ISSN 2970-2321
ISSN 2970-2321
Cluster : Galite – Tabarka
Sous-bassin : TUNISIE NORD
Contributeurs :
S. Ben Haj
Date de création : 10 Février 2021
Pour citer cette version : BEN HAJ , S. (2021). Fiche île : Galite – Sous-bassin : Tunisie Nord. Atlas des Petites Iles de Méditerranée. https://pimatlas.org/explorer-atlas/iles/galite/
Commune | Bizerte | |
Archipel | La Galite | |
Surface (ha) | 732 | |
Linéaire côtier (mètre) | 15000 | |
Distance à la côte (Mile nautique) | 21.5 | |
Altitude max (mètre) | 391 | |
Coordonnée géographiques | Latitude | 37°32’ N |
Longitude | 08° 56’ E | |
Propriété foncière | 100% Etat | |
Gestionnaire(s) | Unité de cogestion : APAL/Méditerranée Action Nature | |
Statut de protection | national | Aire Marine et Côtière Protégée |
international | Aire Spécialement Protégées d’Intérêt Méditerranéen |
Cette île de 732 ha de surface, avec 5,3 Km de long sur 3 Km de large, culmine à 391 m au niveau du Bout de Somme ou « la vigie ». Elle présente une superficie plane de 6,5 km2 et elle a la forme d’un « T » couché orienté NE-SW. Elle montre trois crêtes de taille et d’allure différente, faisant preuve des pentes souvent fortes et d’un relief très accidenté; on y distingue :
– La crête du Bout de Somme : longue de 4 km et orientée WSW-ENE.
– La crête de la Garde: longue de 1 km et orientée NNE-SSW, avec une altitude maximale de 361 m.
– La crête de la Bosse des Galines : ne dépasse pas 212 m et orientée NNW-SSE.
– La zone de rencontre de ces trois crêtes correspond à la plaine
Situé au large de la côte Nord de la Tunisie, la Galite est soumise à un climat du type méditerranéen à étage humide inférieur et semblable à celui des côtes septentrionales de l’Afrique du Nord, caractérisé par une alternance entre les périodes prolongées de beau temps et des périodes relativement courtes de mauvais temps. Les pluies sont irrégulières sous formes de violentes averses de courtes durées. Les températures sont dans l’ensemble très clémentes. Les vents peuvent être très violents dans la zone. Ces données permettent de placer l’archipel dans l’étage bioclimatique subhumide à hiver chaud.
La géologie de La Galite est relativement variée malgré sa faible superficie. Par ailleurs, les affleurements géologiques présentent essentiellement des roches intrusives sous forme de massifs microdioritiques dans le secteur oriental (pic de la Garde) et dioritiques dans le secteur occidental.
Au Moyen Age, l’île semble avoir été désertée pour servir de refuge aux marins de passage, aux pirates et aux corsaires. Le voyageur arabe, Ibn Jobair nomma la Galite “Jalita” lors de son passage à l’archipel le 1er avril 1185. Au XIII ème siècles, les récits, les descriptions et les témoignage autour de la Galite se multiplient portés par les nombreux navigateurs et scientifiques arabes (Al Qazwini, Al Himyari…) et même par les ennemis de l’époque, les Chrétiens, dont le Pape Clément VI, le 15 novembre 1344, désigna les Canaries et La Galite comme faisant partie d’un fief insulaire attribué à l’infant Louis d’Espagne, arrière-petit-fils de Louis IX (Saint Louis) Roi de France, sous condition de les convertir au christianisme.
Parfait témoin de la difficulté d’appréhender la Galite, le protectorat de la France, instauré en Tunisie depuis 1881, ne mis pied à la Galite que le 3 août 1903 par le biais du Baron d’Anthouard. A partir de cette date, de nombreuses infrastructures ont été mises en place à La Galite (Ecole, Gendarmerie, Eglise, Dispensaire, Phare, Mines, Carrières, Débarcadères, Liaison par Hydravions…).
Au cours de la lutte contre la libération de la Tunisie, la France fît emprisonner le leader Habib Bourguiba dans une résidence surveillée à la Galite pendant 743 jours de 1952 à 1954. Bourguiba dont le rêve de voir la Tunisie libre ne fût jamais abandonné, conduisît le pays à son Indépendance le 20 Mars 1956 et devint son Premier Président de la République.
Durant la dernière décennie, plusieurs actions de réhabilitation de nombreuses habitations du village de la Galite ont été entreprises par l’agence de protection et d’aménagement du littoral et la marine tunisienne et c’était dans le but d’améliorer les conditions de travail des agents, de valoriser le patrimoine culturel du site et développer des activités de découverte de la nature (Plongée sous-marine, randonnée, clubs scientifiques…). En 2020, une unité de cogestion de l’archipel de la Galite a été mise en place suite à l’établissement d’une convention de partenariat tripartite entre l’APAL, l’association Méditerranée Action Nature et The Medfund dans le but de la mise en place d’un plan de gestion établie spécifiquement pour ce site.
Les traces d’occupation historique de L’île de la Galite sont présentes jusqu’au nos jours. A des centaines d’années de différence, à l’Antiquité, la Galite connu une présence et une exploitation importante, plus précisément à l’époque Punique. Les Puniques fondèrent à la Galite un petit village qui formait à la fois un poste militaire avancé mais également une plateforme commerciale importante en plein milieu de la Grande Méditerranée. Les romains après eux continuèrent cette exploitation qui fît de l’archipel un important point stratégique liant, par voie de commerce maritime, La Galite aux trois continents : L’Afrique, l’Europe et l’Asie. Les diverses nécropoles, maisons troglodytes, colonnes, stèles, figurines, murets de forteresse, terrasses agricoles, ruelles, monnaies et lampes à huiles comptent parmi les nombreux vestiges que l’archéologie permet peu à peu de mettre à jour.
A l’aire moderne et contemporaine, la Galite connut un nouvel essor, dû entre autre à l’expansion de l’exploitation du corail en méditerranée. D’abord les Pisans dès le XIVème siècle, puis les Génois au XVIème siècle jusqu’à la confiscation par la France au XVIIème siècle, La Galite formait un refuge et une halte aux bateau corailleurs.
En 1872, avec l’arrivée, depuis de l’île de Ponza (Italie), d’un certain Antonio D’Arco que la Galite connu à nouveau “un âge d’or”. En effet encouragé par D’Arco, plusieurs familles originaires de l’île de Ponza, viennent coloniser l’île et y exploitèrent terre et mer et redonnèrent vie aux exploitations agricoles Puniques et Romaines délaissées depuis des décennies.
Sur le plan biologique, la Galite est caractérisée par une importante richesse spécifique développée sur la partie continentale et marine.
La Galite présente un nombre important de paysages sous-marins et d’espèces d’intérêt biologique. Les habitats sont très bien préservés: les seules traces de dégradation qui sont observées se situent au niveau de la baie de Galite et sont inhérentes au mouillage des bateaux. Les fonds dans les alentours de La Galite témoignent d’une bonne qualité des eaux, leur faible turbidité permet à des espèces comme Padina pavonica, Posidonia oceanica ou Cymodocea nodosa de se développer à des profondeurs importantes. La bonne qualité des eaux se traduit aussi par l’abondance d’espèces indicatrices de la pureté des eaux comme les cystoseires ou les sargasses.
Les mammifères marins sont aussi présents au niveau de la Galite et ils sont essentiellement présentés par le grand dauphin, espèce commune sur le littoral nord de la Tunisie et jusqu’aux année 70 le phoque moine. A l’heure actuelle, la recolonisation de la Galite par le Phoque moine est possible, compte-tenu de la qualité et de la tranquillité des habitats de ce site, et du nombre croissant d’observation en Méditerranée occidentale ces dernières années (Algérie, Lybie, Corse, sud-ouest de l’Italie).
Toutefois, les études scientifiques qui se sont intéressées à la caractérisation des écosystèmes côtiers et des espèces marines clés dans les alentours de la Galite sont assez nombreuses.
La partie terrestre a fait l’objet de plusieurs missions et études scientifiques qui ont permis de recueillir beaucoup d’informations sur le couvert végétal et la diversité animale.
La Galite a fait l’objet de plusieurs investigations botaniques et les plantes identifiées ont été signalées par plusieurs auteurs dans plusieurs ouvrages: la croisière scientifique du Violante, Durieu De Maisonneuve explore l’île entre 1840 et 1844. Roux en 1880, Bonnet et Barratte en 1896 mentionnent des plantes de la Galite dans « Catalogue raisonné des plantes vasculaires de la Tunisie ». Chabrolin (1933) fait mention de 118 espèces réunies en 38 familles. Cuénod et ses collaborateurs y contribuent également dans « La Flore analytique et synoptique de la Tunisie » parue en 1954 et enfin Pottier-Alapetite dans « Flore de la Tunisie » parue en deux tomes successivement en 1979 et 1981. Les inventaires de Chaabane et d’El Hamrouni effectués dans le cadre du projet Life « Conservation et réhabilitation d’Ecosystèmes insulaires fragiles », cofinancé par la Commission Européenne et le Ministère de l’Environnement et de l’Aménagement du Territoire français, font mention d’une richesse spécifique plus élevée que celle mentionnée historiquement, puisque jusqu’ici 300 taxons ont pu être identifiés.
Sur le plan faunistique, plusieurs actions de l’initiative PIM, du Conservatoire du littoral ont permis d’inventorier plusieurs groupes taxonomiques sur la Galite.
En ce qui concerne l’avifaune, la Galite est à la fois un site intéressant pour les oiseaux marins typiques de Méditerranée qui trouvent ici un site de reproduction idéal et pour les oiseaux terrestres migrateurs qui font des haltes migratoires régulières lors des migrations printanières et automnales. A cela s’ajoute des oiseaux terrestres venus coloniser l’île pour y nicher car ils y trouvent des conditions favorables (isolement, proies abondantes). C’est le cas en particulier du Faucon d’Eléonore. La synthèse des effectifs recensés lors des différentes missions PIM, en particulier celles effectuées en 2006 et 2007 et dont les résultats ont été publiés en 2008 (Abbès I, Ben Haj S. et al., 2008).
Le peuplement mammalien terrestre de l’archipel compte au total 5 espèces dont seulement deux autochtones ; la Pipistrelle de Kuhl et la Musaraigne musette présente uniquement sur l’île de La Galite. La Musaraigne musette Crocidura russula, très rare, en limite de répartition. – La Pipistrelle de Kuhl Pipistrellus kuhli. – La Souris grise Mus musculus praetextus, présent uniquement au niveau de la grande île – Le Rat noir Rattusrattusfrugivorus. A cela s’ajoute des espèces domestiques, amenées puis abandonnées au fil du temps en lien avec la désertion de l’île à savoir le chat haret Felissp. , des chèvres ensauvagées et des lapins domestiques. Comme mammifère patrimonial on signalera uniquement la musaraigne étrusque re-signalée lors d’une mission PIM par Pierre Caraglio à Souk Ettfach.
Les reptiles et les amphibiens ont été très bien étudiés sur l’Archipel, en particulier lors des missions PIM (Delaugerre & Ouni, 2007, 2008, 2009), qui constituent les dernières mises à jour sur le peuplement. La Galite est la seule île de l’archipel sur laquelle on peut observer des amphibiens car il existe des sources d’eau douce qui permettent leur reproduction. On trouve sur l’île deux espèces, assez opportunistes : – le Discoglosse peint Discoglossus pictus auritus (Liste rouge UICN Monde : LC) – la Grenouille verte d’Afrique du Nord Pelophylax saharicus (Liste rouge UICN Monde : LC).
Pour la population d’insectes sur la Galite, les travaux sont rares et sont limités à l’inventaire des Tenebrionidés (coléoptères) et des cigales a eu lieu lors des missions PIM (Soldati F., 2005).
LE VILLAGE DE LA GALITE, TEMOIN DE L’OCCUPATION HUMAINE RECENTE DE LA GALITE
L’île est inhabitée pendant des siècles jusqu’à ce que des familles italiennes viennent s’y installer au XIXème siècle. Elles vivent de la pêche à la langouste et de la cueillette du corail rouge. D’autres familles arrivent de la péninsule italienne et mettent en valeur l’endroit en y pratiquant l’agriculture et l’élevage. En 1903, l’île est rattachée administrativement à Bizerte. Elle comportait alors 174 Européens dont 67 Français et 107 Italiens. La zone urbanisée De la Galite s’étend sur une surface approximative de 100000 m². La concentration la plus importante se situe en bordure de mer et dans la zone délimitée par les cours d’eau naturels descendant vers la mer. Les bâtiments présents sur l’île sont au nombre de 44. Le statut foncier des immeubles (terres, constructions…) de l’ile de La Galite sont actuellement propriété de l’état tunisien. Ils sont répartis en 73 titres fonciers couvrant 719 ha. Après l’indépendance de la Tunisie, tous les habitants de la Galite ont quitté le site vers leurs pays d’origine. Actuellement, la présence humaine sur l’île est limitée uniquement aux représentants de la marine nationale et la garde nationale.
La Galite présente un intérêt culturel important se traduisant par la présence, jusqu’à ce jour, d’un patrimoine historique qui témoigne le passage de l’homme depuis la période punique jusqu’au 20ème siècle.
Avec les Phéniciens, peuple marin et agent civilisateur par excellence, Carthage et son emprise méditerranéenne puis Rome et son grand empire ont tous deux su tirer profit des îles de Méditerranée et de leur position stratégique. La Galite n’a pas échappé à cette règle. Elle était riche avec des sources d’eau douce et relativement imprenable. C’est ainsi, que puniques puis romains ont colonisé l’île, y développant pêche et agriculture et y dissimulant une puissante flotte de guerre, capable de faire face à tout redoutable adversaire et de sécuriser un commerce transméditerranéen riche et florissant. Sentinelle militaire et plateforme commerciale, l’île de la Galite a connu une réelle prospérité avec ces grands empires marins.
Les restes du port construit en 1983/1985 se limitent à un quai en blocs orienté Nord Sud sur environ 30 m dont une quinzaine de mètres sont accostables. Le reste du quai, côté Sud est remblayé par les débris provenant de la digue de protection qui a été démolie lors des tempêtes de 1985 et 1989 ainsi que d’un quai côté Sud qui lui est complètement démoli.
Actuellement, la Galite constitue une destination pour les pêcheurs venus des Ports alentours (Tabarka, mais principalement Bizerte), qui viennent s’abriter dans la baie sud de l’île lors des forts coups de vent de Nord, mais aussi pour nettoyer leurs filets entre deux campagnes. La zone de pêche principale se situe sur le plateau des Sorelles situés à l’Ouest de La Galite. La Galite constitue donc une zone de halte située à mi-distance entre les ports et la zone de pêche, ce qui la rend hautement stratégique pour les pêcheurs. Les corailleurs, viennent à La Galite prélever des contrepoids (rochers) pour pouvoir exercer leur métier et descendre plus rapidement aux profondeurs où se développe le corail.
Comme indiqué dans la rubrique précédente, La Galite constitue un abri et refuge pour plusieurs espèces d’oiseaux marins et terrestres. En effet, dans le cadre de suivi de la faune ornithologique de l’île de la Galite mené en 2008, 26 espèces d’oiseaux ont été observées (Tranchant et al., 2008). Des espèces nicheuses comme le goéland d’Audouin Larus audouinii ou le cormoran huppé Phalacrocorax aristotelis ont régulièrement été observées sur la côte, les populations de faucon d’Eleonore, de puffins de Scopoli sont remarquables ; la cisticole des joncs Cisticola juncidisi, passereau nicheur, a de nouveau été observée dans le secteur de la plaine. En outre, de nombreuses espèces migratrices telles que le verdier d’Europe Carduelis chloris, le busard des roseaux Circusaeruginosus, le loriot d’Europe Orio lusoriolus, le rouge queue à front blanc Phoenicurus phoenicurus, les gobemouches gris Muscicapa striata et noir Ficedula hypoleuca, le guêpier d’Europe Merops apiaster ou encore le bihoreau gris Nycticorax nycticorax… ont été observées (Tranchant et al., 2008).
En ce qui concerne les reptiles, La Galite héberge 6 espèces qui sont respectivement La Tortue mauresque Testudo graeca; La Tarente de Maurétanie Tarentola mauritanica ; L’Hémidactyle verruqueux Hemidactylus turcicus; Le Seps ocellé Chalcides ocellatus tiligugu; Le Lézard ocellé d’Afrique du Nord Timon pater; La Couleuvre à capuchon Macroprotodon cucullatus ; La Couleuvre vipérine Natrix maura.
Les habitats marins de la Galite ont été étudiés et inventoriés par Andromède en 2010. Les phanérogames marines sont représentées par la posidonie et les cymodocées. Le coralligène est rencontré au-delà de -45m de profondeur dans la partie Nord de la Galite. La présence des herbiers de posidonie dans les alentours de la Galite constitue un potentiel écologique fort en faveur d’une diversité biologique spécifique. En effet, ils constituent une nurserie et frayère pour toutes les espèces de poisson surtout celles hautement patrimoniales à valeur écologique et économique (espèces pêchées). Les campagnes scientifiques effectuées dans l’Archipel de La Galite en 1997 et 1999 par Ramos-Espla et al., ont permis de déterminer par observations directes 82 espèces de poissons. L’inventaire mené par Andromède en 2010 permet d’ajouter 20 espèces de poissons supplémentaires. Toutes ces données rendent de la Galite une réserve des stocks de poissons exploitables dans la région. Des missions de comptage de poissons ont été effectuées, ces campagnes (visual census) en apnée et hyperbares ont permis l’établissement d’un état de référence des ressources commerciales autour de l’île. Elles ont permis le constat de faibles effectifs, des tailles faibles et une biodiversité moyenne confirmant la surpêche autour de cette île.
Vu la spécificité de sa morphologie, ses écosystèmes aussi bien marins que terrestres et la qualité de ses eaux, la Galite constitue une destination touristique très sollicitée. En effet, elle joue un rôle très important dans le développement des activités touristiques surtout pour la région de Tabarka (Nord-Est de la Tunisie). Plusieurs clubs de plongée sous-marine sont installés et ils reçoivent des visiteurs de l’intérieur du pays ou des étrangers qui sont, généralement, passionnés par la mer et la plongée et qui désirent visiter la Galite. Il y a aussi les propriétaires des bateaux de loisir qui viennent des ports de plaisance de Tabarka et de Bizerte pour faire des balades dans les alentours de la Galite, plonger et pêcher. La Galite est aussi connue à l’échelle méditerranéenne et elle est visitée pendant la saison estivale par les bateaux de plaisance qui viennent principalement de la France et de l’Italie pour profiter de la beauté des paysages offerts par cette île.
Le paysage terrestre, lui à son tour, constitue une composante attractive de la Galite. En effet, plusieurs sociétés de bateliers tunisiens proposent des excursions sur La Galite. De juin à septembre, 15 à 25 personnes débarquent par bateau lorsque ceux-ci arrivent à faire la traversée. La fréquentation est croissante ces dernières années Ces balades sont l’occasion pour certains passagers de s’intéresser à l’histoire de la Galite, visiter l’ancien village, comprendre comment la vie qui s’y déroulait, redécouvrir l’économie qui existait sur l’île (Pêche à la Langouste, mines de soufre et de cuivre, etc…).
Cette diversité de la flore marine est associée à une diversité ichtyologique importante représentée par plus de 100 espèces de poissons.
En période estivale, il existe une fréquentation touristique de la Galite qui est croissante depuis la révolution en Tunisie. Des bateaux de promenade, mais aussi des embarcations privées, viennent pour la journée (tunisiens essentiellement) ou pour plusieurs jours (italiens principalement) pour profiter de la beauté des paysages de La Galite. En été, la fréquentation peut présenter des pics jusqu’ 50 bateaux de plaisance. Le mouillage des plaisanciers provoque des dommages assez importants sur les herbiers de Posidonies et sur d’autres habitats sous-marins.
Les bateaux de promenade venant de Tabarka, peuvent débarquer 20 à 30 personnes par bateau, chaque jour. Ces visiteurs, non autorisés, non contrôlés, non sensibilisés à la fragilité de l’île peuvent être amenés à avoir des comportements risqués vis-à-vis de la préservation de l’île (feu de camp, ordures, cueillette, dérangement de colonies de reproduction d’oiseaux, etc…).
La Galite fait l’objet d’un braconnage assez important des ressources halieutiques. D’une part, les pêcheurs de Tabarka et Bizerte, lors de leur halte à La Galite prélèvent de nombreux poissons pour assurer leur subsistance lors de leur séjour. D’autre part, les visiteurs en bateau venus pour quelques jours pratiquent souvent des activités de pêche à la ligne, en particulier autour des Galitons, mais aussi la chasse sous-marine.
Plusieurs clubs de plongée tunisiens (à Tabarka et à Bizerte) programment des excursions sur l’Archipel. La qualité des fonds marins, la présence d’épaves bien préservées et la clarté de l’eau sont des atouts non négligeables pour le développement de cette activité. En absence de tout encadrement et sensibilisation, cette activité peut constituer une menace sérieuse pour les écosystèmes côtiers fragiles qui caractérisent l’île de la Galite.
Concernant la Faune terrestre, la principale menace identifiée et qui pourrait mettre à mal la durabilité des populations d’oiseaux et de reptiles sur l’île concerne la présence de prédateurs non autochtones, apportés par l’homme lors de ces allés et venus avec le continent. Le principal prédateur est le rat (rat noir et rat surmulot) qui, en milieu insulaire, peuvent créer des dégâts considérables et anéantir des populations d’oiseaux marins ou de reptiles endémiques en quelques décennies.
Il est important aussi de mentionner que de nombreuses plantations de pins d’Alep pouvant nuire à la dynamique de la flore locale (orchidées) et pouvant refermer et boiser des milieux méditerranéens ouverts caractéristiques des zones littorales thermo-méditerranéennes.
Le joyau inaccessible
La Galite est sans contestation l’île la plus farouche de Tunisie. Loin des yeux mais près du cœur, elle reste jalouse de son extrême beauté. Son relief est torturé. Elle est éloignée et peu accessible. La mer y est forte tout au plus pendant 270 jours par an. En dehors de la fin du printemps et du début de l’été, on ne sait jamais quand on peut la rejoindre et quand on peut en repartir. On peut même être surpris en pleine traversée. Une mission organisée en plein mois de mai nous a causé une frayeur. Le vent s’est établi à mi-chemin à force 7, l’embarcation avait à bord une quinzaine d’experts a eu une avarie moteur à 7 miles de Tabarka. Une fois réparée…panne vhf… silence radio. Le reste de l’équipe qui devait rejoindre l’île sur une seconde embarcation n’avait plus de nouvelles et vivait une détresse sans pareil. A bord, l’ambiance était délirante, psychotique, l’équipage et les experts étaient malmenés par les vagues et croyaient leur heure venir. La traversée était prévue pour trois heure et demie dura finalement cinq heures sans répit pour les passagers comme pour les gens qui étaient restés à terre. Puis, miracle, la garnison résident sur l’archipel aperçoit le bateau abrité derrière le Galiton. Rassurés mais à chaque fois inquiets pour toutes les missions. D’autres inquiétudes et d’autres frayeurs nous ont toujours accompagnés à chaque mission sur l’eau, sous l’eau et sur l’île.
La Galite fait partie de l’AMCP de l’archipel de la Galite dont l’accès nécessite une autorisation au préalable de la part des autorités responsables (APAL, Garde nationale). Des équipes permanentes de la marine nationale et la garde nationale sont présentes sur l’île de la Galite durant toute l’année. Le dernier plan de gestion recommande prioritairement : i) sur le plan écologique, de conserver les habitats et les espèces notamment celles en danger : herpétofaune et avifaune, ainsi que les habitats marins et les poissons de valeur commerciale, ii) la poursuite des investigations et la valorisation du patrimoine culturel, iii) l’intégration des acteurs et des usagers pour une meilleure appropriation du site, IV) partager la gouvernance avec les acteurs et usagers notamment pour légitimer l’existence et le développement de l’aire protégée.
Dans le cadre de la création de l’AMCP de l’archipel de la Galite, l’APAL a mis en place un plan de gestion pour une période de 5 années (2015-2021). Pour la concrétisation de ce plan de gestion, une unité de cogestion a été mise en place en 2020 qui composée de l’APAL, l’association Méditerranée Action Nature et the MedFund (bailleur de fond). Actuellement, un comité local d’aide à la gestion (CLAG) est en cours de constitution pour appuyer l’unité de cogestion.
Pour la réalisation des missions de terrain, l’APAL a acquis une embarcation adaptée avec les caractéristiques naturelles du site (isolement). Des équipements de plongée, de survie, de communication sont aussi disponibles pour faciliter le travail sur l’île.
Actuellement, un appel à consultation est lancé par l’APAL pour acheter une deuxième embarcation afin de renforcer l’équipe de cogestion de la Galite.
Abbes I., Ben Haj S., Bernard F., Delaugerre M., Ktari N., Maamouri M., Martinez A., Muracciole M., Oro D., Ouni R., Rouissi F., Tranchant Y. & Vidal P., 2008. Archipel de la Galite : recueil de notes naturalistes. Rapport mission PIM. 75 pages.
Tranchant Y., Ouni R., zarrouk A., Agrebi S., & Renou S., 2008. Archipel de la Galite : notes ornithologiques « oiseaux marins des îlots ». Rapport PIM. 29 pages.