ISSN 2970-2321

Cette fiche a été rédigée dans le cadre du projet d’Atlas encyclopédique des Petites Iles de Méditerranée, porté par le Conservatoire du Littoral, l’Initiative PIM, et leurs nombreux partenaires.
This sheet has been written as part of the encyclopedic Atlas of the Small Mediterranean Islands project, carried out by the Conservatoire du Littoral, the PIM Initiative and their numerous partners.
(https://pimatlas.org)

ILES

Cluster : Golfe de Marseille et Calanques

Sous-bassin : FRANCE-SUD

île de Maïre

Contributeur : Conservatoire du littoral (avec l’appui de l’entreprise O2 Terre)

Date de création : 18/06/2021

Pour citer cette version : Conservatoire du littoral. (2021). Fiche île : Ile de Maïre – Sous-bassin : France Sud. Atlas of Small Mediterranean Islands. https://pimatlas.org/explorer-atlas/iles/ile-maire/

Commune Marseille
Archipel Archipel de Riou
Surface (ha) 28,45
Linéaire côtier (mètre) 3373
Distance à la côte (Mile nautique) 0,04
Altitude max (mètre) 138
Coordonnée géographiques Latitude 43,21102
Longitude 5,335404
Propriété foncière Conservatoire du Littoral
Gestionnaire(s) Parc National des Calanques
Statut de protection national Parc National des Calanques
international Site NATURA 2000 : 

  • Directive Oiseaux – FR9312007 – Iles Marseillaises – Cassidaigne
  • Directive Habitats, Faune,Flore – FR9301602 – Calanques et îles Marseillaises – Cap Canaille et Massif du Grand Caunet

Description générale


Au large du Massif des Calanques et aux sorties de la Ville de Marseille, s’étendent, en file, différentes îles et îlots constituant l’archipel de Riou, l’unique archipel inhabité du littoral continental français. D’une superficie totale de 162 ha, ce site, très minéral, compte près de 25 kilomètres de côte découpée en une multitude de criques.

Mesurant 990 mètres d’est en ouest et 540 mètres du nord au sud, l’île Maïre, plus haute que large, culmine à 138 mètres d’altitude. Elle est située à proximité immédiate du Cap Croisette et du quartier des Goudes à l’extrémité Ouest du massif des Calanques. On peut y voir les restes d’une construction datant de l’époque où les ressources minérales de l’île étaient exploitées. Tout autour de l’île, des observatoires, en ruines, rappellent l’importance stratégique de sa position, au sud de la baie de Marseille et à l’est du Golfe du Lion.

Le versant Nord montre des pentes couvertes d’une mosaïque de buissons de lentisques qui alternent avec les éboulis, la roche nue et une végétation littorale beaucoup plus rase constituée de plantes halophiles (qui aiment le sel).

Le versant Sud donne le spectacle d’un monde complètement minéral, découpé par de vertigineuses falaises qui plongent brutalement dans la mer. 

Cette île n’a pas de crique, pas de plage, et n’est bordée que de falaises et d’éboulis.

Elle constitue un véritable sanctuaire pour de nombreuses espèces rares, tant animales que végétales et présente un patrimoine naturel reconnu à l’échelle européenne.

Connaissances


Les archives départementales des Bouches-du-Rhône font état de la présence de guetteurs sur les îles de Maïre dès 1264.

Cette île a été pendant longtemps colonisée par les militaires pour son point de vue sur l’entrée maritime de Marseille et des vestiges y sont encore debout, tels des blockhaus, quasi indestructibles.

ENCADRE : Les aménagements militaires de l’île Maïre:


L’île Maïre est la plus impactée par les constructions et les aménagements militaires. En 1850, elle est encore décrite par Marius CHAUMELIN (1854) comme une île non aménagée malgré sa proximité de la côte. En 1885, l’État cède l’île de Maïre à la Marine Nationale. Les documents de la Marine évoquent la construction en 1909 d’un feu chercheur sur l’île qui permet d’éclairer les bateaux entrant dans la rade. Puis en 1919 sont aménagés les différents bâtiments militaires encore visibles aujourd’hui : 

– un logement pouvant accueillir 16 hommes et deux officiers, 

– une citerne pour recueillir les eaux de pluie, 

– une salle de machine abritant une dynamo et un réservoir de carburant, 

– un chemin d’accès aménagé avec des escaliers et garde-corps qui permettent de relier le secteur nord de l’île aux postes de commande et de combat situés sur la face sud, 

– des câbles électriques qui relient le poste d’éclairage à la dynamo,

 – un poste de commandement et un poste de combat accessibles par un tunnel taillé dans la roche et qui abritent le projecteur monté sur une voie ferrée. 

Cet équipement a été complété en 1926 par un deuxième projecteur installé à la pointe ouest de l’île face à l’îlot du Tiboulen. En 1943, l’armée allemande a réaménagé ces installations et installé deux pièces d’artillerie, une dans une tourelle installée au sommet de l’île et une seconde dans le bunker du sud de l’île qui abritait le projecteur. Pour alimenter la garnison en poste, l’occupant avait même construit un petit téléphérique afin de rendre l’accès possible les jours de mauvais temps par le cap croisette. La plupart de ces bâtiments sont encore visibles aujourd’hui sur le site, mais se dégradent progressivement, notamment le casernement situé sur la partie nord de l’île.

Cette île a vu, au cours des siècles, de nombreux naufrages, dont celui du Liban, qui marquera longtemps la communauté Corse.

En juin 1903 ce paquebot à vapeur de 91 mètres de long, en partance vers Bastia, transportant officiellement 148 passagers, éperonné par un autre paquebot, l’Insulaire, transportant une quarantaine de passagers, a fait naufrage à quelques mètres de l’Île Maïre. Il y aura plus de 100 victimes dans cet accident qui constitue l’une des plus grandes catastrophes maritimes civiles de Méditerranée française.

Habitée pendant des décennies par un petit troupeau de chèvres à l’état sauvage, elle fut souvent appelée l’île aux chèvres. Elles ont été débarquées par le Conservatoire du littoral jugeant qu’elles avaient un impact négatif sur la flore patrimoniale.

Intérêts


 

Passerine tartonraire Thymelaea tartonraira ssp. Tartonraira., petit buisson très rare présent sur cette île
(© Sophie – florealpes)

Concernant les intérêts écologiques, plusieurs espèces végétales patrimoniales à protection nationale sont connues : L’astragale de Marseille Astragalus tragacantha endémique du Sud-Est de la France, elle est présente sur Maïre mais sa population semble vieillissante (peu, voire aucune plantule) et impactée par la nitrification des sols, la Scolopendre sagittée Asplenium sagittatum est très rare en France mais les grandes falaises de l’île Maïre montre les plus belles populations de France, la Passerine tartonraire Thymelaea tartonraira ssp. Tartonraira.

Pour la Faune, l’île de Maïre est un refuge pour les oiseaux de mer et abrite le Phyllodactyle d’Europe Euleptes europaea, gecko rarissime, endémique de méditerranée occidentale.

Côté mer on trouve de beaux sites de plongée avec de nombreuses épaves, de jolis tombants et une grotte à corail. L’ile Maïre est également reconnue depuis plusieurs décennies pour la présence importante de loups lors de la période hivernale. Lorsque les eaux sont chaudes, on peut également rencontrer de nombreux poissons pélagiques sur son tombant sud (le Limon Seriola dumerili, le Barracuda Sphyraena viridensis, la Bonite Auxis rochei,…).

L’île Maïre est un magnifique sujet de photo qui sert de fond de décor à de nombreuses scènes de films et de séries télévisées. Parmi les plus récentes, celles de Plus Belle la Vie et de Mafiosa.

Pressions


   

Rugulopteryx okamurae, l’algue invasive provenant du Japon
(© Sylvain LE BRIS – Doris)

Depuis quelques années les calanques Marseille, dont l’ile Maïre fait partie, sont envahies par une algue brune invasive Rugulopteryx okamurae. Cette algue provenant du japon s’est rapidement installée et recouvre parfois jusqu’à 80% des fonds marins, sur une hauteur de 60 cm. Une étude de la Faculté des sciences de Luminy est actuellement en cours pour envisager un plan d’action efficace pour contenir et freiner sa prolifération.

Les falaises spectaculaires de l’île Maïre et la mer qui s’immisce dans la passe des Croisettes font de ce bout du monde un lieu emblématique. Dégradé par une fréquentation mal maîtrisée, le Parc national des Calanques a entamé des actions pour sa protection et sa requalification.

Même si l’île est inhabitée et qu’elle n’est pas desservie par des navettes (il est même interdit d’y accoster) les pressions sont fortes et en grande partie liées à l’activité nautique. 

L’ile étant un spot de chasse sous-marine reconnu, la présence de chasseur et de pêcheur y est quasi quotidienne sur le pourtour de l’île, surtout lorsque les eaux se réchauffent.

Gestion & Conservation


L’île de Maïre est intégrée dans le périmètre du Parc national des Calanques. Le débarquement sur l’île de Maïre est interdit par la réglementation du Parc national des Calanques.

L’ensemble des îles et îlots qui constituent l’archipel de Riou est également propriété du Conservatoire du littoral depuis 1993. 

Principales ressources bibliographiques


  1. Article sur l’ile Maïre dans « les cahiers du sud » – site internet http://les-cahiers-du-sud.eklablog.com/les-iles-de-l-archipel-de-riou-l-ile-maire-a112437054 

  2. Site du Parc national des Calanques – site internet http://www.calanques-parcnational.fr/fr/cap-croisette-baie-des-singes-ile-maire-marseille

  3. France bleu Bouches-du Rhone – Le naufrage du Liban https://www.francebleu.fr/emissions/racontez-nous/provence/les-calancoeurs-les-espions-de-l-ile-maire-le-naufrage-du-liban-et-le-duel-de-louis-pierotti 

  4. Plan de gestion 2011-2015 complet – Riou – pdf – https://www.google.com/search?client=firefox-b-d&q=Plan+de+gestion+2011-2015+complet+-+Riou.pdf  

  5. Gestion de la faune et de la flore des Îles marseillaises par Patrick VIDAL, Patrick BAYLE, Eric VIDAL, Frédéric MÉDAIL et Richard lOTIER   https://core.ac.uk/download/pdf/15518273.pdf

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