ISSN 2970-2321

Cette fiche a été rédigée dans le cadre du projet d’Atlas encyclopédique des Petites Iles de Méditerranée, porté par le Conservatoire du Littoral, l’Initiative PIM, et leurs nombreux partenaires.
This sheet has been written as part of the encyclopedic Atlas of the Small Mediterranean Islands project, carried out by the Conservatoire du Littoral, the PIM Initiative and their numerous partners.
(https://pimatlas.org)

ILES

Cluster : Kerkennah

Sous-bassin : TUNISIE EST

Gremdi

Contributeurs :

Sami Ben Haj

Date de création : Mars 2022

 

Pour citer cette version : BEN HAJ , S. (2022). Fiche île : Gremdi – Sous-bassin : Tunisie Est. Atlas des Petites Iles de Méditerranée. https://pimatlas.org/explorer-atlas/iles/gremdi/

gremdi-carte
gremdi-general
Commune Kerkennah
Archipel Archipel de Kerkennah
Surface (ha) 196.275
Linéaire côtier (mètre)
Distance à la côte (Mile nautique) 0.227 
Altitude max (mètre) ca. 3
Coordonnée géographiques Latitude 34° 44’ 24’’ N 

34° 46’ 07’’ N 

Longitude 11° 18’ 22’’ E 

11° 20’ 30’’ E

Propriété foncière Privé /publique 
Gestionnaire(s) DGF
Statut de protection national / Aucun statut juridique spécifique
international RAMSAR (depuis 2013), ZICO

Description générale


L’îlot Gremdi, d’une superficie de 206,6 ha, est situé à 900 m à l’est d’El Ataya. 

Gremdi est couverte d’exploitations agricoles constituées d’oliviers, de palmiers et de cultures céréalières et fourragères, il est à signaler que la pratique de ces cultures annuelles est très largement tributaire de la pluviométrie.

L’îlot est caractérisé par une basse topographie. Les altitudes sont très faibles, et les plus importantes sont localisées sur le littoral Sud, mais ne dépassent pas les 3 m. Le littoral Nord, très bas, forme une zone submersible en période de hautes marées.

L’ilot est considéré comme un lieu de pâturage pour les ovins ou caprins. Le parcellaire des terrains destinés au pâturage ou à d’anciennes exploitations agricoles, est souvent délimité par de petits murets de blocs calcaires parfois surmontés de débris de végétaux d’épineux et d’espèces rudérales.

Sur Gremdi, ont été plantées des espèces fourragères servant de complément d’alimentation tel que vesce, avoine et lentille (APAL, 2001).

La présence de nombreuses ruines romaines de Gremdi (citernes, murs…).

Toutefois les nuisances faites par l’activité humaine  conduisent l’agence de protection et d’aménagement du littoral (APAL) à s’engager à programmer cette île dans la future aire marine protégée. 

Historique

“Il y a plusieurs ruines de citernes romaines et un point d’eau douce. On y envoie paître les chameaux” (Louis, 1961 : 8).

“Quand aux ruines romaines de Gremdi, elles peuvent témoigner là aussi d’un souci de protection sur un point où les barques peuvent plus facilement accoster, en même temps que de l’utilisation intelligente d’un îlot où se trouve de l’eau douce et donc une végétation abondante” (Louis, 1961 : 31).

Connaissances


Citerne d’origine romaine, avec un morceau de filet placé par les bergers pour prévenir la chute du bétail (F. Médail).

Le géographe marocain al-Idrîsî, travaillant pour le roi normand Roger II de Sicile, lors de ces travaux sur gremdi  mentionne l’existence de grottes et de cavernes sur cette île, excavations qui n’existent plus de nos jours, alors que des sépultures étaient encore mentionnées sur la côte lors de la mission de Doûmet-Adanson (1888) (cf. infra).

Les ruines  de type (forts, murailles, citernes…).témoignent une présence de l’époque romaine jusqu’à la période Aghlabides, des études archéologiques plus poussées sont programmées par l’institut national du patrimoine (INP)

La première étude sur gremdi est réalisée par l’APAL en 2001 dans le cadre de l’Etude de gestion de la zone sensible littorale des îlots nord-est de Kerkennah 

Sur le plan floristique, la première tentative de réalisation d’un inventaire – le plus exhaustif possible – de la flore vasculaire (plantes à fleur et fougères) portant sur la quasi-totalité de l’ile est au cour de la mission de l’Initiative pour les petites îles de Méditerranée (Initiative PIM) effectuée du 27 au 30 mars 2014.

L’avifaune à l’ile Sefnou est étudiée, dans les rapports  (APAL 2001 & 2002, Isenmann et al. 2005, Nouira 2012)

 Ces études ont  dressé un bilan sur la diversité du peuplement d’oiseaux reproducteurs des îles et îlots nord-est de l’archipel, Ce bilan a servi de base pour compléter et comparer les données collectées lors de la mission PIM en  mars 2014.

La plus récente étude sur l’ile est faite par SPA/RAC–ONU Environnement/PAM, en 2018 Élaboration d’un plan de gestion de la partie marine et côtière autour des îlots nord de l’archipel de Kerkennah.

[TITRE]


Les preuves historiques ont montré l’importance des iles Kerkennah dans son contexte méditerranéen depuis les anciennes époques. Ainsi, les sites archéologiques mis à jour s’étentent aussi bien sur la grande île, que sur  les îlots nord ou nord-est. Des vestiges cotiers datant de l’époque romaine, sont aujourdhui  recouvert par les eaux marines (jusqu’à  2 metre d’eau), témoignant du recul du trait de côte, de l’érosion cotiere marine et de la montée du niveau de la mer. Parmi ces vestiges, on citera notamment une carrière et une chaussée datant de l’époque romaine. Cette dernière reliait El Ataya à l’îlot de Gremdi.

En 2013, l’association jeunes science kerkennah, l’agence de protection et d’aménagement du littoral et l’initiative PIM ont organisé un événement pour célébrer la fêté internationale  de la biodiversité (Celebrate islands), cette activité a pour objectif  la promotion des potentialités naturelles de l’ile Gremdi.

En 2014, le conservatoire de littoral  et l’agence de Protection et d’Aménagement  du Littoral ont organisé dans le cadre de l’initiative PIM, une mission de terrain sur l’archipel des kerkennah, afin de dresser un état des connaissances naturalistes sur la partie terrestre des iles et ilots situés au nord –est de l’archipel.

Intérêts


Paysage du centre de l’ile Gremdi : Formation à géophytes (iris, Moraea sisyrinchium ; scille du Pérou, Oncostema peruviana) et spergulaires, sur la croûte calcaire villafranchienne, extrémité est (F. Médail, Pim).

Environnement terrestre singulier : La biodiversité se distingue par son unicité. L’ile constitue un important site d’hivernage pour les oiseaux marins, limicoles et autres oiseaux d’eau. Il constitue également un important site de passage pour les passereaux lors des migrations automnale et printanière. La présence d’herpétofaune et des mammifères terrestres restent faible. On signale pour l’herpétofaune la présence d’espèces remarquables à l’instar de Chalcides ocellatus, Acanthodactylus maculatus et Mesalina olivieri pour le groupe des reptiles, et de Jaculus orientalis et de Dipodillus zakariai (espèce endémique de la région) pour les mammifères. 

 

Sur le plan marin : Une flore marine très diversifiée avec la présence singulière d’herbiers tigrés constituant un environnement adéquat pour plusieurs espèces faunistiques, dont certaines endémiques des Kerkennah (Rissoa paradoxa, Amaroucium picardi). 

Par ailleurs, la partie marine est une zone de passage et d’alimentation de la tortue marine Caretta caretta. Outre la présence d’une diversité biologique élevée, on signale la présence d’espèces exotiques telles que le crabe bleu Portunus segnis ou encore le bivalve Pinctada radiata.

Pressions


Partie terrestre : 

Les rivages de l’ile  montrent de nombreux indices d’érosion et les terres montrent des signes de salinisation.

L’le est caractérisée par une masse végétale arborée. Cette masse a été introduite et plantée au dépend des palmiers, qui disparaissent progressivement en raison du manque d’entretien qui leur est accordé et la faible pluviométrie caractérisant la région.  

Cette masse végétale est considérée de la part des habitants de la région comme une forêt où la principale espèce est l’Acacia, qui sous l’action des embruns, est en décadence, avec une masse végétative réduite et rase. Leur développement a été favorisé par la présence d’une nappe phréatique au niveau de l’île, et par leur lieu d’implantation au niveau d’une zone élevée par rapport au reste de l’île (une altitude de 4 m par rapport au niveau de la mer). Quant à la frange littorale, elle présente une végétation plus ou moins éparse, ornée par des plantes herbacées avec une densité moyenne de 6 plants au m². 

L’île  est  servie comme lieu de pâturage pour le petit élevage (en particulier ovin et caprin) pour la population locale de l’archipel. (APAL, 2001). Actuellement le couvert végétal souffre d’un surpâturage notamment sur les touffes de sparte Lygeumspartum. 

Le ramassage des œufs de perdrix gambra (Alectoris barbara) et l’abattage de tortues marine (Caretta caretta) sont les raisons majeures du déclin drastique de ces populations dans la région des Kerkennah. Selon Qninba&Ouni (2014), les oiseaux nicheurs dans cette ile  sont sujets à un braconnage et un pillage assez conséquent sur leurs nids. 

 

La partie marine :

Pêche et surexploitation : désertification en cours 

La pression sur les ressources s’amplifie de plus en plus, des pêcheurs utilisent des  chaluts souvent illicites et non réglementaires (Kiss, braconnage, chalutage non réglementé, etc.) Destruction des habitats marins liée au chalutage benthique 

Cette destruction intéresse notamment les habitats (prairies à posidonies, cymodocées, cystoseires, etc.

De plus, la présence de nombreuses nasses perdues qui continuent à faire de la pêche passive contribuent à impacter fortement les ressources halieutiques. (Ben Haj, 2018)

Gestion & Conservation


Les actions sont aujourd’hui assurées par les associations locales ou par des bénévoles (actions de nettoyages…)  aussi par des scientifiques pour faire des inventaires.

Des missions de naturalistes furent faites en 2014 dans le cadre de l’initiative PIM qui a réalisé des inventaires de la flore et  faune terrestre, et de l’herpétofaune.  

Un inventaire de la flore marine en 2015 était exécuté dans la cadre de l’étude écologique pour la création d’une Aire Marine Protégée dans la partie nord-est des Iles Kerkennah en Tunisie.

L’ile était l’un des iles nord de Kerkennah qui étaient dotée d’un plan  de gestion en 2018 (Ben HAJ ,2018)

 

Des mesures de conservation sont redemandées. 

  • Réaliser la collecte et l’élimination régulière des macro-déchets.
  • Limiter les impacts du pâturage.
  • Gérer les végétaux exotiques envahissants.
  • Effectuer une veille écologique régulière.

Pour la concrétisation de l’aire marine protégée il est primordial de mettre  en place d’une unité de gestion.

[TITRE]


A ce jour, plusieurs activités ont été mises en œuvre sur la partie nord de l’archipel y compris l’ile Gremdi … principalement dédiées à l’amélioration des connaissances. Ces activités ont été menées par l’APAL et plusieurs partenaires nationaux et internationaux dont le CAR-ASP, le Conservatoire du littoral, l’INSTM, la DGPA, le CRDA-Sfax et la faculté des Sciences de Sfax.

en 2015 Une étude faite par l’APAL   qui  a permis de lancer un processus participatif et intégré autour de l’élaboration d’un  plan de gestion des ilots nord-est de Kerkennah dont l’ile Gremdi .

L’objectif de la création d’une AMCP au niveau de cette région de l’archipel Kerkennien, vise la réconciliation entre les besoins socio-économiques et préservation des ressources du milieu et la pérennité de sa productivité, autour des concepts de développement et de gestion durable de la futur AMCP des îlots nord-est.

Principales ressources bibliographiques


  1. APAL, 2001. Etude de gestion de la zone sensible littorale des îlots nord-est de Kerkennah. Phase 1. Caractérisation du milieu naturel. Rapport définitif. République tunisienne, Ministère de l’Environnement et de l’aménagement du territoire, Agence de Protection et d’Aménagement du Littoral (APAL), Tunis : 40 p.

  2. APAL 2002. Etude de gestion de la zone sensible littorale des îlots nord-est de Kerkennah. Phase 1 : Caractérisation du milieu naturel. Rapport définitif. 40 pp.

  3. CAR/ASP – PNUE/PAM, 2015. Etude écologique pour la création d’une Aire Marine Protégée dans la partie nord-est des Iles Kerkennah en Tunisie. Par Cyrine BOUAFIF and Habib LANGAR. Ed. CAR/ASP. Activité de duplication, Tunis. 61 pages

  4. Isenmann P., Gaultier T., El Hili A., Azafzaf H., Dlensi H. & Smart M.  2005. Oiseaux de Tunisie. Birds of Tunisia. SEOF, Paris, 432 pp.

  5. Louis A., 1961. Les îles Kerkena (Tunisie). Etude d’ethnographie tunisienne et de géographie humaine. I. “Les travaux”. Publications de l’Institut des belles lettres arabes, Tunis, 26 : 419 p.

  6. Louis A., 1963. Les îles Kerkena (Tunisie). Etude d’ethnographie tunisienne et de géographie humaine. II. “Les jours”. Publications de l’Institut des belles lettres arabes, Tunis, 27 : 447 p.

  7. Mahfoudh F., 2000. L’archipel des Kerkéna au Moyen Âge d’après les géographes arabes et les données archéologiques. In : Khanoussi M., Ruggeri P. & Vismara C. (eds.). L’Africa Romana, 13 : 649-677.

  8. Médail F., Pasta S. & Chaieb M., 2015. Flore et végétation des îles et îlots satellites de l’archipel des Kerkennah (Tunisie orientale). Bilan de la biodiversité végétale terrestre, impacts environnementaux et recommandations de gestion. Note naturaliste PIM, Aix-en-Provence : 66 p.

  9. Nouira S. 2012. Biodiversité de la faune des vertébrés insulaires de la Tunisie. Proceeding 2nd Djerba International Mediterranean Environment Sustainability Conference. 22-25 Aprile 2012. Atti e Memorie dell’Ente Fauna Siciliana. Vol. XI, pp : 11-21. 

  10. SPA/RAC–ONU Environnement/PAM, 2018. Plan de gestion de la partie marine et côtière des îlots nord de l’archipel de Kerkennah. Par Thétis Conseil. Ed SPA/RAC – Projet MedMPA Network, Tunis:84 pages

  11. Slim H., Trousset P., Paskoff R. & Oueslati A., 2004. Le littoral de la Tunisie. Étude géoarchéologique et historique.CNRS Editions, Paris : 308 p.

  12. QNINBA A. & OUNI R. 2014. Les oiseaux nicheurs sur les îles et îlots nord-est de l’archipel de Kerkennah, Tunisie. Initiative PIM. CdL (France)-APAL (Tunisie). 24 pp.

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