ISSN 2970-2321
ISSN 2970-2321
Rédigé par : Conservatoire du littoral (avec l’appui de O2 Terre)
Date de création : 01/12/2021
Pour citer cette version : CONSERVATOIRE DU LITTORAL. (2021). Fiche cluster : Iles de Lérins – Sous-bassin : France Sud. Atlas of Small Mediterranean Islands. https://pimatlas.org/explorer-atlas/clusters/iles-de-lerins/
Composition du cluster : îles | 7 |
Composition du cluster : archipels | 1 |
Nombre d’îles avec au moins un statut de protection national | 1 |
Nombre d’îles avec au moins un statut de protection international | 2 |
Nombre d’îles avec au moins un gestionnaire | 2 |
L’archipel de Lérins situé dans le département des Alpes-Maritimes, sur la côte d’Azur, est constitué de deux îles, Sainte-Marguerite et Saint-Honorat, ainsi que de leurs petits îlots.
L’île de Sainte-Marguerite, située au Nord et à un peu plus de 1 km du Cap Croisette, est l’île la plus grande avec une surface de 171 hectares et comprend l’îlot de La Tradelière. L’île de Saint-Honorat, séparée par un chenal d’environ 500 m de large, s’étend sur une surface de 41 hectares et comprend l’Îlot et l’île de Saint-Ferréol.
Situé entre la pointe Croisette de Cannes et la pointe de l’Aiguille de Théoule-sur-mer, ces îles sont très prisées par les plaisanciers. Des liaisons maritimes sont assurées depuis les ports de la façade continentale et transportent jusqu’à 350 000 personnes chaque année. Les touristes sont pour la plupart originaires de Cannes ou du reste du département des Alpes-Maritimes.
Les îles de Lérins sont des îles « continentales », car elles sont le prolongement de la côte, dont elles ont été isolées lors de la dernière transgression marine, il y a environ 10 000 ans. De ce fait, entre le cap Croisette à Cannes et ces îles, la profondeur est comprise entre 5 et 10 mètres. D’un point de vue physique, ces deux îles ont une topographie relativement plane et une géologie composée de dolomies (formations calcaires à marneuses).
De par les conditions de milieux et l’occupation des sols, les compositions végétales et les zones boisées sont assez similaires avec la présence de yeuseraie à chêne vert et de pinède de pin d’Alep. L’île de Sainte-Marguerite, plus sauvage, possède une forêt de 160 hectares, ainsi qu’un étang salé de 4 hectares : l’étang de Batéguier. Un nouveau plan de gestion visant à concilier la préservation de l’environnement et l’accueil du public, dans ce lieu extraordinaire, vient d’être finalisé pour la période 2020 à 2029 par l’ONF gestionnaire de la réserve biologique dirigée de l’île de Sainte-Marguerite.
Ces deux îles possèdent une Histoire très riche, avec notamment pour l’île de Sainte-Marguerite des vestiges archéologiques, le Fort Royal, ainsi que la fameuse prison qui abrita le masque de Fer, qui serait le demi-frère de Louis XIV.
L’île de Saint-Honorat est quant à elle monastique depuis l’an 410. Aujourd’hui encore, elle abrite une communauté de 20 moines, qui sont les seuls habitants de l’île.
De par son passé militaire et religieux les connaissances historiques des îles sont bien connues. Les connaissances historiques rapportent qu’au Néolithique l’île de Sainte-Marguerite était déjà fréquentée comme en atteste la découverte de nombreux vestiges (outils, pots, citernes romaines …). Puis, l’île a été utilisée par les navigateurs comme une zone de halte et de stock pour les échanges commerciaux. Les fortifications et le Fort Royal constitue un patrimoine architectural remarquable.
L’histoire de l’île Saint-Honorat débute autour de l’an 400. En quête de solitude, l’Abbé Honorat vient trouver refuge sur l’île Lérinas. La retraite de Saint-Honorat est connue. Les pèlerins s’y rendent en foule car ils reçoivent les mêmes indulgences que pour un voyage en Terre sainte. Un monastère est alors construit. Deux ans avant sa mort, en 427, Honorat est proclamé évêque d’Arles. Il sera honoré dans l’église catholique romaine et l’église orthodoxe comme Saint-Honorat
Les connaissances écologiques de ces îles sont globalement bien fournies et récentes.
L’île de Saint-Honorat possède une richesse floristique de 370 taxons, dont 325 indigènes, et 45 non-indigènes d’après le rapport SILENE-Flore 2012/2013, et le rapport Médail et al., 2014 – Flore et végétation vasculaires terrestres de l’île Saint‑Honorat. L’île comporte également une avifaune riche, avec 17 espèces d’oiseaux qui fréquentent le site, 4 espèces de reptiles, et 9 espèces de chauve-souris. Enfin, on retrouve plus de 50 espèces de coléoptères différents.
Pour l’île de Saint-Marguerite, des inventaires naturalistes ont été effectués dans le cadre de programmes scientifiques liés aux différents statuts du site (Natura 2000, Réserve biologique ONF, ZNIEFF). De ce fait, les données recueillies mettent en avant la présence d’une flore rare dans les Alpes-Maritimes, comme les Lis de mer Pancratium maritimum, ou la barbe de Jupiter Anthyllis barba-jovis. La faune de l’île est quant à elle composée de 43 espèces de coléoptères, 70 espèces d’araignées, les 4 espèces de reptiles présentes également sur Saint-Honorat, et une avifaune riche composée de 137 espèces d’oiseaux dont 107 protégées (source : SMILO). L’île de Saint-Marguerite, plus sauvage que l’île voisine, est devenue un refuge pour un nombre important d’espèces qui sont perturbées par les activités anthropiques du continent. C’est pourquoi on observe maintenant une quantité importante d’oiseaux migrateurs sur ce site, qui viennent faire une halte durant leur périple.
D’après les recensements de l’INPN, les eaux côtières de l’archipel possèdent de nombreux habitats remarquables, comme le coralligène, des herbiers de posidonie ou des grottes sous-marines, ce qui témoigne de la qualité du milieu.
La faune et la flore marine de l’archipel est également étudiée par le projet Lérins Biodiversité (financé par le RAMOGE), qui recense les populations présentes autour de ces îles et préconise des mesures de gestion. D’après leur étude de 2013, les fonds marins de l’archipel accueillent plusieurs espèces protégées comme la Grand Nacre Pinna nobillis, ou la Posidonie Posidonia oceanica, mais également du Corail rouge Corallium rubrum.
L’île de Sainte-Marguerite et son monument classé – Fort Royal, ainsi que le monastère de Saint-Honorat, constituent deux éléments patrimoniaux majeurs du littoral Provençal.
En janvier 2021, un écomusée sous-marin a été installé dans la passe du plateau du milieu. Il est constitué de six statues de ciment immergées à 5 mètres de profondeur, et réalisées par l’artiste britannique Jason DeCaire. Ces statues, représentant les visages d’habitants de Cannes, sont libres d’accès même si le mouillage est interdit aux alentours du musée. Dans le futur, ces statues feront office de récif artificiel et permettront à une faune et une flore marine de se développer.
Pour la flore terrestre patrimoniale, un total de 13 espèces végétales à protection nationale sont connues : dont le Caroubier Ceratonia siliqua, la Barbe de Jupiter Anthyllis barba-jovis, l’Epiaire hérissée Stachys ocymastrum, abondante sur l’île alors qu’elle est très rare sur le littoral continental français méditerranéen.
Pour les insectes, les prospections du programme PIM ont permis de redécouvrir en France le carabique Tschitscherinellus cordata sur l’île de Saint-Honorat.
En 2011, une petite population isolée de Phyllodactyle d’Europe Euleptes europaea a également été découverte (source : INPN).
Pour la partie marine, des espèces patrimoniales sont également connues et recensées par le projet Lérins Biodiversité, comme la Cystoseire stricte Cystoseira amentacea var. stricta, le Corail rouge Corallium rubrum, la Grande nacre Pinna nobilis, l’Oursin diadème Centrostephanus longispinus, la Grande cigale de mer Scyllarides latus, le Grand dauphin Tursiops truncatus, l’Éponge de toilette Spongia officinalis, l’Axinelle commune Axinella polypoides, l’Oursin violet Paracentrotus lividus, l’Anémone buissonnante Savalia savaglia, le Mérou brun Epinephelus marginatus, le Corb Sciaena umbra, et la Langouste d’Europe Palinurus elephas.
La zone de l’archipel des Lérins est reconnue pour la présence avérée de Grand dauphin Tursiops truncatus, de Rorqual commun Balaenoptera physalus , de Cachalot Physeter macrocephalus, et de Dauphin bleu et blanc Stenella coeruleoalba.
Encadré – La candidature des îles de Lérins au programme SMILO
En 2019, la ville de Cannes a reçu de la part de l’ONG Small Islands Organisation (SMILO) le label « Label in progress » pour l’île de Saint Honorat et de Sainte Marguerite. Ce label indépendant fait suite à l’adhésion en 2018 de la ville de Cannes et de la communauté monastique de Lérins au programme SMILO, qui avait donné lieu à la création du Comité insulaire des îles de Lérins dans le but de mettre en place une gestion concertée et durable sur les deux îles.
Ce label, reconnu internationalement, ainsi que les prix « Écosystèmes et biodiversité » et « Paysages » reçu par l’île de Sainte-Marguerite et les prix « Déchets » et « Paysages » reçus par l’île de Saint-Honorat, permettent de récompenser et de mettre en lumière les efforts importants fournis par les gestionnaires des îles depuis plusieurs années, notamment grâce au soutier financier de la région PACA et du Fond Européen pour les Affaires Maritimes et la Pêche (FEAMP).
Cependant, les différents gestionnaires et acteurs de ces joyaux de la Méditerranée veulent continuer leurs efforts, et espèrent maintenant recevoir le label « île durable » du SMILO, obtenu seulement pour une période de 5 années.
Ce label, obtenu selon des critères strictes concernant la gestion durable d’une île, permettrait qui plus est de soutenir la candidature des îles de Lérins au patrimoine mondial de l’UNESCO effectuée en 2017, et qui a vu l’île monastique de Lérins être inscrite en décembre 2021 sur la « liste indicative nationale ». Une avancée fondamentale, qui permettra peut-être à ces îles d’être encore plus reconnues, protégées et valorisées au niveau international !
Sur l’archipel des Lérins, les principales pressions observées sont liées à la forte fréquentation touristique, notamment en été. De ce fait, le piétinement lié à la présence de nombreux visiteurs condensés sur une courte durée, combinés au vent, à la température élevée et aux pluies rares mais violentes provoquent une forte érosion du littoral ainsi qu’une dégradation de la flore locale. L’érosion du trait de côte affecte donc les deux îles et occasionne un rétrécissement de l’archipel.
Le mouillage des bateaux, en particulier durant la période estivale, provoque également une dégradation importante des fonds marins, en particulier les herbiers de posidonie.
Cet archipel est également très sensible aux feux durant l’été. L’île de Sainte-Marguerite, du fait de sa forêt composée d’espèces ligneuses, revêt un fort risque d’incendies en période estivale.
Enfin, cet archipel subit une pollution aux macro-déchets, au bruit, et aux effluents, qui polluent et impactent les milieux naturels des îles, malgré la décision récente des moines de Saint-Honorat d’enlever les poubelles de l’île, forçant les visiteurs à repartir avec leur déchet.
Concernant les espèces végétales exotiques envahissantes, certaines espèces comme l’Ailante Ailanthus altissima, le Robinier faux-acacia Robinia pseudoacacia, la Luzerne arborescente Medicago arborea, le Figuier de Barbarie Opuntia ficus-indica, le Tabac glauque Nicotiana glauca, le Séneçon anguleux Senecio angulatus et le Lyciet commun Lycium barbarum ont été répertoriées.
Il faut signaler que peu d’espèces animales terrestres à caractère envahissant sont présentes sur ces îles. Seul le Goéland Leucophé est vraiment problématique car ramenant de nombreux macro-déchets. Cependant au niveau marin, le rapport Lérins Biodiversité de 2013 montre la présence d’algues envahissantes comme la Caulerpa taxifolia et la Caulerpa racemosa, qui sont respectivement originaires d’Amérique Latine et d’Australie et qui ont colonisée la Méditerranée Nord Occidentale depuis son arrivée en 1984. Ces 2 espèces sont problématiques car elles modifient la communauté benthique, et sont un facteur d’appauvrissement du milieu marin.
L’ensemble de la surface terrestre et maritime de l’archipel des Lérins est intégré dans le périmètre du site NATURA 2000 – FR9301573 – Baie et Cap d’Antibes – Iles de Lérins – Domaines terrestre et maritime depuis 2014. Ce site est géré par la Ville d’Antibes.
Site classé, l’île de Sainte-Marguerite est protégée grâce à l’action de la Mairie de Cannes, qui possède l’essentiel du patrimoine bâti. Elle dispose de l’appui de l’Office National des Forêts, qui gère la Réserve Biologique domaniale Dirigée de l’île Sainte-Marguerite qui a été créée par l’arrêté du 26 septembre 2006, et représente 152 ha, 87% de la surface terrestre (totalité de la forêt domaniale).
Pour Saint-Honorat, la communauté monastique est l’unique propriétaire de l’île. De ce fait, la gestion intégrée de cette île est nettement plus simple. Depuis 2016, les moines de l’île se sont engagés à respecter et à mettre en place une démarche globale de gestion de l’île permettant de recevoir le label SMILO. De ce fait, un plan stratégique a été mis en place, et une forte concertation interne et externe est mise en place pour permettre à de nombreux experts scientifiques de donner leur avis et de proposer des actions visant à protéger au mieux les milieux naturels de l’île.
Une zone de mouillage réglementée a été également créée au nord de l’île de Sainte-Marguerite, dans le but d’éviter la sur-fréquentation des bateaux sur la zone en période estivale.
L’archipel fait partie du Sanctuaire Pelagos, qui est un espace maritime de 87 500 km² et qui fait l’objet d’un Accord entre l’Italie, Monaco et la France pour la protection des mammifères marins qui le fréquentent.
Un des enjeux de l’île de Sainte Marguerite est également de réduire son éclairage public à cause de ses impacts environnementaux (consommation d’énergie, dérangement biodiversité, pollution lumineuse …). Pour cela, notamment dans le cadre du projet ISOS, une des solutions envisagées est de remplacer par du LED (en plusieurs phases) tout l’éclairage public, et particulièrement l’éclairage décoratif du Fort Royal.
Encadré – Le nouveau plan de gestion 2021-2029 de l’île de Sainte-Marguerite
L’île de Sainte-Marguerite possède une richesse environnementale exceptionnelle, et constitue des habitats propices pour le développement d’espèces floristiques et faunistiques rares et inscrites sur des listes de protection. C’est dans le but de préserver cette biodiversité fragile tout en accueillant du public qu’une partie de l’île est devenue une Réserve Biologique par arrêté ministériel en 2006. S’en suivit donc logiquement le premier Plan de gestion de l’île entre 2005 et 2019, permettant d’officialiser les mesures de gestion effectuées par l’ONF depuis quelques années sur cette magnifique forêt domaniale de 152 hectares.
Le deuxième Plan de gestion de l’île, s’échelonnera jusqu’en 2029. Il visera à engager des actions pour que cette biodiversité puisse résister aux pressions naturelles (changement climatique, espèces envahissantes, incendies, …) et aux pressions anthropiques (piétinements, pollution) liées aux 350 000 visiteurs annuels de l’île. Du fait des conditions particulières du terrain, les techniciens de l’ONF ont donc l’obligation d’essayer de nouvelles techniques et compétences, et de mettre en place de nouvelles méthodes de gestion des espaces naturels adaptées aux conditions insulaires.
Un financement exceptionnel de 4,7 millions d’Euros a été débloqué pour financer ce Plan de gestion par l’ONF, par le Ministère de la Transition Écologique et solidaire, par les villes de Cannes et d’Antibes, ou encore par du mécénat. Ces financements mettent donc en lumière le fort attachement des acteurs locaux et nationaux pour la conservation des richesses de ce joyau de la Côte d’Azur.
2. [Médail et al., 2014] – Flore et végétation vasculaires terrestres de l’île Saint‑Honorat (archipel de Lérins, Cannes, Alpes‑Maritimes)
3. Site du SMILO – http://www.smilo-program.org/fr/reseau/155-sainte-marguerite
4. Site de l’association Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement (CPIE) des Iles de Lérins & Pays d’Azur – http://cpieazur.fr/
5. Document d’objectifs- Site FR 9301573 « Baie et Cap d’Antibes- Iles de Lérins» – https://www.alpes-maritimes.gouv.fr/content/download/8097/97637/file/Fiches%20hab-esp%20TERRE_N2000_Baie%20et%20Cap%20Antibes-Iles%20de%20L%C3%A9rins.pdf
Tableau récapitulatif des clusters et îles du sous-bassin
NOM DES ILES ET ILOTS | NOM DE L’ARCHIPEL | surface (ha) | Altitude max (mètre) | Linéaire côtier (mètre) | Distance à la côte (mile nautique) | Coordonnées géographiques | Propriété | Iles avec au moins un statut de protection | Présence d’un gestionnaire | |
Latitude | Longitude | |||||||||
La Grande Grenille | 0,16 | 5 | 169,9 | 0,09 | 43,57172 | 7,1406854 | N/A | |||
La Petite Grenille | 0,31 | 70,97 | 0,16 | 43,57264 | 7,131951 | N/A | ||||
Ile Sainte-Marguerite | 171,3 | 29 | 8721 | 0,68 | 43,51925 | 7,049717 | Ville de Cannes , Etat (95,5%) | Office National des Forêts | ||
Ile de la Tradelière | 1,35 | 2 | 787,1 | 1,87 | 43,515544 | 7,073158 | N/A | Office National des Forêts | ||
Ile Saint-Honorat | 41,14 | 9 | 4461 | 1,58 | 43,50771 | 7,0461 | N/A | Office National des Forêts | ||
L’îlot Saint Honorat | 0,22 | 2 | 236,3 | 1,89 | 43,50389 | 7,045728 | N/A | |||
Ilot Saint-Féréol | 1,47 | 3 | 682 | 1 | 43,50631 | 7,057897 | N/A |