ISSN 2970-2321
ISSN 2970-2321
Cluster : Golfe de Marseille et Calanques
Sous-bassin : FRANCE-SUD
Contributeur : Conservatoire du littoral (avec l’appui de l’entreprise O2 Terre)
Date de création : 18/06/2021
Pour citer cette version : Conservatoire du littoral. (2021). Fiche île : Ile du Frioul – Sous-bassin : France Sud. Atlas of Small Mediterranean Islands. https://pimatlas.org/explorer-atlas/iles/iles-du-frioul/
Commune | MARSEILLE | |
Archipel | Archipel des îles du Frioul | |
Surface (ha) | 194 | |
Linéaire côtier (mètre) | 27 600 | |
Distance à la côte (Mile nautique) | 1 | |
Altitude max (mètre) | 84 | |
Coordonnée géographiques | Latitude | 43,26955 |
Longitude | 5,297718 | |
Propriété foncière | Conservatoire du littoral
Ville de Marseille Privé |
|
Gestionnaire(s) | Ville de Marseille ; Parc National des Calanques | |
Statut de protection | national | Parc National des Calanques |
international | Site NATURA 2000 :
|
Situé à moins de 2 km du quartier d’Endoume, l’archipel du Frioul est constitué de deux îles principales : Pomègues et Ratonneau, et de deux îlots satellites : l’île d’If et le Tiboulen de Ratonneau.
Ces îles constituent un des 111 quartiers de la Ville de Marseille et sont rattachées administrativement au 7ème arrondissement. La circulation motorisée est interdite. Le port de plaisance dispose de plus de 600 places. Au dernier recensement (2011) 146 résidents permanents ont été dénombrés. Le Frioul est l’un des haut-lieux du tourisme de la région et accueille 400 000 visiteurs par an. Le port de plaisance du Frioul dispose d’une capacité de 600 anneaux. En période estivale, on estime qu’il y a 850 bateaux par jour qui mouillent autour des îles. Plaisance, promenade, baignade, pêche et plongée sont les activités touristiques les plus pratiquées.
Pomègues au sud et Ratonneau au nord sont reliées par la digue de Berry, construite entre 1822 et 1824. L’ensemble est communément appelé «le Frioul», désignant alors la passe, le passage naturel que formaient les deux îles avant la construction de la digue. Le Frioul sépare la rade de Marseille en deux selon un axe Est-Ouest.
L’Histoire des îles du Frioul est intimement liée à celle de Marseille. Par sa position stratégique d’avant-port, elles ont eu un rôle primordial dans la surveillance et la protection militaire de Marseille. L’Hôpital Caroline construit sur l’île de Ratonneau constituait un complexe sanitaire de quarantaine de la Méditerranée pour protéger les habitants de la ville lors des épidémies de peste du Moyen-Âge.
En 1971, une grande partie de l’Archipel du Frioul est cédée à la Ville de Marseille par l’Armée. Dès lors, le développement urbain et économique est enclenché, notamment par la création du village de Port Frioul en 1974.
En 2014, la ville de Marseille a cédé les 136 ha d’espaces naturels terrestres au Conservatoire du Littoral pour en assurer la gestion et la préservation.
L’archipel du Frioul est particulièrement remarquable, tant pour la diversité de ses habitats, que pour sa richesse en espèces, souvent rares ou menacées.
On y retrouve une végétation spécifique aux îles de Marseille et unique en France. L’aridité des lieux, l’exposition au vent d’Est et au Mistral, l’importance des embruns et la présence d’un substrat calcaire très perméable sont les facteurs principaux du développement d’une flore spécifique et très rare. La flore du Frioul est composée de 409 espèces officiellement recensées (historiques et récentes) dont 14 rares ou protégées.
Pour la faune, un inventaire herpétologique a été réalisé par Marc CHEYLAN, en 2004, dans le cadre de la rédaction des documents d’objectifs du site NATURA 2000. Cette étude recense les différentes espèces présentes, identifie les enjeux liés à ces espèces et propose une hiérarchie des priorités de conservation. L’herpétofaune du Frioul est composée de cinq espèces bénéficiant toutes d’une protection nationale.
Pour les invertébrés, les observations sont assez limitées. Il faut noter la présence de la Proserpine Zerynthia rumina, une espèce de papillon d’intérêt communautaire et inféodée aux garrigues méditerranéennes.
L’archipel constitue également un important site de nidification pour les oiseaux marins pélagiques de méditerranée. Actuellement, sur l’archipel du Frioul, un total de 129 espèces d’oiseaux a pu être observé.
Une seule espèce indigène de mammifère terrestre, la Musaraigne des jardins Crocidura suaveolens, a été découverte au début des années 1990 (P. Bayle, com. pers.)
Les chiroptères représentent un élément important du patrimoine mammalogique des îles. En effet, les expertises réalisées en 2010 par le CEN PACA, sur l’archipel, révèlent que 7 espèces de chauve-souris fréquentent les îles du Frioul. Néanmoins, aucun gîte n’a encore été découvert sur l’archipel.
Plusieurs espèces anthropophiles sont présentes sur l’île, introduites volontairement ou accidentellement : le Lapin de garenne Oryctolagus cuniculus, introduit au cours des années 1980, le Rat noir Rattus rattus, la Souris domestique Mus musculus et le Chat haret Felis catus ; auxquelles s’ajoutent aujourd’hui les chiens et chats domestiques, dont certains individus divaguent sur le milieu naturel.
La biodiversité sous-marine n’est pas en reste : la qualité des fonds sous-marins des îles de Marseille est réputée internationalement. Six habitats marins à forte valeur patrimoniale ont été identifiés, dont un d’intérêt prioritaire : l’herbier à Posidonie.
ENCADRE : Les connaissances historiques de la population de Phyllodactyle d’Europe Euleptes europaea
Les mentions de la recherche du Phyllodactyle d’Europe Euleptes europaea sur l’île de Frioul ont été relativement restreintes dans le passé avec des résultats variables :
– en 1924, Vandoni déclare l’espèce absente sur Pomègues et sur Ratonneau,
– en 1930, Mourgues signale sa présence sur Ratonneau,
– en 1946, Angel la mentionne présente sur Pomègues,
– en 1975 et 1978, Delaugerre la déclare absente sur Pomègues et Ratonneau,
– en 1994 et 1995, Patrick Bayle la redécouvre sur Pomègues,
– en 2000 et 2001, sa présence est confirmée dans le cadre des inventaires du plan de gestion de l’espace naturel du Frioul,
– Du 17 juin au 25 juillet 2002, Aurore Vergnoux et Mélina Goasduff ont effectué un total de 60 observations d’individus différents sur Pomègues et Ratonneau, révélant la présence d’une importante population.
D’un point de vue écologique, les intérêts sont nombreux. Côté terrestre, pour la flore, l’île de Frioul abrite 14 plantes patrimoniales, rares et/ou protégées, dont :
– 3 espèces à protection nationale : l’Astragale de Marseille Astragalus tragacantha, la Petite saladelle Limonium pseudominutum, le Limonium en baguette Limonium virgatum,
– 11 espèces à protection régionale : l’Anthémis à rameaux tournés du même côté Anthemis secundiramea subsp. Secundiramea, la Chicorée scabre Hyoseris scabra, la Ficoïde à fleurs nodales Mesembryanthemum nodiflorum, la Germandrée purpurine Teucrium polium subsp. Purpurascens, le Lys des sables Pancratium maritimum, le Mélilot de Méssine Melilotus messanensis, l’Orpin du littoral Sedum litoreum, le Plantain à feuilles en alène Plantago subulata subsp. subulata, le Raisin de mer Ephedra distachya, le Séneçon à feuilles grasses Senecio leucanthemifolius subsp. Crassifolius, le Silène faux orpin Silene sedoides.
Certaines de ces espèces végétales ne se retrouvent sur le continent que sur la frange littorale des Calanques, les îles constituent donc pour elles des sites refuges à l’abri de la forte fréquentation humaine et de l’urbanisation du littoral.
Pour la faune, l’archipel de Frioul est l’un des rares sites français qui abrite des populations importantes du Phyllodactyle d’Europe Euleptes europaeus, gecko «relictuel » et rarissime, endémique de Méditerranée occidentale.
Il abrite les 3 espèces de procellariiformes (oiseaux de mer) de Méditerranée : le Puffin cendré Calonectris borealis, le Puffin yelkouan Puffinus yelkouan et l’Océanite tempête de Méditerranée Hydrobates pelagicus, espèces d’intérêt communautaire dont l’Etat français s’est engagé à assurer la conservation.
Côté marin, dix-sept espèces protégées et cinq d’intérêt communautaire peuvent être observées autour du Frioul, comme le Mérou Brun Epinephelus marginatus, la Grande Nacre Pinna nobilis ou la Cigale de Mer Scyllarides latus.
Le patrimoine bâti est important sur l’île du Frioul et offre un panorama de l’histoire de l’île et de Marseille :
L’archipel du Frioul constitue ainsi un lieu particulier où le paysage est appréhendé dans une fabrique permanente de panoramas.
Tout au long du parcours au sein de ses espaces terrestres, le piéton peut apprécier l’ouverture soudaine ou régulière vers les différentes îles et îlots de l’archipel ou vers les massifs plus lointains de la rade. Ces points de vue, souvent à 360°, sont principalement en hauteur, sur les lignes de crêtes des deux îles principales. Environ 10 km de sentiers balisés ont été mis en place.
Sur l’île du Frioul, on recense plusieurs espèces envahissantes :
Concernant la faune, il faut noter la présence :
Entre 2009 et 2012, des campagnes de capture et de stérilisation des chats errants ont été organisées sur les îles du Frioul. Malgré ces campagnes, de nombreux Chats harets sont encore observés sur les espaces naturels de l’archipel et notamment sur et à proximité des colonies de Puffins de Scopoli. Des cas de prédation sur des poussins et adultes de puffins imputables aux chats ont également été constatés.
L’archipel du Frioul est situé dans la région la plus sèche de France : faible pluviométrie, ensoleillement important, températures élevées et vents forts. La sécheresse estivale est caractéristique du climat méditerranéen mais les îles présentent également un déficit hydrique prononcé par rapport au littoral marseillais. La saison sèche, très contraignante pour la végétation, débute dès la fin mai et dure jusqu’en septembre. L’insolation est également une caractéristique marquante : les grandes surfaces de calcaire blanc et le faible recouvrement de la végétation accentuent le rayonnement lumineux et la sécheresse estivale.
La situation géographique de l’archipel en fait un site majeur pour l’accueil de publics variés, étrangers ou locaux: randonneurs, baigneurs, plaisanciers, pêcheurs, plongeurs, groupes scolaires. Un enjeu important est donc de permettre l’accueil du public tout en assurant la protection d’un paysage exceptionnel et d’espaces naturels abritant une biodiversité terrestre et marine remarquables. De plus, il n’y a aucun point d’eau permanent naturel sur ces îles.
La gestion de l’ensemble du site est assurée en co-gestion par la Ville de Marseille et le Parc national des Calanques.
Un des enjeux majeurs du site consiste à concilier les activités humaines et la préservation du patrimoine naturel. Disposant d’une vocation affirmée d’accueil touristique et comptant sur son territoire à la fois des espaces à vocation sauvage, des espaces habités et des espaces destinés à recevoir du public, l’archipel du Frioul doit pouvoir s’affirmer à l’échelle méditerranéenne comme un exemple de transition écologique d’un espace insulaire.
Gestion de la fréquentation : plusieurs mesures sont mises en œuvre pour limiter l’impact de la fréquentation : organisation de cheminements terrestres, mise en place d’un plan de balisage maritime autour du Frioul, information et sensibilisation du public, surveillance du site et réglementation.
Un réseau de chemins balisés permet d’accéder aux zones de baignade, de découvrir la nature des îles, les forts et les points de vue remarquables. Le Conservatoire du littoral, en association avec la Ville de Marseille et le Parc national des Calanques font réaliser ces travaux par l’association Alpes de Lumière, spécialisée dans le travail de la pierre sèche et la restauration du patrimoine bâti.
D’autres actions ont également été menées ou sont en cours :
ENCADRE : Maison de site :
Sur l’île du Frioul, le Conservatoire du littoral est propriétaire d’un bâtiment nommé “La villa Marine”. La villa située sur un parcours fréquenté d’accès à la plage, a été identifié pour faire l’objet d’une réhabilitation et d’un projet de mise en valeur (expositions, accueil du public), mais la question se posait en premier lieu de la faisabilité d’une restauration dans un espace assez contraint. Dans cette optique, une étude préalable a été réalisée en 2017-2018 comprenant un diagnostic architectural ainsi que les esquisses d’un pré-programme fonctionnel mettant en avant la faisabilité du projet.
Aujourd’hui, un marché de maîtrise d’œuvre est en cours pour la réalisation des travaux de réhabilitation de la Villa Marine en vue de son ouverture au public et la création en son sein d’un lieu d’interprétation.
Parc des Calanques, Plan de gestion. Site internet:
http://www.calanques-parcnational.fr/
ALEP PAYSAGISTES, 2018. Etude préalable à la restauration et à la valorisation culturelle et touristique de la villa marine, Marseille : 30p