ISSN 2970-2321
ISSN 2970-2321
Cluster : Côte Nord
Sous-bassin : TUNISIE NORD
Contributeurs :
Aida Abdennadher (PIM), Ridha El Ouni (Consultant) et Yassine Ramzi SGHAIER (Abysse Plongée)
Date de création : Février 2022
Pour citer cette version : ABDENNADHER , A., EL OUNI, R., SGHAIER, Y-R. (2022). Fiche île : Fratelli – Sous-bassin : Tunisie Nord. Atlas des Petites Iles de Méditerranée. https://pimatlas.org/explorer-atlas/iles/fratelli/
Commune | Bizerte | |
Archipel | ||
Surface (ha) | 0.8 ha | |
Linéaire côtier (mètre) | 806 | |
Distance à la côte (Mile nautique) | 2.5 | |
Altitude max (mètre) | 45 | |
Coordonnée géographiques | Latitude | 37.304699° |
Longitude | 9.408790° | |
Propriété foncière | L’Etat | |
Gestionnaire(s) | Apal (Agence de protection et d’aménagement du littoral) | |
Statut de protection | national | Aucun |
international | Aucun |
Les îles Fratelli sont deux îlots rocheux inhabités situés au nord de la Tunisie. Ils se trouvent au large de Kef Abbed, plus précisément à deux miles de la côte du gouvernorat de Bizerte. Les îlots fratelli comprennent les îlots Nord et Sud. Ces deux îlots, compacts et abrupts, sont spectaculaires. Une vaste grotte est présente à la base de l’îlot Nord : elle permet le débarquement, puis l’accès au reste de l’îlot en passant par l’orifice supérieur de la grotte, qui a sans doute été ‘percée’ par des tirs et des restes d’obus (Delaugerre et Ouni, 2008).
La façade Est de l’îlot nord de Fratelli est relativement facile d’accès, parvenir au sommet (et en descendre) est nettement plus difficile. Nombreux reste d’obus et impact de tirs.
Les îlots sont abrupts et montrent plusieurs traces de tirs d’artillerie. Les courants y sont très forts rendant l’accostage assez difficile.
PARTIE TERRESTRE
Compartiment ornithologique
Lors de la visite de juin 2021, plusieurs espèces d’oiseaux ont pu être identifiés :
Il n’a pas été possible à l’équipe d’estimer la taille totale de la colonie de puffin cendré vu le temps limité qui nous a été permis par les conditions météorologiques. Des visites nocturnes seraient intéressantes à faire afin d’évaluer la taille de la colonie et sa densité.
Sur la Petite Fratelli, nous avons pu identifier :
Compartiment botanique
Neuf espèces de plantes ont été identifiées lors de la visite de juin 2021 :
Lors de la prospection antérieure, celle de Delaugerre et Ouni en 2008, quelques taches d’Inula crithmoides et quelques pieds de Hyosiris radiata et de Beta vulgaris spp. Maritima ont été identifiées.
Il a aussi été noté que la partie sommitale est bien plus végétalisée avec un peuplement dense de Lavatera sp., de Beta vulgaris, de Sueda vera, mesembryanthemum nodiflorum, Sedum coeruleum et d’ Hyosiris radiata.
Compartiment herpétologique
Deux espèces uniquement ont pu être identifiées lors de la visite de juin 2021 : la tarente Tarentola mauritanica et le seps ocellé Chalcides ocellatus tiligugu, ce dernier surtout présent dans la zone sommitale bien végétalisée. Nous n’avons pas pu voir de gecko.
PARTIE MARINE
Les îles Fratelli présentent des fonds rocheux dans les dix premiers mètres constitués de tombants abrupts (jusque 10 à 15 m de profondeur) ou/ et de gros blocs rocheux (2 à 4 m de taille sur un fond de 10 m de profondeur) placés en amas chaotiques. Ils sont caractérisés par leur relief accidenté et par la présence de failles, de cavités et de surplombs leur conférant une très forte valeur paysagère. La roche est recouverte d’algues photophiles en couverture dense et très diversifiée en termes d’espèces (Dictyota dichotoma, Halopteris scoparia, Dictyopteris polypodioides…).
La vie fixée est bien répartie entre les espèces animales, dominante sur les parois verticales, protégée de la lumière incidente directe, et la vie végétale dominante quant à elle sur les surfaces subhorizontales. Sur les parois verticales et surtout moins exposée à la lumière, les colonies orange d’Astroides calycularis présentent un caractère remarquable.
Des champs de Cystoseira spp. sont également observés au niveau des iles Fratteli. Ces cystoseires sont en bon état et forment des forêts qu’on peut regrouper en forêts (ou ceinture) à Cystoseira en mode battu. Elles sont fréquentes sur la partie dans les substrats durs soumis à une forte agitation (zone nord et nord-ouest pour la petite Frattelli ; zone nord et nord-ouest pour la grande Frattelli). L’espèce caractéristique est Cystoseira mediterranea.
Des forêts à Cystoseira en mode calme sont également observés dans les premiers mètres de l’étage infralittoral à l’instar de Cystoseira coespitesa dans les haut-fonds de la zone nord et nord-ouest pour la grande Frattelli.
L’association avec des algues photophiles sur roche représente l’habitat le plus dominant pour les deux iles Fratteli. L’association encorbellement à Corallinales encroûtantes et les faciès à astroides calycularis ont une distribution verticale et sont limite à la partie moyennement à faiblement illuminée dans les tombants des deux iles. Cependant, aucune grotte sous-marine n’a été observée.
Les poissons sont assez nombreux et diversifiés au niveau des iles Fratteli. Pas moins de 26 espèces de poisson ont été observées sur le site. La faune ichtyque est dominée d’une part par des petits poissons comme les castagnoles (Chromis chromis), les oblades (Oblada melanura), les girelles (Coris julis), les saupes (Salpa salpa), les mendoles (Spicara maena)… Dans cette zone nous avons rencontré à plusieurs reprises deux espèces de mérous : le mérou brun (Epinephelus marginatus) et la badèche (E. costae). D’autre poissons ichtivores sont également observés (Seriola dumerili, Dentex dentex, Dicentrachs labrax, Seriola dumerili).
Micro-évolution ou adaptation morphologique de la tarente à Fratelli
Les observations de 2008 ont relevé la particularité de la population de Tarentola mauritanica de l’ile Fratelli. En effet, il a été noté que « les écailles latérales, sur les flancs et surtout sur la queue sont très développées et hérissées jusqu’à former comme un peigne. Le dessin dorsal se caractérise par un motif de 4-5 barres transversales plus sombres ». Le plus étonnant est certainement le comportement locomoteur ; les adultes observés ‘de nuit en activité) se tiennent la tête dressée et de déplacent par bonds en ne marchant quasiment pas. Cette évolution comportementale très originale n’avait jamais été remarquée ailleurs (Tunisie, Provence, Corse, Sardaigne, Sicile, Lazzio, Toscane, Ligurie) par les observateurs. Les tarentes de ce Fratello Nord ont sans doute engagé un processus de micro-évolution affectant déjà le comportement et l’écaillure.
Au sein des blocs rocheux et le long du tombant, la vie animale est diversifiée et riche en éponges, bryozoaires, mollusques et crustacés. Sur les blocs, les algues brunes envahissent la surface libre des roches. Les Espèces observées et inscrites dans l’Annexe II (Liste des espèces en danger ou menacées) et l’Annexe III (Liste des espèces dont l’exploitation est réglementée) par le protocole concernant les aires spécialement protégées et la diversité biologique en Méditerranée sont : Cystoseira mediterranea, Cystosera Caespitosa, Astroides calycularis, Epinephelus marginatus, Sciaena umbra, Paracentrotus lividus.
Aucun signe de pollution visible (plastique, déchets divers, filets, etc) n’a été détecté sur l’ile. L’était écologique semble être bon et le site favorable à la reproduction de plusieurs espèces. Des visites nocturnes sont indispensable si une étude approfondie est à envisager.
Les îles Fratelli : la Grande et la Petite, sont deux îles qui se protègent naturellement de la présence humaine par un accès naturellement difficile, de par les courants particulièrement forts autour d’elles rendant l’accostage difficile et risqué.
Quelques espèces exotiques marines ont été inventoriées : Caulerpa cylindracea, Asparagopsis armata, Lophocladia lallemandii et Oculina patagonica. Seule C. cylindracea somble avoir un caractère invasif au niveau de la grande Fratelli.
A l’exception de filets de pêche observé antre Kef Abed et les iles Fratelli, aucun objet de pêche (y compris perdu) n’as été observé. La présence des espèces-cibles et de tailles intéressante pour la chasse sous-marine (grands serranidés, grands sparidés) confirme que la pression humaine est assez réduite. En raison de la topographie irrégulière des fonds marins et la difficulté d’accès, le site est naturellement protégé.
L’ile ne bénéficie pas jusqu’à aujourd’hui d’un statut de conservation particulier et les données sont encore fragmentaires. Des expéditions plus longues seront intéressantes à mener afin de mieux connaitre les attributs de cette ile et de mieux la protéger de l’impact humain négatif.