ISSN 2970-2321
ISSN 2970-2321
Rédigé par : Sami Ben Haj
Date de création : 30 mars 2021
Pour citer cette version : BEN HAJ, S. (2021). Fiche cluster : El Biban. Atlas of Small Mediterranean Islands. https://pimatlas.org/explorer-atlas/clusters/el-biban/
Composition du cluster : îles | 1 |
Composition du cluster : archipels | 13 |
Nombre d’îles avec au moins un statut de protection national | 0 |
Nombre d’îles avec au moins un statut de protection international | 0 |
Nombre d’îles avec au moins un gestionnaire | 0 |
Le cluster de l’archipel d’El Biban se situe au Sud de la Tunisie dans le gouvernorat de Médenine, près de la frontière libyenne. Il est composé de 13 petits îlots répartis sur une distance linéaire de presque 3km entre l’îlot 1, à l’ouest de la lagune, et l’îlot 12, vers l’est de la lagune. Il se situe sur la communication de la lagune d’el Biban avec la mer, il forme en quelque sorte un lido ouvert. La lagune d’el Biban est la deuxième plus grande lagune de part la taille avec une superficie de 23 000 ha.La surface cumulée de tous les îlots de l’archipel est faible et ne dépasse pas 14.1 ha dont presque 21% représente la surface de l’îlot de Sidi Mohamed Chaouech (3ha).
L’archipel d’El Biban est situé dans une zone à climat de type méditerranéen aride à hiver doux. Il est sec et chaud en été, tempéré et relativement humide en hiver, lié à la double influence des pressions sahariennes et méditerranéennes. La région est caractérisée par un milieu naturel prédésertique à climat aride. Le climat est toutefois légèrement tempéré du fait de la proximité de la mer.
Le cluster est situé dans un ensemble géologique dénommé « Bassin de Gabès », dont le cadre géologique est dominé par un substratum constitué de dolomies, calcaires et argiles crétacés.
Le bord de mer est le plus souvent constitué de dunes côtières grésifiées du Thyrrhénien marin, qui isolent des sebkhas ou se sont déposés des sédiments marins récents peu profonds, lagunaires, avec couches salées.
Les vents dominants sur le secteur d’étude sont de secteur Ouest et Nord en hiver et en automne et de secteur E et NE en été et au printemps. La brise marine dominante en été est orientée globalement E-O et atteint son maximum vers minuit. Cette brise a pour effet principal d’accentuer les mouvements de la marée montante et de pousser les eaux de la lagune jusqu’en zone supra tidale. Les vitesses des vents les plus fréquentes sont généralement de 2 à 4 m/s.
Les différentes composantes du cluster n’ont pas fait l’objet d’études scientifiques spécifiques pour la caractérisation de la faune et la flore marine. Par contre, la lagune d’El Biban, dont le cluster fait partie, a toujours intéressé les scientifiques grâce à sa spécificité écologique et sa biodiversité marine typique. Le cluster constitue la partie extrême de la lagune qui la sépare de la mer. La circulation des eaux entre la mer et la lagune se fait à travers les ouvertures ou portes situées entre les différents îlots du cluster.
Les îlots du cluster ne semblent pas être occupés par l’hommeà l’exception de l’îlot de Sidi Mohamed Chaouech qui abrite le Marabout de Sidi Ali Chaoued, un lieu saint visité par les habitants de la région. Les très petites surfaces de ses îlots ne peuvent pas constituer un espace favorable pour l’installation humaine.
Quant aux écosystèmes marins dans les alentours de l’archipel d’El Biban, ils sont très diversifiés et constitués principalement deshabitats à phanérogames marines à Posidoniaoceanicaet Cymodoceanodosa ainsi que des vastes prairies d’algues. L’ichtyofaune marine est très diversifiées et elle est représentée par plus de 60 espèces dont la majorité est à haute valeur commerciale.
Les îlots du cluster d’El Biban n’ont pas fait l’objet d’études scientifiques spécifiques pour eux contrairement à tout l’ensemble de l’écosystème de la lagune qui faisait toujours l’intérêt des scientifiques.
Le couvert végétal terrestre de tous les îlots de l’archipel d’El Biban est représenté par des espèces halophiles caractéristiques des bordures littorales et des sebkhas à savoir Ammophila arenaria, Agropyrum junceum et Nitraria retusa, qui supporte la légère salure due aux embruns et colonise les dunes littorales nues dont elle assure les premières étapes de la fixation. Ces espèces sont essentiellement localisées sur le cordon littoral du slob Chargui (côté Ouest du cluster) et par endroit sur les parties sableuses du slob Gharbi (côté Est du cluster). Ces associations supportent l’influence maritime très forte des milieux de dunes littorales, constitués de sables grossiers, ou de falaises et rochers, qu’elles colonisent.
Pour la végétation marine, identifiée dans les alentours des îlots, elle est représentée par plusieurs espèces de phanérogames à savoir la posidonie, la cymodocées et Zostera nolteii. Les herbiers de posidonie dans la lagune d’El Biban forment une structure remarquable appelée micro-atolls signalés et cartographiés sur une large étendue (Riveil et al., 2003). Pour les algues, elles sont représentées essentiellement par les caulerpes Caulerpa prolifera, Caulerpa racemosa et la phéophycée Cystoseira acanthophora.
La macrofaune benthique de la lagune d’El Biban a fait l’objet de plusieurs études scientifiques (Djabou et Afli, 2013 ; Bouamana et al., 2009) qui ont permis de dénombrer plus de 54 espèces. Le groupe de mollusques est le plus dominant avec la présence de l’espèce de bivalve Pinna nobilis.
La faune ichtyologique est très diversifiée dans la lagune d’El Biban et elle représentée par plusieurs espèces à haute valeur commerciale telle que Liza aurata, Chelon labrosus, M. cephalus, Liza saliens, Sparus aurata, Dicentrarchus labrax, Diplodus punctatus, Solea vulgaris, Trachurus sp., Lithognathus mormyrus, Mullus barbatus, M. surmelutuset Diplodus annularisI.
L’avifaune est aussi une composante très importante dans les alentours du cluster. En effet, la lagune d’El Biban accueille 97 espèces appartenant à 35 familles, ce qui représente environ 25% des espèces de la Tunisie. Parmi ces 97 espèces, 68, soit presque 70%, sont des oiseaux d’eau et 79 sont des espèces migratrices. La concentration la plus importante d’oiseaux d’eau a été observée du côté sud de la lagune au niveau de Slob El-Gharbi (côté Est du cluster) avec une prédominance du Grand Cormoran Phalacrocorax carbo (Azafzaf & Feltrup-Azafzaf, 2007).
Le cluster de l’archipel d’El Biban fait partie de l’écosystème de la lagune d’El Biban, caractérisée par plusieurs intérêts.
Le cluster a une importante valeur sociale et culturelle pour la population locale. En effet, au marabout (lieu saint) de Sidi Mohamed Chaouch sur l’îlot d’El Biban, il y a une tradition de visites sur le lieu d’enterrement d’un saint vénéré, dont les origines sont perdues dans la nuit des temps. Il s’agit d’un phénomène d’intérêt local, pratiqué à petite échelle, de l’ordre de cent personnes par semaine.
L’intérêt touristique n’est pas très prononcé pour les îlots de l’archipel. Les installations touristiques sont représentées par un seul hôtel de 12 bungalows construit par la société d’exploitation de Bahiret (lagune) El Bibane après les années 2000. Ce sont des installations de haut de gamme qui ont été construites pour un tourisme de luxe mais malheureusement le projet n’a pas abouti et il n’a pas été exploité comme planifié.
Pour le couvert végétal marin, le cluster est caractérisé par la présence d’une espèce de phanérogame à haute valeur patrimoniale et écologique : P.oceanica. Elle constitue une structure spécifique très rare et mérite d’être conservée : les microatolls. La posidonie est une espèce endémique de la Méditerranée d’une grande valeur écologique et économique. Elle est bio-indicatrice de la bonne qualité des eaux et elle contribue au renouvellement des stocks exploitables.
Il est important de signaler que l’archipel constitue la composante principale de la voie de communication de la lagune d’El Biban avec la mer à travers les portes formées par les différents îlots du cluster. Ces portes permettent le passage des eaux durant les fortes marées qui caractérisent la zone et par conséquent elles permettent le passage des différentes espèces de poisson dans les deux sens par la migration contre les courants d’eau.
Entre les îlots de l’archipel sont implantées les bordigues qui forment une structure typique de la lagune d’El Biban et qui permettent le piégeage des poissons pendant leur migration vers la mer après leur engraissement dans la lagune. Les bordigues forment une technique de pêche artisanale et durable spécifique pour l’ensemble de l’écosystème de la lagune.
Les hauts-fonds servent de lieu de séjour et de source d’alimentation pendant plusieurs années aux poissons migrateurs (qui se reproduisent en mer) d’une grande partie de la Mer Méditerranée. Le site est aussi important car les petits poissons utilisent les eaux riches de la lagune pour croître puis, une fois grandis, ils en ressortent.
La macrofaune benthique est aussi très diversifiée dans les alentours des îlots du cluster avec la présence de certaines espèces de haute valeur écologique et menacées telle que la grande nacre Pinna nobilis qui forme une population caractéristique de la lagune d’El Biban. On site aussi la présence du turnicier Ecteinascidia turbinata, d’intérêt pharmaceutique, non encore synthétisé mais qui pourrait se révéler « utile » pour le traitement « certains « cancers ».
Les îlots du cluster d’El Biban constituent un support favorable pour l’installation et le passage de plusieurs espèces d’oiseaux marins qui caractérisent toute la lagune d’El Biban. Cette spécificité faunistique a permis à ce site d’être classé comme site Ramsar et une Zone d’Importance pour la Conservation des Oiseaux (ZICO). Les effectifs d’oiseaux d’eau hivernants dans la lagune, y sont observés régulièrement, dépassent le chiffre de 20.000 et atteignent 35.000 (Fishpool & Evans 2001). Les principales espèces qui sont observées régulièrement sont le grand cormoran Phalacrocorax carbo dont les effectifs varient entre 3.000 et 10.000 individus (seuil 1% = 3.100) ; et le flamant rose Phoenicopterus (ruber) roseus dont les effectifs observés varient de 1.000 à 3.000 (seuil 1% = 1.000) (Fishpool & Evans, 2001).
Le cluster de l’archipel de la lagune d’El Biban fait partie d’un écosystème lagunaire typique en Tunisie et toute la rive sud de la Méditerranée et de nombreuses pressions menacent son équilibre écologique.
La pollution d’origine continentale est une menace directe qui résulte des rejets industriels. En effet, l’abattoir de Ben Gardene, les exploitations avicoles et l’usine de thon sont à considérer comme des menaces potentielles étant donné leurs emplacements sur les berges de la lagune. A cela s’ajoute les déchets qui résultent des activités agricoles et les déchets qui viennent des petites agglomérations urbaines sur les bords de la lagune.
La surexploitation des ressources halieutiques dans la lagune est un facteur non négligeable qui menace le stock ichtyologique. En absence de pratiques vertueuses et durables par les pêcheurs et de toute activité de sensibilisation, la surpêche peut aboutir à une régression du stock exploitable.
Sur le plan législatif, la gestion des îlots de l’archipel d’El Biban doit être assurée par l’agence de protection et d’aménagement du littoral (APAL). Sur le plan pratique, aucune équipe de gestion n’est installée pour assurer la gestion et la surveillance de l’archipel. Le suivi et le contrôle sont limités aux actions générales qui intéressent toute la lagune d’El Biban – principalement les organisations en charge des pêcheries.
Il est important de signaler que l’archipel d’El Biban a fait l’objet d’une étude pour l’élaboration d’un plan de gestion.
Le cluster le l’archipel d’El Biban ne fait pas l’objet d’un statut de protection spécifique. Par contre, il fait partie d’un écosystème classé comme site Ramsar : la lagune d’El Biaban (TN1697).
L’importance du site pour les oiseaux a été marquée par le classement de la lagune par BirdLife comme Zone Importante pour la Conservation des Oiseaux (ZICO/IBA), site TN 044 (Fishpool & Evans 2001).
Tableau récapitulatif des clusters et îles du sous-bassin
NOM DES ILES
ET ILOTS |
NOM DE L’ARCHIPEL | surface (ha) | Altitude max (mètre) | Linéaire côtier (mètre) | Distance à la côte (mile nautique) | Coordonnées géographiques | Propriété | Iles avec au moins un statut de protection | Présence d’un gestionnaire | |
Latitude | Longitude | |||||||||
Ilot 1 de l’archipel El Biban | Aarchipel El Biban
|
1.4 | 740 | 4 | 33.27777863 | 11.29472256 | publique | x | x | |
Ilot 2 de l’archipel El Biban | 0.1 | 80 | 4 | 33.27694321 | 11.29583359 | publique | X | X | ||
Ilot 3 de l’archipel El Biban | 0.1 | 30 | 4 | 33.27750015 | 11.29638863 | publique | X | X | ||
Ilot 4 de l’archipel El Biban | 1.4 | 600 | 4 | 33.2761116 | 11.29749966 | publique | X | X | ||
Ilot 5 de l’archipel El Biban | 0.4 | 150 | 4 | 33.2761116 | 11.29916668 | Publique | X | X | ||
Ilot 6 de l’archipel El Biban | 0.3 | 110 | 4 | 33.27639008 | 11.29972267 | Publique | X | X | ||
Ilot 7 de l’archipel El Biban | 1.9 | 600 | 4 | 33.27472305 | 11.30222225 | Publique | X | X | ||
Ilot 8 de l’archipel El Biban | 1.4 | 730 | 4 | 33.27305603 | 11.30472183 | Publique | X | X | ||
Ilot 9 de l’archipel El Biban | 3.4 | 1200 | 4 | 33.27249908 | 11.3077774 | Publique | X | X | ||
Ilot 10 de l’archipel El Biban | 0.1 | 160 | 4 | 33.270751 | 11.310244 | Publique | X | X | ||
Ilot de sidi Mohammed Chaouch | 3 | 770 | 4 | 33.26861191 | 11.3125 | Publique | X | X | ||
Ilot 11 de l’archipel El Biban | 0.3 | 240 | 4 | 33.26833344 | 11.3166666 | Publique | X | X | ||
Ilot 12 de l’archipel El Biban | 1.2 | 780 | 4 | 33.26638794 | 11.31999969 | Publique | X | X |