ISSN 2970-2321

Cette fiche a été rédigée dans le cadre du projet d’Atlas encyclopédique des Petites Iles de Méditerranée, porté par le Conservatoire du Littoral, l’Initiative PIM, et leurs nombreux partenaires.
This sheet has been written as part of the encyclopedic Atlas of the Small Mediterranean Islands project, carried out by the Conservatoire du Littoral, the PIM Initiative and their numerous partners.
(https://pimatlas.org)

ILES

Cluster : Galite – Tabarka

Sous-bassin : TUNISIE NORD

Galiton

Contributeurs :

S. Ben Haj

Date de création : 1 Mars 2021

 

Pour citer cette version : BEN HAJ , S. (2021). Fiche île : Galiton – Sous-bassin : Tunisie Nord. Atlas des Petites Iles de Méditerranée. https://pimatlas.org/explorer-atlas/iles/galiton/

galiton-carte
galiton-general
Commune Bizerte
Archipel Le Galiton
Surface (ha) 29.9
Linéaire côtier (mètre) 2700
Distance à la côte (Mile nautique) 22
Altitude max (mètre) 120
Coordonnée géographiques Latitude 37.497386N 
Longitude 8.875057E
Propriété foncière 100% Etat
Gestionnaire(s) Unité de co-gestion :

Gestionnaire principal : Agence de Protection et d ‘Aménagement du Littoral 

Co-gestionnaire : Association Méditerranée Action Nature

Statut de protection national Aire Marine et Côtière Protégée 

Réserve naturelle depuis (1980)

international Aire Spécialement Protégées d’Intérêt Méditerranéen (2001)

Description générale


Le Galiton est l’une des six îles qui forment l’archipel de la Galite. Elle appartient au Galiton de l’ouest de l’archipel avec une surface de 29,9 ha et une ligne côtière de 2700m. C’est la plus grande île parmi les 5 îlots de l’Est et Ouest.

Situé au large de la côte Nord de la Tunisie, la Galite est soumise à un climat du type méditerranéen à étage humide inférieur et semblable à celui des côtes septentrionales de l’Afrique du Nord, caractérisé par une alternance entre les périodes prolongées de beau temps et des périodes relativement courtes de mauvais temps. 

Le Galiton fait partie d’un insulaire montagneux et volcanique, à rattacher géologiquement à la zone septentrionale est de l’Algérie. Sa structure géologique est à base de roches magmatiques qui s’agissent essentiellement de micro-granodiorites et de microgranite (Rekhiss, 1996).

Le Galiton n’a pas constitué une aire préférée pour l’installation des populations humaines durant l’histoire et jusqu’aux nos jours. La présence humaine s’est limitée uniquement aux militaires depuis la deuxième guerre mondiale et ce grâce à sa position géographique stratégique permettant une bonne surveillance des eaux tunisiennes.

Durant ces dernières décennies, le Galiton a fait l’objet de plusieurs études et inventaires biologiques pour la caractérisation de sa faune et flore. Différentes actions ont été menées par l’initiative PIM et le conservatoire de littoral ce qui a permis de récolter beaucoup de données sur les spécificités biologiques de cet endroit.

Connaissances


Le phare du Galiton (L. Malherbe, 2008)

Les traces d’occupation historique de l’île du Galiton et qui sont présentes jusqu’aux nos jours sont représentées essentiellement par le phare du Galiton. En effet, dans le but de sécuriser les routes maritimes, les forces coloniales françaises ont construit le phare sur le sommet du Galiton entre 1914 et 1919. C’est une tour carrée de quatorze mètres de haut, avec galerie et lanterne, montée sur une maison de gardiens de deux étages et à côté d’autres bâtiments techniques. Le haut de la tour et la lanterne sont noirs et le reste des bâtiments est gris et blanc. Il émet un groupe de quatre éclats blancs toutes les vingt secondes. 

Sur le plan biologique, le Galiton est caractérisé par une importante richesse spécifique développée sur la partie terrestre et marine. 

Les études ornithologiques ont permis d’identifier plusieurs espèces d’oiseaux marins qui viennent nicher ou qui passent une période sur le Galiton. Le Faucon d’Eléonore (Falco eleonorae) et le Faucon pèlerin (Falco peregrinus) sont les deux principales espèces rencontrées sur le Galiton. Le Goéland leucophée et le Cormoran huppé sont présent à leur tour mais avec des couples isolés (Martinez Abrain.A_&Oro de Rivas.D, 2008).

L’herpétofaune est à son tour présente sur le Galiton par quatre espèces à savoir le Psammodrome algire, le Phyllodactyle d’Europe, l’Hémidactyle verruqueux et Le Seps ocellé. Les amphibiens, par contre, ne sont pas présents sur le Galiton.

Le groupe taxonomique des mammifères a fait l’objet d’un inventaire réalisé dans le cadre des initiatives PIM EN 2008 qui a permis d’identifier la présence d’un prédateur introduit de Rattusrattus et du chat haret. 

Le couvert végétal sur le Galiton est présent avec des pelouses halophiles et halo-résistantes à Rumex bucephalophorus, Mesembryanthemum crystallinum, sont observées sur le versant Sud-Ouest de l’île. La flore exotique existe aussi sur cet îlot avec la présence des griffes de sorcières au niveau du phare du Galiton.

Le paysage sous-marin du Galiton est très diversifié avec des paysages spécifiques et typiques. Les herbiers de posidonie sur roches forment des vastes prairies allant des faibles profondeurs jusqu’au -35m. Les sables grossiers et fins graviers sous influence des courants de fond couvrent les fonds dans la partie sur de l’îlot. La présence de la posidonie dans les alentours du Galiton est un facteur en faveur d’une importante diversité ichtyologique.

Intérêts


Il était une fois…
Sortie d’une grotte à phoque moine sur le Galiton (PIM, 2008)

La faune ornithologique sur le Galiton se caractérise par la présence des espèces nicheuses patrimoniales. Le Faucon d’Eléonore est une espèce menacée qui s’est installée au niveau de l’archipel de Galite. Il s’agit de la deuxième population la plus importante du bassin occidental de la Méditerranée, après la population des Iles Baléares. En 2007, 5 couples du Faucon d’Eléonore ont été observés sur le Galiton (Ben Haj et al., 2008 ; Ouni & Tlailia, 2013). Le Faucon pèlerin est à son tour une autre espèce d’oiseau qui s’est installé sur le Galiton et qui est représenté par un faible nombre d’individus. 

Concernant l’herpétofaune, le Galiton se caractérise par un endémisme écologique spécifique se traduisant par la présence du Psammodrome algire de La Galite Psammodromus algirus doriae qui est une sous-espèce endémique de ce milieu. Cette sous-espèce présente un grand intérêt scientifique et patrimonial. Elle est très différente des Psammodromes algires du continent, aussi bien en termes de taille, de dessin dorsal, de pigmentation et même de comportement. De ce fait, cette population constitue des isolats intéressants à conserver pour leur importance pour le patrimoine génétiue génétique.

La deuxième espèce de reptile présente sur l’île et qui a une grande valeur patrimoniale est le gecko Euleptes europaea, espèce inscrite sur la liste rouge de l’UICN et endémique des îles et îlots de la partie orientale de la Méditerranée occidentale (avec quelques stations continentales en Italie et en France). 

Le paysage marin de l’îlot de Galiton se caractérise par la présence des herbiers de posidonie, espèce endémique de la méditerranée. C’est une espèce de phanérogame marine qui constitue un refuge pour les espèces de poissons en tant que nurserie et frayère. La présence de la posidonie en bon état est un indice qui renseigne sur la bonne qualité des eaux dans ce site. 

La faune ichtyologique est à son tour bien diversifiée dans les eaux du Galiton. Plusieurs inventaires des populations de poissons dans l’archipel de la Galite ont été menés dans le cadre des initiatives PIM (Harmelinet al., 2010). Ces études ont permis d’identifier des espèces patrimoniales et de haute valeur écologique et économique telle que le mérou brun Epinephelus marginatus, le mérou royal Mycteroperca rubra et le corb commun Sciaena umbra.

L’îlot abrite une structure patrimoniale spécifique : le phare du Galiton. Ce phare, témoin du passage humain sur l’îlot, surtout pendant la période coloniale, joue un rôle très important dans le domaine de la navigation maritime en Méditerranée. Le phare est toujours fonctionnel et il est sous le contrôle de la marine tunisienne et l’occupation humaine est limitée aux agents de la marine nationale.

Pressions


 

Une fois n’est pas coutume, toujours des passages de
bateaux de pêche et toujours du braconnage autour des
petites îles (L. Malherbe, 2008)

Vu sa position isolée et la difficulté d’accès, le Galiton n’est pas soumis aux pressions anthropiques. Les passages humains sont relativement rares et limités généralement aux agents de la marine nationale installés au niveau du phare.

Concernant la Faune terrestre, la principale menace identifiée et qui pourrait mettre à mal la durabilité des populations d’oiseaux et de reptiles sur l’île concerne la présence de prédateurs non autochtones. Le principal prédateur est le rat (rat noir) qui, en milieu insulaire, peuvent créer des dégâts considérables et anéantir des populations d’oiseaux marins ou de reptiles endémiques en quelques décennies. Les espèces concernées par cette menace sont le Puffin cendré chez les oiseaux ; le Phyllodactyle d’Europe, le Psammodrome algire doriae chez les reptiles.

Pour la partie marine, le Galiton fait l’objet d’un braconnage assez important des ressources halieutiques. En effet, les pêcheurs qui viennent de Tabarka et Bizerte pratiquent souvent des activités de pêche à la ligne. L’impact de ces activités de braconnage est réel puisque les campagnes d’inventaires de l’ichtyofaune mettent en évidence la quasi absence des espèces cibles (Dentis, Pagres), mais aussi leur comportement extrêmement farouche à l’approche des plongeurs (Andromède, 2010). Les plaisanciers à leur tour, viennent de plusieurs destinations (nationales et internationales) pour pratiquer la chasse sous-marine illégale. Cette activité cible, dans la plupart des cas, les espèces patrimoniales à haute valeur commerciale comme le mérou brun, le Bar commun, les Dorades, etc…

Les filets fantômes représentés généralement par les tramails sont aussi une autre menace pour les espèces de poissons et les oiseaux pêcheurs comme le Cormoran huppé de Méditerranée.

Gestion & Conservation


Le Galiton fait partie de l’AMCP de l’archipel de la Galite dont l’accès nécessite une autorisation au préalable de la part des autorités responsables (APAL, Garde nationale). Une équipe permanente de la marine nationale est installée durant toute l’année sur l’îlot pour assurer la surveillance et le bon fonctionnement du phare du site. 

Pour une bonne connaissance des caractéristiques naturelles et biologique de ce site, plusieurs campagnes d’inventaires et de diagnostics ont été menées par l’APAL, le Conservatoire du Littoral et l’initiative PIM. Ces études ont permis de mettre le focus sur la valeur écologique et patrimoniale de l’îlot du Galiton. Par la suite, une démarche de mise en place d’une politique de protection a été initiée par l’APAL et qui a abouti à l’élaboration d’un plan de gestion adopté selon les caractéristiques de chaque îlot de l’archipel. Dans ce plan de gestion, l’îlot de Galiton a été classé comme une zone de protection renforcée du fait de spécificité des espèces qui l’occupent. La protection envisagée dans le plan de gestion intéresse les parties terrestres et marines de l’îlot. Actuellement, une enquête publique est en cours de réalisation à l’échelle régionale afin d’aboutir à la création de l’aire protégée de l’archipel de la Galite à travers un décret de création.

Pour la concrétisation des différentes actions prévues dans le plan de gestion, l’APAL a adopté une approche participative basée sur le principe de cogestion. De ce fait, une unité de cogestion a été mise en place à la suite de l’élaboration d’une convention de partenariat tripartite entre l’APAL, l’association Méditerranée Action Nature et le bailleur The Medfund. Cette unité est actuellement fonctionnelle et elle a entamé la réalisation des activités planifiées pour l’année 2020-2021.

Les moyens logistiques pour accéder et travailler sur l’îlot de Galiton sont disponibles auprès de l’APAL qui a acquis une embarcation adaptée avec la spécificité de ce milieu.

Principales ressources bibliographiques


  1. Andromede., 2010. Etude et cartographie des biocenoses marines de l’Archipel de la Galite. Rapport PIM. 132 pages.
  2. Ben Haj S., Abbes I., Bernard F., Delaugerre M., KtarI N., Maamouri M., Martinez A., Muracciole M., Oro D., OuniI R., Rouissi., Tranchant Y., Vidal P. (2008). Recueil de notes ornithologiques. PIM Initiative
  3. Harmelin J.G., Ben Lamine E., Ghanem R., Zarrouk A. & Agrebi S., 2010. Statut des assemblages de poissons de la Galite : point zéro et recensement d’espèces cibles le long de la bordure littorale par la methode pmt. NOTE NATURALISTE Mission PIM Septembre 2010.
  4. Martínez Abraín A. & Oro de Rivas D. 2008. Notes ornithologiques sur l’expédition de la Galite 2007. Petites Iles pour la Méditerranée.
  5. Ouni R & Tlailia S., 2013. Mission naturaliste, Archipel de la Galite et les îles Fratelli Dénombrement de la population du Faucon Eléonore. NOTE NATURALISTE Mission PIM Septembre 2013.
  6. Rekhiss F., 1996. L’archipel de la Galite, jalon entre Massifs Kabyles et Monts Peloritains (Méditerranée Occidentale, Marge nord-tunisienne). Géologie Méditerranéenne 23-3-4. Pp 201-210.
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