ISSN 2970-2321

Cette fiche a été rédigée dans le cadre du projet d’Atlas encyclopédique des Petites Iles de Méditerranée, porté par le Conservatoire du Littoral, l’Initiative PIM, et leurs nombreux partenaires.
This sheet has been written as part of the encyclopedic Atlas of the Small Mediterranean Islands project, carried out by the Conservatoire du Littoral, the PIM Initiative and their numerous partners.
(https://pimatlas.org)

ILES

Cluster : Iles d’Hyères

Sous-bassin : FRANCE-SUD

île du Grand Ribaud

Contributeur : Conservatoire du littoral (avec l’appui de l’entreprise O2 Terre)

Date de création : 18/06/2021

 

Pour citer cette version : Conservatoire du littoral. (2021). Fiche île : Ile du Grand Ribaud – Sous-bassin : France Sud. Atlas of Small Mediterranean Islands. https://pimatlas.org/explorer-atlas/iles/grand-ribaud/

Commune Hyères
Archipel /
Surface (ha) 16
Linéaire côtier (mètre) 4095,209
Distance à la côte (Mile nautique) 0.263
Altitude max (mètre) 52
Coordonnée géographiques Latitude 43,01883
Longitude 6,143434
Propriété foncière ETAT MINISTERE DE L’EQUIPEMENT DES TRANSPORTS ET DU LOGEMENT
Gestionnaire(s) /
Statut de protection national /
international Site NATURA 2000 :

  • Directive Oiseaux – FR9310020 – Iles d’Hyères
  • Directive Habitats, Faune, Flore – FR9301613 – Rade d’Hyères

Description générale


Située à courte distance de la côte (700 m), à l’extrémité de la presqu’île de Giens et de la Tour des Fondus, dans le département du Var, l’île du Grand-Ribaud est une des entités de l’archipel des îles d’Hyères. De plus faible superficie (16 ha) que les autres îles, elle n’en constitue pas moins une petite unité intéressante. 

Sa côte ouest est rocailleuse, très entaillée et pauvre en végétation. Le point culminant de l’île est située sur cette côte et offre une falaise de plus de 50 m de hauteur. 

La végétation est plus dense en son centre, avec des chênes verts, des arbousiers, des myrtes et des lentisques. Quelques pins et des oliviers ont été plantés avant la Seconde Guerre mondiale. 

Côté marin, des viviers existent encore autour de l’île où le professeur élevait des méduses et divers poissons venimeux utiles à ses recherches.

Cette île fut acquise en 1887 par le Professeur Charles Richet, prix Nobel de physiologie en 1913. Elle appartient désormais à ses héritiers qui ont fondé une société civile. À leur demande, l’île fut classée non constructible pour éviter les spéculations. Elle est administrativement rattachée à la commune de Hyères. Inhabitée aujourd’hui, seules deux maisons existent sur le côté est : une avec ses deux étages et une tourelle, l’autre en longueur et sans étage.

La pointe sud appartient à l’État, avec son phare, automatisé et télécontrôlé par la station de Porquerolles. Il fut construit en 1953, à côté de l’ancien phare de 1847, détruit pendant la seconde guerre mondiale. On y trouve aussi un embarcadère et un vieux fort napoléonien.

Connaissances


Une première cartographie de la flore de l’île du Grand Ribaud a été réalisée par Molinier (1954).

Plus récemment l’étude de la biodiversité végétale des petites îles de Méditerranée a connu un regain d’intérêt en raison de leur originalité biogéographique, de leurs particularités écologiques et fonctionnelles mais aussi de leur rôle de plus en plus important en tant que dernier refuge des flores et végétations littorales, comparées aux côtes très urbanisées du continent (Médail, 2008). A la suite de ce constat, de nombreuses prospections botaniques ont été effectuées en vue de la création d’une base de données, et d’une publication sur la flore et la végétation des îlots satellites de Port-Cros (Médail, 1998), et sur les facteurs déterminant la diversité floristique d’une cinquantaine d’îlots (Médail et Vidal, 1998). 

Ses prospections sur les îlots de Porquerolles et de Giens en 1995-1996 semblent bien être les premières sur ces territoires, au moins les premières connues et formalisées. Elles ont été suivies de quelques missions par des agents du Parc national de Port-Cros sur les îlots de Porquerolles (Aboucaya et al. en 1997, Crouzet en 2005) et de Giens (Aboucaya et al. en 2000, Noble et al. en 2006). 

En juin 2009, une mission du Conservatoire du littoral a permis, dans le cadre de l’initiative pour les Petites îles de Méditerranée (initiative PIM), de réactualiser les inventaires floristiques des îlots satellites de Porquerolles et de la presqu’île de Giens. 

En 2016, d’autres compléments d’inventaires ont été effectués (Aboucaya, Krebs, Noble, Michaud, Pavon

Intérêts


   

La Langouste commune Palinurus elephas est recensée sur les fonds marins autour de l’île
(© Benjamin GUICHARD – Agence des aires marines protégées)

Comme pour les autres îles d’Hyères, l’île du Grand Ribaud abrite des espèces végétales rares et/ou protégées. Parmi celles-ci, on peut noter la présence de : l’Ail à fleurs aiguës Allium acutiflorum, l’Anthyllide barbe de Jupiter Anthyllis barba-jovis, la Crépide faux dent-de-lion Crepis leontodontoides, le Lotier très étroit Lotus angustissimus, l’Orobanche fuligineuse Orobanche fuliginosa, le Polypogon maritime Polypogon maritimus ou encore le Statice nain Limonium pseudominutum

Il faut signaler que deux espèces n’ont pas été revues lors des prospections de 2009 : le Gaillet nain Gallium minutulum (Médail, inéd., juin 1995) et le Genêt à feuilles de lin Genista linifolia (Médail, inéd., juin 1996 et Aboucaya, 2000, inéd.). 

Les paysages sous-marins, essentiellement constitués d’herbier à Posidonie Posidonia oceanica, sont situés dans une zone de blocs rocheux et de dorsales sous-marines. Des concrétions coralligènes y sont aussi présentes. Ces différents habitats abritent des espèces remarquables : l’Algue écouvillon Osmundaria volubili, les algues Grateloupia dichotoma et Neurocaulon foliosum, la Gorgone jaune Eunicella cavolini, la Grande nacre Pinna nobilis, la Langouste commune Palinurus elephas.

L’île du Grand Ribaud est incluse dans le site NATURA 2000 FR9301613 – Rade d’Hyères et fait partie de l’Aire maritime adjacente du Parc national de Port-Cros depuis 2012.

Différentes épaves, retrouvées autour de l’île du Grand Ribaud, témoignent de la position stratégique qu’occupaient les îles d’Hyères pour la navigation sur la route reliant l’Italie à l’Espagne.

Déclarée en mars 1999, l’épave Grand Ribaud F à chargement d’amphores étrusques du Vème siècle av. J-C. est découverte, à 60 mètres de profondeur, lors de prospections pour localiser les vestiges du P-38 Lightning de Saint-Exupéry disparu en 1944. La cargaison de l’épave est constituée d’un millier d’amphores étrusques et grecques, de plats métalliques, d’une vingtaine de vases contenant sans doute des éléments du fret et enfin de céramiques grecques, vases et coupes décorés de figures noires ou de bandes vernissées.

L’épave romaine Grand Ribaud D est située au pied de la pointe ouest du Grand Ribaud par 18 mètres de fond. Découverte en 1978, elle a permis, malgré son mauvais état de conservation, d’étudier un navire spécialisé dans le transport du vin. Ce navire arrivait d’Italie avec une cargaison principale d’environ 20 000 litres de vin, contenu dans onze énormes jarres, ou dolia, qui étaient à poste fixe dans la cale, à la manière des cuves de nos bateaux-citernes. Les amphores de la cargaison complémentaire indiquent le point de départ du dernier voyage : la baie de Naples. Le naufrage est daté par les amphores et la céramique arétine de la dernière décennie avant notre ère. La vie à bord de l’équipage est évoquée à partir de la vaisselle et de l’équipement de la cabine. 

L’île du Grand Ribaud est accessible depuis l’embarcadère de la Tour des Fondus. Les kayaks et les paddle en font une destination récréative et sportive.

Pressions


 

Il faut noter la présence de plusieurs espèces invasives sur l’île du Grand Ribaud.

Pour les végétaux, les griffes-de-sorcière Carpobrotus spp., originaires d’Afrique du Sud et déjà naturalisées sur les îles d’Hyères à la fin du XIXe siècle (Jahandiez, 1929), elles comptent parmi les invasives les plus dynamiques, notamment sur les petites îles du Grand Ribaud, Bagaud et Gabinière (Suehs et al., 2001). Leurs impacts ont été bien étudiés localement, tant sur le plan des conséquences écologiques et évolutives (Suehs et al., 2004, 2005 ; Médail et al., 2004) que celui des changements d’interactions biotiques survenus chez les pollinisateurs (Suehs et al., 2006), chez les autres communautés d’insectes (Orgeas et al., 2007a, b) et même chez les populations introduites de rats, lapins et même chats haret qui tirent profit de cet apport important de ressources estivales, de façon directe ou indirecte grâce à des interactions mutualistes de type invasional meltdown (Bourgeois et al., 2005).

Pour les espèces animales, le Rat noir Rattus rattus est bien présent sur l’île du Grand Ribaud.

Même si cette île est nettement moins fréquentée que l’île de Porquerolles, la proximité immédiate du littoral attire de nombreux plaisanciers. Les impacts des mouillages et les débarquements sur l’île génèrent des impacts sur les cycles de développement des espèces végétales et animales patrimoniales. 

Gestion & Conservation


Le rat noir Rattus rattus, présent sur l’île du Grand Ribaud, est considéré comme responsable de nombreuses menaces, impactant négativement les oiseaux marins (Martin et al. 2000, Pascal et al. 2008, Jones 2008), mais également les mammifères, les reptiles (Harris, 2009), les invertébrés (Towns et al., 2009), les espèces végétales (Palmer & Pons, 2001), et les fonctions des écosystèmes (Towns et al., 2006 ; Pascal et al., 2006). 

Bien que l’île n’héberge pas des espèces rares de puffins (cendré et yelkouan), sa situation proche des côtes continentales, au large de la presqu’île de Giens, entre le continent et les îles d’Hyères abritant des colonies de ces prestigieuses espèces, fait qu’elle constitue ainsi une porte d’entrée potentielle de réinfestation de ces îles par les rats. L’Initiative PIM, dans son programme de 2019 «stratégies de lutte contre le Rat noir menaçant les oiseaux marins des espaces insulaires de la région PACA» prévoit qu’une dératisation de cette île pourrait être mise en place dans le cadre de cette stratégie.

Principales ressources bibliographiques


  1. ZNIEFF marine de type 2- Iles du Grand et du Petit Ribaud https://inpn.mnhn.fr/zone/znieffMer/93M000072.pdf

  2. Hesnard Antoinette, Carre Marie-Brigitte, Rival Michel, Dangréaux Bernard, Thinon Michel, Blaustein M., Dumontier , Chéné A., Foliot Philippe, Bernard-Maugiron Henri. L’épave romaine Grand Ribaud D (Hyères, Var). In: Archaeonautica, 8, 1988. L’épave Grand Ribaud D pp. 5-180. 

    https://doi.org/10.3406/nauti.1988.1135 

  3. La découverte de l’épave du Grand Ribaud F – site internet archéologie culture https://archeologie.culture.fr/archeo-sous-marine/fr/grand-ribaud-f-hyeres-var

  4. Flore vasculaire des îlots satellites de l’île de Porquerolles et de la presqu’île de Giens (Var, France)

    https://www.researchgate.net/publication/272021981_Flore_vasculaire_des_ilots_satellites_de_l’ile_de_Porquerolles_et_de_la_presqu’ile_de_Giens_Var_France  

  5. Stratégies de lutte contre le rat noir sur les espaces insulaires de la région PACA-01/04/2019 

    https://oiseaux-marins.org/upload/iedit/1/pj/364_1814_201906_Strategie_lutte_Rat_AFB_PIM_Avril2019.pdf 

  6. Annie ABOUCAYA, Elise KREBS, Virgile NOBLE, Henri MICHAUD, Daniel PAVON – Aboucaya et al. 2016 -Compléments flore des ilots satellites du Parc national de Port-Cros et de l’île du Grand Rouveau SRPCNP – 2016 – 30: 261-268 – Parc national de Port-Cros 

    http://www.portcros-parcnational.fr/fr/rapports-scientifiques/complements-dinventaires-floristiques-des-iles-et-ilots-satellites-du-parc  

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