ISSN 2970-2321

Cette fiche a été rédigée dans le cadre du projet d’Atlas encyclopédique des Petites Iles de Méditerranée, porté par le Conservatoire du Littoral, l’Initiative PIM, et leurs nombreux partenaires.
This sheet has been written as part of the encyclopedic Atlas of the Small Mediterranean Islands project, carried out by the Conservatoire du Littoral, the PIM Initiative and their numerous partners.
(https://pimatlas.org)

SOUS-BASSIN

TUNISIE NORD

Rédigé par : Sami Ben Haj

Date de création : février 2022

Pour citer cette version : BEN HAJ, S.  (2022). Fiche sous-bassin : Tunisie Nord. Atlas of Small Mediterranean Islands. https://pimatlas.org/explorer-atlas/sous-bassins/tunisie-nord/

Secteurs insulaires Iles retenues pour les fiches
Cluster Galite Tabarka Galite ; Galiton
Archipel de Zembra

 

Zembra ; Zembretta
Côte Nord îlots Fratelli ; Grande Cani ; Pilau ; Plane

1. Présentation et caractéristiques générales


Toutes les îles sont rocheuses, exemple caractéristique : les Fratelli (H Zaghdoudi 2021)

Le sous bassin nord de la Tunisie abrite l’essentiel des îles rocheuses de la Tunisie, il s’étend la frontière algérienne au Cap Bon. Le détroit de Sicile qui s’étend de la Sicile au Cap Bon sépare  le bassin occidental du bassin oriental de la Méditerranée

Le sous-bassin Tunisie-Nord comporte 25 îles et îlots parsemés sur l’ensemble des eaux septentrionales de la Tunisie. Elles s’étalent dans un rectangle dont le point le plus méridional se situe à 36°57’ N alors que le point le plus au nord se situe à 37°34’N. Les limites occidentales et orientales de ce rectangle se situent à 8°41’E et 10°52’E.

A part les quelques petits îlots situés près de Tabarka et de Bizerte, les îles et archipels de taille sont pour la plupart éloignés de la côte. L’archipel de la Galite est le plus éloigné, il se trouve à 38 km de la côte. D’est en ouest, les Fratelli sont à 3,5 km, les Cani à 11 km, Pilau à 2 km, Plane à 4 km, l’archipel de Zembra et Zembretta à 6,5 km.

Ces îles majeures dépendent administrativement du Gouvernorat de Bizerte, l’archipel de Zembra est rattaché au Gouvernorat de Nabeul.

La surface totale de ces îles est de 1220 ha, la grande île de la Galite est la plus grande avec 732 ha suivie de Zembra avec 389 ha constituant à elles seules plus de 91% de la superficie insulaire du sous-bassin. Les deux archipels auxquels elles appartiennent représentent 97% des territoires insulaires du nord de la Tunisie. Le Galiton et la Fauchelle (archipel de la Galite) couvrent respectivement 29 et 15 ha. Ces territoires insulaires sont pour le reste, composées de 11 îlots de superficies comprises entre 1 et 10 ha et de 10 petits îlots dont la taille est inférieure à 1 ha.

L’essentiel des îles et îlots majeurs, sont rocheux. Ils présentent une topographie généralement accidentée et des reliefs escarpés, Zembra (433 m), la Galite (361 m), et le Galiton (110 m) présentent les plus fortes élévations. Les îles Cani et l’île Plane, situées à proximité de Cap Farina sont les moins accidentées.

Ces îles et îlots se caractérisent par leur topographie accidentée. Leur géologie de surface est souvent semblable à la côte. Parfois, ce ne sont que des vestiges témoignant du recul de la côte au cours de l’histoire géologique récente. Ceci est perceptible pour l’ancien îlot de Tabaraka, constitué d’alternances de grès et d’argiles du flysch numidien (Oligocène) identiques à celles des falaises de la côte adjacente et aux dépens desquelles la mer a sculpté les Aiguilles de Tabarka.

Les îlots Fratelli, se présentent comme des pointements rocheux épargnés par l’érosion différentielle exercée par les vagues aux dépens du flysch numidien. Ils ont sans doute été séparés du continent par la transgression marine versilienne qui s’est étalée entre 15000 et 6000 ans BP. Ces territoires ont sans doute également été séparés du continent au cours des transgressions quaternaires précédentes notamment celles du dernier interglaciaire. A l’inverse, ces îlots ont dû l’être rattachés à la côte au cours de la régression marine würmienne dont le maximum a été enregistré vers 18000 ans B.P.

Les îlots Cani et Plane sont ceux qui montrent la topographie les moins accidentée quoique l’île Plane présente escarpement élevé. Leur ossature géologique est la même que celle des caps voisins : calcaires éocènes pour les îles Cani et grès pliocènes pour l’ile Plane. Ils sont séparés du continent par des eaux peu profondes : inférieures à 20 m pour l’île Plane, 4050 m pour Cani. Ces ilots étaient également reliés au continent pendant la régression marine würmienne durant laquelle le niveau marin se situait à 100-120 m au-dessous du niveau actuel. Comme pour les Fratelli, ils ont été séparés du continent durant les périodes de transgressions.

L’îlot de Pilau se caractérise par son importante altitude qui atteint 116 m et sa couleur jaunâtre. Il se présente comme un rocher à topographie difficile avec une grande ressemblance, au point de vue de la géologie avec la côte. Les grès Pliocènes qui le constituent sont identiques à ceux qui forment l’ossature des jebels Nadhour et Eddmina situés en face. Les jebels et l’îlot appartiennent à une même structure géologique : un anticlinal formé essentiellement de matériaux pliocènes et affecté par une grande faille affaissant son flanc septentrional. Le Jbel, appartient au compartiment soulevé de la faille, correspond aujourd’hui à un relief monoclinal ; un crêt typique. L’ilot est interprété comme la partie émergée du compartiment abaissé. Cet îlot a été régulièrement rattaché et séparés du continent au gré des régressions et des transgressions.

La Galite se caractérise par sa topographie accidentée et abrupte. Elle offre une géologie relativement variée et doit son intérêt à ses roches éruptives. L’archipel montre des formes et des dépôts quaternaires différents par leur genèse ainsi que par leur chronologie, particulièrement sur l’ile principale.

La géologie quaternaire de cet archipel est restée peu étudiée. L’attention était presque exclusivement retenue par les dépôts marins à Strombes.

Des dépôts d’éolianite plus anciens du quaternaire supérieur sont visibles dans les coupes qu’offre la falaise actuelle. Ils correspondent à un grès blanc-beige riche en calcaire et à granulométrie parfois grossière.

Les études relatives à la géologie de l’archipel de Zembra sont peu nombreuses. L’évolution de l’archipel au cours du quaternaire reste inconnue.

La structure de cet archipel est complexe à cause des accidents, parfois importants, qui le traversent affectant différentes formations géologiques. On y reconnaitra :

–         Des calcaires cristallins gris bleu fossilifères d’âge turonien supérieur-coniacien appelés aussi calcaires de la Cathédrale, visibles dans la pointe sud-ouest et dans l’ilot de la Cathédrale ;

–         Des calcaires massifs, dolomitiques et gris attribués à l’Eocène, visibles dans l’extrémité nord de l’île principale formant le cap le Capo Grosso et qui forment avec les calcaires de la Cathédrale l’ossature de l’îlot de Lantorcho.

–         Une série oligocène montrant un faciès de calcaires gréseux, gréseux, ou gréseux a dragées de quartz fossilifère affleurant dans les parties nord, sud-est et centrale de l’ile principale ;

–         Une série argileuse, appelée les argiles de la Grotta del Savino Punta delCamello et attribuée au Miocène moyen. Elle s’étire depuis la grotte vers le Sud jusqu’à la partie est de l’île principale.

–         Une série détritique argilo-gréseuse attribué à l’Helvétien occupant la pointe orientale de l’île principale.

L’archipel se caractérise également par l’importance des dépôts de pente dans les héritages de l’évolution au Quaternaire (en particulier le quaternaire supérieur). L’archipel est également connu pour être presque totalement dépourvu d’accumulations éoliennes.

Ces petits territoires insulaires sont pentus, soumis à une activité érosive intense laissant peu de place aux terres fertiles. Seule l’île de la Galite fait exception avec une plaine perchée de près de 70 ha, longtemps cultivée par la petite population insulaire qui y a vécu à partir du XIXème pendant presque cent ans. Cette population s’est parfaitement adaptée aux contraintes pédologiques et a su grâce à l’aménagement de terrasses, mettre en valeur les versants surplombant la plaine.

Les données climatiques concernant la côte nord sont rares, les informations existantes dans la documentation font référence à des stations météorologique, toutes situées sur le continent. Toutefois, on peut affirmer que les îles du Nord de la Tunisie fait partie de l’étage bioclimatique subhumide à hiver doux mais une caractérisation plus précise reste à effectuer, en tenant compte notamment de l’insularité. La moyenne annuelle des pluies varie entre 500 et 600 mm/an. Le régime des pluies est de type hiver-automne-printemps-été avec plus des deux tiers des précipitations enregistrées en automne et en hiver. La saison sèche se situe entre mai et Août. 

Les températures moyennes se situent autour de 18°C avec des minimales autour de 8°C enregistrées en janvier et des maximales de 25°C en août avec des maximales absolues pouvant dépasser les 45°C.

Les vents dominants sont de secteurs Nord et Nord-Ouest, souvent forts et chargés d’embruns et de pluie. La mer est souvent agitée rendant la navigation et l’accès difficiles. Durant l’été, les vents de Sud et de Sud Est sont assez récurrents, ces vents sont desséchants et chauds. Ils peuvent être violents comme en témoigne la destruction du port-abri de la Galite à l’issue d’une tempête de vents du Sud.

2. Connaissances


Zembra et Galite ont fait l’objet de prospections approfondies de la vie marine (Ballesta, 2010)

L’état de connaissance sur la biodiversité terrestre diffère d’une île à l’autre en fonction des inventaires et des missions de suivi qui s’y sont déroulées

Les archipels de la Galite et de Zembra ont fait l’objet de plusieurs études scientifiques et des campagnes de suivi biologique dans le cadre des initiatives des petites îles de méditerranée (initiatives PIM), ces missions ont porté quasiment sur tour toutes les compartiments de la vie animale et végétale aussi bien sur le milieu terrestre. Plusieurs articles et notes naturalistes ont été élaborés et ils ont permis d’avoir une très bonne idée sur les différentes composantes de la biodiversité animale et végétale terrestre dans ces sites.

Pour les îlots de Tabarka, les îles Fratelli et Pilau, leur état de connaissance est relativement faible voire inexistant. Outre les rapports principalement consacrés  à Cani mais aussi aux Fratelli, un quick assessment a été effectué par la mission Abysse  consacré aux îlots Nord.

Comme le cas du domaine terrestre, l’état de connaissance du domaine marin du sous bassin nord est variable d’une région à une autre. Les archipels de la Galite et de Zembra sont les sites dont le domaine marin est le plus connu dans le sous bassin. Ces deux sites ont fait l’objet de plusieurs missions dont notamment deux mission réalisées par Andromède Océanologie qui ont été consacrés à l’étude des biocénoses des îles principales des îles principales de la Galite et de Zembra et dont les résultats ont été presque exhaustifs sur le plan de la cartographie et de l’évaluation des habitats et des biocoenoses. 

Pour les îles Cani, Fratelli, Pilau et le grand rocher de Tabarka, les études qui les ont ciblés sont très limitées d’où un état de connaissance faible. Les données existantes donnent une idée générale et pas un inventaire détaillé de la biodiversité marine.

3. Intérêts


Zembra, le royaume du puffin (L.M Preau 2021)

Le sous bassin est connu aussi par certaines zones de croissance des espèces de poissons de hautes valeurs commerciales et menacées telle que le mérou Epinephelus marginatus. En effet, le rocher de mérou, situé à moins de 1 km de la côte de Tabarka, reste prolifique malgré la pêche illégale effectuée sur cette zone. Le mérou est aussi rencontré au niveau de l’archipel de la Galite à côté de plusieurs autres espèces de grand intérêt économique.

L’avifaune, à son tour, constitue un potentiel biologique important qui caractérise le cluster la Galite- Tabarka. Plusieurs espèces patrimoniales et menacées ont été identifiées précisément sur l’archipel de la Galite. Le Faucon d’Eléonore est une espèce menacée qui s’est installée au niveau de l’archipel de Galite, et sur les îlots voisins de Fratelli les populations nicheuses sont très importantes. Pour ces îlots, mis à part les recensements d’oiseaux et une évaluation rapide du couvert végétal, le milieu marin soupçonné d’abriter une » biodiversité très riche n’a pas fait l‘objet de prospections. En 2007, 5 couples du Faucon d’Eléonore ont été observés sur le Galiton (Benhaj et al., 2008 ; Ouni &Tlailia, 2013). Le Faucon pèlerin est à son tour une autre espèce d’oiseau qui s’est installé sur le Galiton et qui est représenté par un faible nombre d’individus. On y rencontrera aussi les goélands d’Audouin et des colonies de puffin de Scopoli avec une métapopulation recensée sur Zembra qui avoisine les 120000 couples. La dernière espèce nicheuse arrivée est celle du puffin Yelkouan arrivée sur l’île de Zembretta après l’éradication des rats noirs lors d’une mission conjointe APAL/Conservatoire du littoral.

Concernant l’herpétofaune, le Galiton se caractérise par un endémisme écologique spécifique se traduisant par la présence du Psammodrome algire de La Galite Psammodromus algirus doriae qui est une sous-espèce endémique de ce milieu d’un grand intérêt génétique et patrimonial.

La deuxième espèce de reptile présente sur l’île et qui a une grande valeur patrimoniale est le gecko Euleptes europaea, espèce inscrite sur la liste rouge de l’UICN et endémique des îles et îlots de la partie orientale de la Méditerranée occidentale (avec quelques stations continentales en Italie et en France). 

Les îlots Fratelli constitue la deuxième zone de nidification du faucon d’Eléonore en Tunisie après l’archipel de la Galite. Les résultats de la mission PIM réalisées en 2013 par Ouni & Tlailia confirment les recensements effectués par Oro et Martinez et d’Azafzaf. Ils ont permis de déduire que la population du faucon en Tunisie est en augmentation avec 180 à 220 couples réparties sur la Galite et Fratelli. 

L’île Cani est caractérisée par une couverture végétale composée de Pallenis maritima (Asterolide maritime) et de la Graminée Rostraria littorea, avec des secteurs plus restreints à ail faux-poireau (Allium commutatum) ou à salicorne. Ainsi, et du fait de sa rareté, Cani est la troisième station pour Allium en Tunisie (au côté de l’Archipel de la Galite et de l’îlot Pilau).

Concernant la richesse du milieu marin, les îles Cani offrent une grande diversité d’habitats sous-marins de très grande valeur. Elles sont ceintes d’un trottoir à vermets dont la largeur varie de quelques dizaines de centimètres à plus de deux mètres. En fait, la nature calcaire de la roche a favorisé l’apparition de ce trottoir de corrosion (Ben Mustapha et Afli, 2007). Ainsi, ces trottoirs et récifs à vermets sont très développés et semblent dans un parfait état de conservation. A l’intérieur de quelques grottes, on observe aussi des encorbellements à Lythophyllum de faible ampleur. L’archipel est entouré d’un très vaste herbier de posidonies (Posidonia oceanica) en très bon état constituant un habitat patrimonial de tout 1er ordre. Le milieu marin au sens large, n’a pas fait l’objet de prospections

L’îlot Pilau ainsi que l’île Plane sont de petites tailles et ne présentent pas un couvert végétal terrestre. Les fonds marins dans leurs alentours sont caractérisés par la présence de la posidonie qui forme des vastes prairies et qui constitue un potentiel écologique important. Ces herbiers abritent la faune caractéristique qui leur est inféodée.

L’archipel de Zembra est caractérisé par un intérêt écologique très important à signaler vu qu’elle abrite une multitude d’espèces animales et végétales, marine et terrestres considérées comme espèces patrimoniales, protégées, menacées ou de grande valeur commerciale et économique.

Pour la flore terrestre, l’île de Zembra abrite trois espèces endémiques : Dianthus rupicola var hermaensis; Scabiosa farinosa et Melica minuta susp euminuta. 14 autres espèces végétales sont présentes et elles sont qualifiées rares. L’île de Zembretta est caractérisée par la présence d’une espèce à valeur patrimoniale Brassica atlantica.

La valeur patrimoniale de l’archipel de Zembra provient en grande partie de sa richesse ornithologique. Le Puffin cendré, un Procellariiforme endémique du Bassin méditerranéen considéré comme vulnérable en Europe en raison des récents déclins de ses populations et de sa vulnérabilité aux menaces tant terrestres que marines, est une espèce caractéristique de l’île Zembra.

Au niveau de toutes les composantes du sous bassin nord de la Tunisie, les vestiges de l’occupation humaine sont présents jusqu’aux nos jours uniquement au niveau de l’île de la Galite et l’île de Zembra. Outre les artéfacts témoignant de la présence de populations préhistoriques, On retrouvera  à la Galite les vestiges (notamment des nécropoles d’origine punique), Ce village punique constituait un poste militaire avancé à la croisée des voies maritimes de l’époque. Les romains après eux continuèrent cette exploitation qui fît de l’archipel un important point stratégique liant, par voie de commerce maritime, La Galite aux trois continents : L’Afrique, l’Europe et l’Asie. Les diverses nécropoles, maisons troglodytes, colonnes, stèles, figurines, murets de forteresse, terrasses agricoles, ruelles, monnaies et lampes à huiles comptent parmi les nombreux vestiges que l’archéologie permet peu à peu de mettre à jour. 

Les fouilles effectuées au début des années 1990 sur les sites archéologiques de l’île de Zembra ont montré une occupation dense dans l’antiquité et révèlent une présence allant de l’époque punique à celle Byzantine. Ceci montre que Zembra constituait jadis une étape de navigation sur la route maritime du port de Carthage (Oueslati 1995), un amer de délimitation des frontières maritime et des voies de navigation (dans le cadre de traités entre Romains et Carthaginois) (Weyland 1926 in Boudouresque et al. 1986), ainsi qu’une terre à vocation religieuse. En effet, les récits anciens et les vestiges du terrain (nécropole punique de Zembra) soupçonnent les Carthaginois d’accomplir certains rituels et sacrifices religieuses sur l’ile (Weyland op. cit ; Oueslati 1995).

Des vestiges romains sont également visibles sur Zembra, dès l’arrivée au port (nécropole, mosaiques, aujourd’hui érodées par la mer.

Une autre forme récente de la présence humaine sur d’autres îles du sous bassin représentée par les phares. Ce sont des structures de surveillance et d’aide à la navigation gérées par la marine tunisienne et elles sont rencontrées sur les îlots de Galiton, Zembretta, Cani et Plane.

4. Pressions


Pêcheur à Zembra (L. M. Preau 2021)

La principale utilisation du domaine terrestre de la plupart des îles du sous bassin nord de la Tunisie est le tourisme. En effet, les excursions pédestres des randonneurs et des groupes de touristes se sont bien développées surtout durant la dernière décennie. Les principales îles fréquentées sont l’île de la Galite, îles Fratelli, île Cani et l’île de Zembra.

La deuxième utilisation terrestre de certaines îles du sous bassin est l’agriculture. Cette pratique est en étroite relation avec la présence des populations humaines sur la Galite durant l’histoire pour leur fournir leurs besoins. Les îles de la Galite et en second lieu Zembra sont les principales îles du sous bassin nord sur lesquelles l’agriculture a été pratiquée.

Ces deux îles ont aussi joué le rôle d’abris et une zone de passage pour les pêcheurs. Au niveau de l’île de la Galite, un petit port a été construit depuis 1983 pour servir comme débarcadère pour les bateaux des pêcheurs et des gestionnaires de l’île (APAL, marine nationale, garde nationale), ce port a été détruit lors d’une tempête de secteur sud, peu de temps après. Sur l’île de Zembra, le petit port construit sur ses bords sert comme zone d’abris pour les pêcheurs et facilite l’accès à la partie continentale pour les usagers. A l’origine ce port desservait une base nautique gérée par la STB, cette base nautique était l’équivalent méditerranéen de la base des Glénans sur la côte atlantique française. On y pratiquait la plongée dans ce plus beau hotspot de la Méditerranée. Elle abritait aussi une école de voile (dériveurs et croiseurs)

La pêche est la principale activité pratiquée dans les alentours des différentes îles et îlots du sous bassin nord. La richesse des fonds marins attire les pêcheurs qui ciblent les différentes espèces existantes en utilisant différentes techniques de pêche. Malgré les efforts déployés par l’État tunisien pour protéger ces zones sensibles, la pêche reste toujours la principale menace à faire face pour conserver le potentiel écologique de ces îles. La chasse sous-marine est une autre forme de pression que subit le sous bassin d’une manière générale. Rappelons que la législation tunisienne interdit la pêche à un nautique autour des deux archipels de la Galite et de Zembra.

La plongée sous-marine est une autre activité pratiquée au niveau des différentes composantes du sous bassin. Les paysages marins qu’offrent les îles constituent une destination préférée des clubs de plongée installés sur les zones continentales et qui ramènent leurs clients pour des balades sous-marines. En absence d’un bon encadrement et une bonne sensibilisation de ces acteurs, cette pratique constitue une menace sérieuse pour les écosystèmes côtiers et la biodiversité marine. L’intensité de cette activité est variable d’une zone à une autre. L’archipel de la Galite, le rocher de mérou, Zembra et Cani sont les îles les plus fréquentées pour cette pratique vue que les principaux clubs de plongées sont situés sur les rives des villes en face de ces îles (Tabarka, Haouaria, Bizerte).

On notera également un braconnage de plus en plus perceptible des arapèdes sur Zembretta, seul gisement conséquent en Tunisie, à la limite orientale de son aire de répartition de son aire de répartition en Méditerranée.

Enfin, si les visites sont sporadiques sur les îles et îlots, il est important de signaler que les visites sont quasi nulles, interdites sur les îles occupées par l’armée et par l’état de la mer sur cette côte très exposées, la grande île de la Galite est accessible aux visiteurs pendant la période estivale occasionnant une problématique déchets très perceptible.

Des îles relativement à l’abri de la surpêche et du braconnage


Les îles du nord de la Tunisie sont soumises à un fetch traversant du Nord Nord-Ouest vers le Sud Sud-Est contribuant à former une mer démontée à la moindre tempête des vents dominants. Les journées de pêches s’en trouvent extrêmement réduites (aux alentours de 90 à 110 jours) malgré les multiples encouragements des responsables du secteur à développer la pêche dans cette zone. Ceci à une légère exception pour les îles Pilau et Plane abritées par une côte escarpée des vents dominants de Nord Nord-Ouest. Les stocks de poissons et d’autres organismes d’intérêt commercial, principalement les sédentaires de disposer de temps morts et de quiétude, rappelons que de nombreuses espèces emblématiques de la côte nord : langoustes, mérous, corail rouge, sparidés se caractérisent par une croissance très lente. Si les nombres de jours de pêche étaient plus importants, il est sûr que ces stocks seraient exterminés.

Les lamparos se rabattent par exemple sur le port de Ghar el Melh pour profiter d’un nombre de jours de travail plus important.

D’autres facteurs entrent également en jeu : les fonds rocheux réduisant les possibilités de chalutage benthique au risque de déchirer les filets, la présence régulière sur certaines de ces îles de patrouilles de la Garde Nationale Maritime ou de l’armée de Mer qui contrôlent régulièrement les activités en mer verbalisant tout contrevenant. L’usage d’engins dolosifs est également difficile à utiliser, le kiss (tartarone), la derra (senne de plage), les nasses en plastique sont inutilisables malgré quelques tentatives vu le gros temps caractéristique à la zone, l’hydrodynamisme, et la nature des fonds  dans ce genre de zone de pêche. L’usage de la croix de Saint André a été abandonné et remplacée par des engins similaires tout aussi destructifs ou les engins similaires. Comme autre engin illégal, ne demeure utilisable en général que les filets à petites mailles plus difficile à contrôler.

De plus, en comparaison avec la zone Est et Sud, le nombre de petites embarcations est faible par rapport à la myriade de petites barques en activité sur la côte orientale de la Tunisie

5. Gestion et conservation


Parmi les territoires insulaires du nord de la Tunisie, l’archipel de Zembra et de Zembretta dispose d’un statut de Parc National mais aussi du Statut de Réserve de la Biosphère dans le cadre du programme MAB de l’UNESCO, une requête à venir permettre d’étendre cette réserve au Jbel voisin d’el Haouaria, le Galiton est une Réserve Naturelle. Ces aires protégées sont exclusivement terrestres et dépendent de la Direction Générale des Forêts. Toutefois, des zones interdites à la pêche ont été instaurées par Arrêté du ministère de l’Agriculture à 1,5 mile autour de la Galite et du Galiton, et de Zembra et de Zembretta.

Les archipels de Zembra et de la Galite font partie de la liste des Aires Spécialement Protégées d’Intérêt Méditerranéen. Elles font également partie de la liste Birdlife des Zones d’Intérêt pour la Conservation des Oiseaux.

Un projet d’établissement d’Aires Marines et Côtières Protégées concerne ces deux archipels sur leurs parties terrestres et marines.

Une évaluation des Fratelli et de Cani devra être effectuée en vue d’un éventuel classement.

C’est dans ce sens que l’Agence de Protection et d’Aménagement du Littoral, en charge de l’administration et de la gestion de ces aires protégées a établi des documents de gestion pour ces deux territoires. Ces plans de gestion sont régulièrement actualisés en conformité avec la Loi sur les AMCP promulguée en juillet 2009 et de ses récents décrets d’application.

L’Agence de Protection et d’Aménagement du Littoral a lancé une enquête publique auprès des autorités locales ayant pour objectif la création officielle des AMCP. Dans le sous bassin Nord de la Tunisie, les archipels de la Galite et de Zembra de plusieurs plans de gestion, ils ont également fait l’objet d’une enquête publique et vont bénéficier d’un statut juridique officiel à la fin de cette étape. Des inventaires quasi exhaustifs à terre et en mer et des programmes de suivi ont été effectués par l’APAL et l’Initiative PIM ainsi que d’autres partenaires, des propositions de gestion et d’aménagement ont été suivies de leur mise en œuvre. Depuis la fin de  l’année 2020, un programme de cogestion a été mis en place associant l’APAL à deux associations, une pour chaque archipel. Ce dispositif a vu le jour grâce à un financement assuré par The Medfund répondant aux besoins en frais récurrents des deux organisations.

La conservation des parties terrestres devrait se renforcer surtout pour les îles dont les parties continentales sont très fréquentées. Le plus grand enjeu de conservation terrestre est la possibilité d’avoir des équipes de surveillance et de gestion installées d’une manière permanente durant toute l’année sur les îles pour contrôler la fréquentation et la gérer d’une manière durable. 

Principales ressources bibliographiques


  1. Ben Haj S., Abbes I., Bernard F., Delaugerre M., KtarI N., Maamouri M., Martinez A., Muracciol M., Oro D., OuniI R., Rouissi., Tranchant Y., Vidal P. (2008). Receuil de notes ornithologiques. PIM Initiative

  2. Boudouresque C.F ; Harmelin J.C et Jeudy de Crissac A., 1986. Le benthos marin de l’île de Zembra (Parc National Tunisie), Edit Gis Posidonie publ. Marseille, France.
  3. Ouni R & Tailia S., 2013. Mission naturaliste, Archipel de la Galite et les îles Fratelli Dénombrement de la population du Faucon Eléonore. Note naturaliste. Initiative pour les petites îles de Méditerranée. 
  4. Oueslati A., 1995. Les îles de Tunisie: paysages et milieux naturels.  Numéro 10 de Cahier du C.E.R.E.S.: Série géographique Publications de l’Université de Tunis: Géographie ; 367 pages.

NOM DU CLUSTER NOM DES ILES

ET ILOTS

NOM DE L’ARCHIPEL surface (ha) Altitude max (mètre) Linéaire côtier (mètre) Distance à la côte (mile nautique) Coordonnées géographiques Propriété Iles avec au moins un statut de protection Présence d’un gestionnaire
Latitude Longitude
Galite – Tabarka Inconnu   0,15 150 0,03 36,95583344 8,673055649 Etat (100%)   S/O
Inconnu   0,14 50 0,07 36,95750046 8,676388741 Etat (100%)   S/O
Inconnu 0,13 110 0,04 36,95722198 8,676944733 Etat (100%) S/O
Inconnu 0,1 100 0,04 36,9630274 8,6850805 Etat (100%) S/O
Gros rocher 0,1 65 0,1 36,9714698 8,7401917 Etat (100%) S/O
le Galiton,

Galiton de l’ouest

29 2700 22 37,497386 8,875057 Etat (100%) Agence de protection et d’aménagement du Littoral APAL
la Fauchelle 13 137 2200 21 37,494501 8,881718 Etat (100%) Agence de protection et d’aménagement du Littoral APAL
La Galite, Jalita, Jazirat, Jalitah, Jalta Island 732 361 15000 20 37,5288887 8,931944847 Etat (100%) Agence de protection et d’aménagement du Littoral APAL
Gallina,Ilots des Chiens – Canis, Galitons de l’Est 4 770 22 37,551915 8,948751 Etat (100%) Agence de protection et d’aménagement du Littoral APAL
Pollastro, Ilots des Chiens – Canis, Galitons de l’Est 0,3 20 300 22 37,554671 8,953474 Etat (100%) Agence de protection et d’aménagement du Littoral APAL
Gallo,Ilots des Chiens – Canis, Galitons de l’Est 9 119 1400 22 37,557666 8,956399 Etat (100%) Agence de protection et d’aménagement du Littoral APAL
Nord Tunisie Fratelli ouest, Rchadet Lakhouet, Rochers Fratelli 0,55 40 325 1 37,299966 9,393163 Etat (100%) S/O
Fratelli est, Rchadet Lakhouet, Rochers Fratelli 1 92 461 2 37,304705 9,408642 Etat (100%) S/O
Inconnu 260 37,34777832 9,744444847 Etat (100%) S/O
Inconnu 130 37,33916855 9,836388588 Etat (100%) S/O
Petite Cani, El Klab 1,75 691 5 37,35333252 10,11944485 Etat (100%) S/O
Grande Cani, El Klab 8,90001 18 2000 5 37,35527802 10,12388897 Etat (100%) S/O
Ile Plane, Jazirat al Mussatahah 9,28 14 1800 2 37,18111038 10,32777786 Etat (100%) S/O
Ilot Pilau 6,22001 116 1570 1 37,20111084 10,23944473 Etat (100%) S/O
Zembra Zembra, Jammour el Kbir, Zmbra 389 433 10000 6 37,1277771 10,80611134 Etat (100%) Direction Générale des Forêts (Ministère de l’Agriculture)/APAL
La Cathédrale 1,47 500 7 37,118476 10,789747 Etat (100%) Direction Générale des Forêts (Ministère de l’Agriculture)/APAL
Lantorcho 0,17 200 7 37,14083481 10,7952776 Etat (100%) Direction Générale des Forêts (Ministère de l’Agriculture)/APAL
Zembretta, Jammour es Sghir, Zembretta 7 53 1290 4 37,106588 10,87436 Etat (100%) Direction Générale des Forêts (Ministère de l’Agriculture)/APAL
Ilot ouest de Zembretta, Zembrettina, Zembrettino 0,33 220 3 37,106448 10,870443 Etat (100%) Direction Générale des Forêts (Ministère de l’Agriculture)/APAL
Ilot nord-ouest de Zembretta 0,1 100 3 37,108162 10,872806 Etat (100%) Direction Générale des Forêts (Ministère de l’Agriculture)/APAL