ISSN 2970-2321

Cette fiche a été rédigée dans le cadre du projet d’Atlas encyclopédique des Petites Iles de Méditerranée, porté par le Conservatoire du Littoral, l’Initiative PIM, et leurs nombreux partenaires.
This sheet has been written as part of the encyclopedic Atlas of the Small Mediterranean Islands project, carried out by the Conservatoire du Littoral, the PIM Initiative and their numerous partners.
(https://pimatlas.org)

CLUSTER

Archipel Kneiss

Rédigé par : Sami BEN HAJ (initiative PIM)

Date de création : 22 février 2021

Pour citer cette version : BEN HAJ, S.  (2021). Fiche cluster : Archipel Kneiss. Atlas of Small Mediterranean Islands. https://pimatlas.org/explorer-atlas/clusters/kneiss/

Composition du cluster : îles 5
Composition du cluster : archipels 1
Nombre d’îles avec au moins un statut de protection national 5
Nombre d’îles avec au moins un statut de protection international 5
Nombre d’îles avec au moins un gestionnaire 5

Description générale


©L.Charrier (11.04.2015)

C’est un archipel de petites îles, à quelques kilomètres au large des côtes tunisiennes, à environ 50 kilomètres au sud de Sfax. L’archipel est une réserve naturelle gérée par la Direction Générale des Forêts et appelée à être érigée en Aire Marine et Côtière Protégée. Cette aire protégée s’étend sur une superficie de 14 500 ha essentiellement constituée de vasières et d’eaux peu profondes. Aujourd’hui, ils sont devenus une réserve naturelle pour de vastes vasières (14,500 hectares) et des eaux peu profondes. L’archipel constitue un habitat important pour les oiseaux marins. Les îles Kneiss font partie de l’entité marine du golfe de Gabès et bénéficient d’une identité spéciale. En effet, la zone peut être considérée comme une frontière écologique entre la Côte-Nord de la baie, dominée par les canaux de marée.

Les îles Kneiss sont en fait formées par une petite île rocheuse à la pointe de la péninsule, trois îles rocheuses situées dans la branche de Wadi Edam et la grande île.

De point de vue géomorphologique, le cap de Kneiss et les îles de Djerba forment un seuil dans la direction nord-ouest-sud-ouest (-25 m de profondeur) séparant deux zones topographiques différentes.

Cette zone géographique appartient à la zone bioclimatique de type méditerranéen aride (APAL, 2008).

En ce qui concerne la pêche, plusieurs activités sont présentes dans la zone notamment la collecte des palourdes dans la zone intertidale. Cette activité constitue une source de revenus importante pour la population locale et elle est pratiquée principalement par une main d’œuvre féminine. Cependant le stock des palourdes a connu une chute drastique et la collecte a été interdite depuis 2020.

Connaissances


Les îles Kneiss ont fait l’objet de diverses fouilles archéologies (Poinssot, 1935 ; Sim et al., 2004 ; Trousset et al., 1992 ; Trousset 2007) et géomorphologique (Bali & Gueddari, 2011 ; Gueddari & Oueslati, 2002 ; Oueslati, 1995, 2002). En revanche, il existe peu d’informations sur le milieu naturel et la biodiversité terrestre. Ainsi que la flore vasculaire, la flore commune de Tunisie (Bonnet & Barratte, 1896 ; Cuénod, 1954 ; Pottier-Alapetite, 1979-1981) et les travaux détaillés d’écologie végétale du sud tunisien (Le Houérou, 1962) n’ont pas pu relever un inventaire détaillé et précis des îles Kneiss.

Dans l’antiquité classique, les îles Kneiss n’étaient mentionnées que dans la tournée grecque de Scylax, qui remontait au 3e ou 4e siècle av. J.-C. Les Portugais ont souligné les caractéristiques de « l’île Déserte » (D’Avezac, 1848 : p. 85).

L’auteur des « îles de l’Afrique » M. d’Avezac est le premier à décrire sommairement les iles de Kneiss. Avant lui, L. Poinssot et Ch. Saumagne ont attiré l’attention sur les traces d’un monastère dans un environnement alluvial sur une petite presqu’île près de Ras Yonga. En revanche, on peut le voir sur la petite île du milieu, un escalier de grès calcaire attaqué par l’érosion marine et qui fait partie d’un édifice ancien découvert en 1941. Parmi les autres éléments architecturaux présents sur site on signale la présence des colonnes.

L’APAL a élaboré en 2008 le premier plan de gestion de l’archipel, gérée par le ministère de l’Environnement et du Développement Durable et financé par la Banque Mondiale à travers le FEM. (APAL, 2008)

Les données relatives au couvert végétal des îles kneiss ont été représentées sous forme d’une carte de la végétation de l’île principale d’El Bessila par Cassar et al. (2002). Plus récemment, les suivis de l’initiative PIM ont permis à d’engendrer un inventaire actualisé de la flore vasculaire d’El Bessila en avril 2003 (Chaieb, 2003 ; Médail et al., 2016).

En avril 2015, l’inventaire a été réalisé sur les 5 autres îlots, ce qui a permis d’élaborer un inventaire plus exhaustif de la flore vasculaire (plantes à fleurs et fougères) des kneiss (Chaieb, 2003 ; Médail et al., 2016).

La flore vasculaire sur les îles de Kneiss est estimée à 124 espèces et sous-espèces, principalement localisées sur l’île principale El Bessila et ceci sans prendre en considération les espèces occasionnelles conditionnées aux périodes de précipitations qui peuvent dépasser les dix (Chaieb, 2003 et Médail et al., 2016).

El Bessila se caractérise par une topographie monotone de faible altitude et une grande extension des sansouïres et sebkhas qui ne favorise pas le développement d’une richesse floristique. On dénombre 74 taxons floristiques sur l’île principale et le reste des îlots ne recèle que 12 taxons.

La richesse spécifique des quatre petits îlots est assez similaire, on y trouve essentiellement deux Amaranthacées Arthrocnemum macrostachyum et Suaeda vermiculata. L’îlot El Laboua, le plus riche, abrite quatre taxons (Caroxylon tetrandrum, Halocnemum strobilaceum, Limoniastrum monopetalum, Suaeda vera) qui sont absents des trois autres îlots.

Kneïss peut être considérée comme la principale zone d’hivernage des oiseaux sur la côte méditerranéenne. En effet, BirdLife International a recensé près de 330 000 oiseaux hivernants. L’espèce la plus abondante observée à Kneïss est le Bécasseau variable, pour lequel ce site est le plus important dans la région Eurafricaine avec 125.000 individus.

Selon l’UICN, la zone abrite 13 espèces d’oiseaux d’eau où leur population biogéographique est supérieure ou égale à 1% de la population totale, à savoir : la Grande Aigrette (Egretta alba), la Spatule blanche (Platalea leurcorodia), le Flamant Rose (Phoenicopterus ruber), l’Huîtrier Pie (Haematopus ostregalus), le Gravelot à collier interrompu (Charadrius alexandrinus), le Pluvier argenté (Charadrius squatarola), le Bécasseau cocorli (Calidris ferruginea), le Bécasseau variable (Calidris alpina), le Bécasseau minute (Calidris minuta), Courlis cendré (Numenius arquata), le Chevalier Gambette (Tringa totanus), le Tournepierre à collier (Arenaria interpres) et Goéland railleur (Larus genei). (APAL, 2008).

La zone intertidale de Kneiss se caractérise par une biocénose remarquable on y trouve essentiellement, le mollusque Alexia bidentata, les crustacés Ligia italica, Orchestia gammarella et Philoscia couchii, et l’arachnide Garypus beauvoisi. Au niveau moyen, on y trouvait souvent des sphéromes et les bivalves Pirenella tricolor. L’abondance du Mytilus minimus sur les pierrailles y est aussi remarquable. Le niveau inférieur accommode souvent les canaux de marée le bivalve Cardium edule et le crustacé Leander squilla qui sont présents (Seurat, 1929 et 1934). Le bivalve Ruditapes decussatus qui a subi une pression de pêche énorme se trouve à un épuisement des stocks commercialisables dans cette région.

La pêche et l’agriculture sont les principales activités économiques de la région de Kneiss. L’activité de pêche est répertoriée essentiellement dans le port de Zaboussa, les zones côtières Khawala, Smara, Hchichina et Frichett (APAL, 2008).

Intérêts


L’importance des îles kneiss se justifie par la présence d’une biodiversité importante d’oiseaux d’eaux particulièrement des limicoles où la zone a été classée depuis 2007 comme un site RAMSAR . En effet, la zone de Kneïss est considérée comme la principale zone d’hivernage des oiseaux sur la côte méditerranéenne, selon BirdLife International près de 330 000 oiseaux hivernants sont présents sur le site. La biodiversité marine y est également distinguée. Particulièrement par les prairies des phanérogames, parmi eux, on cite 3 espèces : (Posidonia oceanica), (Cymodocea nodosa) et (Zostera noltii). Ces espèces méritent une attention particulière, car elles sont des espèces menacées et bénéficiant d’un statut particulier en méditerranée (annexe 2 du protocole ASP/DB de la convention de Barcelone).

Cette zone présente un intérêt social et économique pour la population locale. En effet, la collecte des palourdes (Ruditapes decussatus) et des couteaux (Solen marginatus) sont pratiqués par une population vulnérable et très dépendante cette activité.

Une hausse extrême des prix des appâts, principalement des annélides, a considérablement augmenté l’exploitation de ce produit ainsi que les collecteurs rendant très rentable la production.

Pressions


Les îles formant ce cluster représentent un écosystème riche cependant très fragile subissant une forte pression anthropique. C’est l’un des enjeux majeurs en termes d’aménagement.

Les populations de poissons sont menacées et les captures sont en baisse, ce qui aggrave encore l’effondrement des stocks. Ces dernières années, l’activité de pêche illégale aux alentours des îles Kneiss a considérablement développé (BOUAIN et al., 2004). Le phénomène du « Kys » a aggravé la situation dans la zone, où les autorités se trouvent incapables de pénaliser tous les utilisateurs de cet engin. En plus, les points de débarquements de la pêche au Kys sont souvent inaccessibles (Bradai et al., 1995). Cette pêche qui opère dans les faibles profondeurs détruisant l’habitat de plusieurs espèces vulnérables.

La collecte de palourdes dans la zone constitue l’activité la plus importante pour les femmes collectrices où l’activité a été suspendue depuis 2020 suite à une surexploitation des stocks dans cette zone.

L’exploitation anarchiques des appâts a contribué à la perturbation des habitats qui sont littéralement labourés.

Les risques d’introduction d’espèces non indigènes (ENI) et invasives (IAS) par les eaux de ballast au niveau du golfe de Gabès semblent être imminents. Ainsi, l’adhésion de la Tunisie à la Convention internationale sur le contrôle et la gestion des eaux de ballast et des sédiments des navires (BWM, 2004) serait une première étape pour la réduction de ces risques d’ENI, et des impacts socio-économiques et environnementaux qui peuvent en découler.

L’activité industrielle de Skhira peut être néfaste pour cet écosystème. En effet, les émissions atmosphériques des unités de production d’acide sulfurique et d’acide phosphorique qui contiennent des substances chimiques, telles que CO, CO2, NO, NO2, H2S, fluor, etc., peuvent impacter flore dans le site.

Il faut signaler aussi que ce cluster est influencé par d’autres facteurs externes, tels que l’érosion et la remontée de niveau de la mer. Le niveau actuel de la mer de cet archipel a été rapidement érodé par la mer et sa fragilité vient également de son terrain bas et des caractéristiques de vie du sol.

L’archipel de Kneiss au cœur des changements globaux


La terre a connu depuis son existence plusieurs événements (extinctions massives, glaciation, etc.) qui ont marqué l’histoire du vivant. Parmi ces événements majeurs, c’est l’élévation globale du niveau de la mer, qui menace l’humanité et met son exitance en défi dans les prochains siècles.

Au cours du dernier maximum glacier, qui remonte à 20 mille ans, le niveau de la mer se situait à environ 130 mètres du niveau actuel, et depuis, une tendance croissante est enregistrée. Cette élévation peut atteindre les 40 cm du niveau actuel en 2100, selon les prévisions du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) dans un scénario optimiste de réchauffement climatique. Ce phénomène qui est accentué par plusieurs facteurs d’origine anthropique, impactera différemment les régions du globe, et peut mener à des crises sociales et économiques dans le monde. En 1992, lors du Sommet de la Terre à Rio, l’Organisation des Nations unies (ONU) a adopté un cadre d’action de lutte contre le réchauffement climatique : c’est la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Elle réunit 194 pays et l’Union européenne. Depuis 1995, les COP (conférence des parties) rassemblent donc les représentants des pays, les collectivités locales, les ONG et les scientifiques. Dans le but d’adopter collectivement des solutions qui visent (1) à atténuer les causes des changements climatiques, notamment en réduisant les émissions des gaz à effet de serre (2) d’adapter des actions pour réduire la vulnérabilité des territoires et des populations face à ces changements globaux. La dernière conférence des parties, qui s’est tenue à Gasgow en 2021 (COP26) proposait que les parties s’engagent essentiellement à une transition énergétique vers des formes d’énergies propres et la réduction des émissions mondiales de méthane d’au moins 30% d’ici à 2030. En prenant en considération un soutien aux pays en développement, comme compensation puisqu’ils sont les plus touchés par les conséquences du réchauffement climatique. Et enfin, de maintenir la hausse globale des températures à 1,5°C. Cependant cette conférence propose un compromis plutôt qu’un réel changement.

En Tunisie, l’élévation du niveau de la mer a été décrite depuis l’antiquité. En effet, l’addition de multiples facteurs, comme les phénomènes d’érosion côtière et les changements eustatiques ont été en faveur de la réduction de la superficie de plusieurs archipels, notamment dans celui de Kneiss. Comme le témoignent les différents sites archéologiques retrouvés submergés aux alentours de ces îles (Paskoff et Trousset 1988). D’après les textes Ferrand, le monastère de Fulgence dans l’îlot El Labou, au centre de l’archipel de Kneiss, abritait une communauté sous la conduite de deux prêtres. Or, les dimensions réduites de l’îlot, qui ne fait qu’à peine 0.22 ha, ne permettaient pas l’installation d’une telle communauté. Ce qui laisse penser que la surface de cet archipel a été plus grande. En effet, les mentions retrouvées dans la tradition géographique arabe “surkenis qui signifia « le mur des Kneiss »”, ainsi que le texte de F. Lanfreducci et J. O. Bosio écrit vers la VI siècle, indiquaient la présence de deux îles avec bancs, la grande île ne peut être qu’« El Bessila » et les trois autres îles et îlots (El Hjar, El Laboua et El Gharbia) ont été unis sous la forme d’une île étroite et allongée sous forme d’un mur devant le littoral. Ce qui affirme que la configuration que l’archipel de Kneiss a subie depuis l’Antiquité des modifications importantes, et l’élévation du niveau de la mer va être de plus en plus palpable dans un futur proche.

 

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Gestion / conservation


©L.Charrier (11.04.2015)

Dès 1993 les îles Kneiss ont été décrétées comme une réserve naturelle. En 2001, l’archipel est répertorié sur la liste des aires spécialement protégées d´intérêt méditerranéen (ASPIM). Le 7 novembre 2007, ce cluster a été classé comme un site RAMSAR dans le cadre de la Convention sur la protection des zones humides d’importance internationale (Ramsar, 1971), et une zone d’importance pour la conservation des oiseaux (ZICO).

Le site de Kneïss avait besoin d’un statut de protection unique, qui lui fournira une stratégie de développement, tenant compte des avantages, déterminant les contraintes et organisant la gestion. Alors, en 2008, le premier plan de gestion a vu le jour et l’archipel a été proposé comme une AMCP.

En 2019, l’enquête publique a été lancée et à partir de 2020, l’APAL s’est engagé avec l’ACG (continuité des générations) dans le cadre d’un dispositif de cogestion commun à l’APAL et cette organisation sur le long terme,  de l’archipel financé grâce à un fonds fiduciaire géré par MedFUND.

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  46. Whitehead D.R. & Jones D.E., 1969. Small islands and the equilibrium theory of insular biogeography. Evolution, 23 : 171–179.

Tableau récapitulatif des clusters et îles du sous-bassin


NOM DES ILES

ET ILOTS

NOM DE L’ARCHIPEL surface (ha) Altitude max (mètre) Linéaire côtier (mètre) Distance à la côte (mile nautique) Coordonnées géographiques Propriété Iles avec au moins un statut de protection Présence d’un gestionnaire
Latitude Longitude
 El Bessila Archipel des Kneiss 436 ha 7 11087 1.67 34.36639023 10.31444454 Publique Oui  Oui
  El Hajar 0.017 3 51.6 2.83 34.34277725 10.29083347 Publique  Oui Oui
  El Laboua 0.0227 3 1173.4 3.16 34.32749939 10.28194427 Publique  Oui  Oui
  El Gharbia Nord 0.191 3 297.8 3.5 34.321281 10.276461 Publique  Oui  Oui
  El Gharbia Sud 0.53 4 400 3.6 34.31999969 10.27499962 Publique  Oui  Oui

ISSN 2970-2321

Cette fiche a été rédigée dans le cadre du projet d’Atlas encyclopédique des Petites Iles de Méditerranée, porté par le Conservatoire du Littoral, l’Initiative PIM, et leurs nombreux partenaires.
This sheet has been written as part of the encyclopedic Atlas of the Small Mediterranean Islands project, carried out by the Conservatoire du Littoral, the PIM Initiative and their numerous partners.
(https://pimatlas.org)

CLUSTER

El Biban

Rédigé par : Sami Ben Haj

Date de création : 30 mars 2021

Pour citer cette version : BEN HAJ, S.  (2021). Fiche cluster : El Biban. Atlas of Small Mediterranean Islands. https://pimatlas.org/explorer-atlas/clusters/el-biban/

Composition du cluster : îles 1
Composition du cluster : archipels 13
Nombre d’îles avec au moins un statut de protection national 0
Nombre d’îles avec au moins un statut de protection international 0
Nombre d’îles avec au moins un gestionnaire 0

       

Description générale


Le cluster de l’archipel d’El Biban se situe au Sud de la Tunisie dans le gouvernorat de Médenine, près de la frontière libyenne. Il est composé de 13 petits îlots répartis sur une distance linéaire de presque 3km entre l’îlot 1, à l’ouest de la lagune, et l’îlot 12, vers l’est de la lagune. Il se situe sur la communication de la lagune d’el Biban avec la mer, il forme en quelque sorte un lido ouvert. La lagune d’el Biban est la deuxième plus grande lagune de part la taille avec une superficie de 23 000 ha.La surface cumulée de tous les îlots de l’archipel est faible et ne dépasse pas 14.1 ha dont presque 21% représente la surface de l’îlot de Sidi Mohamed Chaouech (3ha).

L’archipel d’El Biban est situé dans une zone à climat de type méditerranéen aride à hiver doux. Il est sec et chaud en été, tempéré et relativement humide en hiver, lié à la double influence des pressions sahariennes et méditerranéennes. La région est caractérisée par un milieu naturel prédésertique à climat aride. Le climat est toutefois légèrement tempéré du fait de la proximité de la mer.

Le cluster est situé dans un ensemble géologique dénommé « Bassin de Gabès », dont le cadre géologique est dominé par un substratum constitué de dolomies, calcaires et argiles crétacés.

Le bord de mer est le plus souvent constitué de dunes côtières grésifiées du Thyrrhénien marin, qui isolent des sebkhas ou se sont déposés des sédiments marins récents peu profonds, lagunaires, avec couches salées.

Les vents dominants sur le secteur d’étude sont de secteur Ouest et Nord en hiver et en automne et de secteur E et NE en été et au printemps. La brise marine dominante en été est orientée globalement E-O et atteint son maximum vers minuit. Cette brise a pour effet principal d’accentuer les mouvements de la marée montante et de pousser les eaux de la lagune jusqu’en zone supra tidale. Les vitesses des vents les plus fréquentes sont généralement de 2 à 4 m/s.

Les différentes composantes du cluster n’ont pas fait l’objet d’études scientifiques spécifiques pour la caractérisation de la faune et la flore marine. Par contre, la lagune d’El Biban, dont le cluster fait partie, a toujours intéressé les scientifiques grâce à sa spécificité écologique et sa biodiversité marine typique. Le cluster constitue la partie extrême de la lagune qui la sépare de la mer. La circulation des eaux entre la mer et la lagune se fait à travers les ouvertures ou portes situées entre les différents îlots du cluster.

Les îlots du cluster ne semblent pas être occupés par l’hommeà l’exception de l’îlot de Sidi Mohamed Chaouech qui abrite le Marabout de Sidi Ali Chaoued, un lieu saint visité par les habitants de la région. Les très petites surfaces de ses îlots ne peuvent pas constituer un espace favorable pour l’installation humaine.

Quant aux écosystèmes marins dans les alentours de l’archipel d’El Biban, ils sont très diversifiés et constitués principalement deshabitats à phanérogames marines à Posidoniaoceanicaet Cymodoceanodosa ainsi que des vastes prairies d’algues. L’ichtyofaune marine est très diversifiées et elle est représentée par plus de 60 espèces dont la majorité est à haute valeur commerciale.

Connaissances


Les îlots du cluster d’El Biban n’ont pas fait l’objet d’études scientifiques spécifiques pour eux contrairement à tout l’ensemble de l’écosystème de la lagune qui faisait toujours l’intérêt des scientifiques.

Le couvert végétal terrestre  de tous les îlots de l’archipel d’El Biban est représenté par des espèces halophiles caractéristiques des bordures littorales et des sebkhas à savoir Ammophila arenaria, Agropyrum junceum et Nitraria retusa, qui supporte la légère salure due aux embruns et colonise les dunes littorales nues dont elle assure les premières étapes de la fixation. Ces espèces sont essentiellement localisées sur le cordon littoral du slob Chargui (côté Ouest du cluster) et par endroit sur les parties sableuses du slob Gharbi (côté Est du cluster). Ces associations supportent l’influence maritime très forte des milieux de dunes littorales, constitués de sables grossiers, ou de falaises et rochers, qu’elles colonisent. 

Pour la végétation marine, identifiée dans les alentours des îlots, elle est représentée par plusieurs espèces de phanérogames à savoir la posidonie, la cymodocées et Zostera nolteii. Les herbiers de posidonie dans la lagune d’El Biban forment une structure remarquable appelée micro-atolls signalés et cartographiés sur une large étendue (Riveil et al., 2003). Pour les algues, elles sont représentées essentiellement par les caulerpes Caulerpa prolifera, Caulerpa racemosa et la phéophycée Cystoseira acanthophora.

La macrofaune benthique de la lagune d’El Biban a fait l’objet de plusieurs études scientifiques (Djabou et Afli, 2013 ; Bouamana et al., 2009) qui ont permis de dénombrer plus de 54 espèces. Le groupe de mollusques est le plus dominant avec la présence de l’espèce de bivalve Pinna nobilis.

La faune ichtyologique est très diversifiée dans la lagune d’El Biban et elle représentée par plusieurs espèces à haute valeur commerciale telle que Liza aurata, Chelon labrosus, M. cephalus, Liza saliens, Sparus aurata, Dicentrarchus labrax, Diplodus punctatus, Solea vulgaris, Trachurus sp., Lithognathus mormyrus, Mullus barbatus, M. surmelutuset Diplodus annularisI.

L’avifaune est aussi une composante très importante dans les alentours du cluster. En effet, la lagune d’El Biban accueille 97 espèces appartenant à 35 familles, ce qui représente environ 25% des espèces de la Tunisie. Parmi ces 97 espèces, 68, soit presque 70%, sont des oiseaux d’eau et 79 sont des espèces migratrices. La concentration la plus importante d’oiseaux d’eau a été observée du côté sud de la lagune au niveau de Slob El-Gharbi (côté Est du cluster) avec une prédominance du Grand Cormoran Phalacrocorax carbo  (Azafzaf & Feltrup-Azafzaf, 2007). 

Intérêts


Le cluster de l’archipel d’El Biban fait partie de l’écosystème de la lagune d’El Biban, caractérisée par plusieurs intérêts.

Le cluster a une importante valeur sociale et culturelle pour la population locale. En effet, au marabout (lieu saint) de Sidi Mohamed Chaouch sur l’îlot d’El Biban, il y a une tradition de visites sur le lieu d’enterrement d’un saint vénéré, dont les origines sont perdues dans la nuit des temps. Il s’agit d’un phénomène d’intérêt local, pratiqué à petite échelle, de l’ordre de cent personnes par semaine. 

L’intérêt touristique n’est pas très prononcé pour les îlots de l’archipel. Les installations touristiques sont représentées par un seul hôtel de 12 bungalows construit par la société d’exploitation de Bahiret (lagune) El Bibane après les années 2000. Ce sont des installations de haut de gamme qui ont été construites pour un tourisme de luxe mais malheureusement le projet n’a pas abouti et il n’a pas été exploité comme planifié.

Pour le couvert végétal marin, le cluster est caractérisé par la présence d’une espèce de phanérogame à haute valeur patrimoniale et écologique : P.oceanica. Elle constitue une structure spécifique très rare et mérite d’être conservée : les microatolls. La posidonie est une espèce endémique de la Méditerranée d’une grande valeur écologique et économique. Elle est bio-indicatrice de la bonne qualité des eaux et elle contribue au renouvellement des stocks exploitables.

Il est important de signaler que l’archipel constitue la composante principale de la voie de communication de la lagune d’El Biban avec la mer à travers les portes formées par les différents îlots du cluster. Ces portes permettent le passage des eaux durant les fortes marées qui caractérisent la zone et par conséquent elles permettent le passage des différentes espèces de poisson dans les deux sens par la migration contre les courants d’eau.

Entre les îlots de l’archipel sont implantées les bordigues qui forment une structure typique de la lagune d’El Biban et qui permettent le piégeage des poissons pendant leur migration vers la mer après leur engraissement dans la lagune. Les bordigues forment une technique de pêche artisanale et durable spécifique pour l’ensemble de l’écosystème de la lagune.

Les hauts-fonds servent de lieu de séjour et de source d’alimentation pendant plusieurs années aux poissons migrateurs (qui se reproduisent en mer) d’une grande partie de la Mer Méditerranée. Le site est aussi important car les petits poissons utilisent les eaux riches de la lagune pour croître puis, une fois grandis, ils en ressortent.

La macrofaune benthique est aussi très diversifiée dans les alentours des îlots du cluster avec la présence de certaines espèces de haute valeur écologique et menacées telle que la grande nacre Pinna nobilis qui forme une population caractéristique de la lagune d’El Biban. On site aussi la présence du turnicier Ecteinascidia turbinata, d’intérêt pharmaceutique, non encore synthétisé mais qui pourrait se révéler « utile » pour le traitement « certains « cancers ».

Les îlots du cluster d’El Biban constituent un support favorable pour l’installation et le passage de plusieurs espèces d’oiseaux marins qui caractérisent toute la lagune d’El Biban. Cette spécificité faunistique a permis à ce site d’être classé comme site Ramsar et une Zone d’Importance pour la Conservation des Oiseaux (ZICO). Les effectifs d’oiseaux d’eau hivernants dans la lagune, y sont observés régulièrement, dépassent le chiffre de 20.000 et atteignent 35.000 (Fishpool & Evans 2001). Les principales espèces qui sont observées régulièrement sont le grand cormoran Phalacrocorax carbo dont les effectifs varient entre 3.000 et 10.000 individus (seuil 1% = 3.100) ; et le flamant rose Phoenicopterus (ruber) roseus dont les effectifs observés varient de 1.000 à 3.000 (seuil 1% = 1.000) (Fishpool & Evans, 2001).

Pressions


Le cluster de l’archipel de la lagune d’El Biban fait partie d’un écosystème lagunaire typique en Tunisie et toute la rive sud de la Méditerranée et de nombreuses pressions menacent son équilibre écologique.

La pollution d’origine continentale est une menace directe qui résulte des rejets industriels. En effet, l’abattoir de Ben Gardene, les exploitations avicoles et l’usine de thon sont à considérer comme des menaces potentielles étant donné leurs emplacements sur les berges de la lagune. A cela s’ajoute les déchets qui résultent des activités agricoles et les déchets qui viennent des petites agglomérations urbaines sur les bords de la lagune. 

La surexploitation des ressources halieutiques dans la lagune est un facteur non négligeable qui menace le stock ichtyologique. En absence de pratiques vertueuses et durables par les pêcheurs et de toute activité de sensibilisation, la surpêche peut aboutir à une régression du stock exploitable.

Gestion / conservation


Sur le plan législatif, la gestion des îlots de l’archipel d’El Biban doit être assurée par l’agence de protection et d’aménagement du littoral (APAL). Sur le plan pratique, aucune équipe de gestion n’est installée pour assurer la gestion et la surveillance de l’archipel. Le suivi et le contrôle sont limités aux actions générales qui intéressent toute la lagune d’El Biban – principalement les organisations en charge des pêcheries.

Il est important de signaler que l’archipel d’El Biban a fait l’objet d’une étude pour l’élaboration d’un plan de gestion. 

Le cluster le l’archipel d’El Biban ne fait pas l’objet d’un statut de protection spécifique. Par contre, il fait partie d’un écosystème classé comme site Ramsar : la lagune d’El Biaban (TN1697). 

L’importance du site pour les oiseaux a été marquée par le classement de la lagune par BirdLife comme Zone Importante pour la Conservation des Oiseaux (ZICO/IBA), site TN 044 (Fishpool & Evans 2001).

Principales ressources bibliographiques


    1. Selim Riveill, Hanem Djabou, Ramzi Hamrit Et Amor El Abed,. 2003. Les Microatolls de la lagune d’Elbiban : caracterisation de facies rares d’herbiers à Posidonia ocanica., 2006. Proceedings of the second Mediterranean symposium on marine vegetation (Athens, 12-13 December 2003). UNEP – MAP – RAC/SPA RAC-SPA edit., Tunis : 255p.
    2. Djabou Hanem & Afli Ahmed., 2013. Diversité taxonomique et structure de la macrofaune benthique de la lagune d’El Biban (Sud-Est tunisien). 24ème Forum des Sciences Biologiques et de Biotechnologie ATSB à Sousse du 25 au 28 mars 2013.
    3. BouamamaKaouthar, El BourMonia, Ben Mustapha Karim et El AbedAmor., 2009. Etude de la diversite des eponges (porifera : demospongiae) de la cote Tunisienne. Bull. Inst. Natn. Scien. Tech. De la,Mer. Vol 36. 2009.
    4. Azafzaf Hichem  & Feltrup-Azafzaf Claudia., 2007. Rapport relatif au recensement des oiseaux d’eau hivernant en Tunisie. Association « Les Amis des Oiseaux » – Groupe Tunisien d’Ornithologie. (Rapport inédit).
    5. Fishpool L D C & M L Evans (eds)., 2001. Important Bird Areas in Africa and associated islands: Priority sites for conservation. Newbury and Cambridge, UK: Pisces Publications and BirdLife International (BirdLife Conservation Series No 11).

Tableau récapitulatif des clusters et îles du sous-bassin


NOM DES ILES

ET ILOTS

NOM DE L’ARCHIPEL surface (ha) Altitude max (mètre) Linéaire côtier (mètre) Distance à la côte (mile nautique) Coordonnées géographiques Propriété Iles avec au moins un statut de protection Présence d’un gestionnaire
Latitude Longitude
Ilot 1 de l’archipel El Biban Aarchipel El Biban

 

1.4 740 4 33.27777863 11.29472256 publique x
Ilot 2 de l’archipel El Biban 0.1 80 4 33.27694321 11.29583359 publique  X X
Ilot 3 de l’archipel El Biban 0.1 30 4 33.27750015 11.29638863 publique  X X
Ilot 4 de l’archipel El Biban 1.4 600 4 33.2761116 11.29749966 publique  X X
Ilot 5 de l’archipel El Biban 0.4 150 4 33.2761116 11.29916668 Publique  X X
Ilot 6 de l’archipel El Biban 0.3 110 4 33.27639008 11.29972267 Publique X X
Ilot 7 de l’archipel El Biban 1.9 600 4 33.27472305 11.30222225 Publique X X
Ilot 8 de l’archipel El Biban 1.4 730 4 33.27305603 11.30472183 Publique X X
Ilot 9 de l’archipel El Biban 3.4 1200 4 33.27249908 11.3077774 Publique X X
Ilot 10 de l’archipel El Biban 0.1 160 4 33.270751 11.310244 Publique X X
Ilot de sidi Mohammed Chaouch 3 770 4 33.26861191 11.3125 Publique X X
Ilot 11 de l’archipel El Biban 0.3 240 4 33.26833344 11.3166666 Publique X X
Ilot 12 de l’archipel El Biban 1.2 780 4 33.26638794 11.31999969 Publique X X

ISSN 2970-2321

Cette fiche a été rédigée dans le cadre du projet d’Atlas encyclopédique des Petites Iles de Méditerranée, porté par le Conservatoire du Littoral, l’Initiative PIM, et leurs nombreux partenaires.
This sheet has been written as part of the encyclopedic Atlas of the Small Mediterranean Islands project, carried out by the Conservatoire du Littoral, the PIM Initiative and their numerous partners.
(https://pimatlas.org)

CLUSTER

Cluster Djerba

Rédigé par : Sami Ben Haj

Date de création : 23 mars 2022

Pour citer cette version : BEN HAJ, S.  (2022). Fiche cluster : Djerba. Atlas of Small Mediterranean Islands. https://pimatlas.org/explorer-atlas/clusters/djerba/

Composition du cluster : îles 10
Composition du cluster : archipels 1
Nombre d’îles avec au moins un statut de protection national 0
Nombre d’îles avec au moins un statut de protection international 0
Nombre d’îles avec au moins un gestionnaire 0

Description générale


L’île de Djerba, d’une superficie de 514 km², a la forme d’une molaire géante, dont la couronne est dirigée vers le nord et les racines plongent au sud dans la mer de Bou Ghrara. Djerba se caractérise par la platitude remarquable de sa topographie : le nom de galette lui a souvent été attribué. Ras Rmel (« le cap des sables ») se situe sur la côte nord de l’île ; c’est une flèche dunaire en pleine évolution de 10 km de longueur et de 3 km de largeur à sa base, qui protège une zone lagunaire comprenant des vasières qui émergent à marée basse.

L’île est soumise à un climat de type sahariens corrigé par l’influence de la mer. L’humidité de l’air est toujours importante (brises marines fréquentes). Les températures restent modérées même en été et en plein hiver. L’hiver, doux et très court, permet aux amandiers de fleurir en Janvier.

L’île de Djerba se présente comme un caillou plat posé sur la mer. Le relief est formé d’oligoéléments NW-SE de dômes de croûte villafranchienne ; entre ces alignements on trouve des sols plus profonds formés sur un sable d’origine tyrrhénienne.

Plusieurs îlots de l’archipel ont fait l’objet d’études scientifiques pour la caractérisation de la faune et la flore terrestre (Gataia el Bahria, Gataia el Gueblia, Dzira, Jlij1, 2 et 3) ce qui témoigne leur importance écologique et leur rôle dans la protection de la biodiversité dans la région.

Quant aux écosystèmes marins dans les alentours de l’archipel de Djerba, ils sont très diversifiés et constitués principalement d’habitats à phanérogames marines à Posidoniaoceanica et Cymodoceanodosa ainsi que des vastes prairies d’algues. Il est important de signaler que certains îlots de l’archipel de Djerba sont situés à proximité de sites RAMSAR caractérisés par une richesse spécifique marine et côtière remarquable.

Sur la plupart des grands îlots, il existe jusqu’à nos jours des vestiges qui témoignent du passage de l’homme depuis l’époque romaine. Plusieurs ruines et tombes ainsi que des traces d’organisation de l’espace agricole sont bien visibles l’îlot d’El Gataïa el Gueblia. 

Connaissances


Un grand intérêt pour les connaissances sur la juxtaposition de la biodiversité saharienne et méditerranéenne, ici Stenodactylus deserti (R.Ouni, 2015)

Comme indiqué dans la section précédente, plusieurs îlots de l’archipel de Djerba ont fait l’objet d’études scientifiques pour la caractérisation du couvert végétal, l’avifaune ainsi que l’herpétofaune. D’autres îlots sont situés à proximité de sites RAMSAR.

Le couvert végétal terrestre varie d’un îlot à un autre et il est représenté par plusieurs espèces avec un degré de dominance variable : 

  • Ammosperma cinereum (Desf.) Baill. – Ammosperme cendré (Brassicaceae)

Plante annuelle atteignant d’après les flores 30 centimètres de hauteur, elle peut dépasser 40 centimètres sur les sites insulaires tunisiens. Endémique nord-africaine, principalement saharienne (Hauts-plateaux et Nord du Sahara), l’espèce est connue avec certitude de l’Algérie à la Lybie mais n’est pas confirmée au Maroc. D’après Bonnet & Barratte (1896) et Pottier-Alapetite (1979), l’espèce existe en Tunisie centrale (Kairouan & Sidi Bouzid), ainsi que dans les marges sahariennes de la Tunisie méridionale, soit au niveau du Nefzaoua et du Djérid, et à Tozeur. 

Au niveau des écosystèmes insulaires de la Tunisie orientale, cette espèce n’est pas signalée dans l’archipel des Kerkennah. Les prospections des îles satellites de Djerba ont permis en plus de constater que l’espèce était aussi rare ou très rare à Gataia el Bahria, Gataia el Gueblia et Jlij (Médail & al. 2020).

  • Astragalus pseudosinaicus Gazer & Podlech – Astragale du Sinaï (Fabaceae)

Décrite du Sahara algérien (Batna, Biskra, Laghouat, Ouargla, Saïda) où elle est la plus abondante, cet astragale se caractérise par des tiges couvertes de poils blancs, des feuilles sessiles ayant 6-11 paires de folioles elliptiques ou obovales, des fleurs sessiles avec un calice campanulé de couleur jaunâtre, et des gousses de 10-12 mm couvertes de poils de poils apprimés courts (ca. 0,1 mm) et de poils étalés-dressés longs (1-1,3 mm) naissant en partie de petits tubercules (Podlech & Zarre 2013). Cette astragale saharienne a été inventoriée sur trois îles satellites de Djerba: Gataia el Bahria, Jlij et Gataia el Gueblia où elle est assez commune (Médail & al., obs. pers. 07-09.IV.2015), mais elle est à rechercher sur l’île principale de Djerba.

  • Phenopus divaricatus subsp. permicranthus (Hausskn.) H. Scholz – Sphénope divariqué (Poaceae)

La susbsp. permicranthus est un taxon à distribution centrée sur le sud-est de la Méditerranée mais il existe une localité mentionnée au sud de l’Espagne, dans la province d’Almeria (Scholz 1990). Plus méridionale que le type, cette sous-espèce est en effet distribuée en Syrie, Palestine, Chypre, Egypte, Libye, Tunisie et Algérie. Contrairement à l’indication de Le Floc’h & al. (2010), ce taxon n’est donc pas endémique de Libye-Tunisie. Sa présence en Tunisie a été mise en évidence par Lambinon (2000) sur la base de matériel provenant de Djerba. L’espèce a été retrouvée sur l’île principale lors de la mission d’avril 2015, et recensée sur les trois grandes îles satellites (Gataia el Bahria, Gataia el Gueblia, Jlij) où elle détermine une communauté particulière avec Filago mareotica Delile, bien représentée à Gataia el Gueblia.

  • Sphenopus ehrenbergii Hausskn. – Sphénope d’Ehrenberg (Poaceae)

Cette petite graminée annuelle se distingue de Sphenopus divaricatus par sa panicule moins étalée avec des pédicelles plus renflés, des glumes inégales (l’inférieure ovale-lancéolée aiguë, la supérieure aiguë atteignant 1,5 mm) (Maire, 1955). Il s’agit d’une espèce sub-halophile à distribution mondiale restreinte, puisqu’endémique tuniso-libyenne.

L’espèce a été aussi recensée par Vanden Berghen (1981) sur l’île de Djerba et évaluée comme assez commune au sein des “dépressions humides dans les dunes littorales, lisières des terres salées“.

Elle présente la même écologie sur les îles satellites des Kerkennah, à Lazdad, Gharsa et Jeblia où elle semble rare (Médail & al. 2015b) tout comme sur les plus grandes îles satellites de Djerba (Gataia el Bahria, Gataia el Gueblia et Jlij) (Médail & al. 2020).

Pour la faune terrestre des îlots satellites de Djerba, l’état de connaissance est relativement faible vu la rareté des études scientifiques réalisées. 

Un inventaire de la faune herpétologique des îles satellites a été réalisé par Rivière & Lo Cascio en 2016 et qui a permis d’actualiser la liste des reptiles et amphibiens qui colonisent ces îlots tout en se référant à la bibliographie existante.

Au total, 7 espèces de reptiles ont été cités dans la bibliographie sur les 4 îlots satellites de Djerba (Gataia el Bahria, Gataia el Gueblia et Jlij 1): Tarentola cf. Mauritanica, Stenodactylus Sthenodactylus, Chalcides ocellatus, Eremias guttulata / Mesalina Olivieri, Acanthodactylus boskianus, Malpolon monspessulanus / Malpolon insignitus, Caretta caretta. Pour les îlots Jlij 1 et 2, aucune espèce n’a été rencontrée.

Le cluster de Djerba renferme 3 sites classés RAMSAR : Djerba Guellela, Djerba Ras Rmel et Djerba Bin El Ouedian. Ces sites sont caractérisés par une avifaune spécifique représentée par plusieurs espèces typiques. Etant donné que les îlots satellites de Djerba sont très proches de ces sites RAMSAR, ils constituent une zone de passage, de nourriture et même de nidification pour certaines espèces d’oiseaux migrateurs.

Le site Bin El Ouedian abrite, habituellement ≥ 1% des individus de la population biogéographique des espèces ou sous-espèces d’oiseau d’eau, en l’occurrence du flamant rose Phoenicopterus (ruber) roseus (hivernage de 500 à 3000 individus ; seuil 1.000) et de spatule blanche Platalea leucorodia. D’autres espèces de limicoles y trouvent un point d’arrêt essentiel aux cours de leurs migrations entre l’Afrique et l’Europe (bécasseaux, chevaliers) ; enfin, certaines espèces (parmi elles l’aigrette garzette Egretta garzetta, le chevalier gambette Tringa totanus, le goéland leucophée Larus michahellis, et les sternes pierre-garin Sterna hirundo et naine S. albifrons) y trouvent un lieu de nidification en été. Toutes ces espèces parcourent les différents îlots satellites à la recherche de la nourriture et pour se reposer.

Pour la végétation marine, identifiée dans les alentours des îlots, elle est représentée principales espèces de phanérogames marine : la posidonie (Posidonia oceanica), la cymodocée (Cymodocea nodosa). Ce sont les deux principaux écosystèmes qui fournissent la richesse spécifique pour tout le cluster en constituant une nurserie et frayères pour les différentes espèces de poisson exploitables dans la région.

Pour le macrofaune benthique, dans les alentours des îlots Jlij, les herbiers de phanérogames marins abritent une faune de Modiolus barbatus et de Ruditapes decussatus, des gastéropodes endémiques Gibbula umbilicaris, G. barbara et Jujubinus unidentatus

Les principales espèces de poissons dans cette zone sont représentés par des Sparidés, des petits Serranidés et des Mugilidés.

Intérêts


Dépôt de gargoulette sur l’îlot de Dzira
(©V.Rivière – 2016)

Au niveau de tout le cluster de Djerba, la pêche est exercée dans les eaux marines peu profondes à l’usage de petites embarcations qui partent de la digue entre El Kantara et le littoral continental. Il s’agit d’une pêche plutôt artisanale exercée par les habitants locaux, car les eaux sont trop peu profondes pour permettre l’accès des grands chalutiers.

Le cluster de Djerba est caractérisé par les pratiques de pêche côtière artisanale.

 L’îlot de Dzira est régulièrement utilisé par les pêcheurs locaux du fait de sa proximité du rivage de Djerba, comme en témoignent les accumulations de gargoulettes, urnes spécifiques utilisées pour la pêche aux poulpes.

Le site d’El Gataïa el Bahria est particulièrement réputé localement pour la pêche à pied des bivalves d’intérêt commercial. Dans son rapport de DEA, A. Neb (2012) rapporte que plusieurs dizaines voire centaines de pêcheurs à pied parcourent les fonds sablo vaseux du pourtour de l’île tous les jours.

L’intérêt touristique n’est pas très prononcé pour les îlots de l’archipel. L’activité touristique se limite uniquement à quelques visites pédestres de groupe de touristes qui visitent les îlots du sud durant la saison estivale et pendant les marées basses. Aucune installation touristique n’est construite sur l’un des îlots satellites. 

Le cluster a une importante valeur sociale et culturelle pour la population locale vu qu’il abrite plusieurs vestiges et ruines qui témoignent le passage de plusieurs civilisations. 

Pour le couvert végétal marin, le cluster est caractérisé par la présence d’une espèce de phanérogame à haute valeur patrimoniale et écologique : P oceanica. C’est une espèce endémique de la Méditerranée d’une grande valeur écologique et économique. Elle est bio-indicatrice de la bonne qualité des eaux et elle contribue au renouvellement des stocks exploitables.

Les îlots du cluster de Djerba constituent un support favorable pour l’installation et le passage de plusieurs espèces d’oiseaux marins. En effet, le cluster abrite des sites caractérisés par une spécificité faunistique qui leur a permis d’être classé comme site Ramsar.

Pressions


Un relief plat, des sols friables et meubles, vulnérabilité très importante à l’élévation du niveau de la mer : érosion/submersion et salinisation des sols : (R. Ouni, 2015)

Le cluster de l’archipel de Djerba est constitué par un ensemble d’îlots satellites qui sont très proches de l’île principale et donc subissent les effets des différentes activités exercées. 

La pollution d’origine continentale est une menace directe qui résulte principalement des rejets des différentes unités touristiques implantées sur le littoral de l’île principale. En effet, le service touristique à Djerba est connu par les centres de thalassothérapie qui pompent des grandes quantités d’eau de mer puis les rejettent en mer. Ces eaux constituent une menace sérieuse pour les écosystèmes marins, formés principalement par les herbiers de posidonie, qui sont très fragiles à ce type de rejets.

Certains îlots du cluster sont fréquentés par les touristes pendant la saison estivale ce qui constitue un facteur de déséquilibre des écosystèmes terrestres qui les caractérisent ainsi que les populations d’oiseaux qui y habitent.

Les îlot Jlij sont localisés dans la lagune de Boughrara qui est soumise à une forte pollution provenant des activités locales et dans les alentours (pêche, aquaculture, station de dessalement Guellala, abattoir de Guellala, station de décharge d’Aghir, …). Le faible dynamisme des eaux de cette lagune et les faibles profondeurs constituent des facteurs qui peuvent aggraver encore la situation de ces îlots.

La pêche illicite est une autre menace pour les espèces exploitables capturées dans les alentours des îlots satellites de Djerba. La non-conformité avec les normes de pêches et le non-respect de périodes de capture pour les espèces ciblées rend ces dernières en danger d’extinction ou de diminution du stock.

Le changement climatique est, à son tour, une menace très sérieuse pour les îlots satellites de Djerba et tous les écosystèmes qu’ils abritent. En effet, l’augmentation de la température des eaux de surface ainsi que l’élévation du niveau de la mer vont engendrer un changement global dans la morphologie des îlots. Vu que leurs altitudes sont faibles et vu l’absence de reliefs terrestres, les îlots se trouvent menacés par l’immersion et donc peuvent disparaître à moyen ou long terme. 

L’élévation de la température des eaux de surface, en plus des faibles profondeurs autour des îlots, peut avoir un impact direct sur la composition des populations de poissons et d’invertébrés qui habitent les écosystèmes côtiers dans les alentours. De même, ça peut influencer les cycles de pente et de reproduction chez les poissons qui dépendent directement de ce facteur.

Les espèces végétales terrestres sont aussi menacées par le changement climatique suite à l’augmentation de la température et la réduction de la pluviométrie nécessaire pour leur développement.

A tous ces risques, s’ajoute le phénomène de marnage qui caractérise tout le cluster de Djerba. En effet, les marées à Djerba dépassent les 150cm induisant ainsi une érosion côtière très prononcée au niveau des îlots de cluster.

Gestion / conservation


Sur le plan législatif, la gestion des îlots du cluster de Djerba est assurée par l’agence de protection et d’aménagement du littoral (APAL). Sur le plan pratique, aucune équipe de gestion n’est installée officiellement pour assurer la gestion et la surveillance des îlots. Les actions de suivi et de gestion sont limitées aux activités des ONG locales qui exercent plusieurs actions de sensibilisation en partenariat avec l’APAL. Les îlots de Jlij sont les plus concernés par ce type d’actions. Des ONGs établies à Jerba effectuent régulièrement et indépendamment  des actions pertinentes sur ces îlots.

Le cluster de Djerba ne fait pas l’objet d’un statut de protection spécifique. Par contre, il renferme quelques sites classés Ramsar : Bin El Ouedian, Ras Rmel et Djerba Guellela.

Principales ressources bibliographiques


  1. Bonnet, E. & Barratte, G. 1896 : Catalogue raisonné des plantes vasculaires de la Tunisie. – Paris.

  2. Lambinon, J. 2000: Additions et corrections à la liste des plantes vasculaires de l’île de Djerba (Tunisie méridionale). – Bull. Soc. Echange Pl. Vasc. Europe Bassin Médit. 28: 127-143.

  3. Le Floc’h, E., Boulos, L. & Véla, E. 2010: Catalogue synonymique commenté de la Flore de Tunisie, ed. 2. – Tunis.

  4. Maire, R. 1955: Flore de l’Afrique du Nord, 3. – Paris.

  5. Médail F., Charrier, M., Charrier, L. & Chaieb, M. 2020 : Flore et végétation vasculaires des petites îles et îlots satellites de Djerba (Tunisie sud-orientale). – Note naturaliste PIM, Marseille.

  6. Médail F., Charrier, L., Charrier, M., Doxa, A., Pasta, S. & Chaïeb, M. 2015a: Vulnérabilité de la biodiversité végétale face à l’élévation du niveau marin: le cas des petites îles et îlots de Tunisie orientale. – Pp. 227-236 in: Beltrando, G., Dahech, S., Daoud, A. & Etienne, L. (Eds), Vulnérabilité des littoraux méditerranéens face aux changements environnementaux contemporains. Actes du symposium international, Kerkennah (Tunisie) du 20 au 24 octobre 2015 – Sfax.

  7. Médail F., Pasta, S. & Chaieb, M. 2015b: Flore et végétation des îles et îlots satellites de l’archipel des Kerkennah (Tunisie orientale). Bilan de la biodiversité végétale terrestre, impacts environnementaux et recommandations de gestion. – Note naturaliste PIM, Aix-en-Provence.

  8. Neb A., 2012. Etude de la nidification du Goéland leucophée Larus michahellis dans la lagune de Boughrara. Faculté des sciences de Gabès, 42 p.

  9. Podlech, D. & Zarre, S. 2013: A taxonomic revision of the genus Astragalus L. (Leguminosae) in the Old World, 1. – Wien.

  10. Pottier-Alapetite, G. 1979-198 : Flore de la Tunisie. Publications scientifiques tunisiennes. Programme flore et végétation tunisiennes, 1. – Tunis.

  11. Scholz, H. 1990: Neue und wenig bekannte mediterrane Gramineen-Taxa (New and little-known Mediterranean Gramineae-taxa). – Willdenowia 19: 405-412.

  12. Rivière V., LO Cascio P., 2016. Inventaire herpétologique des îlots satellites de Djerba et de l’archipel des îles Kneiss ; Tunisie ; Compte-rendu de prospections ; préconisations de gestion. Version définitive du 06/06/2016. Initiative PIM, 32 p.

  13. Vanden Berghen, C. 1981: Liste commentée des plantes vasculaires observées dans l’île de Djerba (Tunisie méridionale). – Lejeunia 105: 1-38.

Tableau récapitulatif des clusters et îles du sous-bassin


NOM DES ILES

ET ILOTS

NOM DE L’ARCHIPEL surface (ha) Altitude max (mètre) Linéaire côtier (mètre) Distance à la côte (mile nautique) Coordonnées géographiques Propriété Iles avec au moins un statut de protection Présence d’un gestionnaire
Latitude Longitude
Gataa el Bahria, Guettaiet el Baharia, Ilot Cattaya Archipel Djerba

72.81 2 4639 1.62 33.69138718 10.77388859 publique X
El Gataïa el Bahria,Guettaiet el Baharia,Ilot Cattaya 153.21 5 9200 1.06 33.73222351 10.71527767 publique X
Ilot de Borj Jilidj,Dzira 2.44 3 906 12.087 33.87497 10.73973 publique X
Ilot Est d’El Ghala 0.1102 1 164 14.74 33.90089 10.79914 publique X
Ilot de Sidi Salem 0.0286 119 14.882 33.89938 10.81134 Publique X
Lella Hadhria Nord 0.5 3 345 11.22 33.790329 11.060915 Publique X
Lella Hadhria Sud 0.31 1 271.5 11.11 33.788723 11.062066 Publique X
Jlij,Ilot Djellidji 149.29 1 5830 2.42 33.59638977 10.86722183 Publique X
Ilot Jlij Centre 1.43 2 621.96 3.14 33.579093 10.868933 Publique X
Ilot Jlij Sud 0.288 2 218.7 3.27 33.57732 10.869666 Publique X

ISSN 2970-2321

Cette fiche a été rédigée dans le cadre du projet d’Atlas encyclopédique des Petites Iles de Méditerranée, porté par le Conservatoire du Littoral, l’Initiative PIM, et leurs nombreux partenaires.
This sheet has been written as part of the encyclopedic Atlas of the Small Mediterranean Islands project, carried out by the Conservatoire du Littoral, the PIM Initiative and their numerous partners.
(https://pimatlas.org)

CLUSTER

Cluster Kerkennah

Rédigé par : Sabri JAZIRI

Date de création : 12 novembre 2021

Pour citer cette version : JAZIRI, S.  (2021). Fiche cluster : Kerkennah. Atlas of Small Mediterranean Islands. https://pimatlas.org/explorer-atlas/clusters/kerkennah/

Composition du cluster : îles 5
Composition du cluster : archipels 1
Nombre d’îles avec au moins un statut de protection national 0
Nombre d’îles avec au moins un statut de protection international 0
Nombre d’îles avec au moins un gestionnaire 0

Description générale


Des cormorans près du rivage (©Atef LIMAM SPA/RAC)

Ce cluster est composé par l’archipel de Kerkennah. Il est situé au sud-est de la Tunisie dans le golfe de Gabès à environ 20 km de la ville de Sfax, entre les parallèles 34°51’N et 34°36’N et les méridiens 10°58’E et 11°21’E. Sur le plan administratif Kerkennah est une délégation du gouvernorat de Sfax. La superficie totale de l’archipel est de l’ordre de 160 km2, avec un linéaire côtier de 181 kilomètres. Il est allongé du nord-est vers le sud-ouest sur plus de 35 km culminants 13 mètres à Ouled Ezzedine (Dahech et al., 2015). Cet archipel est organisé en 10 imadas (Ramla, Attaya, Sidi Frej, Mellita, El Kallabine, Ennajet, Echargui, El Kraten, Ouled Kacem et El Kantra).

Ce cluster est constitué par deux iles principales. L’ile Gharbia au sud-ouest, d’une superficie de 49 Km2 et l’île Charguia au nord-est, d’une superficie de 110 Km2. Les îlots de l’archipel sont principalement situés au nord-est, on dénombre 13 iles et îlots émergents. Les plus grandes sont Gremdi (196 ha), Roumadiya (167 ha), Sefnou (53 ha) et Lazdad (22 ha), les plus petites sont principalement Ramadiya (4,1 ha), Charmadia (2,8 ha) et El Oula (2,2ha). Ces îlots dont la morphologie plane ne dépassent pas 4 mètres d’altitude.

La topographie de ce cluster est globalement monotone, marquée par une succession de collines très molles et de basses sebkhas dont l’altitude ne dépasse pas 3 mètres, occupés par des terres humides (chotts, sebkhas, marais maritimes). Les côtes occidentales sont très rectilignes et des côtes septentrionales très découpées. Cette morphologie tourmentée de la zone nord de l’archipel est due à plusieurs facteurs, essentiellement à l’effet des vagues du secteur nord et nord-ouest. Cette morphologie tourmentée est aperçue dans les iles et ilots de la zone nord-est, où on peut dénombrer sur un même îlot quatre physionomies de côte différentes : des falaises qui dépassent rarement les 3 à 4 m à Sefnou, Gremdi et Roumadiya, des côtes rocheuses basses dans les îles de la zone nord-est de l’archipel, des plages qui se trouvent généralement au fond des criques ou au pied des falaises qui sont très peu épaisses et étroites, ainsi que des côtes à marais maritimes. (APAL 2001).

Les vestiges archéologiques présents dans l’archipel témoignent d’une présence humaine très ancienne, elle remonte à l’époque des Phéniciens (12e siècle avant notre ère), faisant de tout l’archipel un relai entre l’orient et l’occident pour les échanges commerciaux et le ravitaillement, comme le confirme le port « Cercina » (à El H’sar) sur les côtes ouest de l’île. 

Les fouilles archéologiques entreprises aux îlots nord et nord-est ne sont pas nombreux, mais les quelques prospections réalisées (Khcherem, F. 2018) ont témoigné d’une présence ancienne de plusieurs civilisations dans ces îles et îlots. En effet, les fouilles entreprises dans la zone ont montré la présence d’un four en céramique et d’un monastère byzantin au niveau des ilots Roumadiya, des citernes allant de l’époque romaine jusqu’au Aghlabides dans Sefnou. Une carrière romaine à Gremdi. La présence de ceinture romaine fortifiée reliant Roumadiya et Gremdi jusqu’au niveau de Haj Hmida.

Les îlots nord et nord-est renferment des potentialités archéologiques importantes et nécessitent un programme spécifique de la part de l’INP (Institut National de patrimoine), afin de valoriser ce patrimoine et de dresser une carte touristique des sites archéologiques de ces ilots de l’archipel.

Ce cluster appartient à la zone bioclimatique aride à semi-aride caractérisé par une grande variation pluviométrique interannuelle et saisonnière en dessous de la moyenne annuelle nationale (Fehri, 2011) et une évapotranspiration très élevée surtout en période estivale. Mise en exergue par un stress hydrique (déficit de plus de 1000 mm/an) et une salinisation des sols. Tous ces facteurs rendent la vie dans l’archipel un peu ardu qui n’a pas favorisé le développement des activités d’agriculture et d’élevage qui sont restées des activités de subsistance.

Le plateau continental de ce cluster se caractérise par une faible profondeur qui varie entre 0 et 5m et par une succession de plusieurs paysages unique. On aperçoit des vasières ou « bhiras » de 2 à 3 m de profondeur entourée de cordons de posidonies tapissés de cymodocées au fond. Des cordons ou « tsirs » appelés également bancs, formées par de débris biogènes coquilliers et végétaux occupés au sommet par des caulerpes, et qui peuvent être émerger en périodes de mortes-eaux et basses mers. Des chenaux de marées ou « oueds » qui sont de longues et étroites dépressions sinueuses, profondes de 5 à 12 mètres et par lesquelles affluent et refluent les eaux du flot et du jusant entraînant la vase qui va se déposer au fond des bhiras. Par des marées relativement importantes par rapport au reste de la méditerranée et qui peuvent atteindre 1,8 mètre dans le fond du golfe (Pergent & Kempt, 1993) a permis aux Kerkenniens de développer un système ingénieux de pêcherie fixe (charfia) considérer comme un patrimoine de l’île, qui est inscrite depuis peu (19 févr. 2021) au patrimoine immatériel de l’humanité de l’UNESCO.

Connaissances


Padina pavonica sur substrat dur (©Tarek Mokhtari PIM)

Les îlots nord et nord-est de l’archipel de kerkennah sont connus pour avoir une richesse spécifique exceptionnelle. Cette richesse se traduit par un nombre important d’espèces animales et végétales dont certaines sont endémiques de la région, d’autres sont exogènes, menacées, dont certaines sont inscrites aux protocoles relatifs aux aires spécialement protégées et à la diversité biologique en Méditerranée (convention de Barcelone). 

Au total 227 espèces ont été décrites dans ces zones d’études, l’embranchement le plus représenté est celui des chordés (chordata) avec 53 espèces (23,7%), suivis par l’embranchement des spongiaires (porifera) avec 39 espèces (17,2%) les moins représentées sont les foraminifères et les trachéophytes qui ne sont représentés que par une seule espèce. Concernant les mammifères marins (Mammalia), 6 espèces ont été décrites dont 3 odontocètes (le grand dauphin Tursiops truncatus , le dauphin bleu et blanc Stenella coeruleoalba et le dauphin de risso Grampus griseus ) et 3 mysticètes (le rorqual commun Balaenoptera physalus, le mégaptère Megaptera novaeangliae et le petit rorqual Balaenoptera acutorostrata), et 3 espèces de la classe des reptiles (Reptilia) sont des tortues marines (La tortue caouanne Caretta caretta, la tortue verte Chelonia mydas et la tortue luth Dermochelys coriacea). Toutes les espèces des mammifères marins et des reptiles ont une haute valeur patrimoniale et sont toutes menacées et protégées par diverses conventions ratifiées par la Tunisie, dont l’annexe II de la convention de Barcelone. Les phanérogames abritent également différentes classes de l’embranchement des Mollusques (Mollusca). Dans cet habitat, on a dénombré 3 classes de mollusque : les bivalves ; dont on peut citer Pinna nobilis (qui fait partie de la liste de l’annexe II de la convention de Barcelone) ; les céphalopodes, qui sont représentés par des espèces exploités comme Loligo vulgaris, Octopus vulgaris et Sepia officinalis et les gastéropodes dont ont peut citer Bittium reticulatum, Cerithium vulgatum.

Le paysage sous-marin dans la zone nord et nord-est de l’archipel est caractérisé par la présence des pelouses de Cymodocées et d’un immense herbier à Posidonia oceanica, sous sa forme d’herbier tigré est l’un des plus remarquable de toute la méditerranée. Ces deux espèces de phanérogames marines font l’objet d’un intérêt international pour la conservation, elles sont inscrites dans la liste des espèces en danger ou menacées de l’annexe II de la convention de Barcelone.

Les espèces d’algues comme les Cymodocea nodosa, Caulerpa prolifera et Cystoseira spp constituent avec les herbiers de phanérogames marines un écosystème de grande importance écologique. Les espèces du genre Cystoseira inscrites sur l’annexe II du Protocole ASP/DB, six sont présentes dans la zone d’étude. Cystoseira foeniculacea f. schiffneri est la Cystoseire la mieux représentée.

En ce qui concerne l’avifaune, l’archipel de kerkennah est classé comme étant une zone d’importance pour la conservation des oiseaux (ZICO). Un site d’hivernage pour plusieurs espèces nicheuses ou de passage. D’après les prospections qui ont été menées par Qninba & Ouni en 2014 dans les îlots nord-est, 42 espèces d’oiseaux ont été recensés, dont 17 ont été identifiées comme étant des espèces reproductrices certaines ou très probables. Ce diagnostic a révélé la présence de Gravelot à collier interrompu (Charadrius alexandrinus) dans tous les îlots de l’archipel. Le goéland leucophée (Larus michahellis) présent à Sefnou ainsi que tout l’archipel. L’Oedicnème criard (Burhinus oedicnemus) présente surtout à Gremdi, Roumadiya, Sefnou et Rmadiya (qui constitue l’espèce la plus abondante du peuplement avien insulaire où ces îlots sont caractérisés par d’importantes steppes de Stippa capensis), le Cochevis huppé (Galerida cristata) est présent sur les îlots nord-est de superficies importantes notamment à Gremdi, Roumadiya et Sefnou. L’Alouette pispolette a été retrouvée au niveau des îlots Roumadiya, Sefnou et Ramadiya. D’autres espèces ont été recensées dans les îlots nord et nord-est dont la répartition est très importante. Notamment, le Faucon crécerelle, les deux Tourterelles et la Huppe fasciée qui ne colonisent que Gremdi et Sefnou, également la Pie-grièche grise niche à Gremdi sur des supports arborés ; la Perdrix gambra qui a été retrouvée au niveau des îlots Gremdi et Sefnou, le Grèbe huppé trouvé à Roumadiya au sein des sansouïre (steppe salée), le Pipit rousseline (Anthus campestris) et Bergeronnette printanière ont été observées à Sefnou, leTraquet oreillard, espèce rupestre, se reproduit probablement au niveau des petits reliefs rocailleux de Gremdi. D’autres espèces nichent et se reproduisent sur ces îlots, on peut citer essentiellement Goéland leucopée, Oedicnème criard, Gravelot à collier interrompu, Cochevis huppé, Chevalier gambette et l’Alouette pispolette.

Intérêts


La grande nacre Pinna nobilis (© Tarek mokhtari PIM)

Ce cluster est un patrimoine paysager et culturel unique en méditerranée. Il suscite un intérêt pour la conservation de plus en plus pressant pour freiner la dégradation de son écosystème fragile et pour faire face aux changements climatiques qui sont de plus en plus perceptibles ces dernières décennies. Ce cluster est situé sur la route migratoire de plusieurs espèces avifaunes hivernant, ainsi classé comme une zone importante pour la conservation des oiseaux (zone ZICO). On estime que près de 8000 individus d’oiseaux marins fréquentant l’archipel durant la saison hivernale en période de nidification (Wetland, 2003). En effet, un tiers de la superficie totale de l’archipel est constitué par des Sebkhas et des dépressions salées : ces milieux constituent une zone d’hivernage recherchée (présence permanente d’eau) pour de nombreux oiseaux qui viennent nicher, notamment pour des espèces comme le grand cormoran Phalacrocorax carbo, les goélands (Larus genei, Larus fuscus, Larus cachinnans) et les sternes (Sterna caspia, Sterna sandvicensis), ainsi que les limicoles et au coté de distincts oiseaux d’eau à l’instar des spatules blanches Platalea leucorodia, et les hérons cendrés Ardea cinerea.

Le paysage sous-marin de l’archipel est caractérisé par la présence d’un immense herbier de Posidonia oceanica de structure très rare en méditerranée (herbier tigré) qui constitue un paysage sous-marin à haute valeur écosystémique. Sans pour autant oublier les espèces animales et végétales qui sont en menacés, notamment la grande nacre (Pinna nobilis), et qui font l’objet de conservation d’après plusieurs conventions et protocoles internationaux.

La charfia : un patrimoine mondial à conserver


Le 19 février 2021, la charfiya a été inscrite comme un patrimoine immatériel de l’humanité de l’UNESCO. C’est une pêcherie fixe artisanale remontant à l’époque punique. Elle est constituée par des palmes fichées dans le fond marin, qui exploite les mouvements des marées pour entraîner les poissons dans des chambres mortes (nasses).

Les Kerkenniens sont réputés posséder, contrats à l’appui, des parcelles de mer. Ceci remonte à l’année 1929 où le Bey a tenté de régulariser la situation de ceux qui exploitent les cherafi en propriété en leur proposant la concession de l’exploitation pour une durée de 60 ans sans résultats. En 1989 l’autorité tunisienne a décidé d’accorder à ces exploitants privés une période de concession supplémentaire de 39 ans. 

De nos jours, les autorisations de pêcheries fixes ne sont accordées qu’aux personnes physiques de nationalité tunisienne et aux personnes morales dont le capital est détenu en totalité par des personnes physiques de nationalité tunisienne, d’après l’Arrêté du 28 septembre 1995.

Cette technique de pêche ancestrale s’éloigne peu à peu de son caractère artisanal qui respecte l’environnement. Ils sont conçus en filets de pêche, des tubes en PVC et des matériaux ferreux qui ne respectent plus le repos biologique et restent implantés jusqu’à 3 ans et même plus, mettant en péril les ressources halieutiques et entre en compétition avec la pêche côtière

Pressions


Barque côtière utilisant l’engin prohibé « Kiss » dans le port de Sidi Youssef (© JAZIRI Sabri)

Les îles et îlots nord et nord-est de l’archipel, bien qu’ils soient encore peu exploités, subissent plusieurs pressions tant au niveau terrestre que marin.

La bioinvasion est un phénomène récurrent ces dernières années, elle peut induire un déséquilibre écosystémique parfois irréversible. L’installation des crabes bleus Portunus segnis et Callinectes sapidus dans la zone est un exemple concret sur les dégâts que peuvent causer ce genre d’invasion sur la biodiversité ainsi que sur l’économie de la pêche locale. Sans pour autant oublier la présence de plusieurs espèces dans la zone qui présentent un potentiel invasif tel que l’algue verte Caulerpa racemosa et Caulerpa taxifolia, la phanérogame Halophila stipulacea, et les autres crabes potentiellement invasifs signalés auparavant tels que Percnon gibbesi, Libinia dubia et Eucrates crenata, etc…) ou encore le bivalve Pinctada radiata.

 

L’exploitation et dégradation du couvert végétal des îlots. En effet, ils ont servi comme lieu de pâturage pour le petit élevage (en particulier ovins et caprin) pour la population locale de l’archipel et notamment celle d’El Attaya. Ces lieux de pâturages concernent notamment les îlots de Roumadiya, Sefnou et de Gremdi. Ce dernier site a été utilisé aussi pour l’élevage des lapins. Actuellement le couvert végétal souffre d’un surpâturage notamment sur les touffes de sparte Lygeum spartum.

Le braconnage, le ramassage des oeufs de perdrix gambra (Alectoris barbara) et l’abattage de tortues marine (Caretta caretta) sont les raisons majeures du déclin drastique de ces populations dans la région des Kerkennah. Les oiseaux nicheurs des îlots Nord Est de l’archipel sont sujets à un braconnage et un pillage assez conséquent sur leurs nids.

L’élévation du niveau de la mer dans l’archipel de Kerkennah est beaucoup plus rapide qu’ailleurs en Tunisie, par le jeu combiné de la subsidence et du réchauffement climatique. Comme le témoignent les nombreux vestiges archéologiques qui gisent localement, sous plus d’un mètre d’eau. Notamment, les sites au large d’El Ataya et de l’îlot de Gremdi.

La pêche illicite, non réglementaire non déclaré dans l’archipel qui ne cesse de s’amplifier ces pratiques occasionnent des dégâts considérables sur les ressources halieutiques, mais aussi sur la flore marine, et principalement les herbiers de posidonies, ainsi que sur les espèces animales emblématiques comme la caouanne Caretta caretta et la grande nacre Pinna nobilis, et des stocks halieutiques de l’archipel des Kerkennah. La production d’éponges a fortement diminué ces dernières années. Selon les statistiques de la DGPA de 2010, la baisse de cette production serait de l’ordre de 90% sur la période s’étalant de 2006 à 2010 (101 tonnes en 2006, 10 tonnes seulement en 2010). Cette baisse est due essentiellement à la surexploitation du stock des éponges commercialisées dans la région.

La pollution dans la région notamment celle due à l’exploitation offshore des hydrocarbures, et plus généralement la pollution du golfe de Gabès ne peut qu’aggraver la situation.

Kerkennah : résilience face aux dérèglements climatiques


La population insulaire kerkenienne fait face à plusieurs défis qui sont de plus en plus perceptibles ces dernières années. Le réchauffement climatique et l’élévation du niveau de la mer sont parmi les défis auxquels doit faire face la population kerkenienne . 

Ce phénomène qui touche plusieurs régions du globe n’épargne pas la Tunisie. En effet, d’ici la fin du siècle, le pays va faire face à une hausse du niveau de la mer qui peut atteindre 50cm, ce qui peut provoquer la perte d’une grande partie de l’archipel et même la disparition totale de certaines îles. En effet, il y a un risque important de submersion des ilots Gremdi et Roummadiya, ainsi que les ilots de Lazdad, El Louza et El Oula (APAL, 2015). Avec cette élévation du niveau de la mer s’ajoute une salinisation des terres. Des milieux du type sebkhas qui sont aujourd’hui fréquemment inondés et impraticables pour les activités humaines, comme l’agriculture, le pâturage, etc.

Face à cette situation, il est nécessaire d’explorer et d’apporter des solutions concrètes et des outils d’adaptation de l’archipel ainsi que la population. Ce que les connaissances scientifiques peuvent apporter. En effet, la recherche peut jouer un rôle vital dans la prévision et l’anticipation des risques, et dans l’identification de solutions d’adaptation. En s’appuyant aussi sur les solutions déjà déployées à travers le monde et qui peuvent inspirer la prise de décision pour une meilleure adaptation de l’archipel au changement climatique.

Cette démarche doit être appréhendée par une approche participative impliquant des acteurs locaux avec la participation des chercheurs pour faire face à ce défi. Pour cela, il est nécessaire d’entamer la recherche des financements conséquents puisque ce type de projet peut être étalé dans le temps, nécessitant des moyens financiers importants.

Gestion / conservation


Actuellement les îlots nord-est de l’archipel ne disposent d’aucun statut spécifique de protection et de conservation. Il faut signaler que ces îlots ont fait l’objet d’une étude appuyée par le SPA/RAC pour l’élaboration d’un plan de gestion de la partie marine et côtière. Cette AMCP dans l’archipel sera probablement envisagée dans les nouvelles AMCP en Tunisie, par l’agence d’aménagement et de protection du littoral (APAL) qui est du point de vue législatif, l’organisme qui en charge de la gestion.

Principales ressources bibliographiques


  1. APAL. (2001). ETUDE DE GESTION DE LA ZONE SENSIBLE LITTORALE DES ÎLOTS NORD-EST DE KERKENNAH, 55p.

  2. Atlas APAL, 2015. Le littoral tunisien : Atlas de la vulnérabilité à l’élévation du niveau de la mer : l’archipel de Kerkennah.

  3. APAL /FEM/PNUD, Edition septembre 2015 : 52-61.

  4. Ben Mustapha k . (2007). Démosponges Littorales des Iles Kerkennah (Tunisie). Bull. Inst. Natn. Scien. Tech. Mer de Salammbô, 34.

  5. CAR/ASP – PNUE/PAM, (2015). Étude socio-économique de la partie marine du nord-est des Iles Kerkennah en Tunisie. Par Scander BEN SALEM. Ed. CAR/ASP –Activité de duplication : initier l’établissement d’une nouvelle aire marine protégée en Tunisie, Tunis. 97 pages.

  6. Communication personnelle, Farid Khcherem, INP, Sfax, 2018

  7. Dahech, S., Bouaziz R., Etienne, L., Berges, J.-C., Daoud. À., Beltrando G. (2015). L’archipel de Kerkennah (Tunisie) face au risque d’inondation : approche par l’aléa et les vulnérabilités. Actes des Journées CNFG Climat et Sociétés, 13 p.

  8. DGEQV. (2012). Étude de l’impact de la pêche sur la biodiversité dans le golfe de Gabès. Projet de protection des ressources marines et côtières du golfe de Gabès GEF-054942-TUN. Bureau IHE, Rapport de la phase 1, 187 p.

  9. Etienne, L. (2014). Accentuation récente de la vulnérabilité liée à la mobilité du trait de côte et à la salinisation des sols dans l’archipel de Kerkennah (Tunisie) (Doctoral dissertation, Université Paris Diderot (Paris 7) Sorbonne Paris Cité ; Université de Sfax (Faculté des Lettres et Sciences Humaines)).

  10. Fehri A., 2000. Kerkena : Histoire et Société. Édit. Centre Cercina et FLSH de Sfax, Sfax, 197 p.

  11. Fehri, N. (2011). La palmeraie des Îles Kerkennah (Tunisie), un paysage d’oasis maritime en dégradation : déterminisme naturel ou responsabilité anthropique ? Physio-Géo. Géographie physique et environnement, (Volume 5), 167-189.

  12. Khcherem, Farid. 2018. Communication personnelle INP, Sfax, SIPAM, FAO.

  13. Qninba A. & Ouni R. 2014. Les oiseaux nicheurs sur les îles et îlots nord-est de l’archipel de Kerkennah, Tunisie. Initiative PIM. CdL (France)-APAL (Tunisie). 24 pp.

  14. SPA/RAC – ONU Environnement/PAM. (2019). Plan de gestion de la partie marine et côtière des îlots nord de l’archipel de Kerkennah – Phase I : bilan diagnostic. Par Cabinet Thétis-Conseil, Kheriji A.,Limam A., Guellouz S. et Ben Hmida A. Ed. SPA/RAC, Tunis : 79 p + annexes.

  15. Pergent, G. et Kempf, M. (1993). L’environnement marin côtier en Tunisie – Rapport de synthèse.Groupement Intérêt Scientifique Posidonie, IFREMER, ANPE Tunisie 539 p.

Tableau récapitulatif des clusters et îles du sous-bassin


NOM DES ILES

ET ILOTS

NOM DE L’ARCHIPEL surface (ha) Altitude max (mètre) Linéaire côtier (mètre) Distance à la côte (mile nautique) Coordonnées géographiques Propriété Iles avec au moins un statut de protection Présence d’un gestionnaire
Latitude Longitude
Gharbia Archipel des Kerkennah

Etat*
Charguia Etat*
Gremdi 206 3 8880 20 34.7555542 11.32111073 DPM 0 0
Roummadiya 159 4 9176 19 34.81999969 11.31583309 DPM 0 0
Sefnou 50 4 4752 15 34.79583359 11.22416687 DPM 0 0
Ramadiya 4 2 1099 18 34.82416534 11.28138924 DPM 0 0
Lazdad 34 3815 20 34.76805496 11.29777813 DPM 0 0
Charmadia 2,79 2 722 15 34.76750183 11.20666695 DPM 0 0
El Oula 2,21 785 22 34.757164 11.302829 DPM 0 0
El Louza 1,18 521 19.54 34.77194 11.293015 DPM 0 0
Jeblia 1,43 648 23.07 34.75763 11.362424 DPM 0 0
Keblia 0,99 495 23.1 34.75291 11.360442 DPM 0 0
Hjar el Oust 0,13 168 22.63 34.753459 11.351503 DPM 0 0
Gharsa 1,64 633 22.43 34.758369 11.350458 DPM 0 0
Chehimi 0,06 114 22.25 34.757392 11.344791 DPM 0 0

ISSN 2970-2321

Cette fiche a été rédigée dans le cadre du projet d’Atlas encyclopédique des Petites Iles de Méditerranée, porté par le Conservatoire du Littoral, l’Initiative PIM, et leurs nombreux partenaires.
This sheet has been written as part of the encyclopedic Atlas of the Small Mediterranean Islands project, carried out by the Conservatoire du Littoral, the PIM Initiative and their numerous partners.
(https://pimatlas.org)

CLUSTER

L’archipel de Kuriat

Rédigé par : Jamel JRIJER

Date de création : 2017

Pour citer cette version : JRIJER, J.  (2017). Fiche cluster : Kuriat. Atlas of Small Mediterranean Islands. https://pimatlas.org/explorer-atlas/clusters/kuriat/

Composition du cluster : îles 2
Composition du cluster : archipels 1
Nombre d’îles avec au moins un statut de protection national 0
Nombre d’îles avec au moins un statut de protection international 0
Nombre d’îles avec au moins un gestionnaire 2

Description générale


Le phare situé dans la partie centrale de la grande île
(©Sahbi Dorai, 2016)

L’importance des îles Kuriat est traduite par le fait qu’elles constituent un site favorable non seulement pour les espèces terrestres comme les oiseaux migrateurs, mais aussi pour des espèces marines comme les tortues caouannes où Kuriat est l’un des principaux sites de leur nidification au sud de la Méditerranée (Aguir, 2011). C’est un archipel constitué de deux îlots ; la grande Kuriat et la petite Kuriat ou Conigliera appelée aussi ile des lapins ou des lièvres (Aguir, 2011), situées au nord-est du cap de Monastir. La grande ile marque l’extrémité sud du Golfe de Hammamet (Riviere, 2014). Elles sont éloignées du littoral de Monastir par une distance relativement faible d’environ 18 Km. Ces petites iles inhabitées à distance de 2 km l’une de l’autre, sont caractérisées par des altitudes basses et une absence de relief (Aguir, 2011). L’intérêt de l’archipel est justifié  par le fait qu’elles abritent un site favorable non seulement pour certaines espèces d’oiseaux migrateurs, mais aussi pour des espèces marines comme les tortues caouannes emblématiques de ce site. D’ailleurs, Kuriat est l’un des principaux sites de leur nidification au sud de la Méditerranée. Ces iles abritent une richesse faunistique et floristique très importante et sont considérées comme deux écosystèmes vulnérables (Aguir, 2011). Cet auteur signale que dans la partie nord et rocheuse des îles et à des profondeurs très faibles il existe des formations de fonds de Maërl considérées comme très rares et très vulnérables à l’échelle méditerranéenne. Les îles Kuriat qui sont une zone sensible  devraient à court terme être érigées comme aires protégées (PG Kuriat, 2014).

Connaissances


Balisage des nids de caouanne, un suivi systématique et régulier (J. Jrijer, 2016)

La grande Kuriat a une forme ovoïde, elle couvre environ 270 ha avec une longueur de 3,5 km et une largeur de 2 km. Les altitudes varient entre -1 m et 5 m. on remarque la présence de trois grandes sebkhas. Une construction au nord de l’ile, dans la région la plus élevée, un phare qui a été construit en 1888. Pas très loin du phare, il y a un marabout « Sidi Sâad ». 

La petite Kuriat présente une forme quasi-triangulaire et couvre 50 ha. On remarque aussi que cette ile présente de faibles altitudes (Aguir, 2011). Grâce à sa plage sableuse qui s’étend sur 1000 mètres de long, l’ile est très fréquentée par les touristes surtout pendant la période estivale. On dénombre 45000 personnes par an (Riviere & Lo Cascio, 2014). 

Les îles Kuriat sont caractérisées par un substrat géologique dont la nature est marquée par la présence de grès et de roches carbonatées couverts de matériaux sableux déposés par la mer ou sablo-vaseux en provenance des sebkhas. Principalement on trouve des formations quaternaires appartenant au pliocène supérieur constitué par des grès jaunes coquilliers qui affleurent dans les parties les plus élevées de l’île (Fig. 1). 

La mer avait franchi la ligne actuelle du rivage et les îles devaient se trouver sous l’eau et appartenir de ce fait à un ancien haut fond (Oueslati, 1995). Les Kuriat appartiennent au haut fond « d’Edhar », et sont caractérisées par une structure géologique profonde complexe due à leur position pseudo-anticlinale située au milieu d’un fossé comblé par une importante formation sédimentaire de quelques 2000 m. Actuellement, ces îles constituées de matériaux meubles et dépassant à peine le niveau de la mer sont confrontées à un risque sérieux de submersion dû à l’élévation du niveau de la mer.

Cet archipel repose sur des fonds de faible profondeur. Le fond marin évolue en pente douce jusqu’à des fonds d’ordre de -3m. Les isobathes -5m et -10m se situent respectivement à 800m et 15000m environ de la ligne de rivage. Cette dénivelée est plus marquée sur le secteur sud.

Cette faible dénivelée ralentit très perceptiblement les courants qui influencent malgré tout la configuration de ces deux îles.

Intérêts


Les bébés caouanne se dirigent vers la mer après éclosion sur l’île kuriat (© Association Notre Grand Bleu, 2015)

Les îles Kuriat se caractérisent par leur richesse faunistique et floristique particulière ainsi qu’un potentiel écologique important.

  1. Partie terreste :

Les iles Kuriat possède un patrimoine naturel doté d’une grande richesse floristique et faunistique qui a subi des modifications à cause de la présence humaine

.

Le couvert végétal sur les iles Kuriat se répartit en trois paysages (Aguir, 2011) :

La végétation halophile : ce type de végétation est abondant sur les îles Kuriat et il est lié à la chimie du sol et à son degré de salinité. Parmi les halophytes strictes l’archipel abrite : Halocnemum strobilaceum, Salicornia arabica, Atriplex nflata, Suaeda vera, Suaeda mollis, Arthrocnemum indicum, Juncus maritimus.  Des halophytes modérées et des pseudohalophytes sont rencontrées comme :Tamarix gallica, Hordeum maritimum, Plantago crassifolia et Plantago coronopus.

La végétation psammophile  retient le sable transporté par le vent : Salsola kali et Cakile aegyptica qui sont adaptées à un milieu caractérisé par un substrat mobile. Il remarque que que Ammophilia arenaria et Euphorbia paralias sont des fixatrices de sable et ont ainsi permis l’existence d’avant de dunes bien développées protégeant  ainsi que les mattes de posidonies mortes, l’archipel de l’érosion.

De petits arbustes qui ne dépassent pas un mètre de hauteur sont identifiées: sont également présent sur les parties les plus élevées de la grande île.

Quelques  mammifères sont également présents :

Les lapins se trouvent sur les deux iles Kuriats : la petite Kuriat s‘appelle  Conigliera, des travaux biométriques et neuro-endocriniens suggèrent que leur introduction est très ancienne vu que l’espèce a acquis une différenciation par rapport à l’européenne (Ben Ammar-El Ghaïeb A. et al.in El Hili et al. 2002). 

Plusieurs espèces de reptiles ont été signalées sur les îles Kuriat par Lo Cascio et Rivière (2014) durant la mission naturaliste de l’initiative des petites îles de Méditerranée sur les îles Kuriat et les îlots de chebba. 

Espèces Grande Kuriat Petite Kuriat
Hemidactylus turcicus
Tarentola fascicularis
Trachylepis vittata
Chalcides ocellatus
Mesalina olivieri
Malpolon insignitus

La Tortue caouanne C. caretta en Tunisie 


La tortue caouanne C. caretta est la seule espèce nicheuse dans les côtes tunisiennes. Pour la première fois en Tunisie, la nidification de cette espèce a été mise en évidence en 1988 sur la plage située entre Ras Dimas et Mahdia et sur l’île grande Kuriat au large de Monastir (Laurent et al. 1990). De nos jours, plusieurs observations et témoignages indiquent la nidification de la caouanne sur d’autres plages telles que Nabeul, Kerkennah, Zarzis et surtout La Chebba où la nidification a été bien documentée (Ellouze, 1996 ; Jribi, 2017). Plus récemment, on a signalé la présence des nids de C. caretta dans la zone nord de la Tunisie à Chatt el Zouaraa (gouvernorat de Béja). Ce qui constitue de la Tunisie la limite supérieure du bassin oriental pour la nidification de cette espèce dans la Méditerranée. En Tunisie, l’Institut National des Sciences et Technologies de la Mer (INSTM) en collaboration avec l’APAL a commencé le suivi de la nidification des tortues dès 1997. En 2004, une station de protection et soin des tortues marines à l’INSTM (centre Monastir) a vu le jour. En 2014, on a assisté à la mise en place d’un réseau d’échouage des cétacés et tortues marines par un décret ministériel. De point vu législatif, la pêche et la collecte des œufs de la tortue marine sont interdites par la loi n°94-13 du 31 juillet 1994 du Ministère de l’Agriculture et son décret d’application du 28 septembre 1995 qui organise les activités de pêche.

Sabri JAZIRI 

Pressions


Relief plat au ras de l’eau, zones humides, vulnérabilité à l’élévation du niveau de la mer, risque élevé (A. Abiadh, 2014)

La pollution de la baie de Monastir, très confinée, peu profonde et au faible hydrodynamisme n’affecte pratiquement pas les eaux de l’archipel, même s’il s’agit d’un véritable cloaque. 

Dans ce secteur, nous citerons toutefois une pollution très perceptible au niveau des stations piscicoles où les déjections et les granulés non ingérés ont exterminé toute vie sur des fonds anoxiques et abiotiques, ces fonds étaient avant l’établissement des fermes piscicoles couvertes par un « puissant » herbier de posidonies.

Une autre pression sur la biodiversité marine est le trafic maritime. En effet, actuellement, le secteur de transport maritime fait partie intégrante de l’environnement économique et joue un rôle primordial dans la promotion des échanges commerciaux. Ce secteur affiche une augmentation rapide et significative (Saghaier et al, 2016). De ce fait, le trafic maritime est l’un de vecteurs d’introduction non intentionnelle des espèces non indigènes à travers le déversement des eaux de ballast et le biofouling.

On signale également une surpêche et l’usage d’engins illégaux dans les eaux des Kuriat initialement exploitées par quelques embarcations artisanales.

Enfin et ceci est valable pour l’ensemble des îles du bassin oriental planes et sableuses, les effets des changements climatiques sont visibles et continueront à se manifester dans le futur : il s’agit du cortège classique d’impacts dus à ces phénomènes : élévation du niveau de la mer : érosion, submersion, extension des sebkhas, salinisation de la nappe, sécheresse, évènements extrêmes. Ces anomalies notamment en période estivale exercent une influence sur les peuplements côtiers (Pérez et al. 2004). Leurs impacts sur les espèces et sur les écosystèmes se traduisent par un stress physiologique, d’autant plus prononcé que les espèces considérées sont probablement déjà proches de leur limite de tolérance (Pérez et al. 2004). Ces stress peuvent conduire, soit à des changements de la distribution géographique, soit à des modifications du cycle de vie et des adaptations in situ, soit enfin, chez les formes sessiles ou à mobilité réduite, à d’importantes mortalités accompagnées d’épizooties et de substitution par des formes méridionales thermophiles. (Francour et al. 1994).

Enfin l’ancrage de bateaux impacte aussi le bon état écologique de l’herbier de posidonies,  et les fonds coralliens : la mise en place d’une ancre sur le fond marin s’accompagne de l’arrachage de faisceaux engendrant l’abrasion des mattes de posidonies, un remaniement du substrat et des phénomènes d’affouillement au niveau des structures immergées (Porcher).

La pêche : Entre la bonne gestion ou la bonne gouvernance.


L’ancrage maritime important de la population du Sahel, qui remonte à des siècles, fait de la pêche une activité importante dans le gouvernorat du Monastir. On dénombre six ports de pêche et une Marina (cap Monastir) dans un linéaire qui ne dépasse pas les 34 km. Cette installation portuaire crée une dynamique économique et une source importante d’emploi dans la région. À l’échelle nationale, la contribution du gouvernorat de Monastir est estimée à 25,14% de la production totale. Cette production est assurée par une flottille très diversifiée. On y trouve des barques côtières motorisées (BCM) des barques côtières non motorisées BCNM, des chalutiers, des senneurs ainsi que des thoniers, dont l’effectif total avoisine les 1000 embarcations. Néanmoins, cette activité subit des pressions importantes qui met en péril la durabilité du secteur, notamment la pêche INN signalée dans la région, les pratiques traditionnelles non règlementaires à l’égard de la pêche de l’athérine ainsi que l’expansion de la pêche de plaisance qui échappe à tout contrôle. Incite les cogestionnaires à adopter une approche participative qui fait intervenir tous les acteurs économiques et sociaux du site, pour aboutir à long terme à une convention de bonnes pratiques des activités la pêche dans l’AMCP kuriat.

 

JAZIRI Sabri

Gestion / conservation


La genèse d’un nouveau mode de gestion des aires protégées tunisiennes (S. Asmi, 2013)

La Tunisie accorde un intérêt particulier aux zones côtières et à leur gestion intégrée vue leur poids économique et écologique appuyé par les engagements pris par la Tunisie dans le cadre du protocole de la convention de Barcelone (1976, amendée en 1995), les accords de Rio, l’agenda 21 de la Méditerranée (1994) et la loi n° 2009-49 du 20 juillet 2009, relative aux aires marines et côtières protégées qui décrit ces aires comme suit: « les espaces désignés par la loi, en vue de protéger les milieux naturels, la flore, la faune, les écosystèmes marins et côtiers présentant un intérêt particulier d’un point de vue naturel, scientifique, instructif, récréatif, ou éducatif ou économiques qui constituent des paysages naturels remarquables devant être préservés. »

C’est ainsi que dans le souci de protection, de réhabilitation et de valorisation des espaces littoraux naturels, qu’un programme national de la protection et de gestion des zones sensibles a été élaboré (CAR/ ASP, 2015).

Dans ce cadre, l’APAL et le CAR/ASP ont pris l’initiative pour l’élaboration d’un plan de gestion relatif à ces régions dans le cadre du projet de MedMPAnet illustrant les différents objectifs et raison de sauvegarder ces zones.

Les raisons de création des AMPs visent principalement la sauvegarde de patrimoine naturel ainsi que culturel. En outre, une telle protection permet de maîtriser la gestion de la zone littorale. Une fois préservées, les communautés benthiques vont se repeupler et se réhabituer (CAR/ASP, 2014).

Une attention particulière a été portée aux îles Kuriat. Ces îles abritent de nombreuses espèces remarquables telles que Caretta caretta, Pinna nobilis, Posidonia oceanica. Les Kuriat jouent le rôle d’un site de nidification, une nurserie vue la présence significative des récifs barrière de posidonie autour de cet archipel. Elles abritent également de nombreuses espèces d’oiseaux migrateurs. (CAR/ASP, 2014).

La mise en réserve d’une telle richesse naturelle est primordiale. Pour ce faire, il faut immédiatement éliminer toutes les sources de perturbation et de destructions possibles comme la pêche illicite, les engins de pêche aux arts traînants, le mouillage des bateaux, la pollution… D’autre part, il faut développer l’esprit d’écotourisme et encourager les techniques de pêche artisanale tout en impliquant les différentes parties prenantes dans cette stratégie assurant ainsi la gestion durable des ressources naturelles et la préservation du patrimoine biologique et économique (CAR/ASP, 2015).

Depuis, la gestion a pris une ampleur fulgurante à travers l’association Notre Grand Bleu et l’APAL, grâce à des fonds émanant de plusieurs bailleurs qui ont bénéficié aux cogestionnaires, à l’archipel. Ceci a fait de l’archipel un exemple de cogestion réussie sur l’ensemble de la Méditerranée et plus particulièrement en Tunisie. L’assistance technique s’est également intensifiée grâce à l’appui de différentes organisations méditerranéennes et à la mobilisation de scientifiques et de personnes ressources. Le rayonnement de cette gestion en aussi peu de temps est simplement inédit

Tout y est : inventaires, suivi, restauration écologique, sensibilisation, éducation environnementale, création de pépinière de militants écologistes, école de formation sur toutes les thématiques principalement tournée vers la protection de la caouanne et communication… et de nombreuses autres actions « collatérales ».

Si ce mode de gestion persiste, la future aire protégée est vouée à devenir exemplaire sur l’ensemble de la Méditerranée et constituer une locomotive et un exemple à suivre par de nombreuses AMP.

Principales ressources bibliographiques


  1. Limam, A., Ben Haj, S. (2010). Impact des changements climatiques sur la biodiversité en Mer Méditerranée. (CAR/ASP, Ed.). Tunis.

  2. Krakimel, J.-D. (2003). Impact du tourisme sur la biodiversité marine et côtière de la Méditerranée

  3. CAR/ASP, 2014. Projet Régional pour le Développement d’un Réseau Méditerranéen d’Aires Protégées Marines et Côtières (AMP) à travers le renforcement de la Création et de la Gestion d’AMP.1-96

  4. CAR/ASP – PNUE/PAM, 2015. Elaboration d’un Plan de Gestion pour l’Aire Marine et Côtière Protégée des îles Kuriat (Tunisie) – Phase 2 : Gestion de l’AMCP, définition des objectifs et planification des opérations. Par Thetis-Cabinet Sami Ben Haj. Ed. CAR/ASP – Projet MedMPAnet, Tunis : 56 p + annexes.

Tableau récapitulatif des clusters et îles du sous-bassin


NOM DES ILES

ET ILOTS

NOM DE L’ARCHIPEL surface (ha) Altitude max (mètre) Linéaire côtier (mètre) Distance à la côte (mile nautique) Coordonnées géographiques Propriété Iles avec au moins un statut de protection Présence d’un gestionnaire
Latitude Longitude
Ile Kuriat (Grande) Archipel de Kuriat  251.3 4 6900 9.1 35.79694366 11.03305531 publique X  
Ile Kuriat (Petite) 49.6 4000 7.1 35.76750183 11.00833321 publique X

ISSN 2970-2321

Cette fiche a été rédigée dans le cadre du projet d’Atlas encyclopédique des Petites Iles de Méditerranée, porté par le Conservatoire du Littoral, l’Initiative PIM, et leurs nombreux partenaires.
This sheet has been written as part of the encyclopedic Atlas of the Small Mediterranean Islands project, carried out by the Conservatoire du Littoral, the PIM Initiative and their numerous partners.
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CLUSTER

Cluster Galite-Tabarka

Rédigé par : Sami BEN HAJ

Date de création : mars 2022

 

Pour citer cette version : BEN HAJ, S.  (2022). Fiche cluster : Galite-Tabarka. Atlas of Small Mediterranean Islands. https://pimatlas.org/explorer-atlas/clusters/galite-tabarka/

Composition du cluster : îles 11
Composition du cluster : archipels 1
Nombre d’îles avec au moins un statut de protection national 7
Nombre d’îles avec au moins un statut de protection international 7
Nombre d’îles avec au moins un gestionnaire 7

Description générale


La Galite, plus grande île du cluster (LM Préau, 2010)

Le cluster Galite-Tabarka est composé de 11 îles et îlots réparties sur une distance linéaire de plus de 70km séparant l’îlot inconnu1, point le plus extrême côté Ouest de la commune de Tabarka, et l’îlot des Chiens Gallo. La surface du cluster est relativement importante avec plus de 788 ha dont presque 93% représente la surface de l’île de la Galite (732 ha), île principale de l’archipel de la Galite.

Ce cluster est situé dans une région dont la tectonique est complexe et se caractérise par ces failles et ces effondrements. Le résultat est l’apparition en mer des hauts fonds de direction SO-NE (banc de Sorelles, archipel de la Galite, banc nord des Frères et banc de l’Estafette) (AZZOUZ, 1973)

L’état de connaissance des différentes composantes du cluster est différent d’un îlot à un autre. En effet, les 5 îlots de Tabarka sont des petites roches côtières dont la surface maximale ne dépasse pas 0.15ha et dont la distance maximale à la côte est inférieure à 300m d’où elles n’ont pas fait d’objet d’études scientifiques ou d’inventaires qui peuvent nous renseigner sur leurs richesses spécifiques marines. Mais il est important de signaler que ces formations sont localisées dans une zone naturelle très éloignées des agglomérations urbaines et industrielles ce qui constitue un facteur favorable pour le développement d’une faune et flore marine diversifiée. 

Par contre, la deuxième composante du cluster, l’archipel de la Galite a fait l’objet de plusieurs études qui se sont intéressés à l’inventaire et le suivi de différentes composantes biologiques et géologiques. Il se situe au nord des côtes tunisiennes à une distance de 40km de la ville de Tabarka (Nord des côtes septentrionales de la Tunisie) et il est composé de 6 îles de surfaces aux paysages différents. 

Les traces d’occupation humaine sur l’archipel de la Galite remontent à la préhistoire (artéfacts) puis aux aires puniques (nécropoles) et romaines (fortifications, citernes à garum, artefacts) qui ont fondé un petit village qui formait à la fois un poste militaire avancé mais également une plateforme commerciale importante en plein milieu de la Grande Méditerranée. Les traces des dernières occupations humaines au 18ème et 19ème siècle existent jusqu’au nos jours (habitat troglodyte puis habitations du début du XXèmesiècle, débarcadère, école, église,…). Au niveau de l’îlot de Galiton, un phare de 14m de haut a été construit, il est fonctionnel jusqu’à ce jour et il est géré par la marine tunisienne.

L’une des caractéristiques des îles de cet archipel réside dans leur importante diversité biologique marine et terrestre. En effet, plusieurs actions de l’initiative PIM ont été menées sur ce site pour réaliser un diagnostic écologique et elles ont permis d’inventorier les différents groupes taxonomiques qui occupent la partie terrestres des îles. 

La faune terrestre des îles de l’archipel est représentée par plusieurs taxons à savoir les oiseaux marins et terrestres, les amphibiens, les reptiles, les mammifères terrestres et volants, les insectes et les mollusques. 

L’archipel de la Galite a fait l’objet de plusieurs investigations botaniques et ses plantes ont été signalées par plusieurs auteurs dans plusieurs ouvrages. Au total, 442 espèces de plantes ont été inventoriées lors des différentes études. Avec les dernières prospections (Pavon et Vela, 2011), la liste a encore augmenté et a été actualisée à 449 taxons.

Quant aux écosystèmes marins dans les alentours de l’archipel de la Galite, ils sont très diversifiés et constitués principalement des habitats à phanérogames marines à Posidonia oceanica et Cymodocea nodosa ainsi que des vastes prairies d’algues telles que les cystoseires et les padines. L’ichtyofaune marine est à son tour très diversifiée et elle est représentée par plus de 100 espèces dont la majorité est à haute valeur commerciale.

Connaissances


Une belle surprise, floraison de la posidonie (Andromède, 2010)

Plusieurs études se sont intéressées aux îles du cluster avec un degré d’intérêt variable. 

Aucun travail scientifique ou inventaire n’a été réalisé principalement sur les îlots de Tabarka. On peut citer le travail de Ben Mustapha & Hattour (1992), qui s’intéressait à la cartographie des herbiers de posidonie sur les côtes tunisiennes, a permis de signaler la présence cette espèce dans les alentours de ces îlots. Un autre travail a été mené par l’APAL en 2011 dans le cadre d’un projet pour la création d’aires marines protégées sur des sites utilisés par la plongée touristique et récréative à Tabarka. Une partie des îlots de Tabarka, le gros rocher, a été couverte par cette étude et a permis d’avoir quelques données sa faune et sa flore marine. Une deuxième mission a été menée en 2019 par l’APAL et le fond mondial pour la nature pour l’identification des indicateurs potentiels permettant de suivre l’évolution de l’état de conservation en fonction du temps.

Pour les îles de l’archipel de la Galite, une importante bibliographie est disponible et  représentée par plusieurs rapports d’inventaires et d’autres expertises réalisés principalement dans le cadre des actions menées par l’initiative PIM et le Conservatoire du littoral. 

Au plan physique et géologique, l’archipel de la Galite a fait l’objet de travaux qui constituent actuellement les références disponibles sur ce sujet à savoir Gauthier A. (2008) ; Oueslati A. (2009).

La végétation terrestre de l’archipel de la Galite a été inventoriée en 2010 par Chaabane et actualisée par le travail de Pavon et Vela (2011). En 2020, un article scientifique écrit par Médail et al, est paru et il s’est intéressé à l’étude des plantes vasculaires nouvelles ou rares sur les îles Tunisiennes y compris la Galite.

Plusieurs inventaires de la faune terrestre de l’archipel de la Galite ont été réalisés et ils ont permis d’établir un état zéro de la composition des différents groupes taxonomiques présent dans ce compartiment du cluster a savoir l’avifaune   (Abbès I, Ben Haj S. et al., 2008) ; amphibiens et reptiles (Delaugerre & Ouni, 2007, 2008, 2009); les insectes (Soldati F., 2005) ; les mollusques terrestres (Pavon et Abbes, 2014). Parmi les observations saillantes on citera la présence d’une sous-espèce de Pseudoscropion endémique, des reptiles Euleptes europeaus, de la sous espèce endémique Psammodromus algirus dorea, d’un grand intérêt ornithologique (Importante population de faucons d’Eléonore, colonies de goélands d’Audouin, de cormorans huppés et la présence probable du Pétrel tempête sur les îlots des chiens ; on signalera également la redécouverte d’un individu de musaraigne étrusque.

 Plusieurs chercheurs se sont intéressés à la flore marine dans les alentours de l’archipel de la Galite et ils ont permis d’inventorier les principaux habitats dans la zone. Au total, 70 espèces végétales ont été inventoriées lors de différentes missions menées sur l’archipel (Ramos-Espla & Azzouna, 1999 ; Creocean, 2001; Andromède, 2010).Ces travaux ont décrit aussi les différentes espèces d’invertébrés marins rencontrées dans ces habitats dont le nombre monte aux 188 espèces.

Dans le cadre de l’inventaire des différentes espèces de poissons dans l’archipel de la Galite, plusieurs missions scientifiques ont été menées par Ramos-Espla et al., en 1997 et 1999 et elles ont permis d’identifier 82 espèces. L’inventaire mené par Andromède en 2010 permet d’ajouter 20 espèces de poissons supplémentaires.

Ceci dit, malgré un bon niveau de connaissance naturaliste global d’une partie du cluster (archipel de la Galite).Les petits îlots de Tabarka restent peu connus.

Quand les lézards des îles deviennent carnivores


Avec l’élévation des niveaux marins au cours des dernières périodes interglaciaires, des animaux se sont retrouvés piégés sur d’anciens sommets de collines devenus îlots. C’est le cas des “zarzoumia” Chalcidesocellatus qui vivent sur les îlots entourant la Galite depuis plusieurs milliers d’années. Il leur a fallu s’adapter à des conditions écologiques sévères et bien différentes de celles de leur milieu d’origine. La vie sur ces îlots, rocheux, pentus, arides, ventés et pauvres en végétation, s’est traduite par une forte réduction de leur taille et plus encore de leur poids (les lézards sont 2 à 3 fois plus légers que leurs ancêtres de la Galite ou du continent). Ils ont aussi développé une très originale adaptation alimentaire et comportementale. En automne, lorsque les faucons d’Eléonore nourrissent leurs poussins de petits passereaux en migration, les lézards leur subtilisent une partie de leurs proies (le reste de l’année ils sont insectivores). Ils se nourrissent alors de chair, à condition que la peau de l’oiseau ait déjà été entamée par le bec du faucon. Leur mâchoire comme leur dentition sont sans doute modifiées, tout comme leur système digestif. Les faucons quant à eux laissent faire la plupart du temps, sauf lorsque le « garde-manger » est trop vide, alors quelques zarzoumia trop hardis paient de leur vie leur impudence. Ce comportement très original de commensalisme entre lézards et faucons d’Eléonore est observé sur d’autres îlots de Méditerranée orientale ou occidentale (Delaugerre et al. 2012). Survivre sur un îlot oblige à tirer parti de toutes les ressources disponibles. L’inventivité devient nécessité. Adaptation et évolution font le reste.

Intérêts


Ici le puffin cendré, comme le goéland d’Audouin, le faucon d’Elénore et un jour peut-être le pétrel-déjà contacté sur les îlots des chiens confèrent une importance patrimoniale ornithologique exceptionnelle (M. Delaugerre, 2008)

Les caractéristiques naturelles et la composition du cluster Galite-Tabarka ainsi que sa position géographique lui confèrent des intérêts non négligeables sur plusieurs niveaux. En effet, ce cluster est situé dans l’extrême Nord de la Tunisie, zone caractérisée par un faible développement urbain et industriel sur les côtes, ce qui constitue un facteur favorable pour la conservation des écosystèmes marins et de leur équilibre écologique.

Pour le couvert végétal marin, le cluster constitue une zone qui abrite des couverts étendues d’espèces patrimoniales à savoir la posidonie P. oceanica, espèce endémique de la Méditerranée d’une grande valeur écologique et économique. C’est une espèce bioindicatrice de la qualité des eaux et elle contribue au renouvellement des stocks exploitables. Elle rencontrée à partir des faibles profondeurs, côté Tabarka, jusqu’aux -45m dans les alentours de l’archipel de la Galite. 

Le cluster est connu aussi par certaines zones de croissance des espèces de poissons de hautes valeurs commerciales et menacées telle que le mérou Epinephelus marginatus. En effet, le rocher de mérou, situé à moins de 1km de la côte de Tabarka, et comme le nom l’indique c’est une zone bien connue par sa richesse en spécimens de mérou et ce qui la rend une destination préférée par les plongeurs mais aussi par les chasseurs. Le mérou est aussi rencontré au niveau de l’archipel de la Galite à côté de plusieurs autres espèces de grand intérêt économique.

Sur le plan architectural, le phare de l’île de Galiton allumé en 1920, est un élément remarquable du patrimoine bâti du cluster. Le village construit sur les bords de la Galite est un deuxième élément historique qui caractérise le site. Il regroupe un ensemble de ruines qui témoignent le passage de l’homme depuis l’ère punique jusqu’au début du 20ème siècle.

Sur le plan socio-économique, le cluster Galite-Tabarka occupe une position très importante. En effet, les différentes composantes constituent des destinations touristiques prisées par les acteurs de ce domaine dans la région. Pendant la saison estivale, les clubs de plongée ramènent leurs clients au gros rocher pour faire les premières sessions d’initiation à la plongée. Ce site est choisi vu sa proximité de la côte qui le rend abrité durant la journée. D’autres opérateurs touristiques se dirigent vers l’archipel de la Galite selon les demandes de clients. Plusieurs bateaux de plaisances viennent des ports de Tabarka et Bizerte pour se balader dans les eaux de la zone et profiter de sa qualité des eaux et ses reliefs spécifiques. 

L’activité de la pêche, est très développée surtout avec la présence de deux ports de pêche dans ce site : port de pêche de Tabarka et port de pêche de sidi Mechreg. A ces deux derniers s’ajoute le port de pêche de Bizerte qui n’est pas loin et dont les pêcheurs pratiquent la majorité de leurs activités sur les bancs jouxtant la zone. 

Pressions


Régénération de la flore après l’incendie de la Galite après les dernières pluies (O. Fersi, 2021)

Le cluster Galite-Tabarka est une zone attrayante pour différentes activités maritimes à savoir la plaisance et la pêche.

Les bateaux de plongée, de randonnée et de plaisance constituent une menace potentielle sur le site suite à leur nombre élevé et au nombre important de touristes qui visitent la zone chaque jour. Les bateaux de plaisance qui viennent des marinas de Tabarka et Bizerte se baladent dans le site durant la saison estivale. Quelques bateaux originaires de pays méditerranéens font escale pour profiter du paysage offert par les îles et îlots du cluster. Le mouillage de ces bateaux constitue une menace sérieuse pour les habitats marins surtout les herbiers de posidonie. Il faut aussi signaler que la majorité des propriétaires des bateaux de plaisance pratiquent la chasse sous-marine ce qui constitue un danger pour les espèces chassées surtout celles menacées d’extinction. La plongée sous-marine, elle à son tour en absence d’encadrement, constitue une autre menace pour les écosystèmes côtiers et les espèces fragiles telles que les bourgeons de gorgones rencontrés dans les sites de plongée et qui sont très fragiles au toucher et risquent de se casser rapidement. L’îlot du gros rocher est une station permanente pour les clubs de plongée qui ramènent chaque jour des dizaines de clients pour faire des palanquées et observer facilement les espèces attrayantes comme la posidonie, A. calycularis (espèce menacée) et E. singularis.

L’île de la Galite est également prisée sur sa partie terrestre par les randonneurs et les amateurs d’îles. Chaque jour et surtout pendant l’été, des bateaux de randonnée organisent des sorties en mer avec une escale sur la Galite. Dans la majorité des cas, les visiteurs ne sont pas bien encadrés, ce qui en résulte des dommages pour la flore terrestre de l’île et les sources d’eau douce. La gestion des déchets est approximative, la végétation de l’île est ponctuellement dégradée. Les visiteurs sont également source de pollution, usage de savon, shampoing… bivouacs en bord de mer.

Certains pêcheurs exercent une pression sur les ressources en zone d’interdiction. Le braconnage est avéré. L’activité pêche est omniprésente sur toute la côte Nord notamment sur les bancs. L’île de la Galite constitue  également un abri et une zone de repos pour les corailleurs. Bien que l’activité de pêche soit réglementée en Tunisie, la pêche illicite et la surexploitation constituent des menaces sérieuses pour le stock et les habitats marins. Il faut aussi signaler que la zone d’interdiction autour de l’archipel de la Galite est très fréquentée par les chasseurs sous-marins. Beaucoup d’infractions sont relevées.

Les espèces végétales envahissantes constituent une menace pour le couvert végétal caractéristique de certaines îles du cluster. Sur le Galiton, au niveau du phare, il a été détecté la présence de Carpobrotus (griffes de sorcières). Cette espèce, originaire d’Afrique du Sud est hautement invasive, mais pour l’instant elle reste cantonnée à un secteur de faible superficie. Le pin d’Alep est aussi une espèce introduite sur la Galite. De jeunes plants au début des années 2000, ce pin forme actuellement des bosquets matures qui jouent un rôle paysager mais il convient de bien étudier leur dynamique générant des perturbations au sein de la flore autochtone.

Gestion / conservation


Des missions de prospection à répétition, à terre comme en mer (J.J. Harmelin, 2010)

Le niveau de protection est variable d’une composante à l’autre du cluster. L’archipel est promis à constituer une aire marine et côtière protégée, l’enquête publique est en cours avant la formalisation de la création de l’aire protégée à travers un décret de création. La réglementation en vigueur aujourd’hui se limite à l’interdiction de la pêche à 1,5 nautiques de l’archipel promulgué par arrêté du ministère de l’agriculture. A travers le protocole relatif aux Aires Spécialement Protégées et à la Diversité Biologique en Méditerranée (Protocole ASP/DB), l’archipel de la Galite a été classé comme Aire Spécialement Protégée d’Importance Méditerranéenne (ASPIM). 

Ce site a fait l’objet, depuis les années 2000, de plusieurs missions d’inventaire à terre comme en mer, suivi d’actions de monitorage organisées par l’APAL, le Conservatoire du littoral et l’initiative PIM. Des actions de restauration écologique et d’aménagement ont été entreprises. D’autres études dédiées au développement durable et à l’amélioration de la qualité de la vie ont également été réalisées promouvant une gestion efficace et pratique des micro-espaces insulaires.

En 2020, une convention de partenariat a été élaborée entre l’APAL, l’association Méditerranée Action Nature et le bailleur TheMedfund pour installer une équipe de cogestion de l’archipel de la Galite. Cette unité est actuellement fonctionnelle et a pour mission la mise en place des activités de suivi et de conservation décrites dans le plan de gestion élaboré pour celle- ci.

Une deuxième initiative a été lancée aussi par l’APAL  en 2010 et avait pour objectif la création d’une deuxième AMCP dite AMCP de Tabarka. C’est une zone côtière de la ville de Tabarka composée de 3 sites principaux : les tunnels, Cap Tabarka et le rocher de mérou. Ce dernier site intègre l’îlot du gros rocher qui fait partie la partie côtière du cluster. Plusieurs missions d’inventaires, de caractérisation des écosystèmes côtiers et de zonage ont été menées en 2011 et 2019. Une cartographie de la biocénose benthique et des habitats a été réalisée. 

Actuellement, l’APAL est le seul organisme chargé de la gestion et de suivi de cette AMCP. Il faut signaler que l’AMCP de Tabarka ne contient pas des zones continentales, seule la partie marine est concernée par la protection. Cet espace est voué à moyen terme à être érigé en AMCP.

Principales ressources bibliographiques


  1. Abbes I., Ben Haj S., Bernard F., Delaugerre M., Ktari N., Maamouri M., Martinez A., Muracciole M., Oro D., Ouni R., Rouissi F., Tranchant Y. & Vidal P., 2008. Archipel de la Galite : recueil de notes naturalistes. Rapport mission PIM. 75 pages.

  2. Andromede., 2010. Etude et cartographie des biocenoses marines de l’Archipel de la Galite. Rapport PIM. 132 pages.

  3. Azouz A., 1973. Les fonds chalutables de la région nord de la Tunisie. Bull. INSTM.

  4. Ben Mustapha et Hattour, 1992.Les herbiers de Posidonies du littoral tunisien : Le golfe de Hammamt. Bull. INSTM, Vol. 2. INSTM, Tunis : 143p.

  5. Biotope., 2015. Actualisation du plan de gestion de l’aire marine et côtièreprotégée de l’archipel de la Galite /Agence de Protection et d’Aménagement du Littoral. 209 pages.

  6. Creocean (2001). Campagne de reconnaissance sous-marine de l’Archipel de la Galite. Rapport final. Rapport pour le compte de l’APAL. 82 pages.

  7. Delaugerre M. &Ouni R., 2009. Archipel de la Galite : notes herpétologiques. Rapport PIM. 21 pages.

  8. Delaugerre M. &Ouni R., 2008. Archipel de la Galite : notes herpétologiques 2008. Rapport PIM. 21 pages.

  9. Delaugerre M. &Ouni R., (2007. Observations herpétologiques et naturalistes sur les îles et îlots du Nord de la Tunisie réalisées en mai-juin 2007. Rapport PIM. 30 pages. 

  10. GEOIDD. 2002, Plan de gestion de la Galite / Agence de Protection et d’Aménagement du Littoral. Phase  86 pages, phase2 : 117 pages

  11. Médail F., Chaieb M., Domina G. & El Mokni R. 2020. Plantes vasculaires nouvelles ou rares pour la Tunisie présentes sur les îles (Galite, Zembra, Kuriat, Monastir, Kerkennah, Kneiss, Djerba). Flora Mediterranea 30:87-112.

  12. Pavon D. & Abbes I. (201). Observations malacologiques sur l’île de la Galite. Foliaconchyliologica 26 : 9-18.

  13. Ramos-Espla &Azzouna A., 1999. Prospections, Etudes et Mise en place du projet de réhabilitation des trois îles : la Galite, Zembra et Kerkennah. Rapport Galite 1997-1999 (milieu marin).

  14. Soldati F., 2005. Distribution, taxonomy and lectotypedesignations of Asida Latreille, 1802 (Insecta : Coleoptera: Tenebrionidae) from Algeria and Tunisia. Annales Zoologici 2005, 55: 625-632.

Tableau récapitulatif des clusters et îles du sous-bassin


NOM DES ILES

ET ILOTS

NOM DE L’ARCHIPEL surface (ha) Altitude max (mètre) Linéaire côtier (mètre) Distance à la côte (mile nautique) Coordonnées géographiques Propriété Iles avec au moins un statut de protection Présence d’un gestionnaire
Latitude Longitude
Inconnu Galite-Tabarka 0,15 150 0,03 36,95583344 8,673055649 Etat (100%) S/O
Inconnu 0,14 50 0,07 36,95750046 8,676388741 Etat (100%) S/O
Inconnu 0,13 110 0,04 36,95722198 8,676944733 Etat (100%) S/O
Inconnu 0,1 100 0,04 36,9630274 8,6850805 Etat (100%) S/O
Gros rocher 0,1 65 0,1 36,9714698 8,7401917 Etat (100%) S/O
le Galiton, Galiton de l’ouest 29 2700 22 37,497386 8,875057 Etat (100%) Agence de protection et d’aménagement du Littoral APAL
la Fauchelle 13 137 2200 21 37,494501 8,881718 Etat (100%) Agence de protection et d’aménagement du Littoral APAL
La Galite, Jalita, Jazirat, Jalitah, Jalta Island 732 361 15000 20 37,5288887 8,931944847 Etat (100%) Agence de protection et d’aménagement du Littoral APAL
Gallina, Ilots des Chiens – Canis, Galitons de l’Est 4 770 22 37,551915 8,948751 Etat (100%) Agence de protection et d’aménagement du Littoral APAL
Pollastro, Ilots des Chiens – Canis, Galitons de l’Est 0,3 20 300 22 37,554671 8,953474 Etat (100%) Agence de protection et d’aménagement du Littoral APAL
Gallo,I lots des Chiens – Canis, Galitons de l’Est 9 119 1400 22 37,557666 8,956399 Etat (100%) Agence de protection et d’aménagement du Littoral APAL

ISSN 2970-2321

Cette fiche a été rédigée dans le cadre du projet d’Atlas encyclopédique des Petites Iles de Méditerranée, porté par le Conservatoire du Littoral, l’Initiative PIM, et leurs nombreux partenaires.
This sheet has been written as part of the encyclopedic Atlas of the Small Mediterranean Islands project, carried out by the Conservatoire du Littoral, the PIM Initiative and their numerous partners.
(https://pimatlas.org)

CLUSTER

Cluster Côte-Nord

Rédigé par : Sabri JAZIRI

Date de création : 28 janvier 2022

 

Pour citer cette version : JAZIRI, S.  (2022). Fiche cluster : Côte Nord. Atlas of Small Mediterranean Islands. https://pimatlas.org/explorer-atlas/clusters/cote-nord/

Composition du cluster : îles 8
Composition du cluster : archipels 2
Nombre d’îles avec au moins un statut de protection national 0
Nombre d’îles avec au moins un statut de protection international 0
Nombre d’îles avec au moins un gestionnaire 0

Description générale


L’île Pilau au large de Raf Raf (H. Zaghdoudi 2021).

Sur le plan administratif, le cluster Côte-Nord fait partie du gouvernorat de Bizerte qui s’étend sur environ 250 kilomètres de côte, et s’ouvre sur les deux bassins de la méditerranée. Il est composé essentiellement de huit îles et îlots. En allant d’est en ouest, on y trouve l’île plane, l’île Pilau, l’archipel des îles Canis, les ilots Fratelli, ainsi que d’autres îlots notamment l’îlot Ong El Jemal en face de Sidi el Bechir et un petit îlot en face de Cap Enjela. Toutes ces îles de la région nord sont inhabitées, ne dépassant pas les 10 ha de superficie pour la plus grande (la grande Cani). 

– L’île Plane est un plateau rocheux culminant à 8 m de hauteur. Elle est située à environ 3.8 Km à l’est de cap farina (37.181370°N et 10.327585°E). Elle abrite un phare de la marine nationale qui date de 1888. 

– L’ile Pilau est une rocheuse de forme conique culminant à 116m de hauteur. Elle est située en face de la ville de Raf Raf à 2.4 Km (37.201617°N et 10.239058° E).

– Les îles Cani forment un archipel de roche calcaire formé essentiellement par deux îles (la grande et la petite cani) à 37.355634°N et 10.124051°E. Le relief est irrégulier de faibles altitudes. Elle est située à une dizaine de kilomètres au nord/nord-est de cap Zebib.

– Les îles Fratelli sont situées au large de Kef Abed à 37°17’59.73’’ au latitude Nord et au 9 23 37.99’’de longitude Est. Elles sont localisées au niveau de la côte nord de la Tunisie, le long de 90 km de distance.

D’Est en Ouest, ces îles deviennent progressivement plus austères et torturées

La côte nord se caractérise essentiellement par l’alternance de trois faciès naturels, à savoir, les promontoires, les embouchures d’oueds et les formations dunaires. Qui s’étend sur une côte marquée par la présence de formations calcaires. La côte ouest de Bizerte est caractérisée par des plages très étroites de nature sableuse alternée parfois par la présence des caps rocheux comme le cap Blanc, cap Enjela. Alors que la côte est est formé essentiellement par des espaces dunaires avec la présence de cap rocheux de formation calcaire tels que cap Zebib, cap sid Ali El Mekki. C’est pour cela qu’on appelle ce littoral calcaire qui se distingue du « littoral des grès » qui se trouve vers l’ouest (Tabarka) (Hbaieb, 2009).

Historiquement Bizerte a été une zone de passage pour plusieurs civilisations : Punique, Romaine, Aghlabite (an 800), Fatimide (an 909), Andalouse (an 1160), Hafside (an 1228), Ottomane (an 1574) et Française (an 1881).

Connaissances


Astroides calycularis, espèce inféodée aux parois rocheuses en subsurface (M. Delaugerre, 2010)

Les connaissances relatives à la biodiversité marine et terrestre dans le cluster des îlots nord sont très rares et sporadiques mis à part quelques inventaires rapides effectués dans le cadre de missions PIM. Ben Maiz, 1995 a initié les premiers inventaires dans cette zone où il a mené un inventaire sur la biodiversité en Tunisie. C’est à partir de 2005 que les premières prospections dans cette zone ont commencé avec les travaux de Zerzeri et al., 2010. Ces travaux sur la région de Bizerte, Cap Zebib et Raf Raf ont mis en évidence la présence, de 106 espèces animales et de 80 espèces de macroalgues, dont 47 Rhodophyta, 16 Ochrophyta, 15 Chlorophyta et 2 Magnoliophyta. En 2010, les premières missions conduites par l’initiative PIM ont commencé qui vise à établir un inventaire préliminaire de la faune et la flore terrestre sur les îles Cani. La dernière mission en date de l’initiative PIM a été consacrée à l’actualisation des connaissances sur la biodiversité marine et terrestre des îlots de la région nord (île Plane, Pilau, les îles Cani et les îles Fratelli) en 2021.

Ces missions scientifiques ont permis de mettre en évidence la présence 148 espèces marines réparties comme suit : 59 espèces aux iles Fratelli (22 végétaux, 10 invertébrés et 27 poissons), 75 espèces à l’ile Pilau (27 végétaux, 20 invertébrés et 28 poissons), 76 espèces l’archipel Cani (31 végétaux, 20 invertébrés et 25 poissons) et 76 espèces à l’ile Plane (30 végétaux, 19 invertébrés et 27 poissons). Ceci est une contribution à l’inventaire de la biodiversité sous-marine et ne se prétend pas exhaustif.

Plusieurs espèces introduites ont été observé aux alentours de ces îlots, notamment : Acrothamnion preissii, Asparagopsis armata, Caulerpa chemnitzia, Caulerpa cylindracea, Codium fragile, Oculina patagonica, Percnon gibbesi.

Les poissons sont assez nombreux et diversifiés. Pas moins de 36 espèces de poisson ont été identifiées aux alentours des îles de ce cluster, et ceci d’après les dernières prospections en date (2021) réalisé par les experts de l’initiative PIM. La faune ichtyque est dominée d’une part par des petits poissons comme les castagnoles (Chromis chromis), les oblades (Oblada melanura), les girelles (Coris julis), les saupes (Salpa salpa), les mendoles (Spicara maena). Plusieurs espèces de mérou sont présentes tels que le mérou brun (Epinephelus marginatus) et la badèche (E. costae).  D’autre poissons à haute valeur commerciale sont également observés (Seriola dumerili, Dentex dentex, Dicentrachus labrax, Seriola dumerili).

On note la présence de dix espèces inscrites dans l’Annexe II et l’Annexe III du protocole ASP/DB en Méditerranée sont rencontrées au niveau des iles comme: Cystoseira mediterranea, Cystosera Caespitosa, Posidonia oceanica, Astroides calycularis, Octopus vulgaris, Lithophaga lithophaga, Dendropoma petraeum, Epinephelus marginatus et Sciaena umbra.

En ce qui concerne les connaissances ornithologiques dans ce cluster des îlots nord, la même étude a montré une nidification de Puffin cendré Calonectris borealis sur les îles Fratelli. Sur Cani une colonie de 90 individus de goélands d’Audouin a été observée. Les faucons d’Eleonore sont régulièrement observés sur les Fratelli. 

En ce qui concerne l’inventaire de la flore terrestre, les experts ont pu identifier 28 espèces signalées sur toutes les îles. Les espèces les plus présentes sur l’ensemble sont : Lavatera trimestris, espèce nitrophile dont le développement est favorisé par les déjections d’oiseaux marins, et Halimione portulacoides, l’ail des îles Allium commutatum signalé sur la quasi-totalité des îlots.

En ce qui concerne les connaissances herpétologiques sur les îles de ce cluster Nord, les experts mobilisés ont pu mettre en évidence 4 espèces : deux Gekkonidés, Hemidactylus turcicus Tarentola mauritanica ; un Scincidé, Chalcides ocellatus et un Lacertidé Psammodromus algirus. On note que le Chalcides ocellatus est présent sur tous les îlots, et se caractérise par des grandes tailles et une agilité remarquable ; le Gekkonidé Tarentola mauritanica n’est présent que sur l’île Frattelli Nord-Est ; le Gekkonidé Hemidactylus turcicus est présent sur l’Archipel Cani, l’île Plane et probablement l’île Pilau et le Lacertidae Psammodromus algirus n’est signalé que sur l’île Pilau. 

Le cluster des îlots nord abrite une richesse spécifique, qui incite l’organisation d’autres missions naturalistes pour combler les lacunes et dresser un inventaire exhaustif de la faune et la flore dans cette région. Les paysages y sont exceptionnels.

Vers un réseau d’aire marine et côtière protégée dans la région nord :


La mise en place d’un réseau d’AMP en méditerranée conformément aux objectifs de la Convention sur la Biodiversité Biologique (CBD) est un engagement des Etats signataire, en vue d’une meilleure préservation de la biodiversité et une amélioration des services écosystémiques pour les générations actuelles que futures. En effet, l’objectif 11 d’Aichi stipule que « D’ici à 2020, … 10% des zones marines et côtières, y compris les zones qui sont particulièrement importantes pour la diversité biologique et les services fournis par les écosystèmes, sont conservées au moyen de réseaux écologiquement représentatifs et bien reliés d’aires protégées gérées efficacement et équitablement et d’autres mesures de conservation efficaces par zone, et intégrées dans l’ensemble du paysage terrestre et marin ».

En Tunisie, le processus de création des AMCP a débuté depuis les années 2000 par L’Agence de Protection et d’Aménagement du Littoral (APAL). Plusieurs études ont été réalisées pour la caractérisation des habitats et des espèces vulnérables, ainsi que plusieurs autres inventaires naturalistes ont été menés sur différentes îles et îlots Tunisienne. Ce long processus a donné naissance à un classement de quatre AMCP en Tunisie, deux dans la zone Nord du pays, qui sont l’archipel de La Galite et Zembra, une dans la zone est qui est Kuriat et une dans la zone sud du pays qui est l’AMCP Kneiss.

Les îles et îlots du cluster Nord sont des candidats potentiel pour assurer la mise en réseau des AMCP de cette zone. Le réseau des AMP, qui est par définition : « l’ensemble d’AMP individuelles qui agissent en coopération et en synergie, à différentes échelles spatiales, et avec une gamme de niveaux de protection qui sont conçus pour réaliser des objectifs qu’une seule réserve est incapable de réaliser » selon l’UICN. 

Ce réseau doit apporter des améliorations pour la conservation des habitats ainsi que les espèces en danger. À travers l’amélioration des connaissances scientifiques, qui doivent toucher plusieurs aspects, essentiellement, l’élaboration d’une cartographie sous-marine pour les différents habitats représentatifs de l’écorégion, un inventaire relatif aux espèces d’importances pour la conservation et l’étude de la connectivité entre les AMCP.

En effet, les missions naturalistes menées par les PIM ont montré qu’il existe plusieurs connexions entre les AMCP du nord (La Galite et Zembra) et les îles et îlots de ce cluster pour plusieurs d’oiseaux marins d’intérêt pour la conservation, notamment, la présence du Goéland d’Audouin Larus audouinii sur Cani,  le faucon d’Eleonore Falco eleonorae et le Puffin cendré Calonectris borealis sur Fratelli.

La connectivité entre les AMP est primordiale et doit être associée à la modélisation des courants et des marées. Certaines espèces comme la langouste rouge Palinurus elephas dont la phase larvaire de leur cycle de vie est longue (entre 5 et 6 mois) sera déplacé par les courants se trouvant ainsi dans d’autres zones qui ne sont pas forcément protégées alors que les espèces dont la phase planctonique est courte peuvent être protégées par l’aire protégée.

Le réseau des Iles ou îlots de la zone nord doit répondre à plusieurs critères pour assurer un bon fonctionnement du réseau et atteindre les objectifs de la conservation et de la gestion des habitats clés et espèces vulnérables. Une réflexion pour la conservation de ces îlots est nécessaire.

Intérêts


A chaque île son paysage exceptionnel (M.J. Delaugerre 2009)

Ce cluster des îlots nord abrite une biodiversité unique ainsi que des paysages sous-marins remarquables. On peut citer essentiellement les trottoirs à vermets (gastéropodes) signalés aussi au Cap Bon et à Zembra. La biocénose coralligène pour les zones prospectées est en bon état. Plusieurs espèces suscitent un intérêt pour la conservation, on note la présence de dix espèces inscrites dans l’Annexe II et l’Annexe III du protocole ASP/DB : Cystoseira mediterranea, Cystosera Caespitosa, Posidonia oceanica, Astroides calycularis, Octopus vulgaris, Lithophaga lithophaga, Dendropoma petraeum, Epinephelus marginatus et Sciaena umbra.

Pressions


Pollution par les hydrocarbures (A. Abdenadher, 2021)

Ce cluster des îlots nord de la Tunisie, n’est pas à l’abri de différents types de pressions, notamment la pollution accidentelle et la pêche illicite, mais la faible fréquentation de ces îles et îlots laisse penser que l’impact humain est relativement minime par rapport à d’autres îles en Tunisie où l’accès est aisé. 

La pêche sous-marine est parmi les activités qui exercent une pression importante aux alentours de ces îles et îlots. Ceci a été mis en évidence par les observations des experts au cours des missions de terrains (PIM, 2021), qui rapportent qu’un comportement de fuite a été observé pour certaines espèces de poissons.

On rapporte aussi que sur la partie terrestre de l’île Cani, il existe un élevage des lapins. Cette pratique ne peut être que néfaste pour la flore endémique de l’île et peut induire un déséquilibre de l’écosystème.

Gestion / conservation


Au niveau de la conservation ou de la gestion, les îles et îlots de ce cluster ne bénéficient d’aucun statut de protection. Ce cluster renferme une biodiversité unique qui nécessite une amélioration des connaissances de toutes ses composantes marines et terrestres. Les études à mener dans les différents îles et îlots du cluster nord sont indispensables, afin de comprendre le rôle effectif dans la connectivité de la biodiversité et des ressources naturelles. Cette approche permettra d’envisager dans un proche avenir un statut particulier de protection de ces îlots et de les intégrer dans le réseau d’AMCP du nord de la Tunisie.

Principales ressources bibliographiques


  1. Ben Maiz, N. 1995. Etude nationale sur la diversité biologique de la flore marine et aquatique en Tunisie. Projet MEAT/PNUE/GEF, Ministère de l’Environnement et de l’aménagement du Territoire, Tunisie. 78p.

  2. Zerzeri, A., Djellouli, A.S., Mezgui, Y., Ben Hassine, O.K., 2010. Contribution à la caractérisation de la macroflore benthique des régions de Bizerte, Cap Zebib et Raf-Raf (Tunisie, Méditerranée). Rapport P.V. Réunion de la. Commission International pour l’Exploration Scientifique de Méditerranée, 39, 706 pp.

  3. Belgacem, Walid & H., LANGAR & Ismail, Dorsaf & Ben Hassine, Oum Kalthoum. (2010). Spatio-Temporal Distribution of Crustaceans Fauna Associated With Posidonia Bed In Cap Zebib (North East Tunisia) In PNUE – PAM – CAR/ASP, 2010. Actes du Quatrième Symposium  Méditerranéen sur la Végétation Marine (Yasmine-Hammamet, 2-4 Décembre 2010), EL ASMI S., LANGAR H., BELGACEM W. édits., CAR/ASP publ., Tunis: 251 p.

  4. Mohamed Ali Hbaieb. Bizerte et sa région : étude de géographie historique. Archéologie et Préhistoire. UniversitéLumière-LyonII, 2009. Français.

Tableau récapitulatif des clusters et îles du sous-bassin


NOM DES ILES

ET ILOTS

NOM DE L’ARCHIPEL surface (ha) Altitude max (mètre) Linéaire côtier (mètre) Distance à la côte (mile nautique) Coordonnées géographiques Propriété Iles avec au moins un statut de protection Présence d’un gestionnaire
Latitude Longitude
Fratelli ouest,Rchadet Lakhouet,Rochers Fratelli Côte Nord  0,55 40 325 1 37,299966 9,393163 Etat (100%)
Fratelli est,Rchadet Lakhouet,Rochers Fratelli 1 92 461 2 37,304705 9,408642 Etat (100%)
Inconnu 260 37,34777832 9,744444847 Etat (100%)
Inconnu 130 37,33916855 9,836388588 Etat (100%)
Petite Cani,El Klab 1,75 691 5 37,35333252 10,11944485 Etat (100%)
Grande Cani,El Klab 8,90001 18 2000 5 37,35527802 10,12388897 Etat (100%)
Ile Plane,Jazirat al Mussatahah 9,28 14 1800 2 37,18111038 10,32777786 Etat (100%)
Ilot Pilau 6,22001 116 1570 1 37,20111084 10,23944473 Etat (100%)

ISSN 2970-2321

 

Cette fiche a été rédigée dans le cadre du projet d’Atlas encyclopédique des Petites Iles de Méditerranée, porté par le Conservatoire du Littoral, l’Initiative PIM, et leurs nombreux partenaires.
This sheet has been written as part of the encyclopedic Atlas of the Small Mediterranean Islands project, carried out by the Conservatoire du Littoral, the PIM Initiative and their numerous partners.
(https://pimatlas.org)

CLUSTER

GOLFE DE MARSEILLE ET DES CALANQUES

Rédigé par : Conservatoire du littoral (avec l’appui de O2 Terre)

Date de création : 01/12/2021

 

Pour citer cette version : CONSERVATOIRE DU LITTORAL. (2021). Fiche cluster : Golfe de Marseille et des Calanques – Sous-bassin : France Sud. Atlas of Small Mediterranean Islands. https://pimatlas.org/explorer-atlas/clusters/golfe-marseille-calanques/

Composition du cluster : îles 44
Composition du cluster : archipels 3
Nombre d’îles avec au moins un statut de protection national
Nombre d’îles avec au moins un statut de protection international
Nombre d’îles avec au moins un gestionnaire

Description générale


Ce cluster est composé de l’archipel du Frioul et du Riou. Le Frioul, situé dans la rade de Marseille, comprend les deux îles reliées de Pomègues et Ratonneau, les deux îlots d’If et de Tiboulen de Ratonneau, et s’étend sur plus de 200 ha de surfaces émergées. 

L’archipel de Riou, situé au large des calanques, est composé de l’île principale de Riou, mais également des îles Plane, Jarre, Jarron, Maïre, du Grand Conglué, et de plusieurs îlots : les Pharillons, le Petit Conglué, les Empereurs, l’île Moyade et les Moyadons. Il s’étend sur une surface de 162 ha. 

A ces deux archipels s’ajoutent les trois petits îlots d’Endoume, proches du littoral Marseillais, de l’île du Planier, située au large à une quinzaine de kilomètres du Vieux-Port, et où est installé un phare automatisé.

L’île du Frioul, qui fut habitée à partir de 1974, possède un port desservi par des navettes quotidiennes, tandis que l’archipel de Riou, unique archipel inhabité du littoral continental français, est un refuge entièrement préservé pour la biodiversité, car seulement accessible avec des embarcations privées.

Les différentes îles de Marseille sont constituées de calcaire urgonien, qui est une roche très perméable avec de nombreuses failles ; elles sont soumises à des conditions climatiques qualifiées de semi-arides avec de faibles précipitations (inférieures à 400 mm pour les Calanques et les archipels), un fort ensoleillement, et sont particulièrement exposées aux embruns salés, au mistral et au vent d’est.

Ces conditions de milieu assez singulières et extrêmes confèrent des spécificités pour le développement d’espèces floristiques et faunistiques adaptées. La végétation qui s’y est adaptée est composée de buissons bas tels que lentisques et Romarins, alternant avec des éboulis, de la roche à nu, de la végétation beaucoup plus rase de plantes halophiles et avec quelques rares arbres, comme les pins d’Alep et les figuiers sauvages, à formes façonnées par le vent. De nombreuses espèces végétales et animales rares (inscrites sur des listes de protection) trouvent ici des conditions propices pour leurs cycles de développement.

Connaissances


Le château d’If, vestige des fortifications construites au XVIIIème siècle par François 1er (© Syndicat d’Initiative tourisme Marseille)

L’histoire des îles du golfe de Marseille et des calanques est étroitement liée à l’histoire de la cité phocéenne. Concernant l’archipel du Frioul, les traces les plus anciennes d’activités humaines remontent à l’Age du Bronze d’après des fragments de céramique et des tessons de poterie récoltés dans des abris sous roche sur Pomègues (Gantes, 1997). D’autres sites, toujours sur Pomègues, ont permis de découvrir des fragments de passes d’amphores étrusques et massaliotes qui révèlent la présence humaine sur les îles aux IVème et Vème siècles av. JC.

Le Frioul a de tout temps servi d’annexe au port de Marseille et joué un rôle stratégique important pour la défense ou l’attaque de Marseille. Dès l’Antiquité́, lors du siège de Marseille en 49 av. JC, les galères romaines de Jules César s’y sont abritées.

L’archipel du Frioul, par les abris qu’il offre aux bateaux, a longtemps été́ considéré́ par les navigateurs comme un refuge sûr de la côte provençale en cas de tempête.

En 1524, François Ier ordonne la construction du Château d’If et, Henri IV, dès 1597, celle des forts de Pomègues et de Ratonneau.

A partir de 1627, le port naturel de l’île de Pomègues est utilisé́ comme port de quarantaine. L’île désertique garantit l’isolement de la ville et le fort construit sur le sommet de l’île assure la protection du port.

En 1821, l’épidémie de fièvre jaune impose à la Ville de Marseille l’aménagement de nouveaux dispositifs sanitaires sur le Frioul. Immédiatement une digue reliant les îles de Pomègues et de Ratonneau est construite permettant la réalisation d’un vaste port de quarantaine. En complément, un lazaret, l’Hôpital Caroline, est édifié́ sur la pointe nord de Ratonneau.

En 1859-62 le programme de réarmement des frontières conduit à construire sur les îles du Frioul quatre batteries ainsi qu’une tour de surveillance.

Jusqu’à l’occupation allemande de 1942, les forts des îles sont occupés par des régiments affectés à la défense et la surveillance de la rade de Marseille.

Durant la dernière guerre, l’état-major allemand, dans la crainte d’un débarquement allié dans le sud, décide la construction du « Südwall », l’équivalent du Mur de l’Atlantique. D’importants chantiers d’aménagement des batteries françaises sont alors entrepris ainsi que la construction de nouveaux blockhaus. Ces chantiers, loin d’être achevés lors de la capitulation des iles le 29 août 1944, ainsi que les destructions dues aux bombardements, donnent au site un aspect de friche militaire.

En 1970, la Ville de Marseille achète au Ministère de la Défense une grande partie des îles, aménage un port de plaisance, des bâtiments d’habitation et des commerces, qui accueillent depuis une fréquentation touristique importante, surtout pendant les mois d’été́. 

Les connaissances naturalistes des deux archipels sont globalement bien fournies. Elles n’ont cessé de s’améliorer surtout depuis la création du Parc national des Calanques, qui a reconnu la valeur de leur patrimoine naturel en les intégrant à sa création en 2012.

On y observe 80 espèces d’oiseaux nicheurs ou nicheurs potentiels, 5 espèces de reptiles, et 13 espèces de chauves-souris. Près de 350 espèces botaniques sont également inventoriées sur les îles de Marseille.

Encadré – Le défi de Monte-Christo


Inspiré par l’histoire d’Edmond Dantès, personnage iconique du célèbre roman « Le Comte de Monte-Cristo » d’Alexandre Dumas qui s’évada de la prison du Château d’If à la nage, le Défi de Monte-Cristo permet depuis 1999 aux bons nageurs de rallier les 5 km séparant l’île d’If de la plage du Prado de Marseille avec ou sans palmes. D’abord évènement mineur, cette course de nage en eau libre est rapidement devenue le plus grand rassemblement de nageurs d’Europe. Plus encore, cette course est réputée dans le monde entier du fait de son symbole, l’évasion, mais également du fait de sa difficulté, le temps maximal pour atteindre l’arrivée étant très limité. Rendez-vous donc en juin pour suivre l’épopée de près de 10 000 nageurs de plus de 70 nationalités, qui tenteront de vivre la fabuleuse évasion du personnage d’Alexandre Dumas !

Intérêts


Ces îles constituent des sites refuges pour certaines espèces de plantes qui se sont raréfiées sur le continent devant l’urbanisation ou la fréquentation touristique importante. 

Un total de 29 habitats terrestres d’intérêt communautaire sont présents et abritent 8 espèces végétales protégées au niveau national. Il s’agit de l’Astragale de Marseille Astragalus tragacantha, l’Épiaire à rameaux courts Stachys brachyclada, la Lavatère maritime Malva subovata, le Myosotis fluet Myosotis pusilla, la Passerine tartonraire Thymeleae tartonraira ssp. tartonraira, la Scolopendre sagittée Asplenium sagittatum, le Statice nain Limonium pseudominutum, le Statice raide Limonium virgatum.

Une centaine d’espèces terrestres animales protégées dont lle Phyllodactyle d’Europe Euleptes europaea, gecko rarissime, endémique du bassin occidental de la Méditerranée. Le Lézard sicilien Podarcis siculus, présent uniquement sur l’île d’If est l’une des 2 seules populations connues en France.

Ces îles constituent aussi un site important de reproduction des oiseaux marins avec notamment quatre espèces pélagiques de Méditerranée, rarissimes et d’intérêt communautaire : le Puffin cendré Calonectris borealis, le Puffin de Méditerranée Puffinus yelkouan et l’Océanite tempête Hydrobates pelagicus et le Cormoran huppé de Desmaret Phalacrocorax aristotelis desmarestii, ce qui a justifié leur classement en Zone de Protection Spéciale au titre de la directive Oiseaux : ZPS Iles Marseillaises – Cassidaigne FR9312007.

La partie marine présente des herbiers de Posidonies Posidonia oceanica encore bien préservés, des fonds coralligènes d’une grande valeur esthétique, des grottes karstiques sous-marines exceptionnelles et des secteurs profonds à architecture complexe au niveau des têtes de canyons. Ces derniers se caractérisent par l’importance des mouvements des masses d’eau qui s’y produisent (puissants upwellings qui affectent l’ensemble du Golfe de Marseille). Les couches superficielles sont le lieu de reproduction de diverses espèces de poissons pélagiques tandis que le fond des canyons recèle une faune benthique et necto-benthique riche. On notera également que des colonies vivantes de coraux profonds (Madrepora oculata) ont été observées grâce à un submersible dans le canyon de la Cassidaigne.

Avec des espèces marines d’intérêt communautaire : le Corail rouge Corallium rubrum, la Datte de Mer Lithophaga lithophaga, le Dauphin blanc et bleu Stenella coeruleoalba, le Dauphin commun Delphinus delphis, le Dauphin de Risso Grampus griseus, le Grand dauphin Tursiops truncatus, la Grande cigale Scillarides latus, la Grande nacre Pinna nobilis, l’Oursin diadème Centrostephanus longispinus, la Tortue Caouanne caretta caretta ;

Le cluster des îles de Marseille est riche d’un patrimoine historique sous-marin exceptionnel. Il comprend environ une cinquantaine d’épaves antiques. Ceci est dû aux difficultés des navires pour franchir les obstacles constitués par les archipels et leurs nombreux récifs affleurants, avant d’accéder à la Calanque du Lacydon (actuellement le Vieux-Port de Marseille). Ces nombreuses épaves antiques offrent un témoignage archéologique et historique sans équivalent.

Encadré – L’histoire du Phare de l’île du Planier


Le phare de Planier, est un lieu unique très connu des marins méditerranéens, et très apprécié par les Marseillais qui le nomme parfois la « statue de la liberté à la marseillaise ». Situé à l’entrée de la Baie de Marseille, elle est la première île marseillaise visible pour les nouveaux arrivant qui voyagent en ferry, mais symbolise également le départ et l’aventure pour les marins quittant le port.

La baie ayant toujours été fréquentée pour le commerce, la construction du phare commence au Moyen-Âge, en 1320, dans le but de sécuriser et fiabiliser cette route maritime. Possédant tout d’abord un feu de bois pour produire de la lumière, le phare fut ensuite équipé des nouvelles technologies au fur et à mesure des époques et des destructions du bâtiment. 

Le phare actuel, construit en 1959 par le célèbres architectes Arbus & Crillon, suite à la destruction du bâtiment par les Allemands durant la seconde guerre mondiale, éclaire magnifiquement la baie du haut de ses 66 mètres. Il fut construit dans le but d’accueillir jusqu’à 4 familles travaillant sur l’îlot. Son style architectural inédit et soigné, ainsi que son histoire forte rattachée à la Ville de Marseille, ont dont logiquement conduit l’administration à l’inscrire (en 2002) puis le classer au titre des Monuments Historiques en 2012. 

Propriété de l’Etat, même si le bâtiment est aujourd’hui protégé par son statut réglementaire (inscrit comme monument historique et dans l’aire du Parc National des Calanques), il reste malheureusement à l’abandon, et en attente de pour-parlé pour de nombreux projets (centre de plongée, maison des artistes, centre pédagogique de sensibilisation à l’environnement) qui lui permettront sûrement de résister de nouveau à l’épreuve du temps.

Pressions


L’archipel de Marseille souffre d’une population trop importante de Goéland leucophé, qui met en péril la végétation avec ses déjections et les déchets qu’il transporte (© Parc National des Calanques/J.P Durand)

Les problématiques qui s’exercent sur les intérêts patrimoniaux de ces îles sont liées à la proximité immédiate avec la ville de Marseille. 

Ce cluster est exposé à une très forte fréquentation touristique, autant terrestre que marine et sur l’ensemble du site, qui est accrue les week-ends et lors de la période estivale. De plus, le Frioul est desservi par des navettes quotidiennes, et elle est située perpendiculairement aux vents dominants, ce qui facilite le mouillage des bateaux contrairement à l’archipel du Riou.

Cette sur-fréquentation a tout d’abord tendance à perturber la faune, notamment l’avifaune très présente sur le site. La présence répétée de randonneurs, escaladeurs, ou de pêcheurs près des zones de nidification ont donc tendance à perturber la nidification, le retour au nid et l’alimentation des juvéniles.

La végétation littorale fragile est soumise également à du piétinement ou de la mise à nu des sols dans le pire des cas, notamment sur l’archipel du Frioul. En effet, sur ce dernier, la fréquentation intense a entraîné une multiplication des sentiers sur certains secteurs. 

Un des problèmes majeurs des îles marseillaises est également la surabondance de la population de Goéland leucophée. En effet, cette espèce est la plus présente sur ces archipels, et la plus active durant l’année. D’après l’étude de Patrick Vidal sur les îles Marseillaises, on observe une explosion de la quantité de Goélands leucophée depuis 2 siècles, avec un maximum de fréquentation sur l’Archipel du Riou qui est le plus abrité des activités humaines. Cette espèce arrache des végétaux pour la confection des nids et des rituels de parade, mais a également un impact chimique sur la végétation, notamment à cause des déjections qui sur-enrichissent les zones de nidification. La présence de Goélands sur ces archipels a donc tendance à dégrader ou à faire disparaître la végétation ancestrale de ces îles au détriment de plantes nitrophiles. De plus, les goélands ramènent une quantité importante de déchets sur les îles.

Ces archipels sont également exposés à la présence d’espèces invasives avec des populations parfois importantes de mammifères introduits (Rat noir, Lapin de Garenne, Chat haret), mais aussi différentes plantes telles que la Griffe de sorcière Carpobrotus edulis, le Figuier de Barbarie Opuntia ficus-indica, qui ont tendance à remplacer la végétation originelle.

Ces îles sont également exposées aux embruns pollués, qui transportent des détergents et des hydrocarbures volatiles, qui a tendance à attaquer la cuticule protectrice des feuilles et ainsi provoquer une nécrose de la plante. Ces îles sont également exposées à l’échouage de macro-déchets flottants tels que les sacs ou les bouteilles plastiques.

Enfin, ces îles sont exposées à la pollution lumineuse, en particulier sur l’archipel du Frioul. De plus, cette île possède un réseau d’éclairage assez dense sur la zone du port et du château. De ce fait, cette lumière a tendance à modifier la répartition des espèces et le rythme d’activité des animaux aux mœurs nocturnes présents sur l’île.

Gestion / conservation


La reconnaissance de l’importance patrimoniale des îles de Marseille, tant au niveau terrestre que marin, remonte aux années soixante-dix. Depuis leur protection et gestion n’a cessé d’évoluer, alors que celles-ci étaient assurées de manière plus ou moins isolée pour chacune d’entre elles, c’est le Parc national des Calanques qui en assure aujourd’hui leur gestion depuis qu’elles sont incluses dans son cœur. 

De nombreuses campagnes de sensibilisation ont été mises en place sur les sites des îles marseillaises, visant à informer les visiteurs de la fragilité des différents écosystèmes, et à faire reconnaître le caractère exceptionnel et souvent endémique du patrimoine naturel de ces archipels. De ce fait, une réglementation a été mise en place sur l’Archipel du Riou depuis l’acquisition de ces sites par le Conservatoire du Littoral, permettant de gérer l’afflux de visiteurs en fonction de la capacité d’accueil du milieu naturel. De plus, cet archipel est classé depuis 2003 en réserve naturelle, ce qui renforce la réglementation du site. De ce fait, le débarquement est interdit la nuit, et seulement autorisé en journée sur de faibles portions du littoral de Riou. Pour l’archipel du Frioul, la ville de Marseille a créé en 2003 le Parc maritime des îles du Frioul, ce qui permet de limiter et de réglementer les usages ainsi que la circulation sur les espaces naturels de l’île, tout ça dans le but de protéger les espaces naturels fragiles de ces sites.

Des opérations de protection des espèces végétales ont également été mises en place sur les îles marseillaises, avec notamment l’isolement de certaines zones sensibles, la lutte contre les lapins de Garenne sur les îles de Plane et de Jarre, ou encore l’organisation des sentiers de randonnée. Des campagnes de lutte contre les Goélands leucophée sont également menées au travers de la stérilisation des oeufs, mais cela ne permet pas d’enrayer le problème de surpopulation de cette espèce, qui subsiste en grande partie à cause des décharges à ciel ouvert dans les alentours de Marseille.

Dans le but de sauvegarder les populations d’oiseaux marins sur les archipels marseillais, différentes opérations ont été mises en place. En effet des campagnes régulières de lutte contre le rat noir sont organisées sur le Riou et le Frioul, et des nichoirs artificiels sont installés pour densifier certains sites non-exposés aux différentes menaces (rats, perturbations anthropiques,). Enfin, la surveillance de la Réserve naturelle de l’archipel du Riou et du Parc national des Calanques est renforcée près des colonies de nidification.

Pour finir, la faune et la flore des archipels marseillais sont suivis par plusieurs organismes comme le Parc National des Calanques, la LPO ou les universités. De ce fait, des suivis réguliers permettent de mettre à jour la cartographie des habitats et des espèces présentes, notamment grâce aux transects et quadrats, et à l’utilisation des suivis photographiques qui permettent de cartographier les habitats et de les catégoriser en fonction de leur niveau de sensibilité. Les suivis annuels sont faits sur l’avifaune nicheuse, avec l’évaluation des effectifs nicheurs et des reproductions. Enfin, des suivis du Puffin cendré, du Puffin yelkouan, de l’Océanite tempête de Méditerranée, et du Cormoran huppé méditerranéen ont été effectués dans le cadre du LIFE oiseaux marins des îles de Marseille (Programme LIFE Nature n°LIFE 03 AT/F/000102), dans le but de suivre les populations présentes sur les îles.

Principales ressources bibliographiques


  1. Des épaves dans les Calanques http://www.calanques-parcnational.fr/fr/les-epaves-bateaux-avions-calanques-marseille-cassis-la-ciotat
  2. Vidal Patrick, Mante Alain. Les îles de Marseille : patrimoine naturel et problématique de conservation. In: La Méditerranée autour de ses îles. Actes du 128e Congrès national des sociétés historiques et scientifiques, « Relations, échanges et coopération en Méditerranée », Bastia, 2003. Paris : Editions du CTHS, 2008. pp. 59-77. (Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques, 128-18)https://www.persee.fr/doc/acths_1764-7355_2008_act_128_4_1360#acths_1764-7355_2008_act_128_4_T7_0060_0000 
  3. Technique de mise en évidence de l’océanite tempête Hydrobates pelagicus à partir d’une embarcation et application au statut de l’espèce dans l’archipel de Riou (France), dans J. G. Walmsley, V. Goutner, A. El Hili et J. Sultana, éds., Écologie des oiseaux marins en Méditerranée, 4e symposium méditerranéen des oiseaux marins, Association «Les amis des oiseaux » et MEDMARAVIS, Tunis, Arc éditions, p. 204-219.
  4. Rapport du Conservatoire-études des écosystèmes de Provence, Marseille, 132 p. ZOTIER R. et VIDAL Patrick, 1998, 
  5. VIDAL Patrick et MANTE Alain, 2002, Plan de gestion de l’espace naturel de l’archipel du Frioul,
  6. Suivi des populations d’oiseaux marins sur les îles de Marseille (Yannick Tranchant, Conservatoire d’Études des écosystèmes de Provence-Alpes du sud, France).

Tableau récapitulatif des clusters et îles du sous-bassin


NOM DES ILES ET ILOTS NOM DE L’ARCHIPEL surface (ha) Altitude max (mètre) Linéaire côtier (mètre) Distance à la côte (mile nautique) Coordonnées géographiques Propriété Iles avec au moins un statut de protection Présence d’un gestionnaire
Latitude Longitude
Ilot Aragnon 0,08 2 149 0,13 43,32457 5,080189 N/A Syndicat mixte de gestion ( région PACA, département des Bouches-du-Rhône, les 5 communes de la Côte
Dromadaire 0,1 12 147,4 0,02 43,20449 5,480982 N/A
Erevine,Erevisse 0,72 24 361,4 0,05 43,3298 5,236075 N/A Syndicat mixte de gestion ( région PACA, département des Bouches-du-Rhône, les 5 communes de la Côte
Ile d’Endoume 0,65 7 483,8 0,11 43,27928 5,344662 Etat – Ministère de la Mer – Direction des services maritimes (100%)
Ile Gaby 0,41 15 321,2 0,2 43,27754 5,344162 N/A Syndicat mixte de gestion ( région PACA, département des Bouches-du-Rhône, les 5 communes de la Côte
Pomègues 90,37 84 12880 1,54 43,26955 5,297718 Ville de Marseille (100%) Conservatoire des Espaces Naturels de Provence Alpes Côte d’Azur
Ratonneau 98,35 74 14720 1 43,2826 5,308323 Ville de Marseille ; Etat – Ministère de la Défense Conservatoire des Espaces Naturels de Provence Alpes Côte d’Azur
Tiboulen de Ratonneau,Tiboulen du Frioul 1,06 28 551,8 2,55 43,27943 5,286562 Etat ministère de la défense; Direction des travaux maritimes de la marine marchande (100%) Conservatoire des Espaces Naturels de Provence Alpes Côte d’Azur
Château d’If 3,25 23 913 0,82 43,27984 5,325849 Etat ministère de la culture (100%)  
Le Grand Salaman 0,06 117 2,32 43,2825012 5,29277754 Commune de Marseille (100%) Conservatoire des Espaces Naturels de Provence Alpes Côte d’Azur
Le Petit Salaman 0,002 19,8 2,32 43,28131 5,293526 Ville de Marseille (100%) Conservatoire des Espaces Naturels de Provence Alpes Côte d’Azur
Ilot des Eyglaudes 0,1 5 139,6 2,1 43,28258 5,297581 Commune de Marseille (100%) Conservatoire des Espaces Naturels de Provence Alpes Côte d’Azur
Le Gros Estéou 0,05 97,59 2 43,27049 5,294856 Ville de Marseille (100%) Conservatoire des Espaces Naturels de Provence Alpes Côte d’Azur
Rocher du Cap Caveaux 0,01 57,07 2,91 43,26389 5,285845 Ville de Marseille (100%) Conservatoire des Espaces Naturels de Provence Alpes Côte d’Azur
Caroline 0,15 10 146 1,07 43,28392 5,321583 Commune de Marseille (100%)
Ilot de Morgiret (Eyglaudes Est) 0,08 15 130,6 2,35 43,28226 5,297778 Commune de Marseille (100%)
Ilot de la Pointe de Pomegues 0,62 486,7 1,98 43,26993 5,3024 Commune de Marseille (100%)
Ilot de la Mounine 0,02 54,2 0,02 43,20709 5,362926 N/A
Méjean 0,04 3 126,9 0,05 43,3288 5,217705 N/A Syndicat mixte de gestion ( région PACA, département des Bouches-du-Rhône, les 5 communes de la Côte
Rocher de la Vesse,Mousquillon 0,05 98,63 0,03 43,34043 5,261847 N/A
Grand Mornas,La Grande Mona 0,12 162,3 0,1 43,33007 5,183839 N/A Syndicat mixte de gestion ( région PACA, département des Bouches-du-Rhône, les 5 communes de la Côte
Petit Mornas 0,07 155,5 0,05 43,33031 5,178964 N/A Syndicat mixte de gestion ( région PACA, département des Bouches-du-Rhône, les 5 communes de la Côte
La Mélette 0,11 15 157,6 0,01 43,21223 5,397142 N/A
L’Oule,l’îlot de l ’Eissadon 0,04 10 85,23 0,01 43,20215 5,490205 N/A Conservatoire des Espaces Naturels de Provence Alpes Côte d’Azur
îlot du Planier 1,89 10 851,3 4,75 43,1986 5,229774 Etat – Service des domaines  Conservatoire des Espaces Naturels de Provence Alpes Côte d’Azur
Les Pendus Ouest 0,17 5 191,9 0,04 43,28383 5,346613 Etat – Ministère de la Mer – Direction des services maritimes (100%)
Les Pendus Est 0,06 3 116,4 0,03 43,28359 5,347269 Etat – Ministère de la Mer – Direction des services maritimes (100%)
Riou 89,85 190 7388 1,71 43,17638 5,385431 Conservatoire du Littoral (100%) Conservatoire des Espaces Naturels de Provence Alpes Côte d’Azur
Ile Plane,Île Calseraigne 14,81 22 3007 1,19 43,18781 5,385794 Conservatoire du Littoral (100%) Conservatoire des Espaces Naturels de Provence Alpes Côte d’Azur
Jarre 18,61 56 3951 0,45 43,19718 5,365064 Conservatoire du Littoral (100%) Conservatoire des Espaces Naturels de Provence Alpes Côte d’Azur
Maïre 28,5 138 3374 0,04 43,21102 5,335404 Conservatoire du Littoral (100%) Conservatoire des Espaces Naturels de Provence Alpes Côte d’Azur
Tiboulen de Maïre 2,31 49 930,4 0,39 43,21407 5,326789 Conservatoire du Littoral (100%) Conservatoire des Espaces Naturels de Provence Alpes Côte d’Azur
Les Pharillons nord 0,02 57,87 0,35 43,20757 5,33797 Conservatoire du Littoral (100%) Conservatoire des Espaces Naturels de Provence Alpes Côte d’Azur
Les Pharillons sud 0,02 57,59 0,37 43,20724 5,337558 Conservatoire du Littoral (100%) Conservatoire des Espaces Naturels de Provence Alpes Côte d’Azur
Jarron 2,86 32 1153 0,46 43,20035 5,357022 Conservatoire du Littoral (100%) Conservatoire des Espaces Naturels de Provence Alpes Côte d’Azur
Petit Congloué 0,39 34 283,9 2,02 43,17895 5,396069 Conservatoire du Littoral (100%) Conservatoire des Espaces Naturels de Provence Alpes Côte d’Azur
Grand Congloué 1,99 47 696,9 2 43,17597 5,401273 Conservatoire du Littoral (100%) Conservatoire des Espaces Naturels de Provence Alpes Côte d’Azur
île de Moyade 0,16 10 195,4 1,86 43,17669 5,370305 Conservatoire du Littoral (100%) Conservatoire des Espaces Naturels de Provence Alpes Côte d’Azur
Les Moyadons 0,01 47,51 1,84 43,17793 5,368547 Conservatoire du Littoral (100%) Conservatoire des Espaces Naturels de Provence Alpes Côte d’Azur
Les Empereurs nord 0,05 15 88,61 2,46 43,17152 5,393837 Conservatoire du Littoral (100%) Conservatoire des Espaces Naturels de Provence Alpes Côte d’Azur
Les Empereurs sud,Ilots impériaux 0,21 20 228,8 2,5 43,16983 5,394502 Conservatoire du Littoral (100%)
Ilot de l’anse de La Redonne 0,06 173 0,02 43,33031 5,202537 N/A
Rocher de Sugiton 0,03 5 68,96 0,01 43,21167 5,455042 N/A
Le Torpilleur,Ilot de la Galère,Le cygne 0,21 20 240 0,02 43,21044 5,456607 N/A
Tonneau Est 0,03 3 64,32 0,01 43,20973 5,462385 N/A
Tonneau Ouest 0,04 15 81,82 0,01 43,20989 5,460338 N/A

ISSN 2970-2321

Cette fiche a été rédigée dans le cadre du projet d’Atlas encyclopédique des Petites Iles de Méditerranée, porté par le Conservatoire du Littoral, l’Initiative PIM, et leurs nombreux partenaires.
This sheet has been written as part of the encyclopedic Atlas of the Small Mediterranean Islands project, carried out by the Conservatoire du Littoral, the PIM Initiative and their numerous partners.
(https://pimatlas.org)

CLUSTER

Iles de Lérins

Rédigé par : Conservatoire du littoral (avec l’appui de O2 Terre)

Date de création : 01/12/2021

 

Pour citer cette version : CONSERVATOIRE DU LITTORAL. (2021). Fiche cluster : Iles de Lérins – Sous-bassin : France Sud. Atlas of Small Mediterranean Islands. https://pimatlas.org/explorer-atlas/clusters/iles-de-lerins/

Composition du cluster : îles 7
Composition du cluster : archipels 1
Nombre d’îles avec au moins un statut de protection national 1
Nombre d’îles avec au moins un statut de protection international 2
Nombre d’îles avec au moins un gestionnaire 2

Description générale


L’abbaye de l’île de Saint-Honorat

L’archipel de Lérins situé dans le département des Alpes-Maritimes, sur la côte d’Azur, est constitué de deux îles, Sainte-Marguerite et Saint-Honorat, ainsi que de leurs petits îlots. 

L’île de Sainte-Marguerite, située au Nord et à un peu plus de 1 km du Cap Croisette, est l’île la plus grande avec une surface de 171 hectares et comprend l’îlot de La Tradelière. L’île de Saint-Honorat, séparée par un chenal d’environ 500 m de large, s’étend sur une surface de 41 hectares et comprend l’Îlot et l’île de Saint-Ferréol. 

Situé entre la pointe Croisette de Cannes et la pointe de l’Aiguille de Théoule-sur-mer, ces îles sont très prisées par les plaisanciers. Des liaisons maritimes sont assurées depuis les ports de la façade continentale et transportent jusqu’à 350 000 personnes chaque année. Les touristes sont pour la plupart originaires de Cannes ou du reste du département des Alpes-Maritimes.

Les îles de Lérins sont des îles « continentales », car elles sont le prolongement de la côte, dont elles ont été isolées lors de la dernière transgression marine, il y a environ 10 000 ans. De ce fait, entre le cap Croisette à Cannes et ces îles, la profondeur est comprise entre 5 et 10 mètres. D’un point de vue physique, ces deux îles ont une topographie relativement plane et une géologie composée de dolomies (formations calcaires à marneuses). 

De par les conditions de milieux et l’occupation des sols, les compositions végétales et les zones boisées sont assez similaires avec la présence de yeuseraie à chêne vert et de pinède de pin d’Alep. L’île de Sainte-Marguerite, plus sauvage, possède une forêt de 160 hectares, ainsi qu’un étang salé de 4 hectares : l’étang de Batéguier. Un nouveau plan de gestion visant à concilier la préservation de l’environnement et l’accueil du public, dans ce lieu extraordinaire, vient d’être finalisé pour la période 2020 à 2029 par l’ONF gestionnaire de la réserve biologique dirigée de l’île de Sainte-Marguerite.

Ces deux îles possèdent une Histoire très riche, avec notamment pour l’île de Sainte-Marguerite des vestiges archéologiques, le Fort Royal, ainsi que la fameuse prison qui abrita le masque de Fer, qui serait le demi-frère de Louis XIV.

L’île de Saint-Honorat est quant à elle monastique depuis l’an 410. Aujourd’hui encore, elle abrite une communauté de 20 moines, qui sont les seuls habitants de l’île. 

Connaissances


De par son passé militaire et religieux les connaissances historiques des îles sont bien connues. Les connaissances historiques rapportent qu’au Néolithique l’île de Sainte-Marguerite était déjà fréquentée comme en atteste la découverte de nombreux vestiges (outils, pots, citernes romaines …). Puis, l’île a été utilisée par les navigateurs comme une zone de halte et de stock pour les échanges commerciaux. Les fortifications et le Fort Royal constitue un patrimoine architectural remarquable.

L’histoire de l’île Saint-Honorat débute autour de l’an 400. En quête de solitude, l’Abbé Honorat vient trouver refuge sur l’île Lérinas. La retraite de Saint-Honorat est connue. Les pèlerins s’y rendent en foule car ils reçoivent les mêmes indulgences que pour un voyage en Terre sainte. Un monastère est alors construit. Deux ans avant sa mort, en 427, Honorat est proclamé évêque d’Arles. Il sera honoré dans l’église catholique romaine et l’église orthodoxe comme Saint-Honorat

Les connaissances écologiques de ces îles sont globalement bien fournies et récentes. 

L’île de Saint-Honorat possède une richesse floristique de 370 taxons, dont 325 indigènes, et 45 non-indigènes d’après le rapport SILENE-Flore 2012/2013, et le rapport Médail et al., 2014 – Flore et végétation vasculaires terrestres de l’île SaintHonorat. L’île comporte également une avifaune riche, avec 17 espèces d’oiseaux qui fréquentent le site, 4 espèces de reptiles, et 9 espèces de chauve-souris. Enfin, on retrouve plus de 50 espèces de coléoptères différents. 

Pour l’île de Saint-Marguerite, des inventaires naturalistes ont été effectués dans le cadre de programmes scientifiques liés aux différents statuts du site (Natura 2000, Réserve biologique ONF, ZNIEFF). De ce fait, les données recueillies mettent en avant la présence d’une flore rare dans les Alpes-Maritimes, comme les Lis de mer Pancratium maritimum, ou la barbe de Jupiter Anthyllis barba-jovis. La faune de l’île est quant à elle composée de 43 espèces de coléoptères, 70 espèces d’araignées, les 4 espèces de reptiles présentes également sur Saint-Honorat, et une avifaune riche composée de 137 espèces d’oiseaux dont 107 protégées (source : SMILO). L’île de Saint-Marguerite, plus sauvage que l’île voisine, est devenue un refuge pour un nombre important d’espèces qui sont perturbées par les activités anthropiques du continent. C’est pourquoi on observe maintenant une quantité importante d’oiseaux migrateurs sur ce site, qui viennent faire une halte durant leur périple. 

D’après les recensements de l’INPN, les eaux côtières de l’archipel possèdent de nombreux habitats remarquables, comme le coralligène, des herbiers de posidonie ou des grottes sous-marines, ce qui témoigne de la qualité du milieu.

La faune et la flore marine de l’archipel est également étudiée par le projet Lérins Biodiversité (financé par le RAMOGE), qui recense les populations présentes autour de ces îles et préconise des mesures de gestion. D’après leur étude de 2013, les fonds marins de l’archipel accueillent plusieurs espèces protégées comme la Grand Nacre Pinna nobillis, ou la Posidonie Posidonia oceanica, mais également du Corail rouge Corallium rubrum.

Intérêts


L’archipel des Lérins est une zone reconnue pour l’observation du rorqual commun Balaenoptera physalus. Source : F. Larrey – Parc National des Calanques

L’île de Sainte-Marguerite et son monument classé – Fort Royal, ainsi que  le monastère de Saint-Honorat, constituent deux éléments patrimoniaux majeurs du littoral Provençal. 

En janvier 2021, un écomusée sous-marin a été installé dans la passe du plateau du milieu. Il est constitué de six statues de ciment immergées à 5 mètres de profondeur, et réalisées par l’artiste britannique Jason DeCaire. Ces statues, représentant les visages d’habitants de Cannes, sont libres d’accès même si le mouillage est interdit aux alentours du musée. Dans le futur, ces statues feront office de récif artificiel et permettront à une faune et une flore marine de se développer.

Pour la flore terrestre patrimoniale, un total de 13 espèces végétales à protection nationale sont connues : dont le Caroubier Ceratonia siliqua, la Barbe de Jupiter Anthyllis barba-jovis, l’Epiaire hérissée Stachys ocymastrum, abondante sur l’île alors qu’elle est très rare sur le littoral continental français méditerranéen.

Pour les insectes, les prospections du programme PIM ont permis de redécouvrir en France le carabique Tschitscherinellus cordata sur l’île de Saint-Honorat.

En 2011, une petite population isolée de Phyllodactyle d’Europe Euleptes europaea a également été découverte (source : INPN).

Pour la partie marine, des espèces patrimoniales sont également connues et recensées par le projet Lérins Biodiversité, comme la Cystoseire stricte Cystoseira amentacea var. stricta, le Corail rouge Corallium rubrum, la Grande nacre Pinna nobilis, l’Oursin diadème Centrostephanus longispinus, la Grande cigale de mer Scyllarides latus, le Grand dauphin Tursiops truncatus, l’Éponge de toilette Spongia officinalis, l’Axinelle commune Axinella polypoides, l’Oursin violet Paracentrotus lividus, l’Anémone buissonnante Savalia savaglia, le Mérou brun Epinephelus marginatus, le Corb Sciaena umbra, et la Langouste d’Europe Palinurus elephas.

La zone de l’archipel des Lérins est reconnue pour la présence avérée de Grand dauphin Tursiops truncatus, de Rorqual commun Balaenoptera physalus , de Cachalot Physeter macrocephalus, et de Dauphin bleu et blanc Stenella coeruleoalba.

Encadré – La candidature des îles de Lérins au programme SMILO


En 2019, la ville de Cannes a reçu de la part de l’ONG Small Islands Organisation (SMILO) le label « Label in progress » pour l’île de Saint Honorat et de Sainte Marguerite. Ce label indépendant fait suite à l’adhésion en 2018 de la ville de Cannes et de la communauté monastique de Lérins au programme SMILO, qui avait donné lieu à la création du Comité insulaire des îles de Lérins dans le but de mettre en place une gestion concertée et durable sur les deux îles. 

Ce label, reconnu internationalement, ainsi que les prix « Écosystèmes et biodiversité » et « Paysages » reçu par l’île de Sainte-Marguerite et les prix « Déchets » et « Paysages » reçus par l’île de Saint-Honorat, permettent de récompenser et de mettre en lumière les efforts importants fournis par les gestionnaires des îles depuis plusieurs années, notamment grâce au soutier financier de la région PACA et du Fond Européen pour les Affaires Maritimes et la Pêche (FEAMP).

 

Cependant, les différents gestionnaires et acteurs de ces joyaux de la Méditerranée veulent continuer leurs efforts, et espèrent maintenant recevoir le label « île durable » du SMILO, obtenu seulement pour une période de 5 années.

Ce label, obtenu selon des critères strictes concernant la gestion durable d’une île, permettrait qui plus est de soutenir la candidature des îles de Lérins au patrimoine mondial de l’UNESCO effectuée en 2017, et qui a vu l’île monastique de Lérins être inscrite en décembre 2021 sur la « liste indicative nationale ». Une avancée fondamentale, qui permettra peut-être à ces îles d’être encore plus reconnues, protégées et valorisées au niveau international !

Pressions


La forte fréquentation touristique en été et le mouillage autour des îles Lérins sont des facteurs importants de dégradation des posidonies autour de l’archipel. Source : Office de l’environnement Corse – Laurent Ballesta

Sur l’archipel des Lérins, les principales pressions observées sont liées à la forte fréquentation touristique, notamment en été. De ce fait, le piétinement lié à la présence de nombreux visiteurs condensés sur une courte durée, combinés au vent, à la température élevée et aux pluies rares mais violentes provoquent une forte érosion du littoral ainsi qu’une dégradation de la flore locale. L’érosion du trait de côte affecte donc les deux îles et occasionne un rétrécissement de l’archipel.

Le mouillage des bateaux, en particulier durant la période estivale, provoque également une dégradation importante des fonds marins, en particulier les herbiers de posidonie. 

Cet archipel est également très sensible aux feux durant l’été. L’île de Sainte-Marguerite, du fait de sa forêt composée d’espèces ligneuses, revêt un fort risque d’incendies en période estivale. 

Enfin, cet archipel subit une pollution aux macro-déchets, au bruit, et aux effluents, qui polluent et impactent les milieux naturels des îles, malgré la décision récente des moines de Saint-Honorat d’enlever les poubelles de l’île, forçant les visiteurs à repartir avec leur déchet.

Concernant les espèces végétales exotiques envahissantes, certaines espèces comme l’Ailante Ailanthus altissima, le Robinier faux-acacia Robinia pseudoacacia, la Luzerne arborescente Medicago arborea, le Figuier de Barbarie Opuntia ficus-indica, le Tabac glauque Nicotiana glauca, le Séneçon anguleux Senecio angulatus et le Lyciet commun Lycium barbarum ont été répertoriées.

Il faut signaler que peu d’espèces animales terrestres à caractère envahissant sont présentes sur ces îles. Seul le Goéland Leucophé est vraiment problématique car ramenant de nombreux macro-déchets. Cependant au niveau marin, le rapport Lérins Biodiversité de 2013 montre la présence d’algues envahissantes comme la Caulerpa taxifolia et la Caulerpa racemosa, qui sont respectivement originaires d’Amérique Latine et d’Australie et qui ont colonisée la Méditerranée Nord Occidentale depuis son arrivée en 1984. Ces 2 espèces sont problématiques car elles modifient la communauté benthique, et sont un facteur d’appauvrissement du milieu marin. 

Gestion / conservation


L’ensemble de la surface terrestre et maritime de l’archipel des Lérins est intégré dans le périmètre du site NATURA 2000 – FR9301573 – Baie et Cap d’Antibes – Iles de Lérins – Domaines terrestre et maritime depuis 2014. Ce site est géré par la Ville d’Antibes. 

Site classé, l’île de Sainte-Marguerite est protégée grâce à l’action de la Mairie de Cannes, qui possède l’essentiel du patrimoine bâti. Elle dispose de l’appui de l’Office National des Forêts, qui gère la Réserve Biologique domaniale Dirigée de l’île Sainte-Marguerite qui a été créée par l’arrêté du 26 septembre 2006, et représente 152 ha, 87% de la surface terrestre (totalité de la forêt domaniale).

Pour Saint-Honorat, la communauté monastique est l’unique propriétaire de l’île. De ce fait, la gestion intégrée de cette île est nettement plus simple. Depuis 2016, les moines de l’île se sont engagés à respecter et à mettre en place une démarche globale de gestion de l’île permettant de recevoir le label SMILO. De ce fait, un plan stratégique a été mis en place, et une forte concertation interne et externe est mise en place pour permettre à de nombreux experts scientifiques de donner leur avis et de proposer des actions visant à protéger au mieux les milieux naturels de l’île.

Une zone de mouillage réglementée a été également créée au nord de l’île de Sainte-Marguerite, dans le but d’éviter la sur-fréquentation des bateaux sur la zone en période estivale.

L’archipel fait partie du Sanctuaire Pelagos, qui est un espace maritime de 87 500 km² et qui fait l’objet d’un Accord entre l’Italie, Monaco et la France pour la protection des mammifères marins qui le fréquentent.

Un des enjeux de l’île de Sainte Marguerite est également de réduire son éclairage public à cause de ses impacts environnementaux (consommation d’énergie, dérangement biodiversité, pollution lumineuse …). Pour cela, notamment dans le cadre du projet ISOS, une des solutions envisagées est de remplacer par du LED (en plusieurs phases) tout l’éclairage public, et particulièrement l’éclairage décoratif du Fort Royal.

Encadré – Le nouveau plan de gestion 2021-2029 de l’île de Sainte-Marguerite


L’île de Sainte-Marguerite possède une richesse environnementale exceptionnelle, et constitue des habitats propices pour le développement d’espèces floristiques et faunistiques rares et inscrites sur des listes de protection. C’est dans le but de préserver cette biodiversité fragile tout en accueillant du public qu’une partie de l’île est devenue une Réserve Biologique par arrêté ministériel en 2006. S’en suivit donc logiquement le premier Plan de gestion de l’île entre 2005 et 2019, permettant d’officialiser les mesures de gestion effectuées par l’ONF depuis quelques années sur cette magnifique forêt domaniale de 152 hectares. 

Le deuxième Plan de gestion de l’île, s’échelonnera jusqu’en 2029. Il visera à engager des actions pour que cette biodiversité puisse résister aux pressions naturelles (changement climatique, espèces envahissantes, incendies, …) et aux pressions anthropiques (piétinements, pollution) liées aux 350 000 visiteurs annuels de l’île. Du fait des conditions particulières du terrain, les techniciens de l’ONF ont donc l’obligation d’essayer de nouvelles techniques et compétences, et de mettre en place de nouvelles méthodes de gestion des espaces naturels adaptées aux conditions insulaires. 

Un financement exceptionnel de 4,7 millions d’Euros a été débloqué pour financer ce Plan de gestion par l’ONF, par le Ministère de la Transition Écologique et solidaire, par les villes de Cannes et d’Antibes, ou encore par du mécénat. Ces financements mettent donc en lumière le fort attachement des acteurs locaux et nationaux pour la conservation des richesses de ce joyau de la Côte d’Azur.

Principales ressources bibliographiques


1. Lérins Biodiversité – Etat de l’écosystème littoral de l’archipel – Rapport 2013 (French)

https://www.researchgate.net/publication/279885062_Flore_et_vegetation_vasculaires_terrestres_de_l’ile_Saint-Honorat_archipel_de_Lerins_Cannes_Alpes-Maritimes/citations#fullTextFileContent 

2. [Médail et al., 2014] – Flore et végétation vasculaires terrestres de l’île Saint‑Honorat (archipel de Lérins, Cannes, Alpes‑Maritimes)

https://www.researchgate.net/publication/279885062_Flore_et_vegetation_vasculaires_terrestres_de_l’ile_Saint-Honorat_archipel_de_Lerins_Cannes_Alpes-Maritimes/citations 

3. Site du SMILO – http://www.smilo-program.org/fr/reseau/155-sainte-marguerite 

4. Site de l’association Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement (CPIE) des Iles de Lérins & Pays d’Azur – http://cpieazur.fr/  

5. Document d’objectifs- Site FR 9301573 « Baie et Cap d’Antibes- Iles de Lérins» – https://www.alpes-maritimes.gouv.fr/content/download/8097/97637/file/Fiches%20hab-esp%20TERRE_N2000_Baie%20et%20Cap%20Antibes-Iles%20de%20L%C3%A9rins.pdf 

Tableau récapitulatif des clusters et îles du sous-bassin


NOM DES ILES ET ILOTS NOM DE L’ARCHIPEL surface (ha) Altitude max (mètre) Linéaire côtier (mètre) Distance à la côte (mile nautique) Coordonnées géographiques Propriété Iles avec au moins un statut de protection Présence d’un gestionnaire
Latitude Longitude
La Grande Grenille 0,16 5 169,9 0,09 43,57172 7,1406854 N/A
La Petite Grenille 0,31 70,97 0,16 43,57264 7,131951 N/A
Ile Sainte-Marguerite 171,3 29 8721 0,68 43,51925 7,049717 Ville de Cannes , Etat (95,5%) Office National des Forêts
Ile de la Tradelière 1,35 2 787,1 1,87 43,515544 7,073158 N/A Office National des Forêts
Ile Saint-Honorat 41,14 9 4461 1,58 43,50771 7,0461 N/A Office National des Forêts
L’îlot Saint Honorat 0,22 2 236,3 1,89 43,50389 7,045728 N/A
Ilot Saint-Féréol 1,47 3 682 1 43,50631 7,057897 N/A

ISSN 2970-2321

Cette fiche a été rédigée dans le cadre du projet d’Atlas encyclopédique des Petites Iles de Méditerranée, porté par le Conservatoire du Littoral, l’Initiative PIM, et leurs nombreux partenaires.
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CLUSTER

Îles d'Hyères

Rédigé par : Annie Aboucaya, Marion Peirache, David Geoffrey, Marie-Claire Gomez (service connaissances du patrimoine, Parc National de Port-Cros)

Date de création : 01/12/2021

 

Pour citer cette version : ABOUCAYA, A., PEIRACHE, M., GEOFFREY, D., GOMEZ, M-C. (2021). Fiche cluster : Iles d’Hyères – Sous-bassin : France Sud. Atlas of Small Mediterranean Islands. https://pimatlas.org/explorer-atlas/clusters/iles-dhyeres/

Composition du cluster : îles 22
Composition du cluster : archipels 1
Nombre d’îles avec au moins un statut de protection national 24
Nombre d’îles avec au moins un statut de protection international
Nombre d’îles avec au moins un gestionnaire 12

Description générale


Les îles d’Hyères ont été appelées aussi  « Iles d’Or » ou encore « Stoechades » (rangées en ligne, en grec). Disposé en arc de cercle  légèrement au Sud du Massif des Maures (dont il est issu, cf fiche sous-bassin), l’archipel des Îles d’Hyères se compose de 3 grandes îles, d’Ouest en Est : Porquerolles (1250 ha), Port-Cros (675 ha), Le Levant (1000 ha) et constitue le secteur le plus méridional de la côte provençale. Port-Cros est la plus boisée et porte la forêt de chênes verts la plus mature, tandis que Porquerolles, et surtout Le Levant, possèdent plus de milieux ouverts. De nombreux îlots entourent Port-Cros : Bagaud (58 ha), Le Rascas (1 ha), la Gabinière (4 ha) et surtout Porquerolles, avec d’Ouest en Est : le petit Langoustier  (2,5 ha), Cap Rousset (1,2 ha), Rochers des Mèdes (0,2 ha), Petit Sarranier (0,8 ha), Gros Sarranier (2,3 ha) et quelques autres caps plus ou moins indépendants. Plusieurs îlots se situent autour de la presqu’île de Giens : Les Fourmigues Ouest (0,08 ha), les Fourmigues Est (0,27 ha), Ile de la Redonne (0,6 ha), Île Longue (2 ha), Ilôt Ratonnière (0,5 ha), Petit Ribaud (0,8 ha), Grand Ribaud (18,46 ha), Îlot du Cap de l’Estérel (0,1 ha). Cet archipel pris au sens large constitue donc un ensemble important de territoires de tailles très diverses échelonnés entre la côte et les grandes îles, façonnés par une histoire et des usages propres.

Pour la climatologie, l’histoire de la formation des îles d’Hyères, la géologie, l’occupation humaine ancienne, on se reportera utilement à la fiche sous-bassin « France Sud ».

 

 

Les nombreux forts et batteries militaires  témoignent d’un passé conflictuel et de la position stratégique des îles d’Hyères (cf encadré n°1), qui furent aussi le siège de combats durant la deuxième guerre mondiale, avec une occupation italienne et allemande. On peut évoquer aussi les installations monastiques sur les trois grandes îles, régulièrement saccagées par les pillages maures du XIIème au XVIIIème siècle et le passé sanitaire de Port-Cros et Porquerolles, qui ont servi de lazaret et accueilli les nombreux blessés et malades des guerres de Crimée, Tonkin, Dahomey et les convalescents de la légion étrangère et de l’infanterie coloniale. Enfin des fabriques de soude et d’acide sulfurique avaient été établies au XIXème siècle à Porquerolles et à Port-Cros, loin du continent en raison de leur activité polluante. Le moins reluisant demeure sûrement  le traitement sordide infligé aux enfants dans les divers établissements de colonies pénitentiaires privés créés à Porquerolles et au Levant dans la deuxième moitié du XIXème siècle.

 

Créé le 14 décembre 1963, le parc national de Port-Cros est le premier parc marin d’Europe et un des deux plus anciens parcs nationaux français. A ce titre, il bénéficie de connaissances historiques et d’intéressants suivis du milieu marin en séries longues.

 

A l’heure actuelle, Port-Cros et Porquerolles sont réunies sous un statut de parc national terrestre et marin. Porquerolles, plus touristique, reflète toujours l’image de l’île jardinée, installée par  Joseph-François Fournier au début du XXème siècle, avec d’importants domaines viticoles privés et la présence des vergers conservatoires mis en place par le Conservatoire botanique national méditerranéen. Ce dernier affirme le rôle phare de Porquerolles dans la conservation de la biodiversité par le stockage de l’importante banque de graines de plantes rares du littoral méditerranéen français constituée depuis 26 ans (cf. encadré n°2).  Plusieurs sites militaires sur toutes les îles sont encore actifs, mais seul le Levant a gardé l’essentiel de cette vocation avec le centre de lancement de missiles qui occupe la majorité de l’île. Sur la petite partie non militaire de l’île a été créé au début du XXème siècle le village naturiste « Heliopolis » par les docteurs Durville, adeptes d’une vie saine et proche de la nature.

Forts des Îles d’Hyères ou la course à l’armement


En raison des attaques régulières subies par l’archipel et la région hyéroise durant des siècles et de l’intérêt stratégique du port de Toulon, les îles d’Hyères possèdent une originale collection patrimoniale d’une vingtaine de forts et batteries dont les dates de construction et de remaniements s’étagent du règne de François 1er au XIXème siècle. On peut énumérer à Porquerolles : XVème siècle Ste-Agathe, XVIIème : l’Alycastre, Grand Langoustier, Petit Langoustier ; début du XIXème siècle : Fortins du Galéasson, du Bon Renaud, du Lequin ; fin XIXème : la Repentance, et plus récemment la batterie des Mèdes. A Port-Cros, ont été édifiés: XVème siècle Le Moulin ; XVIIème forts de l’Estissac, Port-Man ; début XIXème siècle, fortins de Bagaud (Sud, Est, Nord, Centre), la Vigie ; fin XIXème : l’Éminence. Il faut attendre le règne de Louis XIII et Richelieu pour voir de grands travaux de défense de la rade d’Hyères, toutefois insuffisants car ils n’empêchèrent pas l’occupation par les barbaresques, les espagnols puis les anglais. Ce n’est que sous Napoléon que fut adoptée une stratégie de défense des côtes méditerranéennes susceptibles de protéger la flotte de Toulon et la rade d’Hyères. La construction de nombreux fortins correspond à la volonté de compléter le dispositif existant afin de contrôler les mouvements ennemis en rade d’Hyères. A la fin du XIXème siècle, l’apparition du canon rayé, de plus longue portée et bien plus précis allait réduire à 2 forts utiles le dispositif de contrôle de l’archipel et de la rade (forts de l’Éminence et de la Repentance), entraînant le déclassement de tous les autres bâtiments. Ces 2 derniers ouvrages allaient bientôt devenir inutiles à leur tour en raison de l’invention vers 1885 des obus torpilles par les allemands. Le Parc national a une volonté de conserver ce riche patrimoine architectural par une politique de restauration des bâtiments, en propre ou à l’aide de partenariats avec des privés volontaires attributaires de baux emphytéotiques.
Annie Aboucaya (Parc National de Port-Cros)

Connaissances


Au cours des siècles précédents, de nombreux botanistes ont réalisé des inventaires, mais concentrés essentiellement sur les trois grandes îles.

Dans sa monographie des îles d’Or (1929), Jahandiez aborde de façon synthétique et moderne de nombreuses thématiques naturalistes sous forme d’inventaires : botanique (plantes vasculaires terrestres, mousses, champignons, lichens, algues ) et zoologie (mammifères, oiseaux, reptiles, batraciens, poissons, mollusques, crustacés terrestres et marins, bryozoaires, échinodermes,  éponges, insectes : orthoptères, lépidoptères, névroptères, hémiptères, diptères, coléoptères, hyménoptères, myriapodes, arachnides). Il évoque aussi la géologie, avant une réactualisation de l’approche par Bronner (De schiste et d’eau, 1987 ;  Guide géonautique, 2006).

 

La végétation a fait l’objet d’études et cartographies, également surtout sur les grandes îles : Molinier a réalisé les premières études de végétation à Port-Cros (1937, 1952) et Porquerolles (1955).  En 1972,  Lavagne et Moutte ont réalisé la cartographie de la végétation de l’île de Port-Cros avec une réactualisation récente  par Lavagne, Bigeard et Delaye (2007). En 1976, Lavagne  a levé la carte phytoécologique de l’île de Porquerolles au 1/5000 ème. Enfin Noble & Michaud (2016) ont dressé la cartographie de la végétation et des habitats naturels de l’ensemble du  site Natura 2000 « Rade d’Hyères » qui comprend l’archipel des Îles d’Hyères, les îlots de Giens et de Bormes les Mimosas et les Anciens salins d’Hyères. Ces travaux ont permis de recenser les formations végétales dont les principales sont listées ci-dessous pour ce qui concerne les îles et îlots.

 

Maquis et forêts 

  • Brousses à Olivier et Lentisque.
  • Maquis haut à arbousier et bruyère arborescente (dont faciès à genêt à feuilles de lin, surtout à Porquerolles).
  • Maquis littoraux thermophiles à Euphorbe arborescente (Le Levant, Port-Cros).
  • Maquis bas à cistes : ciste à feuilles de sauge, ciste de Montpellier, lavande des Maures, et la germandrée maritime, endémique.
  • Pinèdes méditerranéennes diversifiées à pin d’Alep, pin pignon ou pin maritime (Porquerolles).
  • Chênaie verte thermophile à arum nain (Port-Cros et Porquerolles).
  • Quelques lambeaux de chênaie liège (Porquerolles).

 

 

Formations littorales 

        –  Sur rocher, formation halophile à statice nain, criste marine, lotier faux cytise, puis en      s’éloignant un peu de la mer, formations basses à euphorbe des Îles Pithyuses et cinéraire           maritime, passerine tartonraire (Le Levant), passerine hirsute (Porquerolles, Petit             Langoustier), ou formation à Anthyllis barba-jovis et Genévrier rouge (Porquerolles, Petit     Langoustier).

  • Sur les crêtes rocheuses exposées au vent, faciès à Juniperus turbinata (bien représenté au Levant, aussi à Port-Cros, Porquerolles, Grand Ribaud, Îlots de Giens).
  • Formation à Euphorbe arborescente (Port-Cros et le Levant).
  • Sur sable, végétation dunaire des dunes mobiles embryonnaires dans les grandes plages et quelques criques sablonneuses ou à petits graviers.
  • Laisse de mer, formation annuelle se développant à l’interface terre-mer, habitat souffrant partout de la surfréquentation.
  • Mégaphorbiaies halo-nitrophiles à Mauve arborescente (sur les îlots fortement fréquentés par les oiseaux marins).

 

Pelouses et milieux ouverts 

-Pelouses rases, éphémères et très diversifiées à Tuberaria guttata et Hypochoeris glabra

-Formations des falaises siliceuses d’ubac à doradille obovale et nombril de Vénus (avec la très rare doradille des Baléares)

-Pelouses xérophiles vernales à ail petit-Moly et romulées (Porquerolles)

 

Zones humides :

-Zones humides temporaires  bassins et oueds, mares temporaires à Isoète de Durieu (3 îles)

-Formations d’oued à Tamaris d’Afrique (Le Levant)

-Roselières des eaux douces, ou formation à Massette de St-Domingue (Le Levant).

 

Quelques cartographies végétales ont été réalisées pour les îlots : Petit Langoustier (Delorme M. & Aboucaya A.2002 in Aboucaya & al. 2012, réactualisation Noble et Michaud 2016) et Petit Ribaud (Aboucaya A. 2000 in Aboucaya & al. 2012, réactualisation Noble et Michaud 2016).

 

Un effort important d’inventaires a été mené de longue date par le Parc national et le Conservatoire botanique national méditerranéen sur les îles d’Hyères, en particulier en ce qui concerne la flore vasculaire. La réactualisation de l’inventaire de Porquerolles a été publiée en 2009 par N. Crouzet : 705 taxons. En cours de réactualisation, l’inventaire de Port-Cros réalisé par D’Onofrio (2003, inédit) comporte environ 662 taxons tandis que celui du Levant est en cours d’élaboration (l’accès en zone militaire est autorisé sous certaines conditions aux naturalistes du PNPC).  Avec l’aide de l’initiative «Petites Iles de Méditerranée » (PIM) du Conservatoire du Littoral, les inventaires de flore vasculaire des îlots satellites de Giens, Porquerolles, Port-Cros ont été réactualisés en 2009 et 2014  (sauf Gabinière, total extrait de Médail (1998). Les îlots comportant un nombre nul à faible de plantes vasculaires sont  le Ribaudon, le rocher des Mèdes-mer, les Fourmigues avec un total de 0 à 1, Petit Sarranier, Rocher des Mèdes-terre, Ratonnière, Cap de l’Estérel, Pointe Ste-Anne, Gabinière avec moins de 20 plantes recensées,  les îlots à nombre moyen comportant plus de 20 mais moins de 100 : Ile Longue, Redonne, Petit Ribaud, Petit Langoustier, Cap Rousset, Gros Sarranier, Rascas. Les îlots dont l’effectif de taxons vasculaires dépasse les 100 sont plus rares : Grand Ribaud, Bagaud.

Les Bryophytes ont fait l’objet d’une étude récente sur Porquerolles où Hugonnot (2007) a recensé 117 taxons. Sur Port-Cros, l’étude de JP Hébrard (1978 et 1979), réactualisée partiellement par B. Offerhaus  (2014 in SILENE Flore) avait inventorié 101 espèces.

Les cryptogames non vasculaires ont malgré tout fait l’objet de moins d’attention et les travaux existants nécessitent une évaluation pour les champignons et une réactualisation ou une réalisation (selon les territoires) pour les Lichens et Bryophytes.

Pour la faune terrestre, les îles d’Hyères ont fait l’objet de nombreux inventaires. Port-Cros est le principal bénéficiaire devant Porquerolles, puis le Levant. Les îlots de la presqu’île de Giens, de Porquerolles et de Port-Cros ont également bénéficié d’opérations mises en œuvre par le Conservatoire du littoral avec l’initiative PIM.  Les bases de données SILENE Faune, l’outil SINP de la Région PACA  et l’outil  Faune PACA (LPO) concentrent les données régionales.

Sur tous les territoires du Parc national on note pour la faune terrestre un certain déséquilibre dans les taxons inventoriés. Si l’avifaune, les mammifères, les amphibiens ou les reptiles sont bien étudiés, les invertébrés le sont beaucoup moins, à quelques exceptions près, notamment les Araignées, le Parc national de Port-Cros étant sans doute celui dont la faune d’Arachnides est la mieux connue.

 

Avec plus de 400 références scientifiques concernant le milieu marin, les cœurs marins de Parc national, et tout particulièrement Port-Cros, bénéficient d’un niveau de connaissance exceptionnel.

Les cartographies des biocénoses engagées sur Porquerolles, le Levant, Port-Cros puis l’ensemble du site N. 2000 « Rade d’Hyères » dans le cadre de la réactualisation du docob ont permis de mieux appréhender les différentes communautés littorales et profondes (jusqu’à la tranche bathymétrique des 40 m et au-delà sur Port-Cros). Les états de conservation ont également été établis. Ce niveau de connaissance est considéré comme très bon, voire même excellent sur Port-Cros grâce à une cartographie en 3D réalisée en 2011 avec des prospections en ROV sur les roches profondes.

 

Parmi les principaux habitats marins recensés, on trouve les replats boueux ou sableux exondés à marée basse (haute et moyenne plage), les bancs de sable à faible couverture permanente d’eau marine (avant-plages submergées), les grottes marines submergées ou partiellement submergées, les roches infralittorales à algues photophiles, habitat du mérou brun (Epinephelus marginatus), de la grande  cigale de mer (Scyllarides latus) et du corb (Sciaena umbra). Les récifs présentent des formations particulières intéressantes comme les ceintures à Rissoella verruculosa, rhodobionte endémique de Méditerranée, les trottoirs à Lithophyllum byssoides autour des 3 grandes îles d’Hyères.  Les herbiers de posidonies figurent parmi les habitats prioritaires, cartographiés autour de l’archipel hyérois jusqu’à au moins 30 m de profondeur, globalement en bon état même s’ils sont dégradés par endroits par les mouillages forains, la prolifération des caulerpes et l’impact des ganguis et chaluts dans les zones pêchées.   Le coralligène et le détritique côtier sont considérés comme des habitats à très forte valeur écologique en Méditerranée, en raison de leur richesse biologique et de la grande diversité de micro-habitats.

 

Plusieurs inventaires archéologiques sous-marins détaillés ont été réalisés (Long, 2004). Le PNPC  dispose aussi d’une excellente connaissance du grand patrimoine bâti des îles.

Le Conservatoire botanique national méditerranéen de Porquerolles.



Le Conservatoire Botanique National Méditerranéen de Porquerolles est un établissement public, agréé depuis 1990 par l’Etat. Son territoire d’agrément lui permet d’exercer ses missions sur 9 départements : Var, Bouches du Rhône, Vaucluse, Alpes Maritimes pour la Région PACA et l’ensemble des départements du Languedoc Roussillon (Gard, Hérault, Aude, Pyrénées Orientales et Lozère).                                                                             

Ses principales missions sont :                                                                                       

*La connaissance de la flore et des habitats naturels et semi-naturels : flore spontanée ou introduite, l’évaluation scientifique des statuts des taxons et le suivi des espèces exotiques, dont certaines ont un caractère envahissant.                                                                                                                        

*L’identification et la conservation des éléments rares et menacés de la flore sauvage et des habitats                                                                                               

*La fourniture à l’État et aux collectivités territoriales d’un concours technique et scientifique                                                                                                 

*L’information et la sensibilisation du public sur ces thématiques.                                  

 

Le conservatoire botanique administre une importante base de données, SILENE Flore, contenant près de 4 millions d’observations floristiques issues du travail de son équipe de botanistes (inventaire, numérisation de la bibliographie historique et des herbiers) et de son réseau de collaborateurs. Les données d’observation sont mises à disposition du public dans un souci de partage des connaissances mais également pour favoriser la conservation de la flore sauvage en amont des projets d’aménagement. Couvrant toute la zone méditerranéenne française continentale et, en collaboration avec le Conservatoire botanique national alpin, l’intégralité de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et de l’ex Languedoc Roussillon, elle est accessible sur internet : flore.silene.eu.                              

Une banque de semences d’espèces menacées                                                                

Le conservatoire botanique dispose d’environ 1800 espèces ou sous-espèces, conservées sous forme de 8 000 accessions (lots de semences), réparties pour moitié en chambre froide et moitié en ultra dessiccation (lyophilisation).                                                         Le verger conservatoire                                                                                                 

Des collections variétales fruitières représentatives du bassin méditerranéen ont été plantées sur l’île de Porquerolles à des fins de conservation et de recherche (oliviers, figuiers, mûriers).


Sylvia Lochon-Menseau, directrice du Conservatoire botanique national méditerranéen de Porquerolles

Intérêts


De par l’histoire géologique de la formation des Îles d’Hyères (cf fiche sous bassin Sud), la grande taille de Porquerolles, Port-Cros, le Levant, Bagaud  et la politique de préservation des milieux, on rencontre  dans l’archipel de nombreuses espèces animales et végétales rares, voire endémiques, conservées grâce à l’isolement insulaire, ce qui confère une responsabilité toute particulière au gestionnaire. La flore et la végétation possèdent en outre une originalité liée au substrat siliceux, rare en Provence.

Parmi les espèces végétales patrimoniales, citons  Delphinium requienii, Teucrium marum, Teucrium massiliense, Ptilostemon casabonae, les Romulées endémiques, de découverte récente : Romulea florentii et Romulea assumptionis, Crepis leontodontoides, Galium minutulum, Genista linifolia, Isoetes duriaei, Alkanna lutea, Vicia elegantissima (découverte et décrite à Porquerolles), Plantago subulata, Thymelaea hirsuta, Orobanche sanguinea,  les formations à barbe de Jupiter, à Euphorbes arborescentes…

 

 

Pour les îlots, on peut évoquer entre autres les belles populations de Brassica montana et Silene badaroi sur l’île Longue, d’ Anthyllis barba-jovis au Petit Langoustier et sur le Rascas, de Fumaria flabellata au Gros Sarranié, au Grand Ribaud,  au Cap Rousset, sur l’Ile Longue,de  Thymelaea hirsuta sur la Redonne et le Grand Ribaud, de Crepis leontodontoides sur le Grand Ribaud.

Pour Bagaud et le Grand Ribaud, on se référera utilement à leurs fiches spécifiques pour avoir plus de données dans toutes les rubriques traitées.

 

 La faune terrestre n’est pas avare non plus en espèces patrimoniales. Parmi les oiseaux, nous pouvons citer le Puffin yelkouan, endémique de Méditerranée et strictement insulaire, dont les Iles d’Hyères abritent entre 90 et 95% de la population nationale et représentent le principal site de reproduction en France. On rencontre aussi le Puffin cendré, le Faucon pèlerin avec au moins une quinzaine de couples nicheurs sur l’archipel, l’Engoulevent d’Europe, nicheur sur l’archipel, le Cormoran de Desmaret dont un seul couple nicheur est connu (Le Levant)… De nombreuses espèces de Chiroptères sont recensées parmi lesquelles le Murin à oreilles échancrées (se reproduit à Porquerolles), le Minioptère de Schreibers, la Pipistrelle pygmée (récemment découverte à Porquerolles)… Pour les amphibiens, le Discoglosse sarde, discrète endémique tyrrhénienne est connue à Port-Cros et Le Levant. L’archipel présente aussi une belle richesse pour l’herpétofaune avec l’Hémidactyle verruqueux et le Phyllodactyle d’Europe, nocturne, la Couleuvre de Montpellier, la Couleuvre à échelons, la Coronelle girondine.

 Les invertébrés ont été moins étudiés que les vertébrés mais le développement de leurs inventaires permet également de redécouvrir une richesse souvent peu perçue. A titre d’exemple, plus de 115 espèces d’abeilles sauvages vivent sur Porquerolles, dont 13 rares ; le grillon maritime, qui vit dans les zones rocheuses en bord de mer, a été récemment redécouvert sur Port-Cros, Porquerolles et Bagaud ; des cloportes remarquables vivent par ailleurs dans les mattes de posidonie et ont eux aussi récemment été redécouverts. Plus courant, le Jason et d’autres papillons de jour tels que le Vulcain ou le Citron de Provence colorent les îles de leurs présences quasiment toute l’année.

 Pour le domaine marin, l’effectif important de mérous est un indicateur de la gestion suivi sur le long terme. Parmi les espèces patrimoniales, nous pouvons évoquer le corb,  la patelle géante devenue rarissime, les champs de grandes nacres dans les herbiers de posidonies, le récif-barrière de posidonies à Port-Cros.

Le sanctuaire international PELAGOS a été créé en 1999 par la France, la principauté de Monaco et l’Italie pour la protection des mammifères marins. Englobant l’archipel des Iles d’Hyères, ce territoire de 87 500 km² abrite  le Dauphin bleu et blanc, le Grand Dauphin, le Dauphin de Risso, le Globicéphale noir, le Rorqual commun, le Cachalot, le Dauphin commun et la Baleine à bec de Cuvier.  Les nombreuses études réalisées sous l’égide du Sanctuaire réaffirment l’importance de l’archipel des îles d’Hyères pour ces espèces, particulièrement pour le Grand Dauphin, espèce à affinité côtière, considérée comme très régulière sur la zone.

 

Enfin l’archipel possède un intérêt culturel important avec un extraordinaire patrimoine de bâtiments militaires et  la présence d’épaves sous-marines. Il a depuis longtemps inspiré des écrivains, entre autres Melchior de Voguë, St-John Perse, André Gide, Jacques Audiberti, Jules Supervielle pour Port-Cros, Simenon à Porquerolles. Le sentier littéraire de Port-Cros a d’ailleurs été récemment inauguré pour en garder la mémoire. C’est également un lieu privilégié pour les  réalisations de films : Jean d’Agrève, Pierrot le Fou parmi les tournages déjà anciens,  plus récemment et parmi d’autres, le Parfum de la dame en noir…

Pressions


Avec plus de 1,2 million de visiteurs par an, l’archipel, en particulier l’île de Porquerolles, subit une très forte pression de fréquentation touristique  terrestre et marine (plaisance) qui s’avère préjudiciable aux objectifs de protection des milieux naturels.

Divers travaux scientifiques réalisés et en cours ont pour thématique la capacité de charge, devenue un point clé de la réussite des actions de gestion et protection (Bergère 2009, master Université de Bretagne ; Bergère & Le Berre 2011).

 

L’observatoire de la biodiversité et des usages marins a été créé par le Parc national de Port-Cros pour évaluer l’état de conservation de la biodiversité marine et l’efficacité de sa gestion. Conçu comme un outil d’aide à la décision, il vise à mesurer les pressions qui s’exercent sur la biodiversité marine des 3 grandes îles d’Hyères et de la presqu’île de Giens et à apprécier l’effet des mesures de gestion mises en place en réponse. Il fonctionne au travers de nombreuses thématiques, d’indicateurs et grâce à des protocoles scientifiques rigoureux.

 

La prolifération de nombreuses espèces exotiques envahissantes, perturbant les fragiles équilibres naturels insulaires constitue une problématique de plus en plus préoccupante pour le gestionnaire. Pour la faune terrestre, citons le  rat noir sur l’essentiel des îles et îlots,  les  faisans commun et vénéré et  le chat haret à Porquerolles. Des espèces indigènes très prolifiques, ou initialement absentes des Îles d’Hyères comme le hérisson, introduit volontairement à Porquerolles et Le Levant et depuis peu le sanglier, désormais présent à Port-Cros et Porquerolles, peuvent s’avérer également problématiques par la concurrence exercée sur des espèces vulnérables et emblématiques de l’archipel.

 

Pour la flore terrestre, la plante sans-doute la plus répandue en termes de surfaces colonisées est la griffe de sorcière sur les grandes îles et sur la plupart des îlots. L’arrachage en a été réalisé par le Parc national sur l’îlot du Petit Langoustier et des opérations d’éradication sont en cours sur  Bagaud, mais également sur le Petit Ribaud par les propriétaires privés. Lors de la mission PIM d’avril 2014, des arrachages totaux ont été réalisés par les équipes PNPC/PIM sur l’îlot du Cap Estérel et partiels sur l’île Longue.  Le personnel du PNPC pratique régulièrement des opérations de contrôle de la plante à Port-Cros et sur certains secteurs de Porquerolles.  A Porquerolles, un contrôle est également réalisé sur les populations d’ Eucalyptus globulus et sur  les Mimosées (Acacia dealbata, A. retinodes, A. longifolia).  Signalons les importantes populations d’Herbe de la Pampa, de Paraserianthes lophanta et  d’ Aptenia cordifolia au Levant.

Concernant les plantes les plus ornementales, ces enjeux et opérations de contrôle ne sont pas toujours compris des propriétaires privés.

En mer, des opérations annuelles sont réalisées pour la maîtrise de Caulerpa taxifolia depuis 1994 dans les eaux de Port-Cros d’où elle est aujourd’hui totalement absente et 2004 dans celles de Porquerolles. Caulerpa racemosa est largement présente dans l’archipel hyérois.

 

L’observation de la régression de certaines plantes indigènes sur les îlots semble indiquer un impact des apports de nitrates par les populations de goélands leucophée et de substances diverses par les embruns.

La gestion de la ressource en eau, limitée sur les îles, constitue aussi un point clé dans la gestion de la capacité de charge.

Gestion / conservation


Port-Cros est le premier parc national marin d’Europe  et le deuxième plus ancien parc national français (création en  14 décembre 1963). L’essentiel de l’île de Porquerolles est devenu un cœur terrestre et marin du parc national de Port-Cros (décret du 4 mai 2012).

La réserve intégrale des îlots de Port-Cros, incluant les îlots satellites de Port-Cros  (Bagaud, Rascas, Gabinière) assure une protection très forte (décret du 9 mai 2007).

Les îles et îlots de Porquerolles et l’île de Port-Cros bénéficient d’un statut de classement de site, Bagaud, la presqu’île de Giens et Porquerolles d’une inscription.

Au Levant, une  réserve naturelle des Arbousiers d’une vingtaine d’hectares a été créée par le syndicat des copropriétaires d’Heliopolis en 1993, à l’initiative de Mme Claude Teilhol.

L’ensemble du secteur  renferme de nombreuses propriétés du Conservatoire du Littoral et des rivages lacustres  situées à Port-Cros, à Porquerolles, sur l’ensemble de l’île de Bagaud et certains îlots de Giens.

Depuis 1999, le sanctuaire international Pelagos a pour ambition de protéger les mammifères marins .

L’application de la démarche Natura 2000 sur le territoire a débuté en 1996 lorsque le site « Iles et îlots de Port-Cros et de Porquerolles » a été choisi pour être l’un des 37 sites pilotes français LIFE – Natura 2000. Le Parc national de Port-Cros, désigné comme opérateur, a produit en 1998 un DOCOB  validé par arrêté préfectoral le 15 juillet 1999 et mis en œuvre durant 3 années. Le Pr. Lavagne, phytosociologue et rapporteur désigné pour le Parc sur cette période, a rédigé en 2002 un rapport d’expertise sur la mise en œuvre de ce document.

En 2002, une nouvelle consultation a permis à la Commune d’Hyères de se prononcer favorablement à l’extension du site aux territoires acquis par le Conservatoire du Littoral (Salin des Pesquiers et Vieux Salins), ainsi qu’aux territoires terrestres et marins (jusqu’à l’isobathe -50 m) de l’île du Levant. Le site « Iles et îlots de Port-Cros et de Porquerolles » a alors été redessiné et découpé en plusieurs sites, ce qui a engendré une réactualisation du DOCOB. La nouvelle désignation fût la suivante :

 

– La ZPS « FR 9312008 Salins d’Hyères et des Pesquiers » comprenant les Vieux Salins, le Salin des Pesquiers et ses marais périphériques et la pinède des Pesquiers.

 

– La ZPS « FR 9310020 Îles d’Hyères » comprenant les îles et îlots de Port-Cros (entourés par une bande marine de 600 m de large), de Porquerolles (entourés par une bande marine de 500 m de large) et du Levant (entourée par une bande mariné limitée par la bathymétrie – 50m).

 

– La ZSC «  FR 9301613 La côte d’Hyères et son archipel» comprenant les îles et îlots de Port-Cros, de Porquerolles et du Levant, les Vieux Salins, le Salins des Pesquiers et ses marais périphériques et la Pinède des Pesquiers.

La réécriture du DOCOB pour ces 3 sites a été entreprise par le Parc national de Port-Cros. Il a été validé le 29 avril 2008.

Par la suite, les périmètres de la ZPS « Îles d’Hyères » et de la ZSC « Côte d’Hyères et son archipel » ont été étendus pour inclure une importante zone marine continue entre les îles et le continent. Le nouveau périmètre de la ZPS « Îles d’Hyères » a été fixé par l’Arrêté ministériel du 27 mai 2009 ; 94 % de sa superficie est marine. Le périmètre de la ZSC a été modifié par l’Arrêté ministériel du 26 juin 2014 ; 92% de sa superficie est marine. Cette ZSC a été renommée « Rade d’Hyères ».

Principales ressources bibliographiques


  1. Aboucaya A., 1989. La flore des îles d’Hyères : étude des rapports phytogéographiques et biosystématiques avec les Maures et la Corse. Thèse en Sciences naturelles, Université Aix-Marseille III, 361 p. + 1 tome annexes floristiques.

  2. Aboucaya A., Crouzet N., Pavon D., Médail F., 2012. Flore vasculaire des îlots satellites de l’île de Porquerolles et de la presqu’île de Giens (Var, France). Sci. Rep. Port-Cros natl. Park, 26 : 17 -43.
  3. Bergère H., Le Berre S., 2011.  *Définition et étalonnage d’un système d’évaluation de la capacité de charge de l’île de Port-Cros (Hyères, France). Sci. Rep. Port-Cros natl. Park, 25 : 81-104.
  4. Bonhomme D., Astruch P., Goujard A. Bonhomme P., Antonioli P.-A., Ruitton S., Harmelin J.G., Perez T., Thibaut T., Fourt M., Verlaque M., 2011. Description et cartographie des habitats et biocénoses du milieu marin du Parc national de Port-Cros. Contrat Gis Posidonie-Parc national de Port-Cros, Gis Posidonie publ., 388 p.
  5. Docob FR 9301613 “Rade d’Hyères”, FR 9310020 “Îles d’Hyères” et FR 9312008 “Salins d’Hyères et des Pesquiers”. En cours de réactualisation
  6. Hébrard J.-P., 1978. Contribution à l’étude de la flore et de la végétation muscinale du Parc national de Port-Cros (Var). Trav. sci. Parc natl. Port-Cros, 4: 9-68.
  7. Hébrard J.-P., 1979. Complément à l’étude de la bryoflore du Parc national de Port-Cros (Var) et notes sur le ph édaphique. Trav. sci. Parc natl. Port-Cros, 5: 35-58.
  8. Hugonnot V., 2007. Les bryophytes de l’île de Porquerolles (Hyères, Var, France) : inventaire, atlas, groupements bryophytiques et intérêt patrimonial. Sci. Rep. Port-Cros natl. Park, 22 : 67-194.
  9. J-ahandiez E., 1929. Les Iles d’Hyères, monographie des Iles d’or.  Toulon, Rébufa et Rouard, Libraires éditeurs, 447 p., réédition Laffitte reprints Marseille 1977.
  10. Lavagne A., Bigeard N. Delaye F.  & Masotti V., 2007. Etude de la dynamique forestière de l’île de Port-Cros (PNPC, Var, SE France) de 1968 à 2004. Sci. Rep. Port-Cros nal. Park 22 : 195-232.
  11. Noble V., Michaud H., 2016. Cartographie de la végétation et des habitats naturels du site Natura 2000 « Rade d’Hyères » FR 9301613. Actualisation des cartographies pour l’île du Levant, Salins des Pesquiers et tombolo de Giens, îlots de la rade, 198 p.
  12. Stratégie scientifique 2013-2022 du Parc national de Port-Cros , version réactualisée  2016, 38 p. + annexes.

Tableau récapitulatif des clusters et îles du sous-bassin


NOM DES ILES ET ILOTS NOM DE L’ARCHIPEL surface (ha) Altitude max (mètre) Linéaire côtier (mètre) Distance à la côte (mile nautique) Coordonnées géographiques Propriété Iles avec au moins un statut de protection Présence d’un gestionnaire
Latitude Longitude
Ilot du Cap de l’Esterel 0,14 8 156,2 0,01 43,03273 6,17359 Domaine public maritime (100%)
Les Fourmigues Est,Les Fourmigues de l’Escampobariou 0,27 13 249,7 1,06 43,03981 6,069429 Domaine public maritime (100%)
Les Fourmigues Ouest,Les Fourmigues de l’Escampobariou 0,08 3 118,4 1 43,04015 6,06792 N/A
Porquerolles 1278 143 41530 1,46 43,00095 6,21304 N/A Institution publique ‘Parc National de Port-Cros’
Port-Cros 627,4 195 23200 4,61 43,00543 6,39601 Conservatoire du Littoral (50%), Défense nationale, Ministère de l’environnement Institution publique ‘Parc National de Port-Cros’
Bagaud 59 59 8314 4,86 43,0124439 6,36327 Conservatoire du Littoral (100%) Institution publique ‘Parc National de Port-Cros’
Levant 1001 131 37740 5 43,0299 6,467057 Ministère de la défense
Île du petit Langoustier 2,2 8 1166 1,34 43,00447 6,1614 Ministère de la défense Institution publique ‘Parc National de Port-Cros’
Gros Sarranier,Gros Saraignet 1,85 25 790 4,28 42,99887 6,252806 Ministère de l’Environnement (100%) Institution publique ‘Parc National de Port-Cros’
Petit Sarranier,Petit Saraignet 0,51 23 339,1 4,57 42,99669 6,259336 Ministère de la défense Institution publique ‘Parc National de Port-Cros’
Rocher des Mèdes nord,Rocher des deux frères   0,07 22 126,8 3,07 43,02822 6,241202 Ministère de la défense Institution publique ‘Parc National de Port-Cros’
Rocher des Mèdes sud,Rocher des deux frères   0,1 17 125 3,07 43,02739 6,241893 Ministère de la défense Institution publique ‘Parc National de Port-Cros’
Rousset   1,03 16 451,2 1,36 43,00864 6,172628 Ministère de la défense Institution publique ‘Parc National de Port-Cros’
Rocher du Rascas   0,69 15 456,5 4,37 43,01442 6,389294 Conservatoire du Littoral (100%) Institution publique ‘Parc National de Port-Cros’
Îlot de la gabinière   3,38 62 1330 6 42,98833 6,395287 Ministère de l’Environnement (100%) Institution publique ‘Parc National de Port-Cros’
Ilot de la Pointe Sainte Anne   0,005 1,6 35,38 1,52 43,00189 6,159811 N/A
Ile Longue   1,04 28 551,7 0,09 43,04115 6,090967 Conservatoire du Littoral
Ile Longue – îlot est   0,16 169,5 0,05 43,04115 6,090967 Conservatoire du Littoral (100%)
île du Portugais   0,13 8 196,1 0,01 43,03192 6,124579 N/A
île du Grand Ribaud   16,33 52 4095 0,4 43,01883 6,143434 ETAT MINISTERE DE L EQUIPEMENT DES TRANSPORTS ET DU LOGEMENT (20%) Commune de Six-fours les plages
Ile du petit Ribaud   0,68 17 495,7 0,14 43,02346 6,147157 N/A
Ilot du Ribaudon 0,1 4 168,9 0,12 43,02427 6,147441 Domaine Public Maritime (100%)
Ile de la Redonne 0,48 12 427 0,07 43,04251 6,09804 Conservatoire du Littoral (100%)
Ile de la Ratonnière 0,49 18 452,1 0,23 43,04032 6,087943 Conservatoire du Littoral (100%)