de temps immemorials, el marès ha estat un material bàsic per a bastir edificis a les Balears, tot i que avui està en recessió, desplaçat per noves tècniques i materials. Fins a mitjan segle XX era el més important arreu; basta recordar obres tan emblemàtiques com la catedral de Palma, el castell de Bellver, les murades de Ciutat,  l’església de qualsevol poble i la immensa major part de cases urbanes o rurals.

Antany l’obtenció d’aquest material preuat es concentrava en les pedreres litorals emplaçades al llarg de tota la costa del nostre territori. En aquest sentit, cal ressenyar que aquesta ubicació no és casual: el litoral mallorquí, sobretot a la zona del sud i llevant de l’illa, és la zona maresera per excel·lència, i el transport del marès es realitzava amb barca, com es comprova en els llibres d’obra d’algunes de les construccions més importants de Mallorca. Va haver-hi pedreres costaneres actives fins als anys 60 del segle passat.

Les pedreres de marès són molt visibles a la costa i les illes: el tall és recte i dret, ja que s’obtenien prismes de pedra ben regulars. Aquesta explotació va transformar l’aspecte natural d’una bona part del litoral illenc. L’antigor de moltes d’aquestes ha afavorit una integració natural amb la resta d’elements que conformen el paisatge, al qual imprimeixen caràcter i aporten testimonis de l’antiga activitat humana. Aquesta empremta ha comportat una riquesa toponímica notable. Les pedreres es complementaven amb barraques, cisternes, embarcadors i altres elements que humanitzen l’entorn.

Les pedreres de marès són la prova més evident de la tasca extractiva duta a terme pels trencadors de marès. La seva presència és força notable, sobretot, als municipis de Calvià, Palma, Llucmajor, Santanyí o Felanitx. Es conserva una informació detallada als arxius de com el material per a cada una de les parts de determinades obres importants, com la Seu, era seleccionat de distintes pedreres, algunes a molta distància de Palma. La tasca dels trencadors va ser descomunal: el buit generat en aquests indrets —en alguna d’aquestes assoleixen unes alçades de més de vint metres— es va crear degut a la tasca pacient d’esculpir a cops d’escoda cantons de marès. El tall perfecte que presenten les parets d’aquestes pedreres descomunals es creà de manera artesanal, amb una habilitat admirable. Francisco Vich Verger (Coll d’en Rabassa, 1934) es considera el darrer trencador de marès de Mallorca. L’any 1964, a causa d’un encàrrec especial, va extreure manualment la darrera peça de marès d’una pedrera mallorquina. Explica com s’obtenien les peces de marès i quines eren les eines que empraven: una escoda, un tallant, uns tascons, paciència i l’experiència que sols s’aconsegueix amb els anys. Els senyals que queden a la pedra demostren que la tècnica era exactament la mateixa que vuit-cents anys abans.

 

Un altre aprofitament mineral que s’ha practicat a les petites illes de més extensio va ser la calç, obtenguda en els grans forns tradicionals on es calcinava la pedra calcària. A la imatge, un forn de calç al Parc Natural de sa Dragonera (Foto : Louis-Marie Préau, Conservatoire du littoral / PIM)

 

 

 

 

 

 

Un trencador de marès de na Pelada va deixar gravats a la pedra els llaüts de vela llatina amb què es transportaven les peces, un testimoni de gran valor etnològic. Les illes i la costa eren punts privilegiats per a aquests aprofitaments, ja que permetien embarcar la pedra i transportar-la fàcilment per mar.

 

 

 

 

 

Cal constatar l’existència de jaciments de marès en algunes de les illes i illots entorn de les illes majors. A Cabrera hi ha pedreres a la cala Santa Maria, entre els calons des Forn i el des Palangrers. També és significativa la pedrera de cala en Regau, a sa Dragonera. És molt evident també l’activitat extractiva present a na Guardis, l’illa de na Moltona, na Llarga, na Pelada, l’illa Gavina, na Corberana i na Cabot, propers a la colònia de Sant Jordi. Són molt notables els gravats a la pedra de na Pelada, on hi ha representats magníficament els velers amb els quals es traginaven els mitjans.

Cal esmentar també la particularitat que es pot percebre al litoral llucmajorer. Les riberes marines de les possessions de Son Granada, es Puigderrós i sa Torre són uns indrets on es pot percebre amb força claredat l’intensa tasca extractiva que s’hi dugué a terme; a més, hi han arrelat dos topònims força rellevants pel que fa al que a nosaltres ens interessa: l’illot de la Fossa i els illots de Can Climent. Ambdós indrets poden ser resultat d’aquesta labor extractiva incipient duta a terme en aquesta contrada, i la distinció recollida als genèrics d’ambdós noms de lloc ens permet intuir alguna mena de lligam entre la seva formació i el seu reconeixement i arrelament toponímic. A banda d’aquesta curiositat hipotètica, volem ressenyar l’aparició de certs penyals isolats molt propers a la costa que, sense tenir la consideració toponímica d’illots, són fruit també de la tasca pacient i activa duta a terme pels trencadors de marès. És el cas del prominent rocam situat al morro d’en Feliu, a la ribera de Calvià. És perfectament possible que alguns illots de marès de petita entitat arribassin a desaparèixer per la intensitat de l’extracció.

 

Referències
AGUILÓ ADROVER, C., 1996.
ALOMAR GARAU, G.; CLAR MONSERRAT, B., 2007.
SALVÀ MATAS, C., 2013.
SALVÀ MATAS, C., 2014.
SASTRE MOLL, J., 1987.
SASTRE MOLL, J. ,1993.
SASTRE MOLL, J., 2007.

[1]Tomàs Mut Ferragut

Interès


Interès

 

A la part més elevada de l’illot es troba una garriga laxa formada per Phillyrea latifolia subsp. media i Pistacia lentiscus amb presència d’Asparagus horridus. A les zones més arenoses és abundant Helichrysum stoechas, juntament amb Pancratium maritimum i Lotus cytisoides. Altres espècies detectades a aquest illot són Eryngium maritimum, Crithmum maritimum, Mesembryanthemum nodiflorum, Teucrium capitatum subsp. majoricum, Teucrium dunense, Limonium caprariense i Diplotaxis ibicensis, fins a un nombre superior a 70 tàxons.

Aquest illot, igual com els de na Moltona i na Pelada, està ocupat per una subespècie endèmica de la sargantana de les Balears (Podarcis lilfordi jordansi). Com la majoria de les sargantanes d’aquesta espècie, són de coloració dorsal molt fosca, quasi negra, i ventral blavosa. Es presenten amb densitats molt elevades i són molt confiades: acudeixen a les restes de menjar que deixa l’home.

L’aucell més característic d’aquest illot ha estat la gavina de bec vermell o gavina corsa (Larus audouinii). Aquesta espècie de comportament reproductor molt itinerant, que ha incrementat les poblacions a totes les illes Balears des de començament dels anys vuitanta del segle passat, va fer niar per primera vegada a na Guardis 54 parelles el 2000, 40 el 2001 i només ho va fer una colla el 2002. No va a tornar a niar fins al 2006, amb 27 parelles que varen criar. El màxim històric es va produir l’any següent, amb 233 parelles. Posteriorment la xifra va davallar a 3 colles el 2009, 40 el 2012 i 1 el 2013, sense que s’hagi tornat a reproduir a aquest illot. També es va detectar qualque colla de gavina de potes grogues niant, però ha estat una situació excepcional. S’han produït també nidificacions esporàdiques de collverd (Anas platyrhynchos) i, possiblement, de picaplatges camanegra (Charadrius alexandrinus). El 2016 es va comprovar la presència de Rattus sp. a aquest illot.

Pressions


 

Aquest illot, a causa d’estar molt a prop del port de la colònia de Sant Jordi i de la platja des Dolç i pel fet de trobar-se en la ruta de nombroses embarcacions que, principalment durant els mesos d’estiu, es dirigeixen a la platja propera des Carbó i a altres indrets de la costa fins al cap de ses Salines, rep una quantitat considerable de visitants. A l’estiu és habitual veure gent que s’atura a l’illot, amb tot tipus de petites embarcacions de poc calat, principalment per banyar-se, però que també penetra a l’interior de l’illot. També presenta un moll petit situat a la costa nord a on es poden fermar embarcacions una mica més grans. En aquest punt és a on desembarca el personal que fa el manteniment dels fars i senyals marítims. També desembarca aquí la gent que va a cercar sal de cocó, que tradicionalment recollien unes poques persones, però que s’ha posat de moda fa pocs anys i ara és molt cercada. De vegades hi arriben pescadors amb canyes, llences i gent que cerca altres productes de la mar, com pegellides, crancs, etc. Es pot considerar que existeix una freqüentació humana important que en alguna ocasió ha perjudicat les colònies de gavina roja, i s’han produït episodis de vandalisme a les excavacions arqueològiques.

Gestió i conservació


La primera protecció que va rebre na Guardis va ser mitjançant la Llei d’espais naturals i de règim urbanístic de les àrees d’especial protecció de les Illes Balears, de 1991 (LEN), que la va integrar en l’àrea d’especial protecció denominada Ses Salines. Posteriorment va ser inclosa dintre de la Xarxa Natura 2000 com a zona d’especial protecció per a les aus (ZEPA) i com a lloc d’importància comunitària (LIC), amb el codi ES0000083, juntament amb l’arxipèlag de Cabrera, que és qui dona nom a aquest espai. Les aigües que envolten aquests illots es troben dintre de la reserva de pesca del Migjorn, establerta el 2015.

Les úniques accions de conservació han estat les derivades de la vigilància feta durant el seguiment de la colònia de gavina de bec vermell (Larus audouinii). Durant un temps s’hi va situar un cartell que advertia que les sargantanes d’aquest illot estan protegides per la llei.

L’explotació del marès: la pedra illenca

Des de temps immemorials, el marès ha estat un material bàsic per a bastir edificis a les Balears, tot i que avui està en recessió, desplaçat per noves tècniques i materials. Fins a mitjan segle XX era el més important arreu; basta recordar obres tan emblemàtiques com la catedral de Palma, el castell de Bellver, les murades de Ciutat, l’església de qualsevol poble i la immensa major part de cases urbanes o rurals.

Antany l’obtenció d’aquest material preuat es concentrava en les pedreres litorals emplaçades al llarg de tota la costa del nostre territori. En aquest sentit, cal ressenyar que aquesta ubicació no és casual: el litoral mallorquí, sobretot a la zona del sud i llevant de l’illa, és la zona maresera per excel·lència, i el transport del marès es realitzava amb barca, com es comprova en els llibres d’obra d’algunes de les construccions més importants de Mallorca. Va haver-hi pedreres costaneres actives fins als anys 60 del segle passat.

Les pedreres de marès són molt visibles a la costa i les illes: el tall és recte i dret, ja que s’obtenien prismes de pedra ben regulars. Aquesta explotació va transformar l’aspecte natural d’una bona part del litoral illenc. L’antigor de moltes d’aquestes ha afavorit una integració natural amb la resta d’elements que conformen el paisatge, al qual imprimeixen caràcter i aporten testimonis de l’antiga activitat humana. Aquesta empremta ha comportat una riquesa toponímica notable. Les pedreres es complementaven amb barraques, cisternes, embarcadors i altres elements que humanitzen l’entorn.

Les pedreres de marès són la prova més evident de la tasca extractiva duta a terme pels trencadors de marès. La seva presència és força notable, sobretot, als municipis de Calvià, Palma, Llucmajor, Santanyí o Felanitx. Es conserva una informació detallada als arxius de com el material per a cada una de les parts de determinades obres importants, com la Seu, era seleccionat de distintes pedreres, algunes a molta distància de Palma. La tasca dels trencadors va ser descomunal: el buit generat en aquests indrets —en alguna d’aquestes assoleixen unes alçades de més de vint metres— es va crear degut a la tasca pacient d’esculpir a cops d’escoda cantons de marès. El tall perfecte que presenten les parets d’aquestes pedreres descomunals es creà de manera artesanal, amb una habilitat admirable. Francisco Vich Verger (Coll d’en Rabassa, 1934) es considera el darrer trencador de marès de Mallorca. L’any 1964, a causa d’un encàrrec especial, va extreure manualment la darrera peça de marès d’una pedrera mallorquina. Explica com s’obtenien les peces de marès i quines eren les eines que empraven: una escoda, un tallant, uns tascons, paciència i l’experiència que sols s’aconsegueix amb els anys. Els senyals que queden a la pedra demostren que la tècnica era exactament la mateixa que vuit-cents anys abans.

Cal constatar l’existència de jaciments de marès en algunes de les illes i illots entorn de les illes majors. A Cabrera hi ha pedreres a la cala Santa Maria, entre els calons des Forn i el des Palangrers. També és significativa la pedrera de cala en Regau, a sa Dragonera. És molt evident també l’activitat extractiva present a na Guardis, l’illa de na Moltona, na Llarga, na Pelada, l’illa Gavina, na Corberana i na Cabot, propers a la colònia de Sant Jordi. Són molt notables els gravats a la pedra de na Pelada, on hi ha representats magníficament els velers amb els quals es traginaven els mitjans.

Cal esmentar també la particularitat que es pot percebre al litoral llucmajorer. Les riberes marines de les possessions de Son Granada, es Puigderrós i sa Torre són uns indrets on es pot percebre amb força claredat l’intensa tasca extractiva que s’hi dugué a terme; a més, hi han arrelat dos topònims força rellevants pel que fa al que a nosaltres ens interessa: l’illot de la Fossa i els illots de Can Climent. Ambdós indrets poden ser resultat d’aquesta labor extractiva incipient duta a terme en aquesta contrada, i la distinció recollida als genèrics d’ambdós noms de lloc ens permet intuir alguna mena de lligam entre la seva formació i el seu reconeixement i arrelament toponímic. A banda d’aquesta curiositat hipotètica, volem ressenyar l’aparició de certs penyals isolats molt propers a la costa que, sense tenir la consideració toponímica d’illots, són fruit també de la tasca pacient i activa duta a terme pels trencadors de marès. És el cas del prominent rocam situat al morro d’en Feliu, a la ribera de Calvià. És perfectament possible que alguns illots de marès de petita entitat arribassin a desaparèixer per la intensitat de l’extracció.

Referències
AGUILÓ ADROVER, C., 1996.
ALOMAR GARAU, G.; CLAR MONSERRAT, B., 2007.
SALVÀ MATAS, C., 2013.
SALVÀ MATAS, C., 2014.
SASTRE MOLL, J., 1987.
SASTRE MOLL, J. ,1993.
SASTRE MOLL, J., 2007.

Sal d’escuma[1]

 

La sal de coco, generada per l’evaporació d’aigua de mar en basses del carst litoral, ha estat un recurs molt important per als habitants del litoral. La sal de coco dels illots encara té bona fama perquè es considera més neta que la de la costa de les illes grans, on transiten més persones (Miquel Frontera)

En els inventaris medievals de les cases menorquines del segle XV, als corrals o als porxos, entre diferents objectes com un cossi trencat amb cendra, un bací de llautó, unes cassoles d’aram i diversos cullerots de fusta, hi trobam un barrilot buit en el qual encara hi ha un pessic de sal d’escuma —escrit com a sal de scuma—, utilitzada per salar carn o peix. A les alqueries del litoral —com per exemple, l’antic Rafal del terme de Sant Lluís de Menorca— les activitats agrícoles i ramaderes es complementaven amb activitats de caça, pesca i recol·lecció, com la collita de sal, algues i tàperes i la pesca de peix roquer i marisc.

La tradició de recollir sal a les costes rocoses de les illes Balears ha perdurat al llarg de la història. El context social i els materials han canviat, però el procés de recollida, en essència, s’ha mantingut amb poques variacions. El cas de Menorca és aclaridor perquè les salines construïdes als salobrars menorquins són relativament recents; les més antigues són del segle XVIII. A Menorca hi ha moltes evidències de l’explotació tradicional de les cubetes naturals de litoral i, el que és més interessant encara, proves ben clares d’intervencions tècniques primàries per millorar-ne el rendiment, com ara engrandir aquestes cubetes, reomplir-les amb aigua de mar de forma artificial o construir petites barraques lligades a aquesta activitat.

 

Com en altres aspectes de la cultura tradicional de les Balears, el testimoni del Die Balearen de l’arxiduc Lluís Salvador és impagable. A la descripció que fa aquest autor de les salines de Menorca afirma, de manera contundent, que es treu sal de tota la costa de l’illa. Dedica el mateix espai a descriure les quatre salines dels salobrars que les salines damunt roca, que són, diu, en part naturals i en part artificials. Recordem, de passada, que la segona visita de l’arxiduc a Menorca, quan descriu gran part de les costes de l’illa, és entre el 7 de juny i el 6 de juliol de 1877, en plena temporada de recollida de la sal: «A l’estiu —explica l’arxiduc— es poden veure moltes dones dedicades a treure aigua salada que aboquen en cocons, on llavors s’evapora. Hi ha grans cocons naturals, i en part artificials, que des de fa molts d’anys, potser segles, es consideren propietat del patrimoni reial, al qual moltes persones, entre les quals a vegades també hi ha dones, paguen una certa renda; aquesta gent engrandia, per compte seu els cocons i els feia més regulars». Els salinars principals que anomena l’arxiduc són els de la punta de Sant Felip, la cala de Sant Esteve, la torre d’en Penjat, el Rafalet dels Illots, la costa de Binissafúller, la punta i els illots de Binibèquer, Sant Nicolau, la costa de Ciutadella, s’Albufereta, Son Saura, els illots d’Addaia, el cap de Favàritx i el de Capifort, etcètera. «Per tota la punta dels illots [de sa Cigonya] hi ha nombrosos clots petits i rodons fets per recollir la sal […]. A s’Algar [davant cala Alcalfar] hi ha un escull comunicat amb la terra ferma només per una llengua de roca, anomenat es Torn, ple de clots enmig, al qual la gent ve de l’interior per recollir sal […]. Ve llavors el gran escull de Binissafúller, en el qual es recull molta sal i a tal objecte s’hi ha construït una caseta».

 

Els expedients de sol·licitud al patrimoni reial per treure sal de la costa de Menorca de 1824, recollits per Guillem Sintes, aporten dades interessants sobre la productivitat d’alguns coconars. Els més productius eren els de punta des Rafalet, Alcalfar, cala Torrent i Binibèquer Nou. A la punta des Rafalet hi havia tres explotacions d’uns vint cocons cadascuna que produïen una quartera i mitja de sal per explotació i una explotació de cinquanta cocons que produïa dues quarteres de sal (una quartera salera equivalia a dues quarteres de gra). A Binibèquer Nou hi havia devers vint cocons que feien una quartera de sal. A Alcalfar, uns trenta-cinc cocons, també una quartera. Finalment, a cala Torrent hi havia un centenar de cocons que produïen unes cinc quarteres. En total, les explotacions declarades contenen uns dos-cents cinquanta cocons útils que produeixen tretze quarteres de sal (més de dues tones). Els darrers faroners de l’illa de l’Aire, segons el testimoni recollit per Adolf Sintes, aplegaven fins a set tones de sal. A Ciutadella les millors salines eren al cap d’Artrutx i es Castellar.

Les cubetes naturals del litoral han funcionat i segueixen funcionant com a salines. Tot i que sovint reservam aquesta denominació per a les salines industrials ubicades en els salobrars, la toponímia ens indica que el mot salina a vegades també és usat popularment per a denominar les basses litorals productores de sal. La nomenclatura científica utilitza el terme salines damunt roca amb diferents precisions. Habitualment es tracta de salines petites, naturals o seminaturals, primitives i artesanals.

La toponímia de les Illes Balears ens parla d’illes i illots de la sal, de caps, cales i costes amb salines, cocons, coconars, basses i calderes; una geografia amb noms i llinatges que cal revisar. No tots els cocons de vorera de mar són saliners —en general, a les cales hi pot haver cocons d’aigua dolça— ni totes les salines són als salobrars. Hi ha agrupacions de cocons o coconars que s’anomenen salines, com els de la costa de Deià (ses Salines, a la caleta de Son Beltran), els de Camp de Mar (l’illa de ses Salines i es Salinar), els de cap Pinar (Mascaró Passarius hi recull el topònim de ses Salines), els de Sant Llorenç d’Alaior (Salines de Sant Llorenç) o els de la costa de Biniparratx (es Salinar).

El terme caldera també és problemàtic, ja que es pot interpretar de diferents maneres. L’illa d’en Calders i la punta d’en Calders als Amunts d’Eivissa (terme de Sant Miquel de Balansat) i ses Calderes, al migjorn de Menorca (punta de Sant Carles), són dues zones que tradicionalment s’han explotat per a obtenir sal, ja que concentren una abundància relativa de cocons saliners, però és difícil precisar si el mot fa referència a aquest o a altres usos. El mateix passa amb el topònim de ses Basses; per exemple, les de punta de Xarracó (Eivissa), on hi ha una important agrupació de basses que fan sal.

 

El topònim Cocó de sa Sal es repeteix en diferents indrets de la costa de les Balears. Citarem llocs que encara no hem esmentat com el cap Andritxol o sa punta de cala Brafi, a Felanitx (hi ha el Cocó de sa Sal i l’Entrador de sa Sal). Els Cingles de sa Sal, a la costa de Sant Joan de Labritja d’Eivissa, prenen aquest nom d’un cocó on els pescadors anaven a cercar sal per salar peix. En aquest i altres casos, els cocons i els salinars són més accessibles per mar que per terra.

En general un cocó no fa una salina, hi fa falta un coconar per parlar de salina o salinar. A diferents illots hi ha salines i per això a vegades se’ls anomena l’illa o illot de la sal. Per exemple, els esculls de Binissafúller de Menorca, anomenats també illots de la Sal, o el topònim antic de na Pobra, de l’arxipèlag de Cabrera, que segons el mapa del cardenal Despuig és l’illa de la Sal. També hi ha referències d’ús saliner a l’illa de Cabrera, les illes d’Addaia, l’illa de l’Aire de Menorca, i a ses Formigues i l’Escullet de ses Formigues d’Eivissa, on tradicionalment la gent de la cala va a cercar sal. A ses Margalides, hi ha es Cocó de sa Sal, situat al cap Prim de l’illa.

A Cabrera, el Cocó de l’Ancai és un cocó de grans dimensions que tradicionalment ha proveït de sal els habitants de l’illa. Cosme Aguiló, que ha estudiat a fons la toponímia de Cabrera, encara va poder recollir el testimoni d’un informant santanyiner que seguia dient “es cocó de l’Ancaid”. «Sabem que el castell de Cabrera —explica aquest autor— antigament, estava sota el comandament d’un alcaid, però, per què ha restat el nom de l’antic càrrec en un cocó? Possiblement perquè, en una època en què la sal era monopoli estatal, l’alcaid del castell i la guarnició usufructuava el millor lloc de producció de sal de tota l’illa».

 

Cal recordar que, a Mallorca, durant l’època baixmedieval l’impost sobre la sal (la gabella de la sal) era un dels de major transcendència dins l’esquema impositiu. La recollida de sal de cocó estava, per tant, sotmesa a un control estricte. Els capítols per a la collita de la sal del segle XV ho especifiquen clarament: «Els clavaris de la Consignació, per evitar els grans fraus que cada dia se cometen a la part forana en la recollida de la sal que se pren en els estanys i los quoquons de las mars de l’Illa, acorden, amb voluntat i entreveniment dels magnífics jurats de la Universitat i Regne de Mallorques, designar una persona que collirà tota la sal que es prendrà en los estanys que la Universitat acostuma a collir i tota la sal que es prendrà en los quoquons de les mars de l’Illa, bé, degudament i diligentment, en tal manera que en els dits estanys i quoquons no romandrà alguna espècie de sal, i la portarà o farà portar a la gabella, i haurà pels seus treballs la meitat de la dita sal i l’altra meitat serà per la gabella».

La sal d’escuma “assaona” també la literatura illenca contemporània: «He anat a cercar sal de cocó al cap Salines. No n’hi/havia gaire arreplegant-arreplegant, sí». Així comença “Aiguasal del cap Salines” (1993), un poema de Damià Huguet en el qual un “saquet de sal de cocó” viatja a Normandia per amanir uns “sards torrats amb sal de cocó i vinagre de Grècia”. Entre les llegendes populars, Adolf Sintes conta que la filla del faroner de l’illa de l’Aire, morta durant un temporal que impedí la família escapar de l’illa, tingué un sudari de flor de sal.

Principals recursos bibliogràfics


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ISSN 2970-2321

Cette fiche a été rédigée dans le cadre du projet d’Atlas encyclopédique des Petites Iles de Méditerranée, porté par le Conservatoire du Littoral, l’Initiative PIM, et leurs nombreux partenaires.
This sheet has been written as part of the encyclopedic Atlas of the Small Mediterranean Islands project, carried out by the Conservatoire du Littoral, the PIM Initiative and their numerous partners.
(https://pimatlas.org)

ILES

Cluster : Tlemcen

Sous-bassin : ALGÉRIE

Rachgoun

Contributeur : Samir Grimes

Date de création : 19 Décembre 2017

 

Pour citer cette version : GRIMES, S.  (2017). Fiche île : Rachgoun – Sous-bassin : Algérie. Atlas of Small Mediterranean Islands. https://pimatlas.org/rachgoun/

Rachgoun (Bing Maps)
KONICA MINOLTA DIGITAL CAMERA
KONICA MINOLTA DIGITAL CAMERA
Commune Oulhaça Gheraba
Archipel
Surface (ha) 28,5
Linéaire côtier (mètre) 2222
Distance à la côte (Mile nautique)
Altitude max (mètre) 85
Coordonnée géographiques Latitude
35,32083511
Longitude
-1,479444504
Propriété foncière Domaine public de l’Etat (100%)
Gestionnaire(s) Commissariat National du Littoral
Statut de protection national  /
international Zone humide d’importance internationale (RAMSAR – 2011)

Description générale


L’île Rachgoun, plus connue sous le nom de  « Layalla »,  est la plus grande île la plus à l’ouest des côtes algériennes [longitude 1°28’, 1°29W/35°19’, 35°20N latitude]. Elle est à 8 km au Nord-Est du port de Béni-Saf et se trouve sur le plateau continental du golfe de Ghazaouet, en face du Cap Acra et à l’Est du Cap Brocchus et s’étend sur une superficie de 28,5 ha. L’île de Rachgoun est doté d’un magnifique phare datant de 1870, placé à près de 19 m du sol et culminant à 85 m du niveau de la mer ; ce phare a une portée lumineuse de 20 miles nautiques. L’île est également dotée d’un petit débarcadère ainsi que d’une vigie en état de ruine.

 

L’île de Rachgoun est sous l’influence directe du courant algérien qui circule en surface d’Ouest en Est entrant par le détroit de Gilbraltar à moins de cinq kilomètres le long du littoral avec une vitesse moyenne de 0.25 m/s (Millot, 1987). La fertilité des eaux autour de l’île de Rachgoun se traduit par une importante production primaire (Raimbault et al., 1993 ; Prieur & Sournia, 1994 ; Boudjellal, 2004).

 

L’intérêt pour la conservation et la protection légale de l’île a été manifesté par les scientifiques algériens depuis le début des années 1990 (Boutiba, 1991, 1999). Depuis cette date, de nombreuses recommandations ont été réitérées dans ce sens (Grimes, 2001, 2002, Grimes et al., 2004 ; CNL, 2006, CdL, 2008-2012 ; CAR ASP/PAM, 2016) ; d’autant que le site a fait l’objet de nombreuses « publicités », ce qui a eu, aussi, pour effet de susciter de nouvelles curiosités et d’augmenter par conséquent la pression de la plaisance sur l’île.

ENCADRE : GEOLOGIE


L’île Rachgoun est formée des restes d’un ancien volcan appelé “ Maar ” qui faisait partie de l’ensemble volcanique de la basse Tafna. Cette région a été le siège d’un volcanisme intense, qui s’est manifesté par intermittence. Les produits éruptifs sont répartis le long de la côte, entre le Cap Sigale (Oran) et la frontière algéro-marocaine. L’activité magmatique de la région de Beni Saf s’est produite au Plio-quaternaire (Megartsi, 1985). L’île de Rachgoun est donc de genèse récente constituée de basalte et de formations phréatomagmatiques. La falaise Nord de l’île est creusée d’une multitude d’alvéoles due à l’exploitation des pouzzolanes (Villemot, 1954). Zerka (2004) signale que l’île de Rachgoun renferme des témoins magmatiques et rapporte que « Sadran en 1958 y a découvert dans les coulées, des enclaves de granites et de schistes tachetés qui constituent très probablement l’évidence d’un prolongement, vers le Nord Est du massif granitique des Traras et de son auréole métamorphique sous la Basse Tafna ».
Samir Grimes

Connaissances


Héronière @CDL/PIM 2006

Vers 650, des traces de groupes berbères armés avec des femmes et enfants qui occupant prés de 3 ha à la pointe sud de l’île y ont été décelés. Au 10ème siècle,  le portus sigenis, port romain devient le port de l’île d’Erechgoul. En 1835, l’Emir Abdelkader utilisait l’île comme lieu de transit d’armement provenant de Tanger en provenance d’Angleterre. Les armes sont transférées des navires au littoral oranais. L’île de Rachgoun a été occupé par les Français le 20.10.1835 (Remini, 1986). En 1879, la construction du phare au même lieu que la nécropole a certainement bouleversé une partie des anciens vestiges, 144 tombes ont pu être fouillées. La protection militaire de l’île va permettre aux commerçant de livrer les marchandises sur la côte en passant par le cap d’ACRA et probablement d’autre côtes  de la Tafna  appelés Sidi-Samagran, plus à l’Est, appelé aussi Tenikrent. En 1902, Milsom et Angelvy, respectivement ingénieur des mines et maire de Béni Saf avait projeté de ressusciter un port à Rachgoun pour contrôler les îles de Méditerranée et surveiller Gibraltar (Bulletin de la société des vieux amis de Tlemcen, 1954).

 

L’île de Rachgoun, comme la plupart des îles algériennes n’a pas fait l’objet de nombreuses investigations et d’études scientifiques. L’essentiel des connaissances sur cette île porte sur les aspects halieutiques (campagnes Thalassa en1982 et Visconde de Eza en 2004) ou sur la fertilité des eaux autour de l’île (campagnes MEDIPROD VI en 1990 et Almofront  en 1991). Le premier inventaire de la faune carcinologique des substrats meubles de l’île Rachgoun a été établi en 2003 (Grimes et Kaidi, 2003), suivi de l’étude de classement de l’île de Rachgoun (MATE/LRSE/Université d’Oran, 2003) et finalisée en 2005. Cette étude comportait les premiers travaux structurés sur la végétation insulaire de l’île (Khelifi, 2004), le peuplement mammologique (Boutiba, 2004), le peuplement herpétologique (Bouderbala, 2004) et la biodiversité marine (Grimes, 2004).

 

Au titre de la mise en oeuvre des articles 8 et 9 du protocole ASP, l’île de Rachgoun faisait partie des quatre propositions de création d’ASPIM (7ème Réunion PFN-ASP/Séville/ 31 mai – 3 juin 2005). Toutefois, l’île de Rachgoun n’a pu accédé au statut d’ASPIM car ne disposant pas de statut de protection au niveau national. En outre, les travaux du Conservatoire du Littoral Français dans le cadre de l’initiative PIM ont apporté des données originales, notamment sur la faune insulaire, en particulier les compartiments ornithologique et herpétologique. En 2016, et dans le cadre du Medkeyhabitats, une cartographie fine des habitats marins clés de l’île de Rachgoun a été établie (CAR/ASP–PNUE/PAM, 2016).

Intérêts


Le phare de l’île @CDL/PIM 2006

L’île de Rachgoun présente un triple intérêt : écologique, historique et économique. Sur le plan écologique, le climat méditerranéen semi-aride de l’Île Rachgoun et son exposition aux embruns favorisent la végétation sous-frutescente épineuse, formant des broussailles xérophiles Khelifi (2004), avait identifié quatre groupements végétaux sur l’île : le groupement à Salsola longifolia et Withania frutescens, très fréquent sur l’île, se présente sous forme de broussaille. Ce groupement est accompagné par Atriplex halimus, Asparagus stipularis et S. longifolia, espèces hautement d’adaptées aux conditions des milieux littoraux et insulaires. Le groupement à Lycium intricatum,  se développe sur les bordures des falaises en haut des versants ouest de l’île et se présente sous forme de coussinets épineux. Le groupement à Mesembryanthemum cristallinum, pelouse à végétation rampante, s’étale sur les affleurements gréseux, est observée dans la partie ouest de l’île. Le groupement nitrophile à Lavatera mauritanica couvre une surface importante sur le plateau de l’île près du phare. L. mauritanica, espèce Ibero-maurétanéenne est assez rare en Algérie et sa distribution reste localisée à la région oranaise.

 

Parmi les mammifères, L’hérisson (Aethechinus algirus) a été introduit sur l’île par le gardien du phare, afin de limiter la population de serpents (Benabdi. Per. 20016), la même source signale l’introduction de chèvres et de lapins sur l’ile pour des besoins de subsistance. L’herpétofaune est représentée sur l’île par le serpent qui serait une Couleuvre à capuchon d’Abubaker.

 

L’île de Rachgoun, avec ses parties abritées des embruns et sa nature accidentée, incrustée de grottes, de failles, d’éboulis et d’escarpements héberge un peuplement ornithologique constitué de 11 d’espèces. Le Puffin cendré (Calonectris diomedea) niche dans des cavités étroites et des escarpements ou dans des grottes creusées dans la falaise. Leur nombre est variable.

 

Quelques spécimens de Cormoran huppé (Phalacrocorax aristotelis) occupent la niche écologique la plus basse, alors que le Goeland leucophée (Larus cachinnans) occupe la partie la plus haute de l’île, où il aménage ses nids. Leur nombre varie selon les secteurs, plus de 20 couples, alors qu’un nombre important de cadavres de jeunes est éparpillé sur une grande surface. Une végétation dense occupant une grande partie du plateau insulaire sert de reposoirs pour le Goeland d’Audouin (Larus audouinii),  oiseau essentiellement ichtyophage qui niche dans les pentes douces en haut des falaises. Quatre colonies avec un nombre total dépassant les 250 couples ont été dénombrées.

 

L’Aigrette garzette (Egretta gazetta), oiseau marin reconnaissable à son plumage blanchâtre et à ses deux longues plumes sur la tête, est rare sur l’île de Rachgoun. Deux individus erratiques ont été reconnus en vol et cinq spécimens immobiles ou en quête de nourriture en bas des falaises ont été identifiés. Le Balbuzard pêcheur (Pandian haliaetus), rapace cosmopolite, y a été signalé. L’Aigle royal (Aquila chrysaetos), a été observée, planer au dessus des versants Nord et Est de l’île. Plusieurs couples (50 individus au moins) de Pigeons ramiers (Colomba palumbis) volaient entre les escarpements des falaises et s’engouffraient à l’intérieur de petites crevasses où se trouvaient leurs nids. En raison de la distance courte séparant l’îlot du littoral, les pigeons ont pu migrer et réussi à s’y installer. Les autres oiseaux signalés une seule fois sur l’ile sont le martinet pâle (Apus pallidus), le chevalier gambette (Tringa totanus) et le courlis cendré (Numenius arquata) qui y auraient été aperçus.

 

Les travaux menés sur le compartiment marin autour de l’île de Rachgoun permettent d’estimer le capital biodiversité benthique et ichtyologique à 633 espèces (Grimes et Kaidi, 2003 ; Grimes et al., 2005 ; (CAR/ASP–PNUE/PAM, 2016). Ce chiffre inclus les espèces signalées par les plongeurs et les pêcheurs ; ainsi que les observations faites au niveau des pêcheries de Béni Saf et Bouzedjar lors de l’étude classement de 2003 et en 2015-2016.

 

Autour de l’île de Rachgoun, deux espèces de tortues marines sont souvent observées : la Caouanne (Caretta caretta), la plus commune dans ce secteur et la Tortue Luth (Dermochelys coriacea). Huit espèces de Cétacés, fréquentent les alentours de l’île Rachgoun : Delphinus delphis, ursiops truncates, Stenella coeruleoalba, Globiccephala melas, Grampus griseus Ziphius cavirostris, Physeter macrocephalus, Balaenoptera physalus. Les grands Cétacés : Cachalot, Rorqual commun et Ziphius sont très rares et ne représentent que 0,5 à 3 % des échouages et des observations par rapport aux Delphinidés qui constituent plus des 3/4 de l’ensemble des échouages et des observations. Trois espèces y sont communes : D. delphis, T. truncatus, S. ceruleoalba. Avec 63,49 % d’échouages et 56,61 % d’observations en mer D. delphis est l’espèce la plus commune.

44 espèces marines remarquables figurant sur les annexes du Protocole ASP BD de la Convention de Barcelone ont été récolées ou signalées autour de l’île de Rachgoun.

 

Le secteur marin de Rachgoun alimente la pêcherie occidentale de la côte algérienne et constitue, avec les Habibas et le banc de l’Alidade, des espaces stratégiques cette  espèces à forte valeur commerciale. La zone côtière en face de l’île est à fort potentiel de développement touristique et sa situation géographique au centre de la façade occidentale de la côte algérienne.

ENCADRE : LE PHOQUE MOINE


L’ile Rachgoun a été l’un des derniers sites refuge du phoque moine de Méditerranée (Monachus monachus) en Algérie ; cette unique espèce de Pinnipèdes avait fréquenté le littoral ouest algérien (grottes du Cap Oulassa-plage, la falaise Camerrata, l’Ourdania et Zouanif-Rachgoun). En 1986 et 1987, un couple de phoques avait trouvé refuge sur cet îlot. Au printemps 1988, il n’existait qu’un seul phoque ; l’autre individu aurait été abattu dans le bassin du port de Béni Saf. Les deux gardiens du phare (Ghemaoui et Bekkada, com. pers.) ont affirmé que cet individu qui leur était familier, visible matin et soir et reconnaissable grâce à une large tache blanche sur le cou du côté droit de la tête ; ils l’avaient surnommé “Messaoud” (= joyeux), n’était plus observé depuis mars 1989, à la suite de mauvais temps qui a duré plusieurs jours. En juin 1990 (mission de Robineau et Boutiba) et en août 1990, les chercheurs du CERP de Béni Saf ont signalé un phoque sur l’île de Rachgoun. Selon le gardien du phare (Mohamed, com. Pers.), un phoque venait souvent l’été 2003 rendre visite à une grotte située au Nord-Est de l’île.
Samir Grimes

L’une des originalités de l’île de Rachgoun est liée à la patelle géante de (Patella ferruginea), espèce en voie de disparition et dont la population de l’île de Rachgoun est parmi les importantes de la Méditerranée (CAR ASP/PAM, 2016).

L’importance du secteur marin de Rachgoun pour l’activité de la pêche n’est plus à démontrer. En effet, la zone immédiate de l’île de Rachgoun avec ses fonds  accidentés, constitue un véritable réservoir en espèces exploitables. Selon l’inventaire de l’ichtyofaune exploitée dans le secteur de Rachgoun-Beni Saf, réalisé à partir de plusieurs sources d’informations (ISMAL, 1988-1994, observations en plongée, enquête auprès des pêcheurs des ports de Beni Saf et de Bouzedjar (Grimes, 2003); données de la Direction de la pêche d’Ain Témouchent ; campagne Thalssa (ISTPM, 1982) et campagne Visconde de Eza, 2004), les principales espèces capturées sont : le saurel, Trachurus trachurus, la bogue, Boops boops, le merlu, Merluccius merluccius la crevette rose, Parapeneus longicornis, le maquereau, Scomber scombrus, la rascasse rose, Scorpaena elongata, la petite rascasse, S. notata, la rascasse  brune, S. porcus, les serrans (Serranus cabrilla et S. scriba), le mulet doré, Mugil auratus, les sars, Diplodus sargus et D. vulgaris, la torpille, Torpedo marmorata.

Sur le plan culturel et historique le patrimoine archéologique du site et le phare constituent des témoignages du rôle stratégique que cette île eu a à jouer pendant une longue période ainsi que de son importance pour la population de Beni Saf et pour les pêcheurs et les navigateurs de manière plus générale.

Pressions


Oeufs de Goélands @CDL/PIM 2006

La pression de pêche professionnelle et celle dite  de plaisance (amateur) est de plus en plus forte. La pression se fait ressentir particulièrement sur les grands sérranidés (mérou, badèche) et les grands crustacés (homard, homard, cigale), qui sont déjà rares dans la zone (CAR ASP/PAM, 2016).

L’île Rachgoun  est n’est pas directement exposée à des sources de pollution industrielle, cependant, le risque de contamination, via les courants NNO à partir de la zone industrielle de Ghazaouet (ALZINC) sont réels. De même, la proximité de la zone pétrochimique d’Arzew, rend l’île Rachgoun vulnérable au risque de pollution par les hydrocarbures (accident en mer). L’île de Rachgoun devenant de plus en plus accessible aux plaisanciers, les risques liés à la sur-fréquentation estivale sont multiples. En effet, de plus en plus d’embarcations légères à moteur « déversent » une population de vacanciers sur l’île avec divers désagréments (huiles d’embarcations dans le périmètre immédiat de l’île, macrodéchets). La pression de la chasse sous marine autour de l’île cible trois espèces quelques espèces (mérou, badèche, corb noir) ainsi que la langouste et la cigale.
Le prélèvement des œufs de l’avifaune, pratique courante sur l’île, soit par les plaisanciers pour usage personnel, ou destinés aux boulangeries et aux pâtisseries. Ces prélèvements continus, soutenus risquent de compromettre la reconstitution des stocks de certaines  populations d’avifaune très vulnérables. Le développement des activités aquacoles dans le secteur de Béni Saf doit être encadré pour réduire les effets négatifs des déchets organiques de cette activité et limiter le nombre et la taille des activités dans le la zone la plus immédiate de l’île. Parmi les autres menaces, il y’a lieu de citer la présence de chèvres et de moutons introduits sur l’île et qui broutent un couvert végétal déjà très limité et recelant quelques espèces d’intérêt pour la conservation.

Le développement accéléré du tourisme dans la zone côtière proche de l’île de Rachgoun constitue, à terme une menace. En effet, le complexe touristique le Syfax sur le cap Brocchus et celui d’El Nabil sur le cap Acra, tous deux situés en face de l’île de Rachgoun ainsi que des Construction « pied dans l’eau » au niveau de la plage de Rachgoun constituent un point des points de départ des plaisanciers vers l’île. Le Complexe gazier de sidi Djelloul  et la Cimenterie de Beni Saf (Ain Témouchent) sont également des menaces pour le site.

Les espèces marines exotiques, dont certaines pourraient être envahissantes constituent une menace à terme pour l’écosystème insulaire de Rachgoun. L’étude Medkeyhabitat a mis en évidence la présence de quatre espèces exotiques autour de l’île de Rachgoun, mais dont aucune n’est en situation « envahissante »   (CAR/ASP– PNUE/PAM. 2016) : le Chlorophyte Codium fragile, très localisée au Sud de l’île, le Rhodophyte Asparagopsis armata, abondante au Nord de l’île, à 0-5 m de profondeur, Asparagopsis taxiformis, abondante autour de l’île (0-15 m de profondeur) et une colonie du Bryozoaire Amathia verticillata, localisée en surface près de l’embarcadère au Sud de l’île.

Gestion & Conservation


Rive Sud @CDL/PIM 2006

L’île de Rachgoun n’est pas encore classée et ne dispose pas d’un statut légal de protection. Toutefois, l’intérêt pour son classement a été manifesté depuis le début des années 1990.

Boutiba (1991) proposait la création de deux réserves marines dans l’Ouest algérien, pour la protection des derniers phoques moines présents encore en Algérie. Cette demande a été réitérée pour l’île Rachgoun et un projet dans ce sens a été présenté à la Conférence Internationale pour la Protection des Mammifères marins en Méditerranée Occidentale (RIMMO 8) à Antibes (France) en 1999  (Boutiba, 1999). En 1996, Boudouresque (1996/GIS-Posidonie), recommandait au classement les axes îles Habibas-Mersat Medakh et île Rachgoun-Ras Kela. La stratégie nationale de la biodiversité (Grimes, 2002/ PNUD/GEF.ALG31) ; ainsi que le premier plan national d’action pour les AMP (Grimes, 2002/CAR ASP/PAM), avaient considéré l’île Rachgoun parmi les AMP prioritaires de l’Algérie. 3112 hectares est la surface marine, partie terrestre incluse qui a été proposée comme zone de protection autour de l’île de Rachgoun (Grimes, 2005/ Rapport MATE-LRSE, 2005).

Le ministère charge de l’environnement a initié depuis un processus pour accélérer le classement de cet espace biostratégique pour le bassin sud occidental de la Méditerranée et un Schéma d’aménagement et d’orientation de gestion de l’île de Rachgoun a été élaboré par les experts mobilisés par le Conservatoire Français du Littoral en 2006 dans le cadre de la coopération algéro-française (projet d’Appui au Commissariat National du Littoral (MATE/CNL-FFEM.CdL/2006-2012).

Principales ressources bibliographiques


  1. Benzohra M. and  Millot C., 1995. Caracteristics and circulation of surface and intermediate water masses off Algeria. Deep-Sea Res. I, Vol. 42, n°10., pp 1803 –1830.
  2. Boutiba Z., 1992. Déclin du Phoque moine, Monachus monachus, sur les côtes d’Algérie. Intern., Tanger, Maroc, 21-26 Juin 1992: 29p.
  3. Boutiba Z., Robineau D. et Derrar D., 1991. Demande de la création de deux réserves marines dans l’Ouest algérien pour la protection des derniers phoques d’Algérie (in Boutiba, 1992) : 05p.
  4. Boutiba Z., 1999. Projet “Ile de Rachgoun” Réserve naturelle d’intérêt écologique et faunistique. Conférence Internationale pour la Protection des Mammifères marins en Méditerranée Occidentale (RIMMO 8), Antibes (France), Nov. 1999.
  5. CAR/ASP –  PNUE/PAM. 2016. Cartographie des habitats marins clés de Méditerranée et initiation d’un réseau de surveillance autour de l’île de Rachgoun – Ouest Algérien. Par Ramos Esplá A., Benabdi M., Forcada Almarcha A., Sghaier Y., Valle Pérez C. Projet MedKeyHabitats. Centre d’activités Régionales pour les Aires Spécialement Protégées (PNUE/PAM- CAR-ASP).Tunis : 112 p. + Annexes.
  6. Grimes S. et Boudjellal – Kaidi N., 2003. Etude de la faune carcinologique des fonds meubles de l’île Rachgoun (Beni-Saf, ouest Algérien). Rapport extrait du Mém. Ing. d’état  en océanographie (écologie marine) de Boudjellal–Kaidi N., ISMAL (Alger)., 65p.
  7. Grimes S., 2002a. Plan d’action national pour l’inventaire et la mise en place d’aires marines protégées en Algérie. Contrat PNUE/CAR ASP : 35 p.
  8. Grimes S., 2002b. Perspectives des aires marines protégées en Algérie. PNUD/GEF/ALG 31: 15p.
  9. Grimes S., Boutiba Z., Bakalem A., Bouderbala M. Boudjellal B., Boumaza S., Boutiba M., Guedioura A., Hafferssas A., Hemida F., Kaïdi N.,  Kerzabi F., Khelifi H., Merzoug A., Nouar A., Sellali B., Sellali-Merabtine H., Semroud R., Seridi H., Taleb M.Z. & Touahria T., 2004. Biodiversité marine et littorale algérienne. Projet Sonatrach/LRSE. Sonatrach. 362 p.
  10. Prieur L. and Sournia A., 1994. « Almofront-1 » (April-May 1991): an interdisciplinary study of the Almeria-Oran geostrophic front, SW Mediterranean Sea. Journal of Marine Systems 5 (1994). ELSEVIER., pp 187- 203.
  11. Raimbault P., Coste B., Boulahdid M. and Boudjellal B., 1993. Origin of height phytoplankton concentration in deep chlorophyll maximum (DCM) in a frontal region of South-western  Mediterranean   Sea  (Algerian Current).  Deep  Sea Research. 40. N° 4, pp 791 – 804.
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ISSN 2970-2321

Cette fiche a été rédigée dans le cadre du projet d’Atlas encyclopédique des Petites Iles de Méditerranée, porté par le Conservatoire du Littoral, l’Initiative PIM, et leurs nombreux partenaires.
This sheet has been written as part of the encyclopedic Atlas of the Small Mediterranean Islands project, carried out by the Conservatoire du Littoral, the PIM Initiative and their numerous partners.
(https://pimatlas.org)

ILES

Cluster : Ponent d’Eivissa

Subcuenca : BALEARIC ISLANDS

Es Vedrà

Autores :

Eva MORAGUES BOTEY (Govern de les Illes Balears) ; Virginia PICORELLI SASTRE (Govern de les Illes Balears) ; Mariana VIÑAS TORRES

Fecha de creación : 31.12.2017

 

Para citar esta versión : MORAGUES BOTEY, E., PICORELLI SASTRE, V.,  VIÑAS TORRES, M. (2017). Ficha isla : Es Vedrà – Subcuenca : Baleares. Atlas of Small Mediterranean Islands. https://pimatlas.org/explorer-atlas/iles/es-vedra/

Es Vedrà (Bing Maps)
vedra1
Ayuntamiento Sant Josep de sa Talaia
Archipiélago Ponent d’Eivissa
Superficie (ha) 61,99
Lineal costero (metros) 4 242
Distancia a la costa (Millas Náuticas) 46
Altitud máxima (metros) 382
Coordenadas geográficas Latitud
38.8668
Longitud
1.19726
Propiedad  Dominio Publico Maritimo-Terrestre (10%)
Organismo gestor Direcció General d’Espais Naturals i Biodiversitat (Govern de les Illes Balears)
Figura de protección nacional /
internacional /

Descripció general


L’emblemàtica illa des Vedrà, un símbol d’Eivissa, amb 382 m d’alçada i 62,5 ha de superfície, es caracteritza per tenir un relleu accidentat de penya-segats i parets quasi verticals. L’illa disposa de dos cims anomenats es Bestrems, d’arestes grises i penyals verticals. El més alt, amb 381,53 metres, és el Picatxo de Tramuntana; l’altre, el Picatxo de Migjorn, en té 375. Vora el punt geodèsic hi ha una creu de ferro, col·locada al 1959 i ja malmenada pel temps. A la part central de l’illa, entre els Picatxos i sa Bestorre, s’hi troba una cresta estreta coneguda com les Crestes des Vedrà, és molt abrupta amb desnivells forts de més de cent metres.

Des del punt de vista estructural, tant es Vedrà com la seva illa veïna, es Vedranell, són una continuació del Cap des Jueu, ses Roques Altes i sa Talaia, que estan composts per materials pretectònics. La base i cara nord des Vedrà, amb pendents més suaus i una major cobertura vegetal, està formada pels materials més joves: les margues del miocè. En contrast, la zona sud, amb els seus penya-segats verticals, presenta materials durs i resistents, molt més antics (calcàries del cretaci inferior) superposats als anteriors a conseqüència de l’encavalcament que estructura l’illa. El contrast entre les dues vessants és molt marcat i suposa condicions de clima i sòl molt diferents, que expliquen la diferència de poblament vegetal. L’illa va ser proposada com a lloc d’interès geològic (LIG) per a les Illes Balears (Gràcia, F. et al., 2011). Falta referència a la bibliografia.

La imponent figura que dibuixa es Vedrà sobre la mar i el cel ha estat font d’inspiració d’històries i llegendes, poesia, pintura, música, fotografia i filmacions cinematogràfiques i és sentida com un símbol per tots els eivissencs.

Coneixement


Història : 

 

 

En el segle XIX, seguint la llarga tradicio eremitica de les petites illes, hi feia estades meditatives el beat Francesc Palau, fundador dels Carmelites Descalços

L’illa és un referent per a la navegació des de temps dels púnics. Actualment, a l’extrem oest de l’illa, s’ubica un petit far de pedra que dona nom a la Punta de sa Farola.

El rei i el paborde de Tarragona disposaven d’una part de la producció dels falcons de l’illa d’Eivissa i dels illots des Vedrà i de sa Conillera (Bover i Rosselló, 2003).

L’illa és una propietat privada indivisa de 12 famílies eivissenques. Antigament, hi mantenien un grup de cabres, amb un aprofitament molt regulat: captures d’un nombre ben determinat dos pics l’any. Altres aprofitaments eren les aus marines, la llenya, la manufactura de carbó i el contraban.

Al segle XIX es Vedrà fou lloc de refugi espiritual del pare Francesc Palau i Quer (1811-1872), fundador dels carmelites terciaris. Hi passà llargs períodes refugiat a la cova que rep el seu nom, on un degotís proporciona l’escassa aigua dolça disponible a l’illa. És enterrat al monestir de Sant Honorat, a Mallorca.

L’illot és la base de rondalles tradicionals (com la del gegant des Vedrà, que habitava sota les aigües de l’illot i atacava a tothom qui gosava apropar-s’hi), llegendes i narracions que li confereixen una fama exotèrica i emblemàtica. Diuen que forma part, amb Alacant i el sud-oest de Mallorca, de l’anomenat Triangle del Silenci: diuen que és font de llums i energies, albiraments d’ovnis, renous, anomalies magnètiques que desorienten embarcacions i avions, i altres fenòmens paranormals.

La pesca amb dinamita, una realitat superada

La pesca amb dinamita va ser una modalitat clandestina que va perdurar fins entrats els anys 70 al litoral de Mallorca i les Pitiüses. Havia estat encara més freqüent en el passat. L’any 1921 el Boletín de Pescas la qualifica per a Eivissa com a “desdichada plaga”, destructora, perillosa i molt freqüent, usada fins i tot per pescar tonyines i, generalment, impune. Destaca la freqüència amb què els pescadors perdien mans o braços per explosions prematures.

Aquesta pesca no era practicada pels mariners professionals, sinó per pagesos que habitaven les zones litorals. Més rarament, des dels illots. Hem pogut entrevistar-ne alguns de la zona de llevant de Mallorca. Als anys 40 i 50 se sembraven molts d’arbres a les Balears, principalment ametllers, garrovers i figueres. A les marines,[2] on la terra és prima i la roca aflora arreu, l’ús de dinamita per fer clots d’arbres era habitual. Els barrobins es podien adquirir a cooperatives i magatzems agrícoles sense massa problemes, per això l’accés de molts pagesos a l’explosiu.

Les espècies objectiu eren la saupa (Sarpa salpa), el mabre (Lithognathus mormyrus), el déntol (Dentex dentex), la serviola (Seriola dumerili), el moixó (Atherina boyeri), diferents espècies de llisses i mújols (fam. Mugilidae), l’oblada (Oblada melanura) i ocasionalment la tonyina (Thunnus thynnus).

Una tècnica molt emprada per a la pesca dels déntols consistia a llançar un coet més petit als esbarts de moixó i esperar que aquests acudissin al lloc a menjar-se’l.

Per a saupes i altres peixos, els coeters recorrien el litoral, amb molt d’esment a fer ombra dins l’aigua, cercant el llambrec o lluentor del peix amb la vista. Depenent de l’espècie, s’usava un coet més gros o més petit, amb la metxa més llarga o més curta. Els déntols eren l’espècie més preuada. Aquesta espècie, però, parteix molt aviat si algun objecte és llançat a l’aigua. Això requeria barrobins amb metxes molt curtes que explotassin just en el moment de tocar l’aigua. Aquesta tècnica era extremament perillosa i produïa la majoria d’accidents, morts i amputacions.

Encara ara es localitzen alguns cartutxos de dinamita a cases pageses antigues, testimonis d’una pràctica extingida. Se’n va trobar una caixa vella, de dinamita, a l’Illa del Toro l’any 1984, amagada a una cova on nidifiquen virots. El darrer cas conegut de pesca amb dinamita a les Balears va tenir lloc a prop des Vedrà, probablement des d’embarcació, ja dins el segle XXI.

(1) Guillem Adrover, Coronell, s’Espinagar (1929-2015).
(2) Martí Sureda, Vives, Son Macià (1928).
(3) Sion Llull, de Son Còdol, Petra (1915).
(4) Miquel Mestre, de sa Talaia, Manacor (1928).
(5) Guillem Pons, Trapasser, Santanyí (1931).

Referències
Anònim, 1921.

[1]Jaume Adrover i Rafel Perelló, amb aportacions de J. Mayol.

[2]A Mallorca, es denomina marina la contrada litoral de sòls rocosos i poc apta per a l’agricultura, coberta de garrigues.

Interessos


El principal valor natural de l’illa des Vedrà, a més del geològic i paisatgístic, és la seva flora, que en fa un dels indrets de més rellevància botànica de les Pitiüses, tant per la varietat d’espècies de plantes que hi viuen com per la raresa d’algunes d’aquestes. Presenta una flora rica amb uns 165 tàxons, dels quals 19 són endèmics de les Pitiüses o d’interès biogeogràfic (Rita et al., 2010). La vessant nord de l’illa està coberta per matolls, a vegades densos, de llentiscle (Pistacia lentiscus). Al sud, en canvi, hi predominen els arbusts de Withania frutescens, espècie més termòfila i nitròfila. Els penya-segats serveixen de refugi a un important nombre d’endemismes i altres espècies poc freqüents a les Pitiüses. Els matolls halonitròfils de Suaeda vera recobreixen una superfície important, especialment a la vessant sud i a les zones pròximes a la mar (Bibiloni et al., 2003).

Entre la flora més singular tenim mig centenar d’exemplars d’una subespècie exclusiva de l’illa de camamil·la, Santolina magonica subsp. vedranensis. És molt destacable des del punt de vista biogeogràfic, ja que aquest gènere no es troba a cap altre punt de les Pitiüses. Es diferencia de les camamil·les de les Gimnèsies per ser poc pilosa i d’un verd fosc (Sáez, 2013). També en podem destacar l’herba de llunetes (Biscutella ebusitana), l’aspèrula d’en Pau (Asperula paui), dos alls endèmics eivissencs (Allium ebusitanum i Allium eivissanum), el farigol púnic (Teucrium cossonii), descrit per alguns autors com una forma endèmica de les Pitiüses (subsp. punicum), la silene d’Ifac (Silene hifacensis), la rogeta de penya (Saxifraga corsica subsp. cossoniana) i la ravenissa d’Eivissa (Diplotaxis ibicensis). Cal esmentar que as Vedrà es troben algunes espècies molt rares a les Pitiüses, com el garballó (Chamaerops humilis), Whitania frutescens, el llampúdol (Rhamnus alaternus) i la lletrera arbustiva (Euphorbia dendroides). Hi ha 42 espècies de fongs liquènics citats a l’illa (Atienza et al., 2014).

Els invertebrats de major interès són els mol·luscs Xerocrassa ebusitana vedrae, Iberellus sp., una forma més globosa i de mides majors semblant a I. pythiusensis i un llimac de colonització antiga, endèmic de les Balears, Gigantomilax majoricensis; les aranyes Tegenaria herculea, recollides a la cova des Vedrà, els opilions Scotolemon krausi (as Vedranell i a ses Margalides), que colonitzen zones ombrívoles, balmes i ambients endogeus i Trogulus balearicus, endèmica de les Balears i de coloració mimètica; i diversos coleòpters tenebriònids, com Pachychila sublunata, Asida ludovici ludovici, Asida mater cunicularia i Phylan mediterraneus. També hi han estat recol·lectades aranyes endèmiques dels gèneres Nemesia i Malthonica.

La subespècie endèmica de sargantana, Podarcis pityusensis vedrae, és d’una coloració groga i blava intensa amb ocels i franges negres, molt contrastada, i sens dubte una de les més belles i ben diferenciada d’altres poblacions.

Hi nidifiquen la gavina roja, Larus audouinii; el virot gros, Calonectris diomedea, i el corb marí, Phalacrocorax aristotelis, catalogats com a vulnerables; el virot petit, Puffinus mauretanicus, catalogat en perill d’extinció, i hi ha citada la noneta, Hydrobates pelagicus. Destaca la presència d’una de les colònies europees més importants de falcó marí, Falco eleonorae. Fins fa pocs decennis, els ous i els polls de moltes d’aquestes espècies eren col·lectats com a aliment pels propietaris de l’illot.

El fons marins des Vedrà es caracteritzen per tenir fondàries impressionants a la cara sud que determinen un predomini de fons coral·ligen amb espècies tan singulars com la gorgònia vermella, Paramuricea clavata, qualificada com a vulnerable a la Llista Vermella dels invertebrats marins del mar Balear (2016). És una espècie estructurant i clau en la comunitat del coral·ligen de dominància animal. A la vessant nord de l’illa, de pendents més suaus i fondàries menys pronunciades, són presents els alguers de Posidonia oceanica. El vell marí, Monachus monachus, habitava fins fa poc més de mig segle a les grutes i als fons des Vedrà.

Pressió


Després de gairebé vint anys d’absència de cabres a l’illa, els propietaris tornaren a introduir-les l’any 1992, però la gestió fou deficient: proliferaren de manera poc controlada i esdevingueren una amenaça molt greu per a la valuosa vegetació d’aquest indret fins al punt que moltes espècies vegetals han limitat el seu hàbitat als racons més inaccessibles de l’illa i d’altres podrien haver desaparegut. Afortunadament, aquesta situació s’ha vist millorada el 2016 amb l’eliminació de quasi la totalitat d’aquests animals per part de la Conselleria de Medi Ambient, en una operació molt contestada pels propietaris, entitats animalistes i alguns partits polítics. A l’hora de redactar aquesta fitxa, el tema continua en procés judicial. La presència de conills i rata negra constitueixen també problemes a resoldre, tot i que l’impacte d’aquests és menor que el que provocaven les cabres.

D’altra banda, el misticisme associat a l’illa i els usos lúdics nàutics que es concentren al voltant d’aquesta en els mesos estivals fa que s’hi produeixin desembarcaments no autoritzats, però els impactes reals són de poca rellevància.

Cal esmentar que als fons marins hi ha presència d’espècies d’algues invasores, com ara Caulerpa cylindracea i Lophocladia lallemandii. També hi suposa una amenaça l’ancoratge local sobre els alguers de Posidonia oceanica, actualment prohibit.

Gestió i conservació


Es Vedrà forma part, des del febrer de 2002, de les reserves naturals des Vedrà, es Vedranell i els illots de Ponent, i també s’inclou al LIC-ZEPA ES-0000078 de la Xarxa Natura 2000. Els corresponents plans de gestió estan en elaboració.

La gestió i conservació d’aquest illot és competència de la Conselleria de Medi Ambient, Agricultura i Pesca. Té un equip assignat que s’encarrega de la vigilància, educació ambiental, seguiment i gestió de la zona.

Pastoralisme arcaic i espècies invasores : el cas de les cabres des Vedrà[1]

 

Com a molts d’altres illots, era tradicional mantenir as Vedrà guardes de cabres en estat pràcticament assilvestrat.

A finals de la dècada dels 70, es Vedrà estava cobert d’un dens pradell vegetal i la flora era d’una riquesa espectacular, plena d’originalitats i rareses, amb una bona cobertura de plantes anuals —sobretot, de ravenissa de les Pitiüses (Diplotaxis ibicensis)— i arbusts ben constituïts, guarnits de brostades verdes i tendres. Les cabres havien estat exterminades anys abans i l’illa havia recuperat la flora pròpia. Diversos botànics han acumulat centenars de dades que demostren que es Vedrà és l’indret de major interès botànic de les Pitiüses. La seva morfologia, constitució geològica, exposicions als vents marins i insolacions diverses li donen una riquesa de microclimes que han fet possible la supervivència i manteniment d’espècies rares o inexistents a les nostres illes fora des Vedrà. També la presència d’aus marines, que fecunden el sòl amb les seves dejeccions, afavoreix la diversitat. En total, es coneixen a l’illa 166 espècies de vegetals, una quantitat elevadíssima per un indret d’extensió tan reduïda.

Hi havia cabres, quan els primers botànics, a principis del segle XX estudiaren la flora des Vedrà? És ben probable…

Sorprenentment, l’arxiduc Lluís Salvador d’Àustria, poques dècades abans, no en fa cap referència. [1] Aquesta omissió crida molt l’atenció, ja que el noble toscà bé esmenta cabres a les illes des Bosc i Tagomago, detalla l’abundància d’aquest bestiar a s’Espalmador («isla ricamente dotada de cabras»), i refereix fins i tot com els pagesos en transportaven anualment des d’aquesta darrera illa a s’Espardell, perquè hi passassin l’hivern (on no hi ha aigua dolça, la qual és imprescindible a l’estiu). Per cert que de les primeres ens conta que «son tan indómitas que ocasionalmente se ven forzados los propietarios a matarlas a tiros».

El costum d’usar els illots com a corrals és antiquíssim, arreu del món. El cas des Vedrà està documentat des del segle XIV, però aquesta pràctica deu ser tan antiga com la navegació. Sense anar més lluny, Cabrera no té aquest topònim per casualitat i hi ha moltes illes mediterrànies (Caprera, Capraia, Capri…) amb nom d’aquests ungulats introduïts, com també es repeteix el nom de Conillera i d’Illa dels Conills (una altra espècie de reiterades introduccions). Si tornam a la gran obra de l’arxiduc Lluís Salvador, ens trobam com fa referències explícites a l’abundància de cabres a sa Dragonera i a Cabrera, on la vegetació és «lamentablemente pasto de las numerosas cabras salvajes, de ahí su nombre, y de los conejos en número devastador». També en dona notícia per a l’Illa d’en Colom, de Menorca, on les cabres ja havien estat eliminades pels danys que ocasionaven a la vegetació.

No sols cabres, conills i ovelles han format part del bestiar microinsular: també els porcs han estat introduïts als illots. Aquests tenien uns efectes especialment exhauridors, per la seva conducta grufadora, generadora d’erosió, i predadora, ja que consumien ous i polls d’aus marines quan els podien abastar. A sa Dragonera va haver-hi una guarda de truges fins a la compra de l’illa pel Consell de Mallorca, avançada la dècada dels 80. A les illes de Sant Eulària n’hi amollaven per tal que consumissin els tubercles de la rapa (Arisarum vulgare). En resum, uns usos d’alt impacte, que una societat quasi autàrquica i d’economia precària requeria per mantenir-se.

Un exemple indirecte dels efectes aniquiladors de la presència de bestiar domèstic és la distribució geogràfica de l’alfals arbori, Medicago citrina. Aquest endemisme sols es troba a ses Bledes, es Malvins, els penyals de s’Espartar, alguns illots de Cabrera i dels Columbrets. Quina explicació té una distribució geogràfica tan limitada i disjunta? És òbvia: està confinat als illots on no hi ha hagut herbívors que l’hagin devorat, ja que, com a bon alfals, és molt apreciat per cabres o conills (i rates).

Tornant a l’aprofitament dels limitats recursos naturals dels illots, el cas des Vedrà presenta una singularitat notable: probablement pel seu caràcter de propietat proindivisa, s’hi havia dissenyat i aplicat un procediment ritualitzat que garantia un aprofitament equitatiu entre els propietaris i evitava comprometre la continuïtat de les pastures. Cada any es feien dues extraccions de cabrits, per Pasqua i per Nadal, un per a cada família en la primera i mig en la segona, més un animal que es menjava en comú els dies de l’aplegada, que era també una tasca compartida i festiva. Una feina, per cert, no desproveïda de risc, el qual era conjurat passant devotament el rosari durant el viatge al rem de Cala d’Hort a l’illot, que assegurava així una certa protecció celestial.

Aquesta extracció anual de devuit o vint caps devia mantenir la guarda ben controlada i evitava que la vegetació patís en excés. Això no vol dir, però, que les espècies més sensibles no fossin perjudicades per la pastura, perquè no és el mateix mantenir la cobertura vegetal que els efectius demogràfics de cada una de les espècies que la integren. Diverses plantes rares sobrevisqueren en condicions precàries en els llocs més empenyalats, poc accessibles als herbívors, i probablement d’altres degueren desaparèixer.

Els vedraners, tanmateix, tenien a l’illa altres activitats: n’aprofitaven els ous de gavina, polls de virots i altres aus marines, cries dels esparvers o falcons marins… També es talaven savines; rabasses de mata i altres llenyes eren aprofitades per coure carbó (tot i que sembla que aquesta activitat era més tost la tapadora de la pràctica del contraban de tabac).

El sentit d’aquests usos el segle XXI és, evidentment, anacrònic, i la capacitat de les noves generacions urbanes per a una tasca tan costosa i delicada com és l’encalç de cabres pels penyals no és la mateixa que tengueren els pagesos i mariners obligats per la limitació dels recursos disponibles. En els darrers aplecs de cabres as Vedrà no s’aconseguia, ni de lluny, obtenir un animal per a cada família!

 

El bestiar insular

 

Els canvis socioeconòmics que han caracteritzat les nostres societats en els darrers decennis han influït molt en la presència de bestiar en les petites illes despoblades. Les cabres desaparegueren de la majoria d’illots de les Balears a devers la meitat del segle XX, per desinterès dels gestors d’aquestes. Els canvis de la vegetació varen ser positius, rapidíssims i espectaculars.

Aquest no és un problema original de les Balears. La IUCN (Unió Internacional per a la Conservació de la Natura) inclou la cabra entre les 100 espècies invasores més pernicioses. A centenars d’illes de tot el món, on les cabres havien estat introduïdes històricament per mariners que volien disposar d’un recurs d’aliment en futurs abordatges, s’han exterminat sistemàticament per motius de conservació de la naturalesa. A països molt diversos, des dels Estats Units fins a Austràlia, des de la Mediterrània a illes de l’oceà antàrtic, s’ha aconseguit extirpar la presència de cabres. En tots els casos d’illes grans, s’ha fet sacrificant els animals amb arma de foc. De vegades, amb esforços i inversions considerables: a distintes illes de les Galápagos s’hi han invertit centenars de milers de dòlars, amb mobilitzacions de centenars de persones ajudades per cans i, fins i tot, disparant des d’helicòpters. En algun cas aïllat s’han usat verins per fer acabar aquest gravíssim problema de conservació. L’escàndol que es va provocar a Eivissa, per una combinació irracional d’interessos polítics, particulars dels propietaris, animalisme sensible i esoterisme tronat va resultar dramàtic, amb atacs molt ofensius a les persones que havien fet complir la llei, ja que la presència de cabres està prohibida a la Reserva Natural i els propietaris havien fet cas omís dels requeriments de retirar-les.

Avui, la flora singular des Vedrà ha de ser un motiu d’orgull per als vedraners i tots els eivissencs, perquè és tan genuïna i tan irrepetible com la silueta de l’illa, considerada per molts com la més bella del món. Es Vedrà és un santuari botànic, i no pot ser un corral de vegetació arrabassada i que perd el sòl per erosió. El món i les societats canvien: en els darrers decennis hem desat en el prestatge de la història les virotades en què alguns agosarats es jugaven la pell acumulant els ous de gavina dins la camisa per tenir els braços lliures i baixar de les penyes; i deixam viure els esparvers a la ribera. Per no parlar de ganivetes o pistoles per dirimir el festeig conflictiu, o la pesca amb dinamita. Les cabres des Vedrà, per motius igual de peremptoris, han de quedar en el mateix prestatge d’arcaismes fora de lloc, amb la comprensió i el respecte per a les generacions que en feren ús, en altres circumstàncies que fora millor no tornar a viure.

 

Una sensibilitat mal dirigida: l’animalisme antibiològic

La retirada de les cabres des Vedrà era una obligació legal des que es va declarar la Reserva Natural dels Illots de Ponent, l’any 2000, però, desgraciadament, ha estat un tema polititzat. Des del món científic i conservacionista, i molt especialment el col·lectiu de botànics i estudiosos de la flora, es reclamava des de feina anys la necessitat de fer complir la llei i retirar el bestiar de l’illot. Les seves característiques físiques, el valor biològic nul dels animals (sense cap interès  genètic ni zootècnic), la necessitat de procedir amb rapidesa i la seguretat de les persones que havien d’efectuar la tasca, aconsellaren actuar-hi amb el sistema usat a tot el món en casos similars a aquest: el sacrifici dels animals amb arma de caça major i professionals solvents, que garanteixen una durada mínima de l’agonia dels animals. L’extracció en viu dels animals els pot ocasionar patiments majors i comporta un risc no negligible per als operaris que desenvolupen la feina.

Desgraciadament, el cas ha estat mal entès per una part molt activa de l’opinió pública illenca, que ha fet veure que el sacrifici era poc menys que el caprici d’un parell de polítics sanguinaris i desinformats. Un procés d’anys de feina, d’anàlisi rigorosa d’alternatives, d’aplicació dels mateixos procediments que es fan servir a tot el món, inclosos els espais protegits més valuosos i reconeguts internacionalment, ha quedat obviat per la ignorància i la demagògia. Per molt que dolgui les sensibilitats més acusades, la mort forma part dels processos vitals dels ecosistemes, i gestionar les poblacions animals (domèstiques i, fins i tot, silvestres en molts de casos) inclou un ús assenyat i prudent del control d’espècies, quan és imprescindible. Un excés de biofília pot resultar, a la llarga, perniciós per a la vida. Cal integrar mort i conservació, tot i les dificultats òbvies de contraposar arguments matisats i sentiments primaris.

[1]DIE BALEAREN, 1897, Erxherzog Ludwig Salvator. Geschildert in Wort und Bild. Würzburg und Leipzig. K.u.K. Hofbuchhandlung von Leo Woer.

[1]Joan Mayol

Principals recursos bibliogràfics


  1. Atienza, V. [et al.], 2014.
  2. Ballesteros, E. [et al.], 2007.
  3. Bibiloni, G. [et al.], 2003.
  4. Bover, J.; Rosselló, R., 2003.
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  7. Marí, M. (coord.), 2014.
  8. Mata, R. I.; Roig, X., 2016.
  9. Oliver, M., 2016.
  10. Rita, J. [et al.], 2003.
  11. Rita, J. [et al.], 2010.
  12. Sáez, LL., 2013.
  13. Viada, C., 2006.
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