ISSN 2970-2321
ISSN 2970-2321
Rédigé par : Conservatoire du littoral (avec l’appui de O2 Terre)
Date de création : 01/12/2021
Pour citer cette version : CONSERVATOIRE DU LITTORAL. (2021). Fiche cluster : Côte d’Esterel – Sous-bassin : France Sud. Atlas of Small Mediterranean Islands. https://pimatlas.org/explorer-atlas/clusters/cote-desterel/
Composition du cluster : îles | 6 |
Composition du cluster : archipels | 1 |
Nombre d’îles avec au moins un statut de protection national | 1 |
Nombre d’îles avec au moins un statut de protection international | |
Nombre d’îles avec au moins un gestionnaire | 1 |
Le cluster de la Côte de l’Esterel est composé de 6 îles et îlots de surface assez réduites (inférieure à 2 ha) entre les communes de Fréjus à l’Ouest et de Théoule-sur-Mer à l’Est : le Lion de Mer (0,65 ha), l’île d’Or (1,1 ha), les îlots des Vieilles (1,97 ha), l’îlot de Saint-Barthélemy (0,5 ha), le Maubois Sud (0,016 ha) et le Maubois Nord (0,12 ha). Hormis pour celles de Maubois, ces îles sont assez éloignées les unes des autres (distance moyenne de 2,5 km). Elles sont malgré tout proches de la côte (moins de 500 m) et ne sont pas habitées, sauf l’île d’Or, propriété de la famille Bureau, qui possède une tour de guet construite en 1912 et qui sert de résidence secondaire aujourd’hui.
Le cluster de l’Esterel correspond au milieu marins entre Saint-Aygulf à l’est et Théoule-sur-Mer au nord-ouest soit un linéaire côtier de 30 km environ. Ce cluster est rattaché au massif de l’Esterel, qui est un massif volcanique s’étendant sur plus de 32 000 hectares entre la plaine des Maures à l’est et le massif du Tanneron au nord. Ces îles et îlots ont en commun une géologie assez particulière, marquée notamment par l’éruption d’une chaîne de volcans qui a déposé de la rhyolite rouge, donnant une teinte inspirant de nombreux peintres et poètes comme André Derain, René Seyssaud ou Louis Valtat.
Cinq de six îles sont incluses dans le périmètre du site NATURA 2000 FR9301628 – Esterel, défini au titre de la Directive Habitat-Faune-Flore et couvrant une surface terrestre et marine de plus de 15 000 ha. La Communauté d’Agglomération Var Estérel Méditerranée est chargée de l’animation et de la gestion. Ce site présente une continuité terre-mer remarquable et dont la côte rocheuse se prolonge au large par les tombants très riches en coralligènes. D’une manière générale, la zone est globalement remarquable par la richesse de son peuplement de poissons, avec de nombreux juvéniles, des espèces de passage et de grands prédateurs. Le grand dauphin, principale espèce côtière de mammifère marin, transite occasionnellement dans la zone, en troupes de taille variable.
Cet ensemble d’îles fait également parti intégrante du patrimoine culturel local et national, notamment grâce à la réputation de l’île d’Or, qui a notamment inspiré de nombreux artiste comme Hergé, lors de l’écriture de sa bande dessinée “Tintin et l’Ile Noire”.
Les anthropologues émettent plusieurs hypothèses pour l’origine du nom “Estérel” :
– du mot latin Sterilis (« stérile »), à cause de la pauvreté des sols
– de l’ancien provençal estelell qui signifie « soleil »
Ces deux hypothèses racontent bien les conditions arides de cette zone méditerranéenne.
Ces îles et îlots ont en effet en commun une géologie particulière issue de la chaîne Hercynienne (période anté carbonifère), qui a ensuite été marquée par des affleurements volcaniques apparus à la fin du Paléozoïque il y a 250 millions d’années. Les fortes éruptions volcaniques, qui ont duré pendant 30 millions d’années, ont déposé du basalte et une grande quantité de rhyolites rouges, qui caractérise aujourd’hui le massif par sa couleur rougeâtre parsemée de bleu provenant de l’estérellite bleu (comme sur le cap Dramont par exemple). Pour l’anecdote, des géologues ont également découvert en Corse et dans le Morvan des origines géologiques similaires (roche volcanique) et l’expliquent par l’éclatement de la Pangée pour former la Téthys.
L’histoire de ces îlots semble très ancienne, et débute notamment dès l’antiquité, avec l’exploitation de la rhyolite rouge dans le massif de l’Estérel pour la fabrication de meules servant à la production d’huiles et de farines. Puis ces îlots se situent sur les routes commerciales de la méditerranée : l’île d’Or est alors réputée pour être un écueil très dangereux pour les bateaux de commerce, qui viendront notamment s’échouer sur son flanc Sud.
Enfin, ces îlots intègrent le patrimoine local et national lorsque l’Etat met en vente l’île d’Or en 1897 : Le second propriétaire de l’île, Auguste Lutaud, érige une tour sarrasine de 8 mètres de haut et s’auto-proclame Roi de l’île. De nombreuses fêtes y seront organisées avant la première guerre mondiale et la vente de la Tour à la famille Bureau, qui organisera une restauration complète de la tour, faisant maintenant partie du patrimoine local.
Côté terrestre, la côte des Maures et ses îlots possèdent une flore particulièrement riche et diversifiée en dehors des centres d’urbanisation, avec notamment la présence d’habitats d’influences méridionales et orientales comme la chênaie verte à Frêne à fleur et la chênaie liège à Genêt.
Côté mer, la zone reste en très bon état écologique. En effet, des études effectuées par l’Observatoire Marin de la CAVEM ont permis de décrire la zone marine autour du Cap Dramont, composée notamment d’herbiers de Posidonies Posidonia oceanica en bon état écologique, de falaises sous-marines et de nombreux hauts fonds rocheux. La zone regroupe par ailleurs de nombreux habitats différents, grâce à une continuité terre-mer particulièrement remarquable qui se prolonge au large par des tombants très riches en coralligènes accueillant notamment des frayères et des nurseries. Entre l’île d’Or et le sec de Fréjus, les fonds marins sont également divisés par un canyon sous-marin, qui abrite des espèces moins communes comme les organismes bioluminescents et le Grand requin griset Hexanchus griseus.
Le cluster de la côte de l’Estérel est également un site très apprécié par des touristes venus du monde entier. En effet, le littoral ainsi que ses îlots comme l’île d’Or sont très convoités par les bateaux de plaisance, mais également pour les activités terrestres et nautiques comme le kayak, la voile ou le snorkeling.
Encadré – Des pontes de tortues marines à Fréjus
Grand évènement sur le littoral méditerranéen français : en été 2020, près de soixante tortues caouannes Caretta caretta juvéniles sont nées sur la plage des Sablettes, située sur la commune de Fréjus.
Durant les 46 jours de l’incubation, les agents de l’Observatoire marin de la Communauté d’Agglomération Var Estérel Méditerranée ce sont donc relayés avec le Réseau Tortues Marine de Méditerranée Française (RTMMF) pour sécuriser la zone de ponte et pour relever des données sur les paramètres environnementaux comme la température ou l’humidité du sable, dans le but de comprendre le fonctionnement et la dynamique de cette espèce sur les côtes méditerranéennes. Les individus adulte mesurent de 85 cm à 1 m et pèsent 77 à 200 kg.
Depuis 2016, le nombre de pontes de tortues marines en France métropolitaine n’a cessé d’augmenter, ce qui s’explique très probablement par une augmentation de la température de surface en Méditerranée française ces dernières années. Cependant, même si ce genre d’évènements est exceptionnel, les données récoltées lors de cette ponte et celle de 2016 sur cette même plage confirme que cette région peut devenir un site de ponte régulier potentiel pour la Tortue caouanne (la seule espèce venant pondre sur nos côtes).
Un évènement réjouissant pour cette espèce protégée qui était plutôt habituée à pondre en méditerranée occidentale.
La pression la plus importante de ce cluster est liée à l’afflux régulier des touristes. La proximité de ces îlots avec la ville de Saint-Raphaël et Fréjus en font des sites particulièrement fréquentés par les plaisanciers durant la saison estivale. De plus, le littoral de la Côte d’Estérel est réputé pour les activités nautiques (kayak, planche à voile) et pour la plongée sous-marine. Les fonds marins de ces îlots, et notamment ceux autour de l’île d’Or, sont alors exposés aux nuisances sonores et aux mouillages qui dégradent fortement les peuplements de posidonie.
Les fonds marins sont également exposés à la présence d’algues invasives comme la Caulerpe taxifoliée Caulerpa taxifolia qui est très toxique pour la faune, et qui impacte fortement la biodiversité des îlots en modifiant les habitats marins et en remplaçant les algues indigènes. Elle menace donc les herbiers de posidonie. Même si elle est moins problématique pour les fonds marins. Un autre espèce, cousine de la à caractère envahissant est également présente, la Caulerpa racemosa est également présente sur le littoral de la Côte de l’Esterel, mais sa présence diminue désormais, notamment grâce aux actions de gestion sur l’ensemble du littoral Méditerrannéen.
Une partie de la côte de l’Esterel et de ses îlots est également incluse dans le Natura 2000 FR9301628 – ESTEREL, créé en 1998 sur les communes de Bagnols-en-Forêt, Fréjus, et Saint-Raphaël, et s’étendant sur près de 15 000 hectares (dont 49% en surface marine). La Communauté d’Agglomération Var Estérel Méditerranée (CAVEM), créée en 2013, est l’organisme responsable de la gestion du site. De ce fait, un cantonnement de pêche autour du Cap Roux, d’une surface avoisinant les 445 hectares, a été mis en place grâce à la concertation entre acteurs locaux, interdisant la pêche de plaisance et la pêche professionnelle, et permettant ainsi de préserver ainsi de protéger la biodiversité marine.
Il faut également préciser que depuis 1996, le site Natura 2000 Estérel est classé au titre du paysage pour la totalité de son périmètre terrestre, s’ajoutant à cela une bande littorale d’environ 500 mètres. Ce statut permet donc de réguler l’urbanisation sur la zone, et d’en limiter l’impact sur le milieu naturel.
En 2004, la prud’homie et la ville de Saint-Raphaël ont également mis en place trois zones de mouillages organisées visant à préserver la qualité des fonds marins et du paysage de la rade pour éviter les mouillages forains. Ces mouillages organisés ont permis, en moins de 3 ans, d’augmenter la quantité et la qualité écologique des herbiers, et d’éviter un morcellement des herbiers. La dissémination et la progression de la Caulerpa taxifolia a également été limitée grâce à ces mesures.
Enfin, Le site Natura 2000 de l’Estérel fait également partie de la zone PELAGOS, qui est un sanctuaire pour les mammifères marins qui a été créé en 1999, et qui recouvre une zone de 87 000 km² entre l’Italie, Monaco et la France. Ce sanctuaire permet également de sensibiliser le public sur la préservation de ces espèces marines, et sert de plate-forme pour des expérimentations qui peuvent être utiles aux aires marines protégées classiques.
Encadré – La gestion des zones de mouillage par la prud’homie et la ville de Saint-Raphaël
En 2004, compte-tenu de la pression du mouillage grandissante dans la Baie d’Agay, la prud’homie de pêche (ou corporation des patrons pêcheurs) et la ville de Saint-Raphaël ont installé 3 zones de mouillages organisés, pour limiter les impacts des plaisanciers durant la saison estivale et préserver les fonds marins exceptionnels. Ces bouées de surface, reliées au fond par un système fixe d’amarrage adapté au type de substrat, permettent ainsi de limiter la surface occupée sur le fond, et d’éviter le contact de la ligne de mouillage avec le substrat. Cette installation permet maintenant d’accueillir près de 120 bateaux et d’augmenter la capacité d’accueil du port d’Agay lors de la période estivale. Ces systèmes, malgré un investissement financier conséquent, sont donc très importants pour limiter les jets d’ancres forains qui détruisent les récifs de posidonie, et disséminent les algues exotiques envahissantes.
Enfin, le but de mettre en place un tourisme responsable, contrôlé et utile pour le territoire. Ces actions s’inscrivent plus largement dans l’investissement des élus locaux pour la préservation de la biodiversité locale, la sensibilisation des usagers, et la mise en valeur de l’environnement de la Côte de l’Estérel.
Tableau récapitulatif des clusters et îles du sous-bassin
NOM DES ILES ET ILOTS | NOM DE L’ARCHIPEL | surface (ha) | Altitude max (mètre) | Linéaire côtier (mètre) | Distance à la côte (mile nautique) | Coordonnées géographiques | Propriété | Iles avec au moins un statut de protection | Présence d’un gestionnaire | |
Latitude | Longitude | |||||||||
Îlot Barthélémy | 0,51 | 9 | 423,4 | 0,02 | 43,44544 | 6,908319 | N/A | Institution publique ‘Parc National de Port-Cros’ | ||
Le Lion de Terre | 1,05 | 11 | 478,6 | 0,02 | 43,40809 | 6,782391 | Département du Var ; Direction du Patrimoine Immobilier | |||
Le Lion de Mer | 0,65 | 15 | 373,2 | 0,36 | 43,40694 | 6,774117 | Commune de Saint-Raphael (100%) | |||
Maubois Nord | 0,1 | 5 | 127,3 | 0,03 | 43,45515 | 6,923327 | N/A | |||
Maubois Sud | 0,01 | 5 | 44,55 | 0,01 | 43,45448 | 6,922958 | N/A | |||
Île d’Or | 1,09 | 15 | 600,8 | 0,11 | 43,41076 | 6,84652 | N/A | |||
Île des Vieilles | 1,97 | 10 | 1329 | 0,09 | 43,42743 | 6,894163 | N/A |