ISSN 2970-2321

Cette fiche a été rédigée dans le cadre du projet d’Atlas encyclopédique des Petites Iles de Méditerranée, porté par le Conservatoire du Littoral, l’Initiative PIM, et leurs nombreux partenaires.
This sheet has been written as part of the encyclopedic Atlas of the Small Mediterranean Islands project, carried out by the Conservatoire du Littoral, the PIM Initiative and their numerous partners.
(https://pimatlas.org)

ILES

Cluster : Golfe de la Ciotat, Embiez, et Cap Sicié

Sous-bassin : FRANCE-SUD

île des Embiez

Contributeur : Patrick Lelong (Institut Paul Ricard)

Date de création : 18/06/2021

 

Pour citer cette version : LELONG, P.  (2021). Fiche île : Ile des Embiez – Sous-bassin : France Sud. Atlas of Small Mediterranean Islands. https://pimatlas.org/explorer-atlas/iles/ile-des-embiez/

Commune Six-Fours
Archipel Archipel des Embiez
Surface (ha) 85.12
Linéaire côtier (mètre) 8972
Distance à la côte (Mile nautique) 0.22
Altitude max (mètre) 59
Coordonnée géographiques Latitude 43,07623
Longitude 5,783512
Propriété foncière Acquise par Paul Ricard en 1958
Gestionnaire(s) Privé
Statut de protection national /
international Site NATURA 2000 : 

  • Directive Habitats-Faune-Flore : FR9301997 -Embiez – Cap Sicié

Description générale


L’île des Embiez, île principale de l’Archipel du même nom, comprenant aussi les îles du Grand Rouveau, du Petit Rouveau, du Grand Gaou et du Petit Gaou, est située sur la commune de Six-Fours-les-Plages dans le département du Var. Elle est constituée à l’origine de deux îles distinctes, l’île des Embiez elle-même et l’île de la Tour Fondue, réunies au Xème siècle par la création de marais salants.

Le socle géologique de l’île des Embiez est de nature siliceuse, constitué de phyllades qui émergent, à l’est, en une colline arasée (île de la Tour Fondue) et dressent des falaises tourmentées à l’ouest et au sud, notamment sous la tour du Coucoussa ou Cougousset, point culminant de l’île à 61 m. L’île des Embiez, à l’ouest, le continent, à l’est, et les îles du Petit et du Grand Gaou, au sud, enserrent la lagune du Brusc, d’une superficie de 42 ha, délimitée au nord par un récif barrière de Posidonie Posidonia oceanica.

On trouve sur l’île, neuf puits qui ont longtemps fourni de l’eau aux navigateurs et aux habitants. Aujourd’hui, l’alimentation en eau et en énergie provient du continent et un réseau d’assainissement a été mis en place avec un raccordement à la station d’épuration Amphitria, qui traite les eaux usées de l’agglomération toulonnaise.

Au moment de l’achat de l’île par Paul Ricard en 1958, les seuls bâtiments présents étaient la batterie du Fort Saint-Pierre, le château Sainte-Cécile et une caserne des douanes. Par la suite des aménagements à vocation touristique ont été construits, le regroupement des infrastructures d’accueil et de loisirs autour du port a permis de conserver l’aspect originel d’une grande partie de l’ile.

Sur l’île, seuls les véhicules électriques sont autorisés. Un partenariat existe entre l’institut RICARD, EDF et l’ADEME pour la maintenance d’un grand parc d’automobiles électriques.

Connaissances


Les herbiers de Posidonie Posidonia oceanica de l’île d’Embiez permettent de casser les vagues et de retenir les sédiments
(© ilespaulricard.com)

Au niveau de l’île des Embiez, les connaissances naturalistes et historiques sont globalement bien fournies. En dehors des aménagements touristiques concentrés autour du port et d’un vignoble d’une dizaine d’hectares, la végétation est fortement influencée par les vents et les embruns, et recèle quelques espèces d’intérêt patrimonial.

La diversité de milieux, secteurs rocheux, marais côtiers, maquis, pinèdes ou terrains agricoles, a permis de recenser 74 espèces d’oiseaux différentes entre 2009 et 2016. L’île des Embiez est un refuge de la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO).

Pour le milieu marin, l’analyse écologique des habitats a été effectuée à partir de 2008 dans le cadre des études préalables pour la définition du document d’objectif su site NATURA 2000 (Rouanet et al., 2009). Le site comprend la Lagune du Brusc et ainsi que les hauts fonds de l’archipel des Embiez jusqu’à l’isobathe -30 m.

La Lagune du Brusc est enserrée par le continent à l’est, les îles du Petit et du Grand Gaou au sud et l’île des Embiez à l’ouest. Elle est ouverte au sud par la passe du Gaou et délimitée au nord par un récif – barrière de Posidonies jouant le rôle de brise-lames et de piège à sédiment. Les conditions environnementales qui y règnent, faible profondeur, hydrodynamisme limité, grandes variations de température et de salinité, ont permis le développement d’une faune et d’une flore marines spécifiques et fragiles.

Les hauts fonds de l’archipel sont également dominés par un herbier de posidonie. On constate d’importantes zones d’herbier extrêmement morcelé avec des zones sableuses plus ou moins étendues dans les zones de mouillage forain.

Le coralligène autour de l’archipel des Embiez est en bon état écologique. Cet écosystème est riche et très attractif pour les plongeurs. Les peuplements d’espèces caractéristiques, gorgones et bryozoaires, sont de précieux indicateurs de l’impact anthropique sur ces sites, plongée ou pêche.

Depuis 2012, un inventaire des poissons de trois sites proches de l’île (la Basse Reinette, les Magnons et le Sec de Guénaud) est réalisé deux fois par an (Lelong et al., 2015). De nombreuses études de la faune et de la flore marines ont été effectuées dans la lagune, ainsi que des recensements de Grande nacre Pinna nobilis et d’oursins autour de l’île.

Intérêts


   

La Passerine hirsute Thymelaea hirsuta
(© F. Le Driant – florealpes)

Malgré les aménagements touristiques, il faut noter la présence d’espèces végétales et faunistiques patrimoniales et protégées aussi bien pour les milieux terrestres que marins. Des espèces végétales protégées au niveau régional sont connues comme la Passerine hirsute Thymelaea hirsuta, le Plantain à feuilles en alène Plantago subulata. Pour la faune, le Phyllodactyle d’Europe Euleptes europaea, petit reptile rare et quasi insulaire à l’échelle méditerranéenne, d’intérêt communautaire est également connu de l’île des Embiez. Enfin, le secteur de la lagune du Brusc et des anciennes salines, est une halte pour de nombreux oiseaux au cours de leurs migrations ou déplacements hivernaux : chevaliers, aigrettes, sternes, hérons, flamants roses.

Dès son acquisition, en 1958, Paul Ricard a donné à l’île une vocation touristique ouverte à tous. Un service de navettes régulières dessert l’île au départ du port du Brusc. Les informations sont disponibles sur le site : www.lesilespaulricard.com 

Les infrastructures de l’île, hôtel et appartements, ont une capacité d’accueil d’environ 700 personnes. Le port Saint-Pierre des Embiez, inauguré en 1963, peut recevoir 750 bateaux. Il est labellisé Pavillon Bleu et certifié Port Propre et ISO 14001.

Seulement une douzaine d’habitants permanents y vivent à l’année, l’île recevant 105 000 visiteurs par an, hors plaisanciers et locations, essentiellement durant la période estivale.

Les activités touristiques sont essentiellement tournées vers la mer avec l’Aquarium-musée, un centre de plongée et un centre nautique. La route qui fait le tour de l’île est interdite à la circulation. Elle constitue une promenade agréable donnant accès aux plages et aux criques à pied ou en petit train touristique. Des locations de vélos et de bateaux complètent cette offre. Un sentier nature balisé avec 14 panneaux à thèmes favorise la découverte de l’archipel (histoire, faune et flore terrestres et marines) et sensibilise à la fragilité du littoral. 

Pressions


 

Pour le patrimoine végétal terrestre, de nombreuses espèces ornementales non indigènes ont été plantées autour du port et des hébergements. On note la présence importante, comme sur l’île voisine du Grand Rouveau avant son éradication, de la Griffe de sorcière Carpobrotus edulis, qui a été implantée dans le but de maintenir les buttes.

Pour la faune, la présence sur l’île des Embiez de la Fourmi d’Argentine Linepithema humile entraîne une simplification de la diversité entomologique, par son action sur les plantes, la dissémination de graines, et son agressivité vis-à-vis des autres espèces.

Les pressions sur les milieux terrestres, en grande partie dues au tourisme, sont minimisées par les actions du gestionnaire : ramassage et collecte réguliers des déchets, surveillance, panneaux d’informations et de sensibilisation, entretien général de l’île.

Au niveau des anciens salins, la présence de visiteurs peut déranger les oiseaux nicheurs ou les oiseaux migrateurs en quête de repos. Cependant cette partie de l’île reste peu fréquentée, surtout au moment où ces oiseaux sont présents.

La lagune du Brusc est un milieu fragile à faible hydrodynamisme soumis aux ruissellements d’eau de pluie et aux apports sédimentaires venant de l’extérieur. La faune et la flore benthiques qui la peuplent sont sensibles aux actions mécaniques comme le piétinement. Le récif barrière de posidonie, véritable monument naturel à très haute valeur patrimoniale, est fréquemment impacté par les navires de plaisance au cours de leur mouillage.

En milieu marin et surtout durant la période estivale, les pressions exercées sont liées aux activités de loisirs : plaisance, pêche et plongée. 

La pêche professionnelle, essentiellement aux “petits métiers” dans le secteur est peu impactante mais la pêche de loisir, à la palangrotte, chasse sous-marine ou pêche des oursins, affecte sensiblement les populations et notamment les espèces cibles de poissons dans certains sites. 

Une dizaine de spots réputés pour la plongée entourent l’archipel, leur fréquentation parfois trop importante, peut endommager les peuplements d’organismes fragiles comme les gorgones et les bryozoaires.

Gestion & Conservation


L’île des Embiez, île privée, bénéficie d’un entretien permanent assuré par son propriétaire. 

Après collecte et tri, les déchets solides sont acheminés vers les stations de traitement sur le continent. Les eaux usées issues des toilettes publiques et des hébergements touristiques sont collectées dans un réseau relié à la station d’épuration de l’agglomération toulonnaise Amphitria. 

La gestion environnementale du port peut être cité en exemple, il est labellisé Pavillon Bleu et certifié Port Propre et ISO 14001.

Dans la lagune du Brusc, la baignade, la chasse sous-marine, le piétinement et la navigation des engins de plage et engins nautiques non immatriculés à l’exception de la pratique de la pirogue, du kayak, de l’aviron en sculls et du paddle sont interdits par arrêté municipal n° 4446 de 2015. Un balisage marin disposé au niveau du récif barrière nord, empêche l’accès à la lagune pour les bateaux.

Cinq des spots de plongée les plus fréquentés autour de l’archipel sont équipés de bouées de mouillage permettant d’accroître la sécurité de l’amarrage des bateaux de plongée, des plongeurs et d’éviter l’ancrage dommageable pour les communautés marines de ces sites.

Enfin l’aspect sensibilisation des visiteurs et des différents usagers, sur l’île et en mer, est assuré par la ville de Six-Fours, la Société Paul Ricard et l’Institut océanographique Paul Ricard : panneaux informatifs, lieux d’accueil, publications diverses, aquarium-musée. De façon régulière ou ponctuelle sont organisés des colloques, des conférences publiques ou réservées aux scolaires, des journées “île propre”…

ENCADRE : Histoire des Embiez


Le nom de l’île, Embiez, serait tiré du mot ambo d’origine latine signifiant deux ou double, à cause des deux îles principales : celle des Embiez et celle de la Tour Fondue. De nombreuses orthographes figurent sur les cartes et les écrits anciens : Embers (1197), Ambias (1352), Embiers (1485), Ambies (1520), Ambiers (1583), Ambiers (1609), Embies (1737).  

 – de l’Antiquité à Paul Ricard : Depuis l’antiquité, sur les routes maritimes du nord de la Méditerranée, dans la rade du Brusc les navires phéniciens, grecs et romains trouvaient refuge entre les îles de l’archipel et pouvaient s’y approvisionner en eau douce. 

Cinq siècles avant notre ère, une colonie de Phocéens de Marseille fonde, à l’emplacement actuel du Brusc, une cité afin de protéger le commerce grec le long des côtes, qui sous les Romains, prendra le nom de Tauroentum. Durant plusieurs siècles, les rivages de Provence sont victimes des razzias des pirates barbaresques, perturbant la vie économique de cette région, de plus en plus désertée par les habitants. Ce n’est qu’après la victoire de Malogineste, remportée sur les Sarrasins en 950, que les lieux deviennent plus sûrs. Afin de trouver une parade aux agressions venues de la mer, les Six-Fournais, comme les autres habitants du littoral, établissent des points d’observation sur les hauteurs du territoire. D’abord simples farots d’où les guetteurs doivent alerter les populations en allumant de grands feux, les emplacements sont aménagés en ouvrages de défense, appelés batteries, pouvant abriter la garnison et l’armement à partir du XVe siècle. Une carte datée de 1800 indique l’emplacement de neuf batteries protégeant la rade du Brusc dont l’ancienne batterie Saint-Pierre-des-Embiez, siège actuel de l’Institut océanographique Paul Ricard. Le château Sainte-Cécile est construit en 1612 sur l’emplacement d’un fortin élevé sous François 1er.    

Les marais salants : Au Xe siècle, les moines du prieuré de l’abbaye Saint-Victor de Marseille, à Six-Fours, décident de créer des salins sur l’archipel des Embiez. Ils réalisent, dans le nord-ouest de l’île, des tables salantes provoquant ainsi la jonction des îles des Embiez et de la Tour Fondue. Nous savons qu’en 1068, les salins sont en activité et qu’un port d’embarquement a été aménagé. Outre le sel, les différents propriétaires tirent leurs revenus du pâturage et de la fabrication de soude naturelle, obtenue par incinération de plantes marines, ou factice à partir du sel marin. L’exploitation des marais salants durera jusqu’à la deuxième guerre mondiale, la Société des Salins et Pêcheries d’Hyères effectue la dernière récolte en 1937. L’île, abandonnée, est achetée par Paul Ricard en 1958. Le port Saint-Pierre des Embiez est creusé sur une partie des anciennes salines, il sera inauguré en 1963.                                                                                                              

Les Embiez, berceau de la plongée : C’est sur l’île des Embiez que se rencontrent, en 1938, l’officier de marine Philippe Tailliez, grand amateur de plongée, et Frédéric Dumas, un chasseur sous-marin réputé. Bientôt rejoints par Jacques-Yves Cousteau, ils forment le célèbre trio des mousquetaires de la mer, pour lequel Tailliez inventera le néologisme “Mousquemers” en 1975. Fondateur de l’histoire moderne de la plongée sous-marine, c’est également aux Embiez, en 1942, qu’ils tourneront le premier film sous-marin « Par dix-huit mètres de fond ».

Patrick Lelong, Institut Paul Ricard

Principales ressources bibliographiques


  1. Berville L., 2013 – Inventaire myrmécologique de l’île des Embiez. Rapport Imbe / Institut Océanographique Paul Ricard. 15 pp.

  2. Degiovani A., 1992 – Les Embiez, sentinelle avancée du pays provençal. Ed. Institut océanographique Paul Ricard, 40 pp.

  3. Lelong P., S. Couvray, T. Miard, D. Rebillard, J.L. Bonnefont, 2015 – Inventaire de la faune ichtyologique des fonds marins de l’ouest toulonnais – Rapport annuel 2014. Contrat TPM – CD83 – Institut océanographique Paul Ricard. 24 pp.

  4. Molinier R., 1953 – La végétation des îles des Embiers. Bulletin de la Société Linnéenne de Provence, 19 : 26-32.

  5. Molinier R., P. Moutte, 1987 – La parure végétale de l’île des Embiez. Ed. Fondation océanographique Ricard, collection Nature Méditerranéenne, 52 pp.

  6. Moutte P., 1989 – Flore et végétation de l’île des Embiez. Bulletin de la Société Linnéenne de Provence, 40 : 57-70.

  7. Rouanet E., J.L. Bonnefont, P. Lelong, R. Durand, 2009 – Site Natura 2000 FR 9302001 “Lagune du Brusc” – Document d’Objectifs – Tome 1 : Diagnostics écologiques et socio-économiques, enjeux et objectifs de conservation hiérarchisés – Note de synthèse. Institut Océanographique Paul Ricard – Mairie de Six-Fours-les-Plages : 35 pp.

  8. Royo J., M. Preleur, A. Degiovani, 1995 – Les salins des Embiez, une histoire qui ne manque pas de sel. Ed. Institut océanographique Paul Ricard, 24 pp.

  9. Sinama M., M. Santonja, Y. Petit, 2008 – Caractérisation de la richesse floristique de l’île des Embiez et réponses face aux menaces biologiques et anthropiques. Mémoire de Projet Environnemental, Master Sciences de l’Environnement Terrestre, Univ. Paul-Cézanne, Aix-Marseille III, 28 pp.

  10. Site du gestionnaire de l’ile : l’institut Paul Ricard – site internet – www.lesilespaulricard.com 

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ISSN 2970-2321

Cette fiche a été rédigée dans le cadre du projet d’Atlas encyclopédique des Petites Iles de Méditerranée, porté par le Conservatoire du Littoral, l’Initiative PIM, et leurs nombreux partenaires.
This sheet has been written as part of the encyclopedic Atlas of the Small Mediterranean Islands project, carried out by the Conservatoire du Littoral, the PIM Initiative and their numerous partners.
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ILES

Cluster : Îles d’Hyères

Sous-bassin : FRANCE-SUD

île de Bagaud

Contributeur : Annie Aboucaya (Parc National de Port-Cros), Elise Krebs (Conservatoire Botanique National Méditerranéen de Porquerolles)

Date de création : 18/06/2021

 

Pour citer cette version : ABOUCAYA, A., KREBS, E. (2021). Fiche île : Ile de Bagaud – Sous-bassin : France Sud. Atlas of Small Mediterranean Islands. https://pimatlas.org/explorer-atlas/iles/ile-de-bagaud/

Commune Hyères
Archipel Archipel des Iles d’Hyères (ou Iles d’Or)
Surface (ha) 59
Linéaire côtier (mètre) 8314
Distance à la côte (Mile nautique) 4.86
Altitude max (mètre) 59
Coordonnée géographiques Latitude 43,0124439
Longitude 6,36327
Propriété foncière Publique 100% Conservatoire du Littoral
Gestionnaire(s) Institution publique ‘Parc National de Port-Cros’
Statut de protection national Parc national (FR) : 1963

Site inscrit (FR) : 1949

Site classé (FR) : 1930

Réserve intégrale (FR) : 2007

international ASPIM : 2002

Diplôme européen (Conseil de l’Europe) : 1997

Site d’Importance Communautaire SIC : 2012

Zone de Protection Spéciale ZPS (Directive_Oiseaux) : 2002

Description générale


Située dans le Var, dans l’archipel des Iles d’Hyères et à l’ouest de l’île de Port-Cros, l’île de Bagaud profile la longue silhouette du Nord au Sud. Recouverte d’une végétation dense et touffue, elle recèle des traces importantes d’une occupation humaine passée, témoins de sa longue histoire militaire : quatre forts et batteries dans des états divers de conservation, un ancien débarcadère et des treuils. 

L’île était cultivée, comme en témoignent la présence de bassins, d’anciennes restanques, ainsi que des pieds d’oliviers âgés, et a certainement était parcourue par des troupeaux. L’affectation au Conservatoire du Littoral en 2008, après une longue période de déprise militaire, et le classement en réserve intégrale du Parc national de Port-Cros en 2007 (avec les deux autres îlots de Port-Cros, la Gabinière et le Rascas) ont désormais orienté la vocation de Bagaud vers la protection intégrale, pour l’instant uniquement pour la partie terrestre. 

Sur l’île de Bagaud, le débarquement est interdit, sauf autorisation formelle du Conseil scientifique du Parc national de Port-Cros.

Connaissances


Criste marine Crithmum maritimum, (© Jean-Pol GRANDMONT)

La cartographie des formations végétales (Lavagne 1972, en cours d’actualisation) permet d’identifier une dizaine d’habitats distincts parmi lesquels : formation halophile côtière à Criste marine Crithmum maritimum et Statice nain Limonium pseudominutum, groupements halo-ornitho-coprophile à Lavatère arborescente Lavatera arborea ou à Frankénie Frankenia spp., prés salés à Jonc aigu Juncus acutus, fruticées de l’oléolentisque, maquis haut, cistaies, bosquets à Pin d’Alep Pinus halepensis, groupements à Figue des Hottentots Carpobrotus spp

Les premiers inventaires biologiques documentés et formalisés semblent assez récents : les formations végétales terrestres (Lavagne, 1972), les oiseaux (Cheylan, 1997), la flore vasculaire terrestre (Médail, 1998), et l’entomofaune (Ponel et Andrieu-Ponel 1998). Lors de l’étude de faisabilité d’éradication du Rat noir Rattus rattus, une première synthèse des éléments connus pour la faune et la flore terrestre a été dressée (Pascal Ma, 2006). Le programme de restauration écologique en cours de l’île de Bagaud (2010-2019) permet d’engranger de nombreuses données biologiques, en particulier grâce aux protocoles de suivis biologiques engagés pour contrôler l’impact sur le milieu naturel des mesures mises en œuvre  ̶  végétation, flore vasculaire, insectes, oiseaux terrestres et marins, reptiles (Passetti et al., 2012)  ̶ mais aussi par effet d’opportunité, en multipliant la présence de naturalistes sur le site, bénéficiant d’un accès facilité par un réseau temporaire de layons.

Une réactualisation de l’inventaire des plantes vasculaires terrestres en 2014 (Krebs et al., 2014) puis en 2016 (Aboucaya et al., 2016), permet de porter à 229 le nombre de taxons recensés sur Bagaud, dont 20 sont patrimoniaux. 

Un inventaire bryologique partiel avait été réalisé sur Bagaud par J.-P. Hébrard en 1978 (Contribution à l’étude de la flore et de la végétation muscinale du parc national). Une réactualisation partielle a été effectuée par B. Offerhaus (Conservatoire botanique national méditerranéen de Porquerolles, 2014) qui répertorie au moins 24 espèces revues et confirmées.

L’analyse des campagnes entomologiques est en cours par l’IMBE. Une synthèse intermédiaire fait état de 230 espèces, en cours d’identification (Braschi et al., 2015). L’inventaire myrmécologique décompte 28 espèces de Fourmis (Berville, Passetti et Ponel, 2015).

L’inventaire des reptiles comprend 3 espèces, Phyllodactyle d’Europe Euleptes europaeus, Couleuvre de Montpellier Malpolon monspessulanus ; la Couleuvre à échelons Zamenis scalaris a été signalée, mais jamais été revue depuis 1973 (Association Reptil’Var, Rapport 2015).

Les études de l’avifaune ont permis d’observer 23 espèces d’oiseaux, 19 terrestres et 4 marines, dont 12 nicheuses : Corneille noire Corvus corone, Engoulevent d’Europe Caprimulgus europaeus, Faucon Pèlerin Falco peregrinus, Fauvette à tête noire Sylvia atricapilla, Fauvette mélanocéphale Sylvia melanocephala, Goéland leucophé Larus michahellis, Martinet pâle Apus pallidus, Merle noir Turdus merula, Petit-duc scops Otus scops, Rossignol philomène Luscinia megarhynchos, Tadorne de Belon Tadorna tadorna et Puffin yelkouan Puffinus yelkouan.

Pour le domaine marin, l’inventaire et la cartographie des biocénoses de Port-Cros a été établie en 2011 (Bonhomme et al., 2011). 

En 2012, une étude a été menée sur les vestiges de l’occupation humaine : Etude des usages historiques de l’îlot de Bagaud (Riaudel L. et Ponzone N., 2012, contrat PNPC n°12-018).

Intérêts


   

Puffin yelkouan Puffinus yelkouan en plein vol
(© Christophe RAMOS)

L’îlot présente une bonne représentativité en matière d’espèces rares et endémiques de l’archipel, illustrant l’histoire de leur mise en place par fractionnement du massif des Maures. Pour les plantes endémiques présentes, citons la Romulée de Florent Romulea florentii, la Crépide fausse dent de lion Crepis leontodontoides, la Germandrée maritime Teucrium marum, le statice nain Limonium pseudominutum et pour les espèces rares, le Gaillet minuscule Galium minutulum, le Glaïeul douteux Gladiolus dubius, le Genêt à feuilles de lin Genista linifolia, le Lys maritime Pancratium maritimum, la Fumeterre bicolore Fumaria bicolor, la Fumeterre en éventail Fumaria flabellata, l’Orobanche sanguine Orobanche sanguinea, le Polypogon presque engainé Polypogon maritimus subsp. subspathaceus, le Séneçon à feuilles grasses Senecio leucanthemifolius subsp. crassifolius, l’Armoise arborescente Artemisia arborescens, la Romulée de Rolli Romulea rollii, le Sérapias à petites fleurs Serapias parviflora, la Luzerne précoce Medicago praecox.

Bagaud présente une remarquable richesse myrmécologique, avec presque 12 % de la myrmécofaune française sur une superficie de moins de 60 ha (Berville et al., 2015). Absente au précédent inventaire, la fourmi d’Argentine Linepithema humile est par contre présente à Porquerolles et à Port-Cros (Berville et al., 2015).

Les intérêts faunistiques sont principalement liés à la présence d’oiseaux et de reptiles emblématiques. Le Puffin yelkouan Puffinus yelkouan est un oiseau marin endémique de Méditerranée, emblématique de par sa biologie et les menaces qui pèsent sur ses populations. Le Faucon pèlerin Falco peregrinus est nicheur au niveau de l’île. 

Pour les reptiles, le Phyllodactyle d’Europe Euleptes europaea, endémique de l’ouest de la Méditerranée et principalement insulaire est présent sur l’île.

Pour le domaine marin, on se référera utilement à l’étude des biocénoses (Bonhomme et al., 2011). On peut citer l’étendue remarquable de l’herbier à posidonies et l’intérêt particulier de la variante en escaliers connue sur le site de plongée réputé de Montremian, la présence de champs de Grandes nacres Pinna nobilis, du Mérou brun Epinephelus marginatus et du Corb Sciaena umbra, et la forte biodiversité des fonds détritiques côtiers (formation à Peyssonneliaceae).

Pressions


 

La griffe de sorcière Carpobrotus edulis, espèce envahissante de l’île de Bagaud
(© Daniel BURON)

Le programme de restauration écologique débuté en 2010 s’efforce d’éliminer ou de limiter les nuisances liées à la présence de deux espèces exotiques envahissantes majeures : la Griffe de sorcière Carpobrotus edulis et le Rat noir Rattus rattus. Le milieu marin n’est pas épargné par la Caulerpe raisin Caulerpa racemosa, une espèce d’algues vertes, dont le caractère invasif est préoccupant.

 

Le statut de réserve biologique intégrale de parc national protège plutôt bien la partie terrestre de lîle des impacts anthropiques directs malgré quelques débarquements estivaux intempestifs. Par contre, il existe une forte pression exercée par les mouillages forains périphériques, en raison de la protection contre les vents d’ouest qu’offre l’île, mais aussi de l’attractivité globale de l’archipel. On constate de plus en plus de nuisances sonores provenant de certains plaisanciers, qui s’ajoutent à l’impact des ancres et du rejet des eaux usées, voire l’abandon de poubelles en mer. La présence de sites de plongée réputés autour de Bagaud ajoute un motif supplémentaire de fréquentation. Cette fréquentation par bateau comporte en outre le risque majeur de transporter des rongeurs indésirables, susceptibles de débarquer sur Bagaud. Concentrée autour de Bagaud, la pêche professionnelle constitue également un impact.

 

L’île subit les dommages anthropiques indirects, tels que les retombées atmosphériques de polluants, les embruns pollués, les apports de déchets par la mer (dont nombreux déchets plastiques, polystyrène etc…), les effets du changement global. Dans le cadre du programme de restauration écologique, se mettent peu à peu en place des moyens matériels et scientifiques de suivis de ces effets.

La pollution lumineuse se manifeste également sur Bagaud, en provenance du port de Port-Cros mais surtout du continent voisin, au littoral intensément urbanisé.

Enfin, le voisinage de l’île du Levant est sensible en raison d’essais réguliers de tirs de missiles. La découverte régulière d’obus de la 2ème guerre mondiale induit des destructions en mer ou « pétardages » dont l’impact sur la vie marine, peu documenté, est potentiellement important.

Gestion & Conservation


Autopsie des Rats Noirs rattus rattus capturés sur Bagaud
(© O.LORVELEC)

Située en zone cœur du Parc national de Port-Cros, l’île de Bagaud bénéficie du statut de Réserve intégrale de parc national depuis 2007 (décret 2007-757 du 9 mai 2007), statut parmi les plus protecteurs en France. Elle est de plus propriété du Conservatoire du Littoral depuis 2008. Ce site inscrit est implanté sur 2 sites Natura 2000, le site FR9310020 – Iles d’Hyères (Directive Oiseaux) et le site FR9301613 – Rade d’Hyères (Directive Habitats).

 

Depuis 2010, un programme décennal de restauration écologique a été engagé à la demande du Conseil scientifique du Parc national de Port-Cros. Il est destiné à éradiquer deux taxons exotiques envahissants à fort impact, le Rat noir et les Griffes de sorcière. L’originalité du programme réside dans le soutien scientifique apporté par l’IMBE et l’INRA de Rennes, afin de pouvoir tirer des conclusions solides de cette opération et mieux comprendre le fonctionnement des écosystèmes insulaires méditerranéens.

ENCADRE : Programme décennal de restauration écologique de Bagaud (2010-2019)


Le programme de restauration écologique s’appuie sur des méthodologies et divers suivis scientifiques. 

Après la création d’un réseau de 21 km de layons, l’opération initiale d’éradication du Rat noir a commencé en septembre 2011 au moyen de 886 ratières relevées durant 22 nuits (soit 21 045 nuits x pièges) ayant permis la capture de 1925 rats. Démarrée le 18 septembre 2011, la lutte chimique s’est poursuivie jusqu’en juin 2012. A la suite de cette opération, 31 boîtes permanentes dites « de biosécurité » contenant des appâts chimiques et contrôlées tous les 2 mois ont été mises en place. Des contrôles ont ensuite été réalisés, le premier en septembre 2013 (320 ratières, 4 nuits soit 1280 nuits x pièges et lutte chimique) a abouti à la capture d’un rat. Un deuxième contrôle, effectué en septembre 2014 (350 ratières et lutte chimique, 6 nuits, 2049 nuits x pièges) a conclu à la réussite de l’éradication. Toutefois, depuis novembre 2015, de nouvelles traces de présence de rats ont été relevées et ont entraîné des opérations spécifiques de lutte mécanique et chimique. 

Pour le traitement des griffes de sorcière, la méthode de l’arrachage intégral des rameaux avec enlèvement de la litière a été utilisée et préférée aux autres modes opératoires manuels testés préalablement. L’opération initiale a été réalisée en 2011 pour les secteurs accessibles totalisant environ un hectare, suivie de contrôles réguliers, annuels de 2012 à 2015 puis menés tous les deux ans, pour éliminer les repousses. Les populations de Carpobrotus spp. situées en falaise sur une superficie totalisant environ un hectare également, nécessitant l’intervention de cordistes, ont été arrachées manuellement fin 2012-début 2013 et font l’objet de contrôles. La mise en place dès 2010 de protocoles standardisés et reproductibles pour l’étude de la flore terrestre, des oiseaux, des reptiles et des insectes va permettre de tirer des bilans précis des opérations et de mieux comprendre le fonctionnement d’écosystèmes insulaires méditerranéens. Ces suivis ont été réalisés annuellement de 2010 à 2015, et sont mis en œuvre tous les deux ans. Réalisé par l’Institut méditerranéen de biodiversité et d’écologie marine et terrestre (IMBE) et le Conservatoire botanique national méditerranéen de Porquerolles, le suivi de la flore vasculaire s’opère au moyen d’un réseau de placettes flore implantées dans les différents habitats identifiés sur l’île : 30 placettes circulaires de 100 m² sont réparties dans les sept grands ensembles de végétation, complétées pour les zones à fort enjeu de restauration par 31 placettes carrées de 16 m² (d’après la méthodologie mise au point par Vidal (1998) et reprise par Baumberger (2008) puis Sarrano (2008) sur les îles de Marseille). Dans les secteurs accessibles ayant fait l’objet d’une éradication des griffes de sorcière, ce suivi a permis de mettre en évidence le doublement de la richesse spécifique en deux ans et une augmentation significative du recouvrement par la végétation autochtone. Un accroissement des effectifs de diverses plantes patrimoniales a également été noté : Romulée de Florent, Lis maritime, Orobanche sanguine et Séneçon à feuilles grasses en particulier (Krebs et al., 2015). L’IMBE a mis en place un suivi de l’entomofaune au moyen de sept transects de pièges enterrés (pièges Barber) et de cinq pièges aériens Polytrap (4 campagnes de piégeage de 3 semaines par an). Le tri d’un tel volume de prélèvements représente bien sûr un gros travail, en cours à l’heure actuelle. Les premiers résultats provenant d’une analyse partielle du jeu d’échantillons permettent pour l’instant d’inventorier 230 morpho-espèces différentes pour l’îlot. On note aussi que les ex-secteurs à Carpobrotus spp. sont plus riches en Arthropodes après éradication, alors que les zones où le Rat était présent en forte densité le sont moins. Enfin, on assiste à une explosion de la densité des petits arthropodes saprophages tels qu’acariens, pucerons, collemboles (Braschi et al. 2015), favorisés par la litière de griffes de sorcière. L’association Reptil’Var procède au suivi de l’herpétofaune au moyen de deux quadrats et trois itinéraires-échantillon de 80 mètres chacun pour les reptiles diurnes et de cinq emplacements témoins pour le Phyllodactyle d’Europe. Depuis l’éradication du Rat noir, on observe davantage de juvéniles chez le Lézard des murailles et le Phyllodactyle d’Europe. Le suivi de l’avifaune terrestre et marine est assuré par l’association DREAM. L’effectif du Puffin yelkouan est variable, avec une estimation en 2015 de 3 à 19 couples nicheurs. L’étude des oiseaux terrestres s’effectue avec la technique des points d’écoute. On note une augmentation générale des effectifs et l’apparition de nouvelles espèces : Engoulevent d’Europe, Merle noir…
Annie Aboucaya, Elise Krebs, Aurélie Passetti

Principales ressources bibliographiques


  1. Braschi J., Ponel P., Krebs E., Jourdan H., Passetti A., Barcelo A., Berville L., Le Quilliec P., Lorvelec O., Matocq A., Meunier J.-Y., Oger P., Séchet E. & Vidal E., 2015 – Eradications simultanées du rat noir (Rattus rattus) sur l’île de Bagaud (Parc national de Port-Cros, Provence, France) : résultats préliminaires des conséquences sur les communautés d’arthropodes – Revue d’Ecologie (Terre et Vie) , 70 (supplt 12 « Espèces invasives ») : 91-98.

  2. Berville L., Passetti A., Ponel P., 2015 – Diversité des Formicidae de la réserve intégrale de l’île de Bagaud (Var, France) avant l’éradication de deux taxa invasifs majeurs : Rattus rattus et Carpobrotus spp – Sci. Rep. Port-Cros natl. Park, 29 : 23-40.

  3. Chenot J, Affre L., Passetti A. & Buisson E., 2014 – Consequences of iceplant (Carpobrotus) invasion on the vegetation and seed bank structure on a Mediterranean island : response elements for their local eradication – Acta botanica Gallica : Botany letters, 8 p.

  4. Krebs E., Abba A., Gillet P., Eudeline R., Gauthier J., Le Quilliec P., Lorvelec O., Martinerie G., Vidal E. & Buisson E., 2015 – Réponses des populations de reptiles à l’éradication du rat noir (Rattus rattus) sur l’île de Bagaud (Parc national de Port-Cros, Var, France) – Revue d’Ecologie (Terre et Vie) , 70 (supplt 12 « Espèces invasives ») : 99-109.

  5. Krebs E., Affre L., Aboucaya A., Allègre A., Chenot J., Montegu C., Passetti A., Pavon D. & Buisson E., 2015 – Résilience de la flore indigène après éradication des griffes de sorcière (Carpobrotus sp.) sur une île méditerranéenne – Revue d’Ecologie (Terre et Vie) , 70 (supplt 12 « Espèces invasives ») : 80-90.

  6. Krebs E., Pavon D., Pascal Marine, Passetti A., Aboucaya A., 2014 – Actualisation de la liste des plantes vasculaires de l’île de Bagaud (archipel de Port-Cros, Var, France) – Sci. Rep. Port-Cros natl. Park, 28 : 87-112.

  7. Orgeas J., Ponel P., Fadda S., Matocq A., Turpaud A., 2007 – Conséquences écologiques de l’envahissement des griffes de sorcière sur les communautés d’insectes d’un îlot du Parc national de Port-Cros (Var)-  Sci. Rep. Port-Cros natl. Park, 22 : 233-257.

  8. Pascal Marine, 2006 – Réhabilitation écologique de l’île de Bagaud par éradication d’un rongeur allochtone (Rattus rattus) : étude de faisabilité préalable, modalités d’exécution et de contrôle – Rapport de Master 2 pro SET BIOSE EEGB, Université Paul Cézanne/ IMEP, 71 p.

  9. Passetti A., Aboucaya A., Buisson E., Gauthier J., Médail F., Pascal Michel, Ponel P., Vidal E., 2012 – Restauration écologique de la Réserve intégrale de l’île de Bagaud (Parc national de Port-Cros, Var, France) et « état zéro » des suivis scientifiques : synthèse méthodologique – Sci. Rep. Port-Cros natl. Park, 26 : 149-171.

  10. Ruffino E., Krebs E., Passetti A., Aboucaya A., Affre L., Fourcy D., Lorvelec O., Barcelo A., Berville L., Bigeard N., Brousset L., De Méringo H., Gillet P., Le Quilliec P., Limouzin Y., Médail F., Meunier J.-Y., Pascal Marine, Pascal Michel, Ponel P., Rifflet F., Santelli C., Buisson E. & Vidal E., 2014 – Eradications as scientific experiments : progress in simultaneous eradications of two major invasive taxa from a Mediterranean island – Pest Manag Sci, 10p.

  11. COTTAZ C., ABOUCAYA A., KREBS E., PASSETTI A. & BUISSON E. (coord.), 2020. Programme de restauration écologique de la réserve intégrale de l’île de Bagaud, Parc national de Port-Cros. Synthèse des activités et résultats du programme décennal – Phase 2010-2019. Rapport du Parc national de Port-Cros et du Conservatoire botanique national méditerranéen de Porquerolles, 118 p + annexes.

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ISSN 2970-2321

Cette fiche a été rédigée dans le cadre du projet d’Atlas encyclopédique des Petites Iles de Méditerranée, porté par le Conservatoire du Littoral, l’Initiative PIM, et leurs nombreux partenaires.
This sheet has been written as part of the encyclopedic Atlas of the Small Mediterranean Islands project, carried out by the Conservatoire du Littoral, the PIM Initiative and their numerous partners.
(https://pimatlas.org)

ILES

Cluster : Iles d’Hyères

Sous-bassin : FRANCE-SUD

île du Grand Ribaud

Contributeur : Conservatoire du littoral (avec l’appui de l’entreprise O2 Terre)

Date de création : 18/06/2021

 

Pour citer cette version : Conservatoire du littoral. (2021). Fiche île : Ile du Grand Ribaud – Sous-bassin : France Sud. Atlas of Small Mediterranean Islands. https://pimatlas.org/explorer-atlas/iles/grand-ribaud/

Commune Hyères
Archipel /
Surface (ha) 16
Linéaire côtier (mètre) 4095,209
Distance à la côte (Mile nautique) 0.263
Altitude max (mètre) 52
Coordonnée géographiques Latitude 43,01883
Longitude 6,143434
Propriété foncière ETAT MINISTERE DE L’EQUIPEMENT DES TRANSPORTS ET DU LOGEMENT
Gestionnaire(s) /
Statut de protection national /
international Site NATURA 2000 :

  • Directive Oiseaux – FR9310020 – Iles d’Hyères
  • Directive Habitats, Faune, Flore – FR9301613 – Rade d’Hyères

Description générale


Située à courte distance de la côte (700 m), à l’extrémité de la presqu’île de Giens et de la Tour des Fondus, dans le département du Var, l’île du Grand-Ribaud est une des entités de l’archipel des îles d’Hyères. De plus faible superficie (16 ha) que les autres îles, elle n’en constitue pas moins une petite unité intéressante. 

Sa côte ouest est rocailleuse, très entaillée et pauvre en végétation. Le point culminant de l’île est située sur cette côte et offre une falaise de plus de 50 m de hauteur. 

La végétation est plus dense en son centre, avec des chênes verts, des arbousiers, des myrtes et des lentisques. Quelques pins et des oliviers ont été plantés avant la Seconde Guerre mondiale. 

Côté marin, des viviers existent encore autour de l’île où le professeur élevait des méduses et divers poissons venimeux utiles à ses recherches.

Cette île fut acquise en 1887 par le Professeur Charles Richet, prix Nobel de physiologie en 1913. Elle appartient désormais à ses héritiers qui ont fondé une société civile. À leur demande, l’île fut classée non constructible pour éviter les spéculations. Elle est administrativement rattachée à la commune de Hyères. Inhabitée aujourd’hui, seules deux maisons existent sur le côté est : une avec ses deux étages et une tourelle, l’autre en longueur et sans étage.

La pointe sud appartient à l’État, avec son phare, automatisé et télécontrôlé par la station de Porquerolles. Il fut construit en 1953, à côté de l’ancien phare de 1847, détruit pendant la seconde guerre mondiale. On y trouve aussi un embarcadère et un vieux fort napoléonien.

Connaissances


Une première cartographie de la flore de l’île du Grand Ribaud a été réalisée par Molinier (1954).

Plus récemment l’étude de la biodiversité végétale des petites îles de Méditerranée a connu un regain d’intérêt en raison de leur originalité biogéographique, de leurs particularités écologiques et fonctionnelles mais aussi de leur rôle de plus en plus important en tant que dernier refuge des flores et végétations littorales, comparées aux côtes très urbanisées du continent (Médail, 2008). A la suite de ce constat, de nombreuses prospections botaniques ont été effectuées en vue de la création d’une base de données, et d’une publication sur la flore et la végétation des îlots satellites de Port-Cros (Médail, 1998), et sur les facteurs déterminant la diversité floristique d’une cinquantaine d’îlots (Médail et Vidal, 1998). 

Ses prospections sur les îlots de Porquerolles et de Giens en 1995-1996 semblent bien être les premières sur ces territoires, au moins les premières connues et formalisées. Elles ont été suivies de quelques missions par des agents du Parc national de Port-Cros sur les îlots de Porquerolles (Aboucaya et al. en 1997, Crouzet en 2005) et de Giens (Aboucaya et al. en 2000, Noble et al. en 2006). 

En juin 2009, une mission du Conservatoire du littoral a permis, dans le cadre de l’initiative pour les Petites îles de Méditerranée (initiative PIM), de réactualiser les inventaires floristiques des îlots satellites de Porquerolles et de la presqu’île de Giens. 

En 2016, d’autres compléments d’inventaires ont été effectués (Aboucaya, Krebs, Noble, Michaud, Pavon

Intérêts


   

La Langouste commune Palinurus elephas est recensée sur les fonds marins autour de l’île
(© Benjamin GUICHARD – Agence des aires marines protégées)

Comme pour les autres îles d’Hyères, l’île du Grand Ribaud abrite des espèces végétales rares et/ou protégées. Parmi celles-ci, on peut noter la présence de : l’Ail à fleurs aiguës Allium acutiflorum, l’Anthyllide barbe de Jupiter Anthyllis barba-jovis, la Crépide faux dent-de-lion Crepis leontodontoides, le Lotier très étroit Lotus angustissimus, l’Orobanche fuligineuse Orobanche fuliginosa, le Polypogon maritime Polypogon maritimus ou encore le Statice nain Limonium pseudominutum

Il faut signaler que deux espèces n’ont pas été revues lors des prospections de 2009 : le Gaillet nain Gallium minutulum (Médail, inéd., juin 1995) et le Genêt à feuilles de lin Genista linifolia (Médail, inéd., juin 1996 et Aboucaya, 2000, inéd.). 

Les paysages sous-marins, essentiellement constitués d’herbier à Posidonie Posidonia oceanica, sont situés dans une zone de blocs rocheux et de dorsales sous-marines. Des concrétions coralligènes y sont aussi présentes. Ces différents habitats abritent des espèces remarquables : l’Algue écouvillon Osmundaria volubili, les algues Grateloupia dichotoma et Neurocaulon foliosum, la Gorgone jaune Eunicella cavolini, la Grande nacre Pinna nobilis, la Langouste commune Palinurus elephas.

L’île du Grand Ribaud est incluse dans le site NATURA 2000 FR9301613 – Rade d’Hyères et fait partie de l’Aire maritime adjacente du Parc national de Port-Cros depuis 2012.

Différentes épaves, retrouvées autour de l’île du Grand Ribaud, témoignent de la position stratégique qu’occupaient les îles d’Hyères pour la navigation sur la route reliant l’Italie à l’Espagne.

Déclarée en mars 1999, l’épave Grand Ribaud F à chargement d’amphores étrusques du Vème siècle av. J-C. est découverte, à 60 mètres de profondeur, lors de prospections pour localiser les vestiges du P-38 Lightning de Saint-Exupéry disparu en 1944. La cargaison de l’épave est constituée d’un millier d’amphores étrusques et grecques, de plats métalliques, d’une vingtaine de vases contenant sans doute des éléments du fret et enfin de céramiques grecques, vases et coupes décorés de figures noires ou de bandes vernissées.

L’épave romaine Grand Ribaud D est située au pied de la pointe ouest du Grand Ribaud par 18 mètres de fond. Découverte en 1978, elle a permis, malgré son mauvais état de conservation, d’étudier un navire spécialisé dans le transport du vin. Ce navire arrivait d’Italie avec une cargaison principale d’environ 20 000 litres de vin, contenu dans onze énormes jarres, ou dolia, qui étaient à poste fixe dans la cale, à la manière des cuves de nos bateaux-citernes. Les amphores de la cargaison complémentaire indiquent le point de départ du dernier voyage : la baie de Naples. Le naufrage est daté par les amphores et la céramique arétine de la dernière décennie avant notre ère. La vie à bord de l’équipage est évoquée à partir de la vaisselle et de l’équipement de la cabine. 

L’île du Grand Ribaud est accessible depuis l’embarcadère de la Tour des Fondus. Les kayaks et les paddle en font une destination récréative et sportive.

Pressions


 

Il faut noter la présence de plusieurs espèces invasives sur l’île du Grand Ribaud.

Pour les végétaux, les griffes-de-sorcière Carpobrotus spp., originaires d’Afrique du Sud et déjà naturalisées sur les îles d’Hyères à la fin du XIXe siècle (Jahandiez, 1929), elles comptent parmi les invasives les plus dynamiques, notamment sur les petites îles du Grand Ribaud, Bagaud et Gabinière (Suehs et al., 2001). Leurs impacts ont été bien étudiés localement, tant sur le plan des conséquences écologiques et évolutives (Suehs et al., 2004, 2005 ; Médail et al., 2004) que celui des changements d’interactions biotiques survenus chez les pollinisateurs (Suehs et al., 2006), chez les autres communautés d’insectes (Orgeas et al., 2007a, b) et même chez les populations introduites de rats, lapins et même chats haret qui tirent profit de cet apport important de ressources estivales, de façon directe ou indirecte grâce à des interactions mutualistes de type invasional meltdown (Bourgeois et al., 2005).

Pour les espèces animales, le Rat noir Rattus rattus est bien présent sur l’île du Grand Ribaud.

Même si cette île est nettement moins fréquentée que l’île de Porquerolles, la proximité immédiate du littoral attire de nombreux plaisanciers. Les impacts des mouillages et les débarquements sur l’île génèrent des impacts sur les cycles de développement des espèces végétales et animales patrimoniales. 

Gestion & Conservation


Le rat noir Rattus rattus, présent sur l’île du Grand Ribaud, est considéré comme responsable de nombreuses menaces, impactant négativement les oiseaux marins (Martin et al. 2000, Pascal et al. 2008, Jones 2008), mais également les mammifères, les reptiles (Harris, 2009), les invertébrés (Towns et al., 2009), les espèces végétales (Palmer & Pons, 2001), et les fonctions des écosystèmes (Towns et al., 2006 ; Pascal et al., 2006). 

Bien que l’île n’héberge pas des espèces rares de puffins (cendré et yelkouan), sa situation proche des côtes continentales, au large de la presqu’île de Giens, entre le continent et les îles d’Hyères abritant des colonies de ces prestigieuses espèces, fait qu’elle constitue ainsi une porte d’entrée potentielle de réinfestation de ces îles par les rats. L’Initiative PIM, dans son programme de 2019 «stratégies de lutte contre le Rat noir menaçant les oiseaux marins des espaces insulaires de la région PACA» prévoit qu’une dératisation de cette île pourrait être mise en place dans le cadre de cette stratégie.

Principales ressources bibliographiques


  1. ZNIEFF marine de type 2- Iles du Grand et du Petit Ribaud https://inpn.mnhn.fr/zone/znieffMer/93M000072.pdf

  2. Hesnard Antoinette, Carre Marie-Brigitte, Rival Michel, Dangréaux Bernard, Thinon Michel, Blaustein M., Dumontier , Chéné A., Foliot Philippe, Bernard-Maugiron Henri. L’épave romaine Grand Ribaud D (Hyères, Var). In: Archaeonautica, 8, 1988. L’épave Grand Ribaud D pp. 5-180. 

    https://doi.org/10.3406/nauti.1988.1135 

  3. La découverte de l’épave du Grand Ribaud F – site internet archéologie culture https://archeologie.culture.fr/archeo-sous-marine/fr/grand-ribaud-f-hyeres-var

  4. Flore vasculaire des îlots satellites de l’île de Porquerolles et de la presqu’île de Giens (Var, France)

    https://www.researchgate.net/publication/272021981_Flore_vasculaire_des_ilots_satellites_de_l’ile_de_Porquerolles_et_de_la_presqu’ile_de_Giens_Var_France  

  5. Stratégies de lutte contre le rat noir sur les espaces insulaires de la région PACA-01/04/2019 

    https://oiseaux-marins.org/upload/iedit/1/pj/364_1814_201906_Strategie_lutte_Rat_AFB_PIM_Avril2019.pdf 

  6. Annie ABOUCAYA, Elise KREBS, Virgile NOBLE, Henri MICHAUD, Daniel PAVON – Aboucaya et al. 2016 -Compléments flore des ilots satellites du Parc national de Port-Cros et de l’île du Grand Rouveau SRPCNP – 2016 – 30: 261-268 – Parc national de Port-Cros 

    http://www.portcros-parcnational.fr/fr/rapports-scientifiques/complements-dinventaires-floristiques-des-iles-et-ilots-satellites-du-parc  

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ISSN 2970-2321

Cette fiche a été rédigée dans le cadre du projet d’Atlas encyclopédique des Petites Iles de Méditerranée, porté par le Conservatoire du Littoral, l’Initiative PIM, et leurs nombreux partenaires.
This sheet has been written as part of the encyclopedic Atlas of the Small Mediterranean Islands project, carried out by the Conservatoire du Littoral, the PIM Initiative and their numerous partners.
(https://pimatlas.org)

ILES

Cluster : Îles d’Hyères

Sous-bassin : FRANCE-SUD

Île de Porquerolles

Contributeur : Conservatoire du littoral (avec l’appui de l’entreprise O2 Terre)

Date de création : 18/06/2021

 

Pour citer cette version : Conservatoire du littoral. (2021). Fiche île : Ile de Porquerolles – Sous-bassin : France Sud. Atlas of Small Mediterranean Islands. https://pimatlas.org/explorer-atlas/iles/ile-de-porquerolles/

Commune Hyères
Archipel Archipel des Iles d’Hyères (ou Iles d’Or)
Surface (ha) 1277
Linéaire côtier (mètre) 41497,712
Distance à la côte (Mile nautique) 1.363
Altitude max (mètre) 142
Coordonnée géographiques Latitude 43,00095
Longitude 6,21304
Propriété foncière
Gestionnaire(s) /
Statut de protection national Parc national de Port-Cros
international Site NATURA 2000 :

  • Directive Oiseaux – FR9310020 – Iles d’Hyères
  • Directive Habitats, Faune, Flore – FR9301613 – Rade d’Hyères

 

Description générale


L’île de Porquerolles est la plus grande des îles d’Hyères, située la plus à l’Ouest à 2,6 km au sud-est de la presqu’île de Giens (quinze minutes en bateau) dans le Var. Elle forme un arc orienté est-ouest de 7,5 km de long sur 3 km de large aux bords découpés.

L’île présente une grande diversité de milieux avec une alternance de zones cultivées, de forêts et de maquis, un grand développement des milieux ouverts et de belles zones rocheuses riches. Elle se compose de massifs boisés (point culminant à 142 m au sémaphore) alternant avec des plaines en partie cultivées : plaine de Notre-Dame, plaine de la Courtade, plaine du village et plaine du Brégançonnet.

Elle possède en côte nord plusieurs plages de sable très appréciées des touristes : plage Notre-Dame, du Lequin, de la Courtade, d’Argent, de l’Aiguade, du Grand Langoustier. Le littoral sud, nettement plus découpé et rocheux est caractérisé par de hautes altitudes et des pentes abruptes.

L’île ne possède aucun cours d’eau permanent mais uniquement des ruisseaux temporaires. Deux nappes phréatiques sont exploitées pour alimenter l’île en eau douce mais leur capacité étant insuffisante depuis 2004, pour répondre aux besoins un bateau citerne, le Saint-Christophe, est chargé de combler le déficit, en effectuant parfois 2 rotations quotidiennes pour répondre à la forte demande en été. L’installation d’un sealine pour l’alimentation en eau potable depuis le continent est prévue avant l’été 2023. 

Le village de Porquerolles a été créé en 1820 et a donné son nom à l’île entière. Le phare du Cap d’Arme, de 84 m au-dessus du niveau de la mer, a été construit en 1837 et l’église Sainte-Anne en 1850.

Après son achat en 1912, François Joseph Fournier s’y installe pour y développer une exploitation agricole permettant de rendre l’île autonome et y planta de la vigne, servant aussi de pare-feux, sur ses quatre plaines.

La viticulture fait aujourd’hui partie de l’ADN de Porquerolles avec une surface en vigne de 80 ha. On y pratique aussi du maraîchage et de l’arboriculture fruitière sur 17 ha en agriculture biologique. C’est la plus cultivée des îles d’Hyères et aussi la plus habitée avec 350 résidents permanents.

Elle a été acquise, en grande partie par l’Etat en 1971. Elle bénéficie du statut de “Parc National” depuis  et est gérée par le Parc national de Port-Cros depuis cette année-là. Elle est rattachée administrativement à la Commune d’Hyères et abrite le Conservatoire Botanique National Méditerranéen de Porquerolles.

Depuis 2012, le cœur du parc national de Port-Cros sur Porquerolles est composé des espaces naturels de l’île (y compris les plages et voies de circulation), des friches agricoles et des parcelles non exploitées, propriétés de l’établissement public sur l’île de Porquerolles, des espaces de collections variétales, ainsi que d’une bande maritime de 600 mètres autour de l’île. Le cœur terrestre de Porquerolles représente 983 hectares (80% de la surface terrestre de l’île), et le cœur marin 1645 hectares. Le village et le port de Porquerolles, les espaces agricoles privés ou propriétés du parc exploitées par des tiers, ainsi que la propriété privée du Mas du Langoustier sont classés en aire optimale d’adhésion du Parc. Toute l’île est un site classé sauf le village qui fait partie du Secteur 5 de l’Aire de Mise en Valeur de l’Architecture et du Patrimoine de la Ville de Hyères.

La fréquentation très intense de Porquerolles avoisine 1 million de visiteurs par an, dont presque la moitié de plaisanciers (port et divers lieux de mouillage).

Une délégation de services publics de TPM auprès de la compagnie maritime TLV-TVM permet d’assurer des trajets toute l’année au départ du Port de la Tour Fondue dans un objectif de continuité territoriale, avec entre 6 navettes A/R par jour minimum en hiver et jusqu’à 19 navettes en été. On estime un total de 650 000 passagers/ an pour les 10 compagnies qui constatent une augmentation de la fréquentation chaque année.

Connaissances


Aujourd’hui, les connaissances naturalistes des îles d’Hyères dont l’île de Porquerolles sont bien fournies et recensent pour les milieux terrestres : 16 espèces de mammifères dont 11 de chauves-souris, 177 espèces d’oiseaux dont 26 nicheuses, 6 espèces de reptiles, 248 espèces de coléoptères, 34 espèces d’orthoptères, 25 espèces d’hyménoptères, 248 espèces de lépidoptères, 17 espèces d’odonates, 232 espèces d’arachnides et 17 espèces de mollusques 

De nombreux botanistes ont réalisé des inventaires sur l’île de Porquerolles dont Ollivier (1885), Jahandiez (Florule des îles d’Hyères-1929) qui dans sa monographie des îles d’Or aborda d’autres thématiques naturalistes.  Aboucaya (1989) réalise une première réactualisation de l’inventaire flore, suivi d’une révision complète par Crouzet (2009). Lavagne et al. produisent une cartographie de la végétation en 1976, complétée en 1999 et réactualisée par le CBMP en 2015. 

Différents inventaires naturalistes ont été effectués dans le cadre de l’inventaire des ZNIEFF, des sites NATURA 2000 ou encore des programmes de recherches du MNHN. Ils ont été complétés en 2017 par le Parc national de Port-Cros pour la flore vasculaire, les hétérocères, plusieurs groupes d’invertébrés, les lichens pour réaliser ensuite de nombreuses opérations de suivi de la flore et de la faune terrestre et marine. Les résultats scientifiques sont valorisés par l’édition d’une revue : «Scientific Reports of Port-Cros National Parc (SRPCNP)». 

Pour les milieux marins, les connaissances mettent en exergue une incroyable diversité spécifique : 180 espèces de poissons, 265 espèces de crustacés, 92 espèces de spongiaires, 53 espèces d’échinodermes et 173 espèces de mollusques.

Le contexte historique, les usages et les activités humaines pratiquées à Porquerolles ont fait l’objet de nombreuses recherches et sont bien connues. De par son accessibilité et sa position géographique, l’île a été occupée par les Celtes, les Ligures, les Phocéens, puis les Romains comme en attestent les fouilles archéologiques et les bâtiments  encore visibles sur l’île.

Comme toutes les îles méditerranéennes elle dut se protéger d’attaques de toutes sortes (pirates barbaresques, anglais, espagnols…) par l’édification d’un système de défense avec de nombreux forts militaires, batteries côtières construits à différentes époques.

ENCADRE : Le projet COPAINS :


Depuis 1978, l’île de Porquerolles abrite des vergers de collections variétales, un patrimoine naturel exceptionnel, qui ont été rassemblées au fil des ans par le Conservatoire Botanique National Méditerranéen de Porquerolles et le Parc national de Port-Cros. Ces centaines d’espèces d’arbres (oliviers, figuiers, mûriers…) sont garantes d’une biodiversité unique et de l’identité de ce territoire varois.

En 2014, les collections sont devenues un support à l’insertion sociale et professionnelle ; le Parc national ayant souhaité confier l’entretien et la valorisation de celles-ci à l’association “ Sauvegarde Des Forêts Varoises ” . Du partenariat des trois structures est né le projet COPAINS (Collections Patrimoine Insertion), projet de domaine agricole exemplaire, porteur de sens et générateur de liens, s’appuyant sur les trois piliers du développement durable. En 2017, une activité de maraîchage en culture biologique est lancée par l’association qui vend et commercialise les produits frais ou transformés en circuit court.

Intérêts


 

Le domaine viticole de l’île de Porquerolles
© Istock

D’un point de vue naturaliste, comme en témoigne les périmètres de protection réglementaire, les intérêts écologiques sont nombreux. De nombreux types d’habitats d’intérêt communautaire se rencontrent sur l’île : forêts à Quercus ilex dominées par le chêne vert, forêts à Quercus suber, pinèdes de pins endémiques mésogéens, dunes mobiles embryonnaires, mares temporaires méditerranéennes, falaises avec végétation des côtes méditerranéennes avec Limonium spp. endémiques, formations basses d’euphorbes des falaises, matorral arborescent à Juniperus phoenicea, phryganes de la Provence cristalline, végétation chasmophytique des pentes rocheuses siliceuses.

La flore de Porquerolles est caractérisée par une certaine pauvreté d’espèces communes mais aussi une forte abondance d’espèces rares, spéciales aux îles d’Hyères. Plusieurs espèces végétales très rares et protégées sont connues de l’île. Notons la présence de la Dauphinelle peinte Staphisagria picta subsp. requienii endémique Baléaro-Cyrno-Sarde, absente du continent tout proche, le Hénné jaune Alkanna lutea dont la présence en France continentale ailleurs qu’aux îles d’Hyères n’est pas confirmée, le Genêt à feuilles de lin Genista linifolia dont les abondantes populations de Porquerolles sont les plus belles du sud de la France. 

De par ses conditions édaphiques, botaniques et climatiques, l’île possède une exceptionnelle richesse en champignons, certainement la plus forte densité spécifique du sud de la France.

Les insectes patrimoniaux comprennent quant à eux le Coléoptère Psélaphidé endogé Mayetia henryi. Les autres arhropodes sont représentés par deux Cloportes (Crustacés Isopodes) Armadillidium quinquepustulatum, espèce endémique des stations sableuses chaudes et sèches du massif des Maures et des Îles d’Hyères, et Trichoniscus fragilis, espèce halophile remarquable des bords de mer.

Pour l’herpétofaune on trouve sur l’île deux geckos méridionaux rares et localisés en Provence, le Phyllodactyle d’Europe Euleptes europaea,  l’Hémidactyle verruqueux Hemidactylus turcicus, et la Tortue d’Hermann Testudo hermannii. 

Les îles d’Hyères ont un rôle fonctionnel très important pour la migration des oiseaux. Cette forte fréquentation est principalement due à la situation méridionale de l’archipel face au continent africain et à la qualité de ses habitats qui en font des haltes de repos et de nourrissage très appréciées. Les oiseaux nicheurs insulaires de Porquerolles comportent des espèces prestigieuses telles que les rares Puffin cendré Calonectris diomedea, le Puffin de Méditerranée ou Puffin yelkouan Puffin yelkouan, le Monticole bleu Monticola solitarius, ou encore les rares Cormoran huppé Phalacrocorax aristotelis.

En ce qui concerne les chauves-souris, une dizaine d’espèces sont connues dont la présence d’une colonie de Murin à oreilles échancrées Myotis emarginatus.

Pour les milieux marins, il y a 14 sites de plongée autour de l’île. La majorité des plongées se répartit au niveau des secs (hauts-fonds) entre le Sarranier et le Langoustier. Les fonds marins sont d’une grande diversité avec des habitats d’intérêt communautaire : des herbiers à Posidonie Posidonia oceanica présents de façon continue entre Porquerolles et le continent, des récifs, du coralligène à haute valeur écologique, et des grottes marines submergées ou semi-submergées.

Les petits fonds rocheux présentent des trottoirs à lithophyllum remarquables et des fonds diétriques de qualité exceptionnelle avec un faciès à maërl recelant l’algue patrimoniale Buisson de pierre Lithothamnion corallioides.

La faune marine est également exceptionnelle tant par sa diversité que son abondance avec la présence du Grand dauphin Tursiops truncatus, le Cachalot Physeter macrocephalus, le Dauphin bleu et blanc Stenella coeruleoalba et le Rorqual commun Balaenoptera physalus, la Grande nacre Pinna nobilis, l’Oursin diadème Centrostephanus longispinus, la Patelle ferrugineuse Patella ferruginea, la Tortue caouanne Caretta caretta,

D’autres espèces d’invertébrés d’intérêt patrimonial sont connues comme l’Anémone encroûtante jaune Parazoanthus axinellae, la Gorgone rouge Paramuricea clavata, la Grande araignée de mer Maja squinado, la Grande cigale des mers Scillarides latus, la Nacre rude Pinna rudis, et l’Oursin comestible Echinus esculentus,

Enfin, il faut signaler la présence d’espèces de poissons d’intérêt patrimonial comme le Chapon Scorpaena scrofa, la Coquette Labrus mixtus, le Corb Sciaena umbra, le Denti Dentex dentex, la Grande Roussette Scyliorhinus stellaris, le Mérou brun Epinephelus marginatus, le Larbe merle Labrus merula, le Lappanelle Lappanela fasciata, le Loup Dicentrarchus labrax, la Murène Muraena helena, la Raie aigle Myliobatis aquila, le Sar tambour Diplodus cervinus cervinus et le Syngnathe Syngnathus acus.

Porquerolles est un des sites touristiques les plus prisés de la Côte d’Azur, sa population allant jusqu’à 12 000 personnes par jour en été. Véritable écrin de nature au milieu de la Méditerranée, ses attraits sont liés à son patrimoine historique et culturel, ses plages paradisiaques, ses domaines viticoles, ses circuits de randonnée, les balades en bateau et ses sites de plongée sous-marine.

En 2018, le musée d’art contemporain a été ouvert par la Fondation Carmignac. Il a accueilli 80 000 visiteurs dès la première année. Les 51 km de sentiers balisés permettent de satisfaire le désir de découverte de la nature des visiteurs.

L’île comporte de nombreux monuments historiques :

– le fort Sainte-Agathe dominant le village de Porquerolles offre une vue exceptionnelle sur l’île et la rade d’Hyères,

– le moulin du Bonheur datant du XVIIème siècle, représentant le type même de moulin provençal,

– l’église Sainte-Anne avec son chemin de Croix inscrit au titre des monuments historiques,

– le phare du Cap d’Arme classé au titre des monuments historiques

– d’autres édifices ne se visitant pas, à part certains pour les journées du patrimoine : le fort de la Repentance transformé aujourd’hui en monastère du XIX ème siècle, le fort de l’Alycastre érigé sous Richelieu, les batteries des Mèdes construite en 1811, les forts insulaires du Petit-Langoustier et du Grand-Langoustier.

Pressions


 

La Tarente de Maurétanie Tarentola mauritanica
©Aurelien MIRALLES

La très forte fréquentation touristique de l’île en été présente un fort impact sur l’environnement porquerollais aussi bien sur les milieux terrestres que marins. Les principaux problèmes sont liés au piétinement et la divagation des promeneurs au niveau de milieux naturels remarquables, la gestion des déchets, le manque de toilettes publiques, les flots et le mouillage de bateaux, la pratique de sports aquatiques. La fréquentation touristique induit également des impacts indirects. La surexploitation des nappes souterraines pour l’alimentation en eau potable conduit à leur salinisation par la remontée du biseau salé.

L’île de Porquerolles présente des caractéristiques favorables aux départs des feux. La végétation méditerranéenne très combustible couvre les trois quarts de la surface de l’île.

Différentes espèces végétales exotiques à caractère envahissant sont présentes et problématiques comme la Griffe de sorcière Carpobrotus edulis, le Mimosa Acacia dealbata, l’Eucalyptus Eucalyptus globulus et Eucalyptus rostratus dans certains bois de l’île, Oxalis du Cap Oxalis cernua ou l’Herbe de la Pampa Cortaderia selloana.

Pour la faune, la Tarente de Maurétanie Tarentola mauritanica a été introduite sur l’île vraisemblablement entre 1985 et 2000. Son extension sur l’île peut porter préjudice à la population d’Hémidactyle verruqueux.

Face à l’arrivée du sanglier, le PNPC a dû prendre des mesures de régulation de sa population par des actions de piégeages et des tirs réalisés avec la société de chasse de l’île.

La forte activité de plaisance et de mouillages en été (jusqu’à 650 bateaux au port et 900 au mouillage par jour lors des pics de fréquentation en août 2018) n’est pour l’instant pas contrôlée. On observe une différence notoire entre la qualité (densité, richesse spécifique) de l’herbier de Posidonie de la côte Nord et celui du reste du pourtour de l’île car il est impacté par le mouillage, les filets de pêche ganguis et la prolifération des algues invasives : la Caulerpe à feuilles d’if Caulerpa taxifolia et la Caulerpe raisin Caulerpa cylindracea.

Gestion & Conservation


L’île de Porquerolles dispose de trois principaux acteurs pour la gestion administrative, des usages et des équipements :
– Le village dépend de la Mairie de Hyères, avec une Mairie-Annexe et un Adjoint-Spécial. Les compétences de la mairie sont la sécurité, l’aménagement et l’urbanisme, l’énergie, les transports. Une partie des compétences ont été transférées progressivement depuis 2018 à la Métropole TPM (Toulon-Provence-Méditerranée) : gestion de l’eau potable, assainissement, déchets ;


– Le port dépend de la Capitainerie, elle-même relevant de la direction des ports de la métropole TPM;

– le reste de l’île (80% environ) relève du Parc national de Port-Cros, qui a également compétence pour le périmètre côtier de l’île.

S’y ajoutent les domaines de compétence administrative et réglementaire de la Préfecture du Var et du Département, et la Région PACA. 

L’île de Porquerolles ainsi que ses îlots et rochers est intégrée dans la Zone de Protection Spéciale FR9310020 

– Les Îles d’Hyères, définie au titre de la Directive Oiseaux pour NATURA 2000. Elle est également inscrite dans une Zone Spéciale de Conservation FR9301613 – Rade de Hyères, définie au titre de la Directive Habitats-Faune-Flore pour NATURA 2000 également. 

Les milieux terrestres et marins sont également concernés par les périmètres de l’inventaire des Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique (ZNIEFF). 

Le site de l’île est inscrit dans le périmètre du Sanctuaire Pélagos pour la protection des mammifères marins de Méditerranée entre la France, l’Italie et Monaco.

Principales ressources bibliographiques


  1. Crouzet 2009, Gérardin N. & D. Poncin, 2005 (Coord.). Atlas du Parc national de Port-Cros. Collection des atlas des Parcs nationaux, GIP-ATEN, 72 p.

  2. Blog sur l’histoire de l’eau à Hyères – http://www.histoire-eau-hyeres.fr 

  3. Site internet du parc national de Port Cros – http://www.portcrosparcnational.fr/documentation/pdf/N2000_DOCOB%20Levant.pdf 

  4. Blog sur l’île du levant – http://www.iledulevanthodie.fr/article-les-barrages-de-l-ile-du-levant-119321421.html 

  5. Blog sur l’histoire des îles du levant – http://varmarine.wifeo.com 

  6. Site de l’association des amis de Port-Cros – www.port-cros.net 

  7. Conservatoire Botanique National Méditerranéen de Porquerolles – http://www.cbnmed.fr/src/prez.php

  8. DREAL PACA fiche Znieff – Ile de Porquerolles 9300 12512- Zone continentale de type 2 – https://inpn.mnhn.fr/docs/ZNIEFF/znieffpdf/930012512.pdf 

  9. Document d’objectif NATURA 2000 La côte d’Hyères et son archipel (FR9301613)- Les îles d’Hyères (FR9310020)

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ISSN 2970-2321

Cette fiche a été rédigée dans le cadre du projet d’Atlas encyclopédique des Petites Iles de Méditerranée, porté par le Conservatoire du Littoral, l’Initiative PIM, et leurs nombreux partenaires.
This sheet has been written as part of the encyclopedic Atlas of the Small Mediterranean Islands project, carried out by the Conservatoire du Littoral, the PIM Initiative and their numerous partners.
(https://pimatlas.org)

ILES

Cluster : Îles d’Hyères

Sous-bassin : FRANCE-SUD

Port-Cros

Contributeur : Conservatoire du littoral (avec l’appui de l’entreprise O2 Terre)

Date de création : 18/06/2021

 

Pour citer cette version : Conservatoire du littoral. (2021). Fiche île : Ile de Port-Cros – Sous-bassin : France Sud. Atlas of Small Mediterranean Islands. https://pimatlas.org/explorer-atlas/iles/port-cros/

Commune Hyères
Archipel Archipel des Iles d’Hyères (ou Iles d’Or)
Surface (ha) 627
Linéaire côtier (mètre) 23202,654
Distance à la côte (Mile nautique) 4.45
Altitude max (mètre) 199
Coordonnée géographiques Latitude 43,00543
Longitude 6,39601
Propriété foncière Conservatoire du Littoral  (50%), Défense nationale, Ministère de l’environnement
Gestionnaire(s) /
Statut de protection national Parc national de Port-Cros
international Site NATURA 2000 :

  • Directive Oiseaux – FR9310020 – Iles d’Hyères
  • Directive Habitats, Faune, Flore – FR9301613 – Rade d’Hyères

 

Description générale


L’archipel des îles d’Hyères, composé des îles de Porquerolles, de Port-Cros, de Bagaud, du Levant et de quelques îlots est situé au large de la presqu’île de Giens et du Cap Bénat dans le département du Var. Située à une dizaine de kilomètres du continent et à 8,3 km au sud du cap Bénat, une pointe rocheuse du littoral de Bormes-les-Mimosas, entre l’île de Porquerolles et celle du Levant, Port-Cros est la plus sauvage des îles d’Hyères. Longue de 4,2 km sur 2,4 km dans sa plus grande largeur, son point le plus élevé est à 199 mètres d’altitude au niveau de la Montagne du Fortin de la Vigie. Elle offre 700 ha d’un relief rocheux au littoral très découpé, avec trois îlots satellites (Bagaud, Gabinière et Rascas). La présence de plusieurs sources confère une spécificité à cette île avec la présence de petits écoulements et même la construction d’une retenue au niveau du vallon de la Solitude. Seule l’anse de Port-Cros est habitée par une trentaine d’âmes, le reste de l’île étant constitué d’un dense couvert végétal interrompu par endroits par quelques forts ou anciennes fermes. Premier Parc national français terrestre et marin créé en décembre 1963, Port-Cros est un témoin des écosystèmes insulaires méditerranéens et offre un exemple de l’évolution optimale de la forêt méditerranéenne : Myrtes, Lentisques, Arbousiers, Bruyères et Oliviers y atteignent des dimensions exceptionnelles, rejoignant les Pins et les Chênes verts. En 1999, l’acquisition de la partie orientale de l’île (Baies de la Palud et de Port-Man) par le Conservatoire du littoral a permis d’en assurer la protection définitive et de garantir une cohérence de gestion sur l’ensemble de l’île.

 

Au carrefour d’échanges commerciaux entre différentes civilisations méditerranéennes, les îles d’Hyères connurent, pendant l’Antiquité, une intense activité, comme en témoignent les nombreuses épaves de navires naufragés. Avec le déclin de l’empire romain, elles retombèrent peu à peu dans l’oubli et furent régulièrement la proie de pirates et de Sarrasins jusqu’au XVIe siècle où le Roi de France, conscient de leur intérêt stratégique, fit construire les premiers forts (Forts de l’Estissac et de l’Éminence, Tour de Port-Man). Au XIXe siècle, la construction de fortifications se poursuivit par l’adaptation partielle de l’architecture des forts existants aux nouvelles techniques de combats et l’édification de petites batteries. Une usine de fabrication de soude est également construite à Port-Man. A la fin du siècle, l’agronome NOBLET défriche pour planter mûriers, vignes et artichauts et développe l’élevage de moutons et de chèvres. La forêt recule… Mais la déprise agricole des années 1950 et son classement en Parc national dès 1963 vont permettre à l’île de retrouver son couvert végétal d’antan.

Connaissances


95% de la population française de Puffin yelkouan Puffinus yelkouan se trouve sur Port-Cros
(© Christophe R.)

Disposant d’un patrimoine naturel spécifique, les îles d’Hyères ont toujours été très attractives pour les naturalistes. Ainsi en 1885, l’abbé Ollivier y fit le premier inventaire floristique précis. Au début du XXème siècle, Jahandiez établit un portrait historique et naturaliste de l’ensemble des îles portant sur bon nombre de groupes taxonomiques. De Crozals, en 1929, et Salgues, en 1934 et 1936 y firent les premiers inventaires sur les lichens. C’est surtout avec la création du Parc national de Port-Cros que les recherches scientifiques vont se développer apportant le fond de connaissances nécessaire pour une meilleure conservation de ce patrimoine naturel d’exception.

 

Concernant la flore terrestre,  la quasi-totalité de l’île est recouverte d’une forêt méditerranéenne mâture. Le Chêne vert Quercus ilex se développe de façon spectaculaire dans les vallons humides. Ailleurs, le maquis élevé, dominé par le Pin d’Alep Pinus halepensis et constitué d’Arbousiers Arbutus unedo et de Bruyère arborescente Erica arborea, colonise les 2/3 de l’île.

La brousse à Olivier sauvage Olea europaea et Pistachier lentisque Pistacia lentiscus  couvre les espaces littoraux ensoleillés. On y trouve l’Euphorbe arborescente Euphorbia dendroides, l’Herbe aux chats Teucrium marum (une endémique), le Myrte Myrtus communis et le Genévrier de Phénicie Juniperus phoenica.

Sur la frange littorale on retrouve la Barbe de Jupiter Anthyllis barba jovis ainsi que l’Immortelle Helichrysum, le Statice nain Limonium pseudominutum ou encore le Crithme perce-pierre Crithmum maritimum.

 

Escale privilégiée des oiseaux migrateurs, l’île compte plus de 180 espèces dont une trentaine nicheuse. Quant aux oiseaux de haute mer, ils sont bien représentés par le Puffin cendré Calonectris borealis  et le Puffin yelkouan Puffinus yelkouan. Cette espèce trouve au niveau des iîles d’Hyères près de 95% de la population française.

Pour le côté marin sont comptabilisés aujourd’hui près de 180 espèces de poissons, 265 espèces de crustacés, 92 espèces de spongiaires, 53 espèces d’échinodermes et 173 espèces de mollusques

Intérêts


 

Les magnifiques et fragiles gorgones rouges Paramuricea clavata sont présentes autor de Port-Cros
©Benjamin GUICHARD – Agence des aires marines protégées

La faible diversité floristique par rapport à la flore continentale voisine est compensée par une forte originalité des espèces présentes avec :

– des espèces particulières ou endémiques propres à l’ancien continent tyrrhénien comme la Germandrée maritime Teucrium marum, la Dauphinelle de Requien Delphinium pictum subsp. Requienii, la Romulée de l’Assomption Romulea assumptionis et le Gaillet minuscule Galium minutulum,

– des espèces à aire localisée telle l’Euphorbe arborescente Euphorbia dendroides et le Genêt à feuilles de lin Genista linifolia,

– des groupements à végétation éphémère liés aux petites zones aréneuses situées en retrait du liseré côtier, en voie de régression accélérée sur le continent, avec comme principales espèces diverses romulées : la Romulée de Colomna Romulea columnae, la Romulée de Rolli Romulea rollii et l’endémique Romulée de Florent  Romulea florentii,

– de belles formations de rocher halophiles avec notamment la Barbe de Jupiter Anthyllis barba jovis et l’Orobanche sanguine Orobanche sanguinea, cette dernière dans une de ses rares localités françaises,

– des formations de l’isoetion (ruisseaux temporaires, prairies arrières littorales, sentiers ombragés …) avec l’Isoète de Durieu Isoetes duriei, la Linaire à vrille Kickxia cirrhosa,

– des formations de rochers chauds à  Chélanthès de Madère Allosorus pterodioides,

– des fourrés à Gattilier Vitex agnus castus ou Tamaris d’Afrique Tamarix africana d’arrières littoraux

 

Concernant les arthropodes, l’île de Port-Cros accueil des espèces insulaires d’intérêt patrimonial des Coléoptères endogés, déterminants et endémiques (Entomoculiahenryi et Leptotyphlus henryi, Cyrtotyphlus convexus) ainsi que les Cloportes (Crustacés Isopodes) Trichoniscus fragilis, espèce halophile remarquable des bords de mer, Bathytropa granulata, espèce déterminante très localisée en région PACA, et Armadillidium quinquepustulatum, espèce endémique des stations sableuses chaudes et sèches du massif des Maures et des îles d’Hyères.

 

Pour l’herpétofaune, de prestigieuses espèces telles que la Tortue d’Hermann Testudo hermanni, le Phyllodactyle d’Europe Euleptes europaeus, l’Hémidactyle verruqueux Hemidactylus turcicus et le rare Discoglosse sarde Discoglossus sardus  sont connues de l’île et ont déjà fait l’objet de suivis naturalistes.

 

L’île de Port-Cros offre un grand intérêt pour l’ornithologique avec la présence d’oiseaux marins comme le Puffin cendré Calonectris borealis, le Puffin yelkouan Puffinus yelkouan. Le Faucon pèlerin Falco peregrinus est nicheur.

 

La zone maritime, balisée par les services du Parc, permet d’admirer les fonds marins couverts de posidonies Posidonia oceanica, espèce protégée, de gorgones rouge Paramuricea clavata et jaune Eunicella cavolini ainsi que des nacres Pinna nobilis et Pinna rudis, des mérous Epinephelus marginatus ou des girelles multicolores Thalassoma pavo. 

 

La beauté des paysages, la richesse des biotopes, la fonction de halte pour les oiseaux migrateurs, font de Port-Cros un véritable sanctuaire naturel.

 

L’île de Port-Cros est dotée d’un riche patrimoine architectural constitué de forts :

    • Le Fort du Moulin, classé monument historique et édifié sous François Ier,
    • Le Fort de l’Estissac, construit sur ordre de Richelieu situé au-dessus du port d’où l’on a un magnifique panorama sur la rade d’Hyères et transformé en lieu d’exposition,
    • Le Fort de l’Eminence, construit selon des plans à la “Richelieu” avec une architecture enterrée
    • Le Fort de Port Man,
    • Le Fort de la Vigie.

Pressions


 

La fourmi d’Argentine Linepithema humile apparue à Port-Cros après 1973 (Berville, 2012) mais dont l’invasion semble se limiter aux abords immédiats du village de Port-Cros (Berville, 2012). 

Le Goéland leucophée Larus michahellis surtout pour la partie nord de Port-Cros, occasionnant un profond impact sur la composition floristique par piétinement de la flore indigène même arbustive, prélèvement pour la confection des nids et enrichissement du sol en composés azotés ou phosphorés et transport de graines d’espèces continentales rudérales et exotiques.

Des actions de régulations des sangliers, par capture, battues administratives et affûts, sont organisées chaque année. Entre 2017 à 2019, 200 sangliers ont ainsi été éliminés.

Les parcours et piétinements accrus des plages, avec leur ratissage et nettoyage réguliers, provoqués par l’augmentation du tourisme balnéaire entraînent l’appauvrissement, voire la disparition, des espèces floristiques psammophiles et des banquettes de feuilles mortes de posidonie avec leurs communautés d’arthropodes associées, ainsi que des coléoptères saproxylophages associés aux bois flottés.

Gestion & Conservation


Comme le reste de l’île, les terrains du Conservatoire du littoral sont gérés par le Parc national de Port-Cros.

Port-Cros ne se visite qu’à pied et les chiens sont interdits en dehors du village. La réglementation réglemente les usages et les pratiques :

  • pas de camping ni de bivouac,
  • pas de véhicule motorisé à l’exception des véhicules de service ou autorisés,
  • pas de déchets en dehors des conteneurs pour ne pas altérer les milieux naturels et les paysages,
  • pas de bruit ni de dérangement pour préserver le caractère des lieux,
  • pas d’arme, la chasse étant interdite,
  • pas de cueillette ni de prélèvement, pour conserver la diversité biologique,
  • pas de feu ni de cigarette en dehors du village, pour prévenir l’incendie et garder les plages propres.

 

Face à sa mission de conservation des habitats et des espèces, dans un contexte de forte fréquentation touristique, ce dernier a mis en place une série de mesures :

  • juridiques : interdiction d’utilisation de pesticides organochlorés (type DTT), ce qui a notamment eu pour effet une augmentation des effectifs de Faucons, jusque-là affectés par ce dernier ; interdiction de cueillir des plantes, interdiction de se promener à l’intérieur du massif l’été lorsqu’il y a du vent pour éviter tout départ d’incendie etc. ;
  • techniques : suivis faune/flore, réalisation de travaux pour favoriser la reproduction du Discoglosse sarde (un batracien), mise en défens de la végétation d’arrière-plage pour éviter tout piétinement, restauration de Forts comme celui de l’Estissac transformé en un lieu de sensibilisation etc. ;
  • pédagogiques : plus de 40 ans de sensibilisation auprès d’environ 90 000 visiteurs chaque année; mise en place d’un parcours éducatif, de la maternelle à l’Université.

 

Selon une des missions du Parc national s’intitulant : «connaître pour protéger», celui-ci se charge d’établir un programme de travaux de réalisation ou de réactualisation des connaissances naturalistes, en fonction de leur niveau, dans les différents groupes taxonomiques. Il est dénommé «stratégie scientifique», celui qui est en cours couvre la période 2013-2022.

 

En 2003, en partenariat avec le laboratoire de recherche en géographie Géomer, le Parc national de Port-Cros crée Bountîles, une Base d’Observation des Usages Nautiques et Terrestres des Îles et des Littoraux pour évaluer l’état de conservation de la biodiversité marine et l’efficacité de sa gestion.

Principales ressources bibliographiques


  1. Site du parc national de Port-Cros  http://www.portcros-parcnational.fr/fr/des-connaissances/patrimoine-naturel   

  2. Site du parc national de Port-Cros – Rapports scientifiques 

     http://www.portcros-parcnational.fr/fr/rapports-scientifiques?page=1 

  3. Frédéric MÉDAIL, Gilles CHEYLAN, Philippe PONEL – Dynamique des paysages et de la biodiversité terrestres du Parc national de Port-Cros (Var, France) : enseignements de cinquante années de gestion conservatoire – Sci. Rep. Port-Cros natl. Park, 27 : 171-262 (2013)

  4. Médail & Vidal 1998 – Organisation de la richesse et de la composition floristiques d’îles de la Méditerranée occidentale (sud-est de la France) – Can. J. Bot. Vol. 76, 1998

  5. Aboucaya et al. 2016 Compléments flore des îlots satellites du Parc national de Port-Cros et de l’île du Grand Rouveau SRPCNP – Sci. Rep. Port-Cros natl. Park, 30: 261-268 (2016)

  6. Aboucaya et al. 2012 – Flore vasculaire îlots satellites de Porquerolles et Giens – Sci Rep Port-Cros Nat Park

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ISSN 2970-2321

Cette fiche a été rédigée dans le cadre du projet d’Atlas encyclopédique des Petites Iles de Méditerranée, porté par le Conservatoire du Littoral, l’Initiative PIM, et leurs nombreux partenaires.
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(https://pimatlas.org)

ILES

Cluster : Ile de Lerins

Sous-bassin : FRANCE-SUD

Île Sainte-Marguerite

Contributeur : Conservatoire du littoral (avec l’appui de l’entreprise O2 Terre)

Date de création : 18/06/2021

 

Pour citer cette version : Conservatoire du littoral. (2021). Fiche île : Ile Sainte-Marguerite – Sous-bassin : France Sud. Atlas of Small Mediterranean Islands. https://pimatlas.org/explorer-atlas/iles/ile-sainte-marguerite/

Commune Cannes
Archipel Iles de Lerins
Surface (ha) 171
Linéaire côtier (mètre) 8717,746
Distance à la côte (Mile nautique) 0,655
Altitude max (mètre) 29
Coordonnée géographiques Latitude 43,51925
Longitude 7,049717
Propriété foncière Ville de Cannes, Etat
Gestionnaire(s) Ville de Cannes
Statut de protection national Réserve biologique de l’ONF
international Site NATURA 2000 : 

Directive Habitats, Faune,Flore – FR9301573 – Baie et Cap d’Antibes – Iles de Lérins

Description générale


Située au large de la ville de Cannes,  à 1,3 km au Sud du Cap de la Croisette, dans le département des Alpes-Maritimes, l’île Sainte-Marguerite est la plus grande des îles de Lérins comprenant aussi l’île Saint-Honorat et 2 îlots : Saint-Ferréol et La Tradelière.

Elle est séparée de l’île Saint-Honorat par un chenal d’environ 500 m de large : le canal du Frioul ou le Plateau du Milieu, haut lieu de plaisance, jusqu’à 1 000 bateaux au mouillage en été. 

Sa superficie est de 173 ha pour une longueur de 3,2 km et une largeur maximale de 900 m.

Quadrillée de 22 kilomètres de sentiers, elle est essentiellement couverte de forêts (160 ha) mais comprend également un milieu zone humide :  l’étang salé de Batéguier de 4 ha (réserve ornithologique). 

Elle présente un aspect semi-tabulaire et culmine à environ 30 m d’altitude au niveau des falaises faisant face à la ville de Cannes, de là l’île s’incline doucement jusqu’aux rivages de la côte Sud. 

On rencontre divers types de sol : des plages de galets et blocs calcaires ou des dalles de calcaire massif horizontales avec une végétation halophile, des poches de terra rossa peu perméables où un maquis calcifuge peut s’installer et enfin un sol plus favorable à la végétation ligneuse, bien fracturé et plus aéré grâce à l’incorporation d’humus. 

Elle ne possède aucune source naturelle d’eau douce et est alimentée en eau potable par une canalisation traversant la passe entre les deux îles.

Riche d’histoire, l’île compte des vestiges archéologiques et le Fort Royal, ancienne prison du Masque de fer, qui abrite le musée de la Mer, ainsi que les activités de Cannes Jeunesse.

Elle est desservie régulièrement et toute l’année par différentes compagnies dont 90% des départs se font de Cannes. Il n’y a pas de circulation d’engins motorisés excepté pour les personnes qui y travaillent. 

Le Grand Jardin, seule propriété privée de l’île, d’environ 1 ha, est un jardin botanique.

L’île est principalement dédiée à un usage touristique et de loisirs. Alors que seulement 20 personnes y vivent à l’année, elle compte en moyenne 2 500 visiteurs quotidiens et des pics de fréquentation pouvant aller jusqu’à 5 000 personnes par jour. 

Les touristes fréquentant l’île hors période estivale sont pour la plupart originaires de la région. Le littoral est principalement rocheux et découpé, avec parfois quelques plages de taille très réduite. Les criques rocheuses en côte sud et le pourtour de l’étang du Batéguier sont les sites les plus fréquentés alors que la partie intérieure de l’île et l’extrémité ouest sont moins parcourues.

Connaissances


Le corail rouge Corallium rubrum est présent autour de l’île
(© Alain-Pierre SITTLER – Doris)

Pour le patrimoine naturel, différents inventaires naturalistes ont été effectués en relation avec les programmes scientifiques et la couverture de l’île par des périmètres à statut : NATURA 2000, ZNIEFF, Réserve biologique ONF. 

Ces études ont permis d’y découvrir de nombreuses espèces protégées, rares dans les Alpes-Maritimes car l’île est devenue un refuge pour ces espèces menacées sur le continent. Pour la flore, on observe, par exemple, la présence de statices, de barbes de Jupiter, de caroubiers, de Lys de mer. Pour la faune le programme SMILO y inventorie 43 espèces de coléoptères, plus de 70 espèces d’araignées, 4 de reptiles, 6 de chiroptères, 133 espèces d’oiseaux dont 107 protégées et 1 sous-espèce endémique de mollusque terrestre. 

Côté marin, des espèces à forte valeur patrimoniale telles que le Corail rouge Corallium rubrum, la Grande Nacre Pinna nobilis sont connues.

Des vestiges témoignent de l’occupation humaine de l’île depuis le Néolithique. L’île Sainte-Marguerite a été occupée et exploitée pour différents usages : site d’intérêt commercial (halte pour les navigateurs), site à vocation religieuse (sanctuaire dédié au dieu Lérôn au VIème siècle av JC, d’où le nom de Léro donné à l’île pendant cette période), elle a longtemps été rattachée au monastère de Saint-Honorat. Au XIVème siècle, les moines concédèrent l’île Sainte-Marguerite à divers seigneurs et en perdirent définitivement la propriété au début du XVIIème siècle. L’île Sainte-Marguerite connut alors une vocation militaire, et le château, noyau de la future forteresse fut construit en 1624.  Elle servit de prison et accueillit le célèbre Masque de fer. 

Le  nom actuel de l’île a deux versions : en hommage à Sainte-Marguerite d’Antioche, martyre de la chrétienté, ou celle d’une Marguerite, sœur d’Honorat, fondateur du monastère de l’île voisine.

Intérêts


La Sterne pierregarin Sterna hirundo niche sur l’île de Sainte-Marguerite
(©JB. SIBLET )

Sa forêt est remarquable, une partie est plantée en eucalyptus qui sont les plus anciens d’Europe. L’étang du Batéguier abrite la seule étendue d’eau salée du littoral des Alpes-Maritimes qui constitue un habitat prioritaire caractérisé par un groupement à Rupelle de mer Ruppia marina. Il abrite une riche avifaune en espèces de limicoles et échassiers migrateurs, ainsi qu’une colonie nicheuse de Sterne pierregarin Sterna hirundo.

Coté terrestre, huit espèces végétales protégées au niveau national sont connues : la Barbe de Jupiter Anthyllis barba-jovis, le Caroubier Ceratonia siliqua, la Cymodocée noueuse Cymodocea nodosa, la Germandrée arbustive Teucrium fruticans, le Grand Statice Limoniastrum monopetalum, la Linaire grecque Kickxia commutata, le Sérapias négligé Serapias neglecta, le Statice pubescent Statice cordata. Pour ce groupe biologique, il faut noter également la présence de huit espèces végétales protégées au niveau régional : la Bugrane sans épine Ononis mitissima, le Chou de montagne Brassica montana, l’Immortelle d’Italie Helichrysum italicum, la Lavatère ponctuée Malva punctata, le Lis de mer Pancratium maritimum, la Passerine hérissée Thymelaea hirsuta, la Romulée de Colonna Romulea columnae et la Rupelle de mer.

La faune patrimoniale comprend la Couleuvre de Montpellier Malpolon monspessulanus, le Grand capricorne Cerambyx cerdo, l’Hémidactyle verruqueux Hemidactylus turcicus, le Lucane cerf-volant Lucanus cervus, l’Orvet de Vérone Anguis veronensis dont la population de l’île de Sainte-Marguerite est la seule population insulaire connue actuellement, la Tarente de Maurétanie Tarentola mauritanica.

Pour la partie marine, des espèces patrimoniales sont également connues comme la Cystoseire stricte Cystoseira amentacea var. stricta, le Corail rouge Corallium rubrum, la Grande nacre Pinna nobilis, l’Oursin diadème Centrostephanus longispinus, la Grande cigale de mer Scyllarides latus, le Grand dauphin Tursiops truncatus, l’Éponge de toilette Spongia officinalis, l’Axinelle commune Axinella polypoides, l’Oursin violet Paracentrotus lividus, l’Anémone buissonnante Savalia savaglia, le Mérou brun Epinephelus marginatus, le Corb Sciaena umbra, et la Langouste d’Europe Palinurus elephas.

Dans le périmètre du site NATURA 2000 dont fait partie l’île, des troupes de Grand dauphin Tursiops truncatus, des individus de Rorqual commun Balaenoptera physalus, et de Cachalot Physeter macrocephalus, de Dauphin bleu et blanc Stenella coeruleoalba sont connus.

Plusieurs sites de plongée sont répartis autour de l’île et un sentier sous-marin a été mis en place à sud-ouest par des associations dont le CPIE des Iles de Lérins. Les deux zones de baignade les plus fréquentées sont l’anse du Batéguier au nord-ouest de l’île et sa côte sud.

Le principal monument historique classé de l’île est le Fort Royal. Construite sur des vestiges antiques, c’est une forteresse bastionnée du XVIIème siècle. Remanié par Vauban, le Fort Royal servit de prison d’Etat et abrite aujourd’hui le musée de la Mer, un Centre de séjour et un Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement (CPIE). D’autres vestiges militaires sont disséminés au sein de l’île dont un bunker, un four à boulets et la Batterie de la Convention.

Pressions


 

Les facteurs naturels (vents, nature du substrat, températures élevées et violents orages), ainsi que la forte fréquentation touristique de l’île se conjuguent pour exercer une pression d’érosion intense sur la bande littorale, qui a pour conséquence le rétrécissement des îles et le recul du trait de côte.

Le risque incendie est important en raison de « la forte fréquentation touristique pendant les mois d’été (cigarettes, feux de camp…) et de l’importance des peuplements de résineux par nature extrêmement inflammables. Afin de protéger le couvert végétal et le public, près de 40% de l’île est débroussaillée et il est par ailleurs interdit de fumer sur l’île en dehors du port, du Fort Royal et du village de cabanons.

La très forte fréquentation touristique en période estivale :

– en mer, jusqu’à 2000 bateaux par jour, a un impact sur l’herbier de Posidonie par les ancres des grosses unités notamment au nord du Fort Sainte Marguerite et aux deux entrées du Frioul,

– sur terre, la gestion des déchets est également une problématique importante.

Gestion & Conservation


L’île de Sainte Marguerite (surface terrestre et surface maritime) est intégrée dans le périmètre du site NATURA 2000  FR9301573 – Baie et Cap d’Antibes – Iles de Lérins – Domaines terrestre et maritime.

Site classé, l’île est protégée grâce à l’action de la Mairie de Cannes, qui possède l’essentiel du patrimoine bâti. Elle dispose de l’appui de l’Office National des Forêts, qui gère la Réserve Biologique domaniale Dirigée de l’île Sainte-Marguerite qui a été créée par l’arrêté du 26 septembre 2006, et représente 152 ha, 87% de la surface terrestre (totalité de la forêt domaniale).

En avril 2020 une nouvelle zone de mouillage réglementée a été créée au nord de l’île. Cette ZMEL (Zone de Mouillage et d’Équipements Légers) vise à la fois de conserver l’intégrité et la qualité des habitats marins et des zones de fonctionnalité des petits fonds côtiers et à limiter leur destruction par les ancrages des nombreux navires qui mouillent dans ce secteur.

L’île fait partie du Sanctuaire Pelagos : espace maritime de 875 00 km2 qui fait l’objet d’un Accord entre l’Italie, Monaco et la France pour la protection des mammifères marins qui le fréquentent.

Un des enjeux de l’île de Sainte Marguerite est de réduire son éclairage public à cause de ses impacts environnementaux (consommation d’énergie, dérangement biodiversité, pollution lumineuse …). Pour cela, notamment dans le cadre du projet ISOS, une des solutions envisagées est de remplacer par du LED (en plusieurs phases) tout l’éclairage public, et particulièrement l’éclairage décoratif du Fort Royal.

Il est prévu d’accentuer les efforts sur la communication, pour inciter les visiteurs à rapporter leurs déchets sur le continent, de proposer des composteurs individuels aux habitants et d’acquérir un dessiccateur pour déshydrater les déchets du centre de séjour de l’île avant de les ramener à Cannes.

La candidature des îles de Lérins au patrimoine mondial de l’UNESCO, portée par la ville de Cannes, est un élément positif ; si la candidature aboutit, cette reconnaissance internationale de la valeur universelle exceptionnelle du site affirmera l’importance de sa préservation au-delà du simple cadre local et national.

La démarche commune avec l’île Saint-Honorat dans la labellisation SMILO et les nombreux échanges entre les deux îles sur des problématiques communes (réunions du comité insulaire partagé en 2018-2019) est un élément important et positif du contexte actuel, de même que les possibilités d’échanges d’expérience dans l’avenir avec d’autres gestionnaires de petites îles au sein du réseau SMILO.

Principales ressources bibliographiques


  1. Site du SMILO – http://www.smilo-program.org/fr/reseau/155-sainte-marguerite 

  2. Site de l’association Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement (CPIE) des Iles de Lérins & Pays d’Azur – http://cpieazur.fr/  
  3. Projet de réaménagement de la zone de débarquement sur l’île de Sainte-Marguerite – https://www.alpes-maritimes.gouv.fr/content/download/32776/256436/file/Note_technique_Cannes_Ste_Marguerite_terrestre_Naturalia_201906.pdf 
  4. Document d’objectifs- Site FR 9301573 « Baie et Cap d’Antibes- Iles de Lérins» – https://www.alpes-maritimes.gouv.fr/content/download/8097/97637/file/Fiches%20hab-esp%20TERRE_N2000_Baie%20et%20Cap%20Antibes-Iles%20de%20L%C3%A9rins.pdf 
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ISSN 2970-2321

Cette fiche a été rédigée dans le cadre du projet d’Atlas encyclopédique des Petites Iles de Méditerranée, porté par le Conservatoire du Littoral, l’Initiative PIM, et leurs nombreux partenaires.
This sheet has been written as part of the encyclopedic Atlas of the Small Mediterranean Islands project, carried out by the Conservatoire du Littoral, the PIM Initiative and their numerous partners.
(https://pimatlas.org)

ILES

Cluster : Iles de Lérins

Sous-bassin : FRANCE-SUD

Ile Saint-Honorat

Contributeur : Conservatoire du littoral (avec l’appui de l’entreprise O2 Terre)

Date de création : 18/06/2021

 

Pour citer cette version : Conservatoire du littoral. (2021). Fiche île : Ile Saint-Honorat – Sous-bassin : France Sud. Atlas of Small Mediterranean Islands. https://pimatlas.org/explorer-atlas/iles/ile-saint-honorat/

Commune Cannes
Archipel Îles de Lérins
Surface (ha) 41
Linéaire côtier (mètre) 4459,594
Distance à la côte (Mile nautique) 1,56587473
Altitude max (mètre) 9
Coordonnée géographiques Latitude 43,50771
Longitude 7,0461
Propriété foncière Communauté monastique de l’abbaye de Lérins
Gestionnaire(s) Communauté monastique de l’abbaye de Lérins
Statut de protection national /
international Site NATURA 2000 : 

Directive Habitats, Faune,Flore – FR9301573 – Baie et Cap d’Antibes – Iles de Lérins

Description générale


Située au large de la ville de Cannes à 2,9 km au Sud du cap de la Croisette, dans le département des Alpes-Maritimes, l’île Saint-Honorat, du nom du saint qui y fonda un monastère à la fin du IVème siècle, est un petit écrin de verdure paisible émergeant de la Méditerranée. 

Avec l’île Sainte-Marguerite, elle fait partie des îles de Lérins, qui comprend aussi 2 îlots : Saint-Ferréol et La Tradelière, et est séparée de celle-ci par un chenal d’environ 500 m de large : le canal du Frioul ou le Plateau du Milieu. Sa superficie est de 40 ha pour une longueur de 1 500 m et une largeur maximale de 400 m.

Les îles de Lérins sont dites « continentales » car elles sont formées par un banc de rocher qui n’est autre que le prolongement de la côte, dont elles ont été isolées lors de la dernière transgression marine, il y a environ 10 000 ans. Elles sont séparées du Cap Croisette par des fonds dont la profondeur n’excède pas 5 à 10 m. La topographie des îles est pratiquement plane. Le littoral est exclusivement rocheux et découpé, avec parfois quelques plages de taille très réduite.

L’archipel de Lérins est constitué de roches calcaires, datant du Jurassique. Le climat est méditerranéen avec des hivers doux, des étés chauds et un fort ensoleillement. Les pluies sont très intenses au printemps et à l’automne. Les gelées sont rares et restent modérées. 

L’île ne possède pas de cours d’eau permanent ou temporaire. Il existe cependant une résurgence : la source Saint-Honorat. Une canalisation traversant la passe entre les deux îles alimente également l’île Saint-Honorat en eau potable.

L’île Saint-Honorat a une vocation monastique depuis l’an 410. Aujourd’hui, elle abrite toujours une communauté de 20 moines, les seuls habitants de l’île. 

En dehors de leurs activités religieuses, ces moines cisterciens pratiquent la culture de la vigne et des oliviers, accueillent les touristes et des pèlerins et gèrent les différents espaces de l’île  qui sont composés de 17 ha de forêts, 12 ha de parcelles agricoles, un ensemble clos de bâtiments et jardins, de divers bâtiments et monuments isolés sur l’ensemble de l’île, des sentiers et d’un littoral rocheux. 

La taxe Barnier et l’activité économique de l’île (vignes, oliviers, distillerie et restaurant principalement) constituent des ressources financières internes à l’île pouvant être réinvesties dans les opérations envisagées, tout en étant insuffisantes pour certaines opérations de grande ampleur (travaux sur la tour-monastère par exemple) qui nécessitent de faire appel aux subventions publiques et au mécénat.

L’île est desservie uniquement par une liaison maritime partant exclusivement de Cannes pour une durée de traversée de 20 minutes.

Connaissances


La richesse floristique de l’île est de 370 taxons, dont 325 indigènes et 45 non indigènes (données SILENE- Flore (accessions 2012-2013) et d’une synthèse inédite (Médail, mai 2013)) dont 13 espèces rares et pour la faune, on y trouve dix-sept espèces d’oiseaux utilisant l’île, soit pour y nicher soit pour y stationner temporairement, lors des migrations, 4 reptiles, mais pas de serpent, 9 espèces de chauves-souris et 51 de coléoptères. Un inventaire de l’Hirondelle rustique Hirundo rustica a été réalisé en 2019 (Document diagnostic de l’île de Saint-Honorat).

L’histoire de l’île Saint-Honorat a toujours été marquée par la vie religieuse, très intense à l’époque où les pèlerins s’y rendaient en foule pour y recevoir des indulgences, en témoignent abbaye, chapelles, au nombre de 7, et monastère fortifié d’où sa dénomination d’île monastère.

Les multiples et nombreuses attaques subies de tout temps (sarrasins, corsaires génois, espagnols) ont nécessité sa défense par des fortifications, des garnisons, un système de signalisation.

Ainsi pour la protection des moines, le monastère fortifié y a été construit en 1073 sur une pointe avancée de la côte sud par l’abbé de Lérins. Il fut rénové diverses fois au fil du temps, dont au XIXe siècle avec de nouvelles constructions encadrant les anciens bâtiments.

A cette époque la communauté monastique cistercienne créa une distillerie, fonctionnant toujours actuellement et produisant des liqueurs réputées. Depuis les années 1990 elle exploite un vignoble de 8 hectares donnant un vin apprécié de nombreux restaurateurs étoilés, ainsi qu’à l’Hôtel Matignon, au palais de l’Élysée et à l’Assemblée nationale.

Intérêts


l’Epiaire hérissée Stachys ocymastrum est protégée au niveau national
(©F. LE DRIANT – florealpes)

L’île Saint-Honorat présente un panel de milieux naturels diversifiés accueillant des espèces floristiques et faunistiques patrimoniales. La richesse floristique est particulièrement élevée au regard de la superficie de l’île assez restreinte et des conditions physiques des milieux. 

Pour la flore terrestre patrimoniale, un total de huit espèces végétales à protection nationale sont connues : le Caroubier Ceratonia siliqua, l’Epiaire hérissée Stachys ocymastrum, abondante sur l’île alors qu’elle est très rare sur le littoral continental français méditerranéen, le Grand Statice Limoniastrum monopetalum, le Limonium à feuilles cordées Limonium cordatum,  le Palmier nain Chamaerops humilis, la Renouée de Robert Polygonum robertii, la Scille maritime Charabdis maritima et le Sérapias négligé Serapias neglecta

Il faut également noter la présence de cinq espèces végétales à protection régionale : l’Ail de Chine Allium nigrum, très rare en France, l’Impérate cylindrique Imperata cylindrica, la Lavatère ponctuée Malva punctata, la Passerine hérissée Thymelaea hirsuta et la Romulée à petites fleurs Romulea columnae.

Pour les insectes, les prospections du programme PIM ont permis de redécouvrir en France le carabique Tschitscherinellus cordata.

Pour les reptiles, l’île Saint-Honorat est la seule île provençale abritant le Lézard vert occidental Lacerta bilineata. Une prospection spécifique au Phyllodactyle d’Europe Euleptes europaea reste à effectuer pour confirmer ou non sa présence  sur l’île.

Pour les chiroptères, le Minioptère de Schreibers Miniopterus schreibersii, d’intérêt notable a été observé en gîte dans les caves du monastère fortifié.

Pour les milieux marins, on notera la présence de la Posidonie Posidonia oceanica.

L’île et son institution monastique millénaire sont un élément patrimonial, historique et esthétique majeur de la région. Elle compte cinq monuments historiques : la tour-monastère, la chapelle Saint-Sauveur, la chapelle de la Trinité et deux fours à boulets.

L’île Saint-Honorat est un haut lieu touristique de la Côte d’Azur et attire chaque année 100 000 visiteurs. Elle a reçu en 2017 le label qualité tourisme pour la qualité de l’accueil et de leur prestation des moines de l’abbaye. L’abbaye de Lérins héberge aujourd’hui des « retraitants » à la recherche d’un lieu de recueil dans son hôtellerie monastique, à raison de 11 000 nuitées par an.

Pressions


   

Le Robinier faux-acacia Robinia pseudoacacia fait partie des espèces envahissantes présentes sur l’île
(© espèces-exotiques-envahissantes)

Plusieurs espèces végétales exotiques envahissantes ont été inventoriées comme l’Ailante Ailanthus altissima, le, la Luzerne arborescente Medicago arborea, le Figuier de Barbarie Opuntia ficus-indica, le Tabac glauque Nicotiana glauca, le Séneçon anguleux Senecio angulatus et le Lyciet commun Lycium barbarum

A ce jour aucune espèce animale ne présente un caractère réellement invasif. La multiplication des faisans pourrait être à l’origine des faibles populations de lézard vert.

Les principales pressions observées sont liées à la fréquentation touristique et estivale. La fréquentation du littoral et le piétinement occasionné par les visiteurs dégradent les milieux naturels et leurs composantes. L’érosion du trait de côte affecte principalement le sud de l’île. ∙ Le mouillage non réglementé autour de l’île impacte les herbiers de posidonies.∙ Le risque d’incendie qui est accru par la forte fréquentation et les vents forts nécessite une forte attention. Enfin, diverses pollutions (effluents, embruns, macro déchets, bruit) impactent les milieux naturels et les espèces qui s’y développent.

Le 17 juin 2019, la décision a été prise par les moines de l’abbaye de Lérins de supprimer la quarantaine de poubelles à disposition des visiteurs de l’île. Depuis, les visiteurs doivent alors conserver leurs ordures avec eux jusqu’à leur retour sur le continent.

Gestion & Conservation


 

Les habitats, la flore et la faune patrimoniales sont pris en compte au démarrage de tout nouveau projet : le projet de restauration de la tour-monastère s’est accompagné d’une étude d’impact sur les chiroptères et plusieurs mesures d’accompagnement seront mises en place pendant les travaux pour limiter notamment l’impact des travaux sur le Minioptère de Schreibers.

Les milieux littoraux apparaissent comme les milieux les plus riches et les plus menacés (piétinement, pollutions diverses). La pose de ganivelles permet d’en limiter l’accès de façon à permettre la renaturation des espaces les plus dégradés (mise en défens, gestion contrôlée des accès, maintien des sols).

Les banquettes de posidonies sont préservées en l’état et ne font l’objet d’aucune intervention mécanisée. 

Le fait que la communauté monastique soit l’unique propriétaire de l’île facilite la mise en œuvre, sur l’ensemble du territoire insulaire, de la gestion intégrée de ce territoire. La communauté monastique de l’abbaye de Lérins s’est engagée résolument depuis 2016 dans une démarche globale de gestion de l’île et de concertation (interne et externe) en cohérence avec la démarche de labellisation SMILO, et veille à suivre les engagements établis dans le plan stratégique. 

Le patrimoine bâti qui parsème l’ensemble de l’île fait progressivement l’objet de campagne de restauration, avec une aide financière de l’Etat et d’autres institutions ou collectivités quand il s’agit d’édifices classés au titre des monuments historiques.

Des collectes de déchets provenant de la mer sont réalisées régulièrement par des scolaires, des bénévoles et les frères de la communauté. 

Les pratiques culturales se poursuivent dans un esprit de respect du milieu naturel (certification Agriculture biologique en cours). Les sites de reproduction, les habitats d’espèces et les zones refuges constituées au niveau des friches sont intégrées dans les modes d’exploitation et de gestion. A ce niveau des fauches tardives sont réalisées pour permettre aux espèces végétales et animales d’accomplir leur cycle de développement. Les lisières sont des écotones très importants pour la faune messicole et pour la faune, elles sont soumises à des opérations d’entretien tous les 4 à 5 ans. Ces opérations de gestion sont réalisées au cours de l’année par le service patrimoine de l’abbaye, l’ONF et l’ONCFS (suivi des faisans). 

Tout au long de l’année, les guides bénévoles qui assurent des visites de l’île y sensibilisent les visiteurs à la faune et à la flore. 

La candidature des îles de Lérins au patrimoine mondial de l’UNESCO, portée par la ville de Cannes et soutenue dès le début par la communauté monastique, est un élément positif ; si la candidature aboutit, cette reconnaissance internationale de la valeur universelle exceptionnelle du site affirmera l’importance de sa préservation au-delà du simple cadre local et national.

La démarche menée concomitamment avec l’île Sainte-Marguerite dans la labellisation SMILO et les nombreux échanges entre les deux îles sur des problématiques communes (réunions du comité insulaire partagé) est un élément important et positif du contexte actuel, de même que les possibilités d’échanges d’expériences dans l’avenir avec d’autres gestionnaires de petites îles au sein du réseau SMILO.

Principales ressources bibliographiques


  1. Article de Nice matin – https://www.nicematin.com/vie-locale/sur-lile-saint-honorat-le-pari-payant-davoir-supprime-la-quarantaine-de-poubelles-a-destination-des-visiteurs-561986 

  2. Frédéric Médail, Daniel Pavon & Katia Diadema – Flore et végétation vasculaires terrestres de l’île SaintHonorat (archipel de Lérins, Cannes, AlpesMaritimes) – J. Bot. Soc. Bot. France 69, 3-32 (2015) – http://perso.numericable.fr/daniel.pavon/Telechargements/MEDAIL-et-al-2015_Flore-et-vegetation-Saint-Honorat.pdf 
  3. Site de La Quotidienne – https://www.laquotidienne.fr/lile-saint-honorat-decroche-label-tourisme/ 
  4. Grille diagnostic de l’île Saint-Honorat – https://drive.google.com/file/d/16a1k3uFGva9ySc-KsTgTpm316FisW_eC/view?usp=sharing 
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ISSN 2970-2321

Cette fiche a été rédigée dans le cadre du projet d’Atlas encyclopédique des Petites Iles de Méditerranée, porté par le Conservatoire du Littoral, l’Initiative PIM, et leurs nombreux partenaires.
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ILES

Cluster : MARSEILLE ET CALANQUES

Sous-bassin : FRANCE-SUD

île du Riou

Contributeur : Conservatoire du littoral (avec l’appui de l’entreprise O2 Terre)

Date de création : 18/06/2021

Pour citer cette version : Conservatoire du littoral. (2021). Fiche île : Ile du Riou – Sous-bassin : France Sud. Atlas of Small Mediterranean Islands. https://pimatlas.org/explorer-atlas/iles/ile-du-riou/

Commune MARSEILLE
Archipel ARCHIPEL DE RIOU
Surface (ha) 90,3
Linéaire côtier (mètre) 7388
Distance à la côte (Mile nautique) 1,7
Altitude max (mètre) 187
Coordonnée géographiques Latitude 43,17638
Longitude 5,385431
Propriété foncière Conservatoire du Littoral
Gestionnaire(s) Parc National des Calanques
Statut de protection national Parc National des Calanques
international Site NATURA 2000 : 

  • Directive Oiseaux – FR9312007 – Iles Marseillaises – Cassidaigne
  • Directive Habitats, Faune, Flore – FR9301602 – Calanques et îles Marseillaises – Cap Canaille et Massif du Grand Caunet

Description générale


Au large du massif des Calanques, s’étendent, en file, différentes îles et îlots constituant l’archipel de Riou, unique archipel inhabité du littoral continental français. Ce site, très minéral, compte près de 25 kilomètres de côte découpée en une multitude de criques. 

La plus grande de ses îles, l’île de Riou, culmine à 187 mètres et est visible de la côte depuis le littoral camarguais jusqu’au cap Sicié dans le département du Var. Située à un peu plus de 3 km du littoral, l’île de Riou est une destination prisée et très appréciée des plaisanciers marseillais au départ des ports des Goudes ou de la Pointe Rouge. Les calanques de Monastério et de Fontagne, abritent les deux seules plages de l’archipel et sont bondées en saison estivale.

L’île de Riou est administrativement rattachée à la Ville de Marseille et au 7ème arrodissement.

La présence de l’homme sur l’île de Riou a été attestée dès le Néolithique. Pour prévenir Marseille des invasions et lutter contre l’insécurité, une vigie est installée au XIVème siècle au sommet de l’île de Riou, en relation avec les tours de guet de Marseilleveyre et du Mont de la Garde (emplacement actuel de la Basilique Notre Dame de la Garde).

A partir de 1853, le sable est exploité sur l’île de Riou. Un toboggan en pierres sèches permettait de déverser le sable directement dans les tartanes (bateau à voile caractéristique de la Méditerranée) qui l’acheminaient vers la ville. Le sable était alors utilisé pour la construction des systèmes d’assainissement, le pavage des rues, différentes constructions militaires et le phare de Planier. 

Les îles de Riou deviennent en 1992 propriétés du Conservatoire du Littoral. Leur gestion est alors assurée par le CEN PACA en partenariat avec le Conservatoire du Littoral et les collectivités locales. Puis l’archipel est classé en Réserve Naturelle Nationale en 2003, avant d’être intégré au Parc national des Calanques à sa création en 2012. La réglementation en vigueur sur le site est alors renforcée. Il est par exemple interdit de fouler la majorité de son sol, et une zone de non prélèvement protège une partie de son espace maritime.

Aujourd’hui, dans tout l’archipel, le débarquement, la circulation et le stationnement sont autorisés uniquement sur l’île de Riou entre le lever et le coucher du soleil entre les calanques de Fontagne et de Monastério. Dans l’intérieur de l’île, seul le sentier situé entre ces deux calanques et jusqu’à l’aiguille doit être emprunté. La chasse, les activités touristiques, artisanales, commerciales et sportives, dont l’escalade, sont interdites dans l’archipel de Riou.

Pour la partie marine, la moitié orientale de l’archipel est protégée par une zone de non prélèvement, où se situe également le triangle Cousteau, zone de protection archéologique où le mouillage et la plongée sont interdits.

Bien que les échanges aient été constants avec le continent, l’archipel de Riou fut moins marqué par l’anthropisation que l’archipel du Frioul, plus proche de la cité phocéenne. De plus, son statut de terrain militaire de longue date a permis d’en limiter l’accès, ce qui a favorisé sa protection.

Connaissances


Dès le début du XXème siècle, les richesses naturelles des îles sont connues par les zoologues (MOURGUES 1920, HEIM DE BALSAC 1923), les botanistes (REYGNIER 1880, LAURENT 1925) et les archéologues (FOURNIER 1898). 

Ensuite, de nombreux travaux naturalistes ont permis d’enrichir les connaissances.

Pour la flore : inventaire floristique du Frioul (LAURENT et DELEUIL, 1938), inventaire de la flore et cartographie de la végétation réalisés à la fin des années 1950 pour l’archipel de Riou (KNOERR, 1960 et 1961), inventaire et  cartographie ont été réalisés en 2004 pour la totalité des habitats (communautaires et non communautaires) présents sur le site par le Conservatoire Botanique National Méditerranéen de Porquerolles dans le cadre de la phase inventaire du Document d’Objectifs de la ZPS « îles Marseillaises » (MICHAUD et NOBLE, 2005). D’avril 2004 à janvier 2005, des relevés phytosociologiques ont été effectués pour valider les inventaires et les déterminations. L’évaluation de l’état de conservation des habitats, critère fondamental de la gestion, a également été réalisée. Le suivi de l’évolution des communautés végétales a été mis en place en 2008. L’inventaire de la flore de l’archipel de Riou a également été actualisé en 2008 dans le cadre d’une convention avec l’Institut Méditerranéen d’Écologie et de Paléoécologie de l’Université Aix-Marseille (IMEP-CNRS). De plus, la cartographie des espèces végétales protégées et l’évaluation de leur état de conservation ont été réalisées de 2000 à 2005 au cours des diverses prospections et études menées dans le cadre de la gestion du site par le CEN PACA sur la quasi-totalité du site à l’exception de la zone sud de Maïre. Ces données nécessiteraient une actualisation.

Pour la faune : étude du rat noir effectuée dans les années 1980 (CHEYLAN, 1986), synthèses des différents travaux menés au cours de ce siècle sur les avifaunes marine (GUYOT et al., 1985) et terrestre (CHEYLAN, 1986). L’herpétofaune de l’archipel de Riou étant relativement pauvre en nombre d’espèces, celle-ci n’a été que très peu documentée, hormis en ce qui concerne le Phyllodactyle d’Europe Euleptes europaea qui, depuis MOURGUE en 1910 jusqu’à DARDUN en 2003, a été un important sujet d’étude pour de nombreux étudiants ou spécialistes. Le recensement des populations d’oiseaux marins est réalisé annuellement sur l’archipel de Riou depuis 1994. Enfin, pour les Chiroptères quelques nuits de prospections consacrées à la détermination des espèces de l’archipel de Riou ont été réalisées en 2000 par le Groupe Chiroptères de Provence (GCP).

Intérêts


  PRESENCE DE BATI PATRIMONIAL - non

Individus de Cormoran Huppé
(© Parc National des Calanques)

Les espèces patrimoniales protégées au niveau national sont présentes : l’Épiaire à rameaux courts Stachys brachyclada, le Myosotis fluet Myosotis pusilla, la Passerine tartonraire Thymelaea tartonraira ssp. Tartonraira, la Saladelle naine de Provence Limonium pseudominutum,  la Scolopendre sagittée Asplenium sagittatum est très rare en France mais les grandes falaises, peu ou non halophiles, de l’île de Riou montre les plus belles populations de France.

Des espèces protégées au niveau régional sont également présentes : l’Anthémis à rameaux tournés du même côté Anthemis secundiramea, la Coronille de Valence Coronilla valentina ssp. Valentina, le Lys des sables Pancratium maritimum, l’Orpin du littoral Sedum litoreum, la Passerine hirsute Thymelaea hirsuta, le Plantain à feuilles en halène Plantago subulata, le Raisin de mer Ephedra distachya, le Séneçon à feuilles de Leucanthème Senecio leucanthemifolius ssp. Crassifolius, le Silène faux orpin Silene sedoides.

Certaines espèces végétales ne sont présentes sur le continent que sur la frange littorale des Calanques, les îles constituent pour elles des sites refuges à l’abri de la forte fréquentation humaine et de l’urbanisation du littoral.

Peu nombreuses, les espèces animales et végétales que l’on rencontre au niveau des milieux terrestres de l’archipel de Riou sont remarquables en raison de leur capacité de développement et d’adaptation à la rigueur des conditions de milieu.

L’archipel de Riou est également l’un des rares sites français qui abrite des populations importantes d’un gecko «relictuel » et rarissime, endémique de Méditerranée occidentale, le Phyllodactyle d’Europe Euleptes europaea.

L’intérêt écologique majeur de l’île du Riou, réside dans son statut de seul site français où se reproduisent en sympatrie quatre espèces d’oiseaux marins endémiques de Méditerranée : le Puffin cendré Calonectris borealis, le Puffin yelkouan Puffinus yelkouan, l’Océanite tempête de Méditerranée Hydrobates pelagicus et le Cormoran huppé de Desmaret Phalacrocorax aristotelis desmarestii.

Enfin, au niveau marin, on retrouve un herbier important de Posidonie Posidonia Oceanica, entre les îles de Calseraigne et de Riou.

Pressions


   

Activités nautiques sur le Riou
(© Parc National des Calanques)

Plusieurs espèces invasives floristiques ou faunistiques sont présentes sur l’île, nous pouvons citer :

  • Le Rat noir a été introduit sur les îles de Méditerranée au IIème siècle av. J.C. (VIGNE et VALLADAS, 1996) et il est probablement présent sur l’archipel de Riou depuis l’Antiquité. L’augmentation importante des colonies de Goéland leucophée Larus michahellis depuis une trentaine d’années a entraîné une augmentation des ressources alimentaires disponibles pour les populations de Rat noir rattus rattus. Des densités record ont été enregistrées sur l’île de Riou avec 120 rats/ha.
  • Actuellement, le Lapin de garenne Oryctolagus cuniculus y est présent, et en l’absence de compétiteurs et de prédateurs efficaces, sa population s’est largement développée avec, pour conséquence, un impact important sur les communautés végétales et certaines espèces.
  • Les Griffes de sorcière Carpobrotus edulis : lors de l’acquisition du site par le Conservatoire du littoral, les calanques de Fontagne, Monastério et la Grande Sablière présentaient d’importantes stations de cette vivace basse tapissant le sol sur des milieux littoraux et remplaçant localement les habitats littoraux à Limonium. De nombreux chantiers d’arrachage eurent lieu entre 1994 et 1999, réduisant totalement ces stations. 
  • Le Figuier de Barbarie Opuntia ficus-indica : 1 station est connue actuellement sur l’île de Riou, à la calanque de Fontagne.

Les macro-déchets flottants s’accumulant dans les criques exposées au Mistral après les fortes pluies constituent une pollution importante de l’île de Riou.

Gestion & Conservation


 

Le décret du 28 août 1975 intègre l’archipel de Riou dans le Site Classé Calanques.

Cette protection a été complétée par le décret du 27 décembre 1976 qui étend les limites du Site Classé des Calanques au domaine maritime sur une distance de 500 mètres au droit du site.

L’archipel de Riou a été désigné par la déclaration de Calvi (Calvi Action Plan for Mediterranean Island and Coastal Ecosystes – CAPMICE) comme l’un des 25 sites représentant « les plus importantes colonies d’oiseaux de mer non protégées qui demanderait des mesures urgentes de conservation » (Montbailliu et Sultana, 1983)

Le 20 décembre 1991, le Conseil municipal de la ville de Marseille approuve l’acquisition de l’archipel de Riou par la ville à l’Etat, et sa cession immédiate au Conservatoire de l’Espace Littoral et des Rivages Lacustres.

En juillet 1992, l’ensemble de l’archipel de Riou devient propriété du Conservatoire du Littoral. La réglementation commune aux sites du Conservatoire s’applique alors de manière à permettre l’ouverture du site tout en minimisant l’impact des visiteurs sur les richesses naturelles. Sa gestion a été confiée au Conservatoire Etude des Ecosystèmes de Provence (CEEP).

L’archipel de Riou est classé Zone d’Importance pour la Conservation des Oiseaux (ZICO). Ce statut permet la protection d’habitats et reproduction d’oiseaux rares et menacés. Il est également éligible au réseau Natura 2000 au titre de la directive « habitat » (zone spéciale de conservation massifs des calanques et du grand Caunet, îles de Marseille) ainsi qu’au titre de la directive « oiseaux » (Zone de Protection Spéciale îles de Marseille).

En août 2003, le milieu terrestre de l’archipel de Riou est classé en Réserve Naturelle Nationale.

De 2003 à 2007 quatre espèces d’oiseaux marins endémiques de Méditerranée et d’intérêt communautaire, le Puffin cendré, l’Océanite tempête de Méditerranée, le Cormoran huppé de Méditerrané et le Puffin yelkouan ont bénéficié du programme européen de conservation Life Nature. L’objectif général de ce projet a été d’assurer la conservation de ces colonies d’oiseaux en restaurant des conditions favorables à leur installation sur les sites anciennement occupés en favorisant la croissance de leurs populations nicheuses.

Depuis 2012, la gestion de l’île est assurée par le Parc national des Calanques.

ENCADRE : Histoire du Riou


L’occupation humaine du site est attestée depuis le Néolithique (grotte Cosquer). Vers 7 000 ans av. JC, une colonie de pêcheurs était installée sur Riou. Pendant l’Antiquité, ce sont les Etrusques et les Grecs qui occupèrent l’Archipel où ils laissèrent de nombreux fragments d’amphores et aménagèrent une « fontaine » dans la calanque de Fontagne.

Au XIVe siècle, pour prévenir Marseille des invasions et lutter contre l’insécurité, une vigie est installée au sommet de Riou, en relation avec les tours de guet de Marseilleveyre et du Mont de la Garde. C’est aussi à cette époque que des chevriers font pâturer leurs troupeaux sur les îles, dont les herbages étaient affermés aux enchères par la ville de Marseille.

En 1793, l’archipel devient propriété de l’État. A partir de 1853, le sable est exploité sur Riou. Un toboggan en pierres sèches permettait de déverser le sable directement dans les tartanes (bateau à voile caractéristique de la Méditerranée) qui l’acheminaient vers la ville où il était utilisé pour le pavage des rues de Marseille.

En 1885, l’Archipel de Riou est cédé par l’État à la Marine Nationale avant de devenir finalement propriété du Conservatoire du littoral en 1992, avec le soutien de la ville de Marseille.

Le patrimoine archéologique et historique sous-marin de l’archipel est constitué de nombreuses épaves de navires et d’avions. Parmi les plus célèbres, nous citerons l’épave du navire grec du Grand Congloué, qui fût dans les années 1950 un des premiers sites mondiaux d’archéologie sous-marine fouillé par l’équipe du commandant Cousteau et l’avion d’Antoine de St-Exupéry abattu en juillet 1944 au-dessus de l’archipel de Riou.

Principales ressources bibliographiques


  1. Site du parc national des calanques – http://www.calanques-parcnational.fr/ 

  2. Blog sur le Riou et les calanques à partir de 1295 – http://calanco.fr/riou/vigies.htm 
  3. Site du conservatoire du littoral – http://www.conservatoire-du-littoral.fr/ 
  4. Blog sur les îles de Marseille, et du Riou en particulier – https://www.ilesdemarseille.fr/html/riou.html  
  5. GOUJARD G., Henri MICHAUD, Stéphane BELTRA, Julie DELAUGE, Mathias PIRES, Hubert GUIMIER, .- 930012458, ARCHIPEL DE RIOU. – INPN, SPN-MNHN Paris, 12P. https://inpn.mnhn.fr/zone/znieff/930012458.pdf
  6. Gestion de la faune et de la flore des Îles marseillaises par Patrick VIDAL 1, Patrick BAYLE2, Eric VIDAL3, Frédéric MÉDAIL3 et Richard lOTIER 1 http://documents.irevues.inist.fr/bitstream/handle/2042/40756/44.pdf?sequence=1 
  7. Parcs et réserves en milieu marin. Site étudié : Les calanques – Patrice LARDEAU, Septembre 1977https://archimer.ifremer.fr/doc/00132/24297/22295.pdf 
  8. Plan de gestion de la zone marine des calanques et de l’archipel de Riou – Stéphane Sartoretto, Sophie Canovas et Eric Dutrieuxhttps://docplayer.fr/86580178-Diren-paca-plan-de-gestion-de-la-zone-marine-des-calanques-et-de-l-archipel-de-riou-deuxieme-partie-proposition-des-mesures-de-gestion.html 
  9. Charles BOUDOURESQUE – 2013 – Aix-Marseille Université – EXCURSION AU CAP-CROISETTE (MARSEILLE) : LE MILIEU MARIN 13ième édition – https://docplayer.fr/69539158-Excursion-au-cap-croisette-marseille-le-milieu-marin-13-ieme-edition.html 

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ISSN 2970-2321

Cette fiche a été rédigée dans le cadre du projet d’Atlas encyclopédique des Petites Iles de Méditerranée, porté par le Conservatoire du Littoral, l’Initiative PIM, et leurs nombreux partenaires.
This sheet has been written as part of the encyclopedic Atlas of the Small Mediterranean Islands project, carried out by the Conservatoire du Littoral, the PIM Initiative and their numerous partners.
(https://pimatlas.org)

ILES

Cluster : Golfe de Marseille et Calanques

Sous-bassin : FRANCE-SUD

île d'If

Contributeur : Conservatoire du littoral (avec l’appui de l’entreprise O2 Terre)

Date de création : 18/06/2021

 

Pour citer cette version : Conservatoire du littoral. (2021). Fiche île : Ile d’If– Sous-bassin : France Sud. Atlas of Small Mediterranean Islands. https://pimatlas.org/explorer-atlas/iles/ile-d-if/

Commune Marseille
Archipel îles du Frioul
Surface (ha) 3,2536135
Linéaire côtier (mètre) 913,449
Distance à la côte (Mile nautique) 0,7559395
Altitude max (mètre) 24
Coordonnée géographiques Latitude 43,27984
Longitude 5,325849
Propriété foncière Etat ministère de la culture
Gestionnaire(s) Centre national des monuments historiques
Statut de protection national Parc National des Calanques
international Site NATURA 2000 : 

Directive Oiseaux – FR9312007 – Iles Marseillaises – Cassidaigne

Directive Habitats, Faune,Flore – FR9301602 – Calanques et îles Marseillaises – Cap Canaille et Massif du Grand Caunet 

 

Description générale


L’île d’If, d’une superficie de 3,25 ha, est l’une des 4 îles qui forment l’archipel du Frioul. D’une surface de plus de 3 ha, elle est située à environ 2,7 km au large du quartier d’Endoume, à Marseille dans le département des Bouches-du-Rhône. Elle est intégrée au périmètre du Parc National des Calanques. 

Petit promontoire escarpé, au niveau de cet îlot, la construction du Château d’If en 1780 sous François Ier a eu pour objectif de protéger les côtes d’une invasion, de couvrir les sorties et le mouillage de la toute nouvelle flotte de galères royales, et de surveiller Marseille. Cette forteresse a ensuite servi comme lieu carcéral à partir des années 1524 à 1531. Les opposants au pouvoir y sont emprisonnés jusqu’en 1871. Cette forteresse aurait abrité Edmond Dantès, le héros imaginaire du roman Le Comte de Monte Cristo d’Alexandre Dumas. 

Le Château d’If et le mur d’escarpe entourant l’îlot sont protégés au titre des Monuments Historiques depuis 1926. Des navettes maritimes partant du Vieux-Port permettent aux visiteurs d’accéder à cet intérêt touristique marseillais.

Connaissances


Sur le plan géologique, l’archipel est semblable aux calanques de Marseille avec de petites falaises de calcaire blanc stratifié tombant dans la mer.

La faible pluviométrie et le vent qui souffle régulièrement et violemment sur l’île ne permettent qu’à une végétation assez pauvre, constituée de pins d’Alep, de figuiers, de lentisques et de plantes halophiles de s’y développer.

Les espèces faunistiques sont également inféodées à ses conditions insulaires méditerranéennes.

Pour l’élaboration des documents d’objectifs (DOCOB) du  site Natura 2000 – Directive Habitats ‐ FR9301602 – Calanques et Îles Marseillaises – Cap Canaille et Massif du Grand Caunet ainsi que du site  Directive Oiseaux – FR9312018 – Iles Marseillaises – Cassidaigne, des inventaires naturalistes ont été réalisés. En 1994, 72 espèces botaniques y ont été inventoriées par Médail (inédit).

D’un point de vue historique, le Château d’If est la plus ancienne fortification royale de l’archipel du Frioul.

Intérêts


L’Anthémis à rameaux tournés du même côté Anthemis secundiramea
(© florealpes)

Les conditions de vie rigoureuses, combinées à une petite superficie font que la biodiversité est très réduite sur l’île d’If. Néanmoins on y rencontre un habitat d’intérêt communautaire à « Falaises avec végétation des côtes méditerranéennes avec Limonium spp. Endémiques », avec trois espèces botaniques patrimoniales dont une espèce à protection nationale : le Statice nain Limonium pseudominutum et deux espèces à protection régionale : l’Anthémis à rameaux tournés du même côté Anthemis secundiramea, le Séneçon à feuilles grasses Senecio leucanthemifolius subsp. Crassifolius.

Pour la faune, les murailles et remparts sont propices au Phyllodactyle d’Europe Euleptes europaea, petit reptile rare et quasi insulaire à l’échelle méditerranéenne, d’intérêt communautaire. D’après les prospections réalisées en 2003 sur les archipels de Riou et du Frioul par J-Y. Dardun, l’île d’If abrite la plus forte population de ce gecko des îles de Marseille. On trouve aussi une population de Martinets pâles Apus pallidus nichant sur l’île et le Lézard sicilien ou Lézard des ruines Podarcis siculus.

Le château d’If est aujourd’hui l’un des attractions touristiques de Marseille, avec son chemin de ronde qui offre une vue imprenable sur la cité phocéenne et sa baie. Entre 80 000 et 100 000 visiteurs sont enregistrés chaque année.

Pressions


   

Phyllodactyle d’Europe Euleptes europea
(© Parcs nationaux)

Même si l’île n’est pas habitée, sa proximité avec l’agglomération marseillaise créé une pression importante, liée à la fréquentation du public pour le milieu terrestre et marin.

L’exposition du château d’If et de ses remparts aux vents et aux embruns est une source de forte dégradation de ses matériaux. La pollution lumineuse, causée par l’éclairage nocturne, «stérilise» le tiers de sa surface pour la population de Phyllodactyle d’Europe. Cette espèce de gecko est lucifuge et se cantonne alors sur des espaces non éclairés.

Gestion & Conservation


 

 

 

 

 

 

 

 

©Photographie et dessin issu du rapport “Petites îles de Provence – Expériences de gestion et de conservation” du Conservatoire du Littoral

 

 

En 2019, le Centre des Monuments Nationaux a engagé un chantier de restauration du mur d’escarpe du Château d’If, dont la face intérieure abrite une population de Phyllodactyle d’Europe. Des mesures de restauration écologique ont été réalisées pour intégrer la présence de cette espèce protégée.

ENCADRE : Mesures de compensation écologique pour le Phyllodactyle d’Europe dans le cadre de la restauration du mur d’escarpe du Château d’If


La dégradation des remparts crée des fissures par dégradation des joints qui sont favorables à l’installation de Phyllodactyle d’Europe. Comment assurer la conservation d’un patrimoine historique par sa restauration sans porter atteinte à la préservation d’un patrimoine naturel ?

La société chargée de la restauration a pu démontrer, dans le cadre d’autres travaux insulaires (Cheylan et al., 2018), que le Phyllodactyle d’Europe s’adapte assez facilement à de nouveaux gîtes, constitués de tuiles romaines, dès lors que l’interstice créé respecte un écartement bien précis. Ces gîtes artificiels étaient jusqu’alors utilisés pour faciliter les suivis de populations. Le principe a été adapté, et les mêmes gîtes sont à présent intégrés directement dans le parapet du rempart en phase travaux. La mise en œuvre nécessite une bonne coordination entre l’entreprise chargée des travaux et l’herpétologue en charge du suivi écologique de chantier. Les travaux sont scindés en différentes phases. À chaque phase, correspondant à une portion de rempart, l’écologue procède à une ou plusieurs sessions de capture nocturne de tous les Phyllodactyles pendant toute la nuit, à raison d’une session par heure. Ces individus sont ensuite mesurés, sexés et pesés, puis conservés dans un gîte artificiel cloisonné et situé sur l’île, à distance des travaux. Passé cette opération, les parapets sont éclairés afin d’éviter toute recolonisation des Phyllodactyles pendant les travaux. C’est à partir de ce moment-là que commence le compte à rebours… L’entreprise dispose alors de 3 semaines pour restaurer le parapet et y intégrer les gîtes, par affouillement et retrait de blocs correspondant aux dimensions du gîte. Passé ces opérations, les Phyllodactyles sont relâchés dans ces gîtes et trouvent ici leur habitat de substitution.

Principales ressources bibliographiques


  1. Site internet du château d’IF – http://www.chateau-if.fr/#

  2. Site internet de l’UPGE – Article de Vincent RIVIERE – http://www.genie-ecologique.fr/preserver-le-patrimoine-naturel-et-bati-en-coeur-de-parc-national-le-chateau-dif/
  3. AGIR écologique, 2016. Restauration du mur d’escarpe du Château d’If (Marseille, 13). Dossier scientifique accompagnant la demande de dérogation pour la capture, l’enlèvement, la destruction, la perturbation intentionnelle de spécimens de Phyllodactyle d’Europe, Euleptes europaea (Gené, 1839 ) Rapport d’étude ; Centre des Monuments Nationaux 70 p. 
  4. Incidences des éclairages du château d’If sur la répartition et le rythme d’activité du Phyllodactyle d’Europe – CEEP 2004 Stagiaire Franck Lascombe – Encadrement Julie DELAUGE
  5. AGIR_1612_101_EAI_ChateauIf_B – Travaux d’entretien du Chateau d’If et ses remparts – Evaluation des incidences – 2017
  6. Jacques-Yves DARDUN – Suivi de la présence du Phyllodactyle d’Europe Euleptes europaea sur l’îlot du Torpilleur 
  7. Jacques-Yves DARDUN – 2006 – Mission d’étude herpétologique – prospection du phyllodactylle d’Europe sur le massif des ilots des calanques – 0603-09_CR-Phyllodactyle_DARDUN
  8. Présentation du parc maritime des îles du Frioul – 2004 – Patrick VIDAL, Julie DELAUGE, Lorraine ANSELME, Christophe GOBIN –http://www.ilesdemarseille.fr/doc_base/restreint/frioul_2004.pdf
  9. Damery C., Rivière V., Martinez-Humayou A., Tankovic E., Thevenet M., Bernard F. – 2021 – Petites îles de Provence – Expériences de gestion et de conservation – Conservatoire du littoral . 164.p
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ISSN 2970-2321

Cette fiche a été rédigée dans le cadre du projet d’Atlas encyclopédique des Petites Iles de Méditerranée, porté par le Conservatoire du Littoral, l’Initiative PIM, et leurs nombreux partenaires.
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(https://pimatlas.org)

ILES

Cluster : Golfe de Marseille et Calanques

Sous-bassin : FRANCE-SUD

île Plane

Contributeur : Conservatoire du littoral (avec l’appui de l’entreprise O2 Terre)

Date de création : 18/06/2021

 

Pour citer cette version : Conservatoire du littoral. (2021). Fiche île : Ile Plane – Sous-bassin : France Sud. Atlas of Small Mediterranean Islands. https://pimatlas.org/explorer-atlas/iles/ile-plane/

Commune Marseille
Archipel Archipel de Riou
Surface (ha) 14,814358
Linéaire côtier (mètre) 2955,734
Distance à la côte (Mile nautique) 1,13067
Altitude max (mètre) 22
Coordonnée géographiques Latitude 43,18781
Longitude 5,385794
Propriété foncière Conservatoire du Littoral et des rivages lacustres
Gestionnaire(s) /
Statut de protection national Parc National des Calanques
international Site NATURA 2000 : 

  • Directive Oiseaux – FR9312007 – Iles Marseillaises – Cassidaigne
  • Directive Habitats, Faune, Flore – FR9301602 – Calanques et îles Marseillaises – Cap Canaille et Massif du Grand Caunet

Description générale


Au large du Massif des Calanques, l’île Calseraigne, appelée Plane, par rapport aux autres îles de l’archipel de Riou, dont elle fait partie, a la particularité d’avoir un relief relativement doux, elle ne culmine qu’à 22m. Elle est au centre du Parc national des Calanques, en avant de l’île de Riou, et fait face à la calanque de Marseilleveyre. Administrativement, elle est rattachée au 7ème arrondissement de la ville de Marseille.

Son trait de côte est régulier à l’exception d’une trouée dans la côte nord formant la calanque des Pouars. 

L’orientation de cette calanque en fait un abri sûr pour les bateaux lorsque le mistral souffle. Cette particularité serait à l’origine de l’autre nom de l’île : Calseraigne proviendrait de « calanque sereine ». La calanque des Pouars est un site de plongée sous-marine accessible aux débutants puisque de faible profondeur et à l’abri du vent.

L’accès à l’île est strictement limité à la frange littorale de la calanque des Pouars.

Connaissances


La Saladelle naine de Provence Limonium pseudominutum
(© Parc National des Calanques)

La première cartographie exhaustive des habitats de l’Archipel de Riou a été réalisée par A. KNOERR en 1960 et a été publiée dans les numéros 20 et 21 du Bulletin du Muséum d’Histoire Naturelle de Marseille. Une première digitalisation et intégration sous Système d’Information Géographique de cette cartographie de référence avait été réalisée en 2000 par l’équipe du Conservatoire des Espaces Naturels de PACA. 

En 2004, le site de l’Archipel de Riou, ayant été classé Zone Natura 2000, a fait l’objet d’une nouvelle cartographie des habitats naturels. Ainsi, dans le but de pouvoir établir des comparaisons des communautés végétales et d’étudier leur évolution, une harmonisation des données anciennes avec le cahier des charges de la nomenclature Natura 2000 a été réalisée. 

Dans le cadre de l’élaboration du premier plan de gestion de la Réserve Naturelle de l’Archipel de Riou des inventaires floristiques complémentaires ont été nécessaires. Ils ont été réalisés en 2005 et ont porté essentiellement sur quatre espèces protégées, à aire de répartition large : la Saladelle naine de Provence Limonium pseudominutum, la Grande Saladelle de Provence Limonium virgatum, l’Orpin du littoral Sedum litoreum et la Silène faux Orpin Silene sedoide.

Du temps des grandes épidémies de peste et choléra, les cargaisons de navires suspectées d’être contaminées étaient déchargées et exposées aux 4 vents dominants pour les purifier.

Dans les années 1960, des pêcheurs locaux assuraient régulièrement le transport de passagers sur les îles de l’archipel et deux petits pontons de débarquement en béton avaient été aménagés sur Riou, un sur Plane et un sur Jarre. Cette pratique ne s’est pas poursuivie par la suite et les deux seuls pontons qui restent aujourd’hui en état sont celui de Plane et celui de la calanque de Fontagne sur Riou. 

Parmi les aménagements réalisés dans la deuxième partie du XXème siècle, on trouve également à la pointe est de Plane, une grande dalle de béton qui a été réalisée dans les années 1980 par une entreprise d’activités sous-marines pour amarrer et tester sur Marseille du matériel de forage et de recherche en haute mer.

Intérêts


PRESENCE DE BATI PATRIMONIAL - non

Le Denté commun Dentex Dentex, le poisson roi de la méditérannée
(© Phillipe PERRIER – Doris)

Comme pour les autres îles des archipels marseillais, les espèces animales et végétales que l’on rencontre sur Plane sont peu nombreuses, mais elles sont remarquables par rapport à leur adaptation à la rigueur du milieu, car le microclimat qui y règne (sécheresse, vents et embruns) a permis le développement d’une flore adaptée à ces conditions extrêmes.

Quelques espèces botaniques patrimoniales présentes sur l’île Plane : l’Anthémis à rameaux tournés du même côté Anthemis secundiramea, cette astéracée annuelle, sténo-méditerranéenne, est rarissime, connue en France que du littoral calcaire des Bouches-du-Rhône mais bien représentée sur l’île Plane ; l’Orpin du littoral Sedum litoreum, la Passerine hirsute Thymelaea hirsuta , le Séneçon à feuilles de Marguerite senecio leucanthemifolius subsp. Crassifolius et la Silene faux orpin Silene sedoides.

L’île Plane est comprise dans le périmètre de la ZNIEFF marine de type 1- 93M000033- Iles de Jarre, Jarron, Plane. Elle présente des frayères particulièrement prisées au niveau des herbiers de posidonies Posidonia oceanica

Les paysages sous-marins exceptionnels sont variés avec des peuplements coralligènes abritant du corail rouge Corallium rubrum, et de nombreuses grottes sous-marines très vastes. Des espèces de grand intérêt patrimonial, espèces rares ou endémiques telles que le Corb Sciaena umbra et le Mérou brun Epinephelus marginatus sont également présentes.

La calanque de Pouars offre un abri idéal pour la plongée ou le snorkeling en cas de mistral. On peut notamment y apercevoir de beaux Dentis Dentex Dentex.

Pressions


    

L’île Plane a connu dans le passé de fortes perturbations environnementales dues à l’introduction d’espèces animales qui ont proliféré au détriment de la faune et de la flore locales.

Durant les années de gestion de la réserve naturelle, créée en 2003, différentes études avaient mis en évidence la très forte augmentation de la population de Rats noir Rattus rattus de l’île Plane au cours des dernières décennies, et jusqu’en 2002, on y trouvait aussi une abondante population de lapins Oryctolagus cuniculus qui a disparu en 2003 suite à la forte sécheresse de cette année. La surabondance du Goéland leucophée Larus michahellis, qui a y su profiter de l’absence de l’homme, a aussi amplement participé à ces perturbations.

ENCADRE : La prolifération du Goéland leucophée Larus michahellis sur l’île Plane


En face des calanques de Marseille, l’archipel de Riou semble à l’abri de toute agression. Dernières îles sauvages de Méditerranée, ces massifs de calcaire dentelés ont été désertés par l’homme depuis que son ancien propriétaire, la marine nationale, y a interdit tout débarquement. C’est donc en toute tranquillité que les goélands y prolifèrent, provoquant des désordres écologiques inquiétants.

Au début du siècle, ces oiseaux, que les Marseillais ont baptisé « gabians », n’étaient guère plus de 200 à y nicher. Un recensement effectué en 1994 et 1995 permet de savoir que, maintenant, 17 000 couples de goélands le tiers de la population française vivent sur ces îles, notamment sur l’île Plane ou « Calsereigne » où on y trouve une des plus fortes densités. « Calsereigne », comme « calanques sereines » en provençal. La sérénité est devenue très relative : le cri des oiseaux, à l’automne, est si assourdissant qu’il dissuade d’approcher des côtes.

Ce développement effréné de l’espèce s’explique par la proximité de décharges à ciel ouvert où les goélands trouvent une source d’alimentation inépuisable. Monumental garde-manger pour les oiseaux, la décharge d’Entressen, à quelques kilomètres de Marseille, est la plus vaste d’Europe. La cité phocéenne y déverse chaque année ses 400 000 tonnes d’ordures ménagères.

Conséquence de cette invasion de volatiles, les déjections le guano, un condensé de phosphates et de nitrates recouvrent le sol et font disparaître la végétation. Les taux de nitrate et de phosphate du sol sont dix fois supérieurs à ceux observés dans les calanques voisines. Les plantes halophiles, adaptées au sel, au vent et à l’aridité du lieu, cèdent progressivement la place à des espèces nitrophiles, du type de celles qui foisonnent dans les terrains vagues. La lavataire a pris le pas sur le lis des sables, la coronille de Valence ou la saladelle, autant d’espèces protégées au plan national ou régional. L’astragale de Marseille a presque totalement disparu et ne subsiste que sur l’île Maïre, qui boucle au sud la rade de Marseille.

Gestion & Conservation


Propriété du Conservatoire du littoral depuis 1992, l’archipel de Riou, dont l’île Plane, a été classé en Réserve Naturelle Nationale (RNN) en 2003. Sa gestion est alors confiée au Conservatoire des Espaces Naturels de Provence Alpes Côte d’Azur qui deviendra le CEN PACA. En 2013, le décret de création de la RNN de l’archipel de Riou est abrogé conformément au décret du 18 avril 2012 de création du Parc national des Calanques dont le cœur comprend désormais l’archipel de Riou. L’ensemble du dispositif de gestion est repris par l’Etablissement Public Parc national des Calanques et la mise en œuvre du plan de gestion 2011-2015 de l’archipel de Riou demeure un objectif opérationnel du Parc national (charte du Parc National des Calanques – Volume I). Le plan de gestion de l’archipel de Riou est arrivé à son terme en 2015, mais les actions ont été poursuivies afin de ne pas rompre la continuité des données. En 2019, l’évaluation de ce plan de gestion a été réalisée par le bureau d’étude Evinerude et constitue une étape indispensable et préalable à l’élaboration du nouveau plan de gestion de l’archipel de Riou qui sera lancée en 2020.

L’île plane est concernée par les périmètres des sites NATURA 2000 FR9301602 – Calanques et îles marseillaises – Cap Canaille et massif du Grand Caunet (Directive Habitats-Faune-Flore) et FR9312007 – Iles Marseillaises – Cassidaigne (Directive Oiseaux).

ENCADRE : L’égout de Cortiou


D’après les éléments bibliographiques, les eaux entourant l’île Plane seraient exposées aux rejets de l’égout de Cortiou. Située à quelques encablures à l’Ouest de la calanque de Sormiou, la calanque de Cortiou reçoit depuis le XIXe siècle les eaux usées de Marseille et depuis les années 1970 les eaux détournées du fleuve Huveaune. Le site est aujourd’hui classé en cœur de Parc national des Calanques.

Ces eaux qui se rejettent à Cortiou drainent les eaux usées des particuliers (mais également celles des hôpitaux, laboratoires, entreprises, etc.), ainsi que les eaux de pluie qui ruissellent sur les sols et se chargent de polluants. Longtemps demeuré sans traitement, l’effluent a eu un effet considérable sur les milieux naturels. La qualité du rejet s’est aujourd’hui améliorée mais constitue toujours une pression sur l’environnement marin.

Pour comprendre l’histoire de Cortiou il faut remonter à la fin du XIXe siècle quand Marseille se dote de son système de tout-à-l’égout. A cette époque, les ingénieurs recherchent un site pour rejeter les eaux usées loin de la ville. Les yeux se tournent alors vers les calanques et plus particulièrement Cortiou. La société de l’époque accueille l’émissaire de Cortiou avec un grand enthousiasme, en ce qu’il permet d’assainir la ville et d’endiguer les épidémies de choléra.

A partir des années 1970, la Ville de Marseille décide de détourner le lit naturel de l’Huveaune, petit fleuve côtier dont le lit naturel débouche dans la baie du Prado. L’Huveaune, alors très pollué, constitue une menace pour la qualité des eaux de baignade des plages du Prado. Choix est donc fait de détourner le fleuve vers la calanque de Cortiou.

Les rejets de la ville de Marseille ont été effectués sans aucun traitement jusqu’en 1987. La situation change avec la mise en service de la station d’épuration de Marseille, dont le fonctionnement a été modernisé en 2008 par la mise en place d’un étiage biologique.

La qualité des eaux de l’Huveaune s’est elle aussi améliorée. D’abord sous l’effet de la désindustrialisation de sa vallée, puis grâce aux actions entreprises par les communes riveraines pour traiter leurs eaux usées et mieux gérer le ruissellement des eaux de pluie. En 2000, une structure spécifique a été mise en place : le Syndicat Intercommunal du Bassin Versant de l’Huveaune (SIBVH) qui permet aux acteurs locaux de gérer le fleuve de manière concertée.

Le réseau d’assainissement du centre de Marseille est dit «unitaire» : eaux de pluie et eaux usées sont acheminées dans les mêmes tuyaux. Cette configuration devient problématique lors des forts épisodes pluvieux puisque l’apport d’un grand volume d’eau menace d’inonder la station d’épuration et entraîne sa fermeture. Le rejet des eaux usées et des eaux de pluie se fait alors directement en mer, à Cortiou et tout au long de la rade de Marseille. Cette situation entraîne la non-conformité des installations d’assainissement de Marseille au regard des exigences nationales et européennes.

Pour répondre à cette problématique, la Métropole Aix-Marseille Provence a lancé la construction de cinq bassins de rétention. Ces derniers permettront de stocker près de 90000 m3 d’eau de pluie et de faire fonctionner la station comme par temps sec. Une fois l’épisode pluvieux terminé, les eaux stockées seront progressivement renvoyées vers la station et traitées avant rejet en mer. La construction du plus grand bassin, dit bassin Ganay, a duré 5 ans et s’est achevée au printemps 2017.

Principales ressources bibliographiques


  1. L’égout de Cortiou – Site  internet du Parc National des Calanques  http://www.calanques-parcnational.fr/fr/la-calanque-de-cortiou 

  2. Rapport d’activités 2005 de la réserve naturelle de l’archipel de Riou http://www.ilesdemarseille.fr/doc_base/restreint/riou_2005.pdf 
  3. L’archipel de Riou victime des goélands-éboueurs de Marseille – Luc Leroux – Article sur Le Monde – https://www.lemonde.fr/archives/article/1997/08/21/l-archipel-de-riou-victime-des-goelands-eboueurs-de-marseille_3786383_1819218.html 
  4. Patrick VIDAL, Patrick BAYLE, Eric VIDAL, Frédéric MÉDAIL et Richard lOTIER – Gestion de la faune et de la flore des Îles marseillaises –  https://core.ac.uk/download/pdf/15518273.pdf
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