ISSN 2970-2321
ISSN 2970-2321
Rédigé par : Annie Aboucaya, Marion Peirache, David Geoffrey, Marie-Claire Gomez (service connaissances du patrimoine, Parc National de Port-Cros)
Date de création : 01/12/2021
Pour citer cette version : ABOUCAYA, A., PEIRACHE, M., GEOFFREY, D., GOMEZ, M-C. (2021). Fiche cluster : Iles d’Hyères – Sous-bassin : France Sud. Atlas of Small Mediterranean Islands. https://pimatlas.org/explorer-atlas/clusters/iles-dhyeres/
Composition du cluster : îles | 22 |
Composition du cluster : archipels | 1 |
Nombre d’îles avec au moins un statut de protection national | 24 |
Nombre d’îles avec au moins un statut de protection international | |
Nombre d’îles avec au moins un gestionnaire | 12 |
Les îles d’Hyères ont été appelées aussi « Iles d’Or » ou encore « Stoechades » (rangées en ligne, en grec). Disposé en arc de cercle légèrement au Sud du Massif des Maures (dont il est issu, cf fiche sous-bassin), l’archipel des Îles d’Hyères se compose de 3 grandes îles, d’Ouest en Est : Porquerolles (1250 ha), Port-Cros (675 ha), Le Levant (1000 ha) et constitue le secteur le plus méridional de la côte provençale. Port-Cros est la plus boisée et porte la forêt de chênes verts la plus mature, tandis que Porquerolles, et surtout Le Levant, possèdent plus de milieux ouverts. De nombreux îlots entourent Port-Cros : Bagaud (58 ha), Le Rascas (1 ha), la Gabinière (4 ha) et surtout Porquerolles, avec d’Ouest en Est : le petit Langoustier (2,5 ha), Cap Rousset (1,2 ha), Rochers des Mèdes (0,2 ha), Petit Sarranier (0,8 ha), Gros Sarranier (2,3 ha) et quelques autres caps plus ou moins indépendants. Plusieurs îlots se situent autour de la presqu’île de Giens : Les Fourmigues Ouest (0,08 ha), les Fourmigues Est (0,27 ha), Ile de la Redonne (0,6 ha), Île Longue (2 ha), Ilôt Ratonnière (0,5 ha), Petit Ribaud (0,8 ha), Grand Ribaud (18,46 ha), Îlot du Cap de l’Estérel (0,1 ha). Cet archipel pris au sens large constitue donc un ensemble important de territoires de tailles très diverses échelonnés entre la côte et les grandes îles, façonnés par une histoire et des usages propres.
Pour la climatologie, l’histoire de la formation des îles d’Hyères, la géologie, l’occupation humaine ancienne, on se reportera utilement à la fiche sous-bassin « France Sud ».
Les nombreux forts et batteries militaires témoignent d’un passé conflictuel et de la position stratégique des îles d’Hyères (cf encadré n°1), qui furent aussi le siège de combats durant la deuxième guerre mondiale, avec une occupation italienne et allemande. On peut évoquer aussi les installations monastiques sur les trois grandes îles, régulièrement saccagées par les pillages maures du XIIème au XVIIIème siècle et le passé sanitaire de Port-Cros et Porquerolles, qui ont servi de lazaret et accueilli les nombreux blessés et malades des guerres de Crimée, Tonkin, Dahomey et les convalescents de la légion étrangère et de l’infanterie coloniale. Enfin des fabriques de soude et d’acide sulfurique avaient été établies au XIXème siècle à Porquerolles et à Port-Cros, loin du continent en raison de leur activité polluante. Le moins reluisant demeure sûrement le traitement sordide infligé aux enfants dans les divers établissements de colonies pénitentiaires privés créés à Porquerolles et au Levant dans la deuxième moitié du XIXème siècle.
Créé le 14 décembre 1963, le parc national de Port-Cros est le premier parc marin d’Europe et un des deux plus anciens parcs nationaux français. A ce titre, il bénéficie de connaissances historiques et d’intéressants suivis du milieu marin en séries longues.
A l’heure actuelle, Port-Cros et Porquerolles sont réunies sous un statut de parc national terrestre et marin. Porquerolles, plus touristique, reflète toujours l’image de l’île jardinée, installée par Joseph-François Fournier au début du XXème siècle, avec d’importants domaines viticoles privés et la présence des vergers conservatoires mis en place par le Conservatoire botanique national méditerranéen. Ce dernier affirme le rôle phare de Porquerolles dans la conservation de la biodiversité par le stockage de l’importante banque de graines de plantes rares du littoral méditerranéen français constituée depuis 26 ans (cf. encadré n°2). Plusieurs sites militaires sur toutes les îles sont encore actifs, mais seul le Levant a gardé l’essentiel de cette vocation avec le centre de lancement de missiles qui occupe la majorité de l’île. Sur la petite partie non militaire de l’île a été créé au début du XXème siècle le village naturiste « Heliopolis » par les docteurs Durville, adeptes d’une vie saine et proche de la nature.
Forts des Îles d’Hyères ou la course à l’armement
En raison des attaques régulières subies par l’archipel et la région hyéroise durant des siècles et de l’intérêt stratégique du port de Toulon, les îles d’Hyères possèdent une originale collection patrimoniale d’une vingtaine de forts et batteries dont les dates de construction et de remaniements s’étagent du règne de François 1er au XIXème siècle. On peut énumérer à Porquerolles : XVème siècle Ste-Agathe, XVIIème : l’Alycastre, Grand Langoustier, Petit Langoustier ; début du XIXème siècle : Fortins du Galéasson, du Bon Renaud, du Lequin ; fin XIXème : la Repentance, et plus récemment la batterie des Mèdes. A Port-Cros, ont été édifiés: XVème siècle Le Moulin ; XVIIème forts de l’Estissac, Port-Man ; début XIXème siècle, fortins de Bagaud (Sud, Est, Nord, Centre), la Vigie ; fin XIXème : l’Éminence. Il faut attendre le règne de Louis XIII et Richelieu pour voir de grands travaux de défense de la rade d’Hyères, toutefois insuffisants car ils n’empêchèrent pas l’occupation par les barbaresques, les espagnols puis les anglais. Ce n’est que sous Napoléon que fut adoptée une stratégie de défense des côtes méditerranéennes susceptibles de protéger la flotte de Toulon et la rade d’Hyères. La construction de nombreux fortins correspond à la volonté de compléter le dispositif existant afin de contrôler les mouvements ennemis en rade d’Hyères. A la fin du XIXème siècle, l’apparition du canon rayé, de plus longue portée et bien plus précis allait réduire à 2 forts utiles le dispositif de contrôle de l’archipel et de la rade (forts de l’Éminence et de la Repentance), entraînant le déclassement de tous les autres bâtiments. Ces 2 derniers ouvrages allaient bientôt devenir inutiles à leur tour en raison de l’invention vers 1885 des obus torpilles par les allemands. Le Parc national a une volonté de conserver ce riche patrimoine architectural par une politique de restauration des bâtiments, en propre ou à l’aide de partenariats avec des privés volontaires attributaires de baux emphytéotiques.
Annie Aboucaya (Parc National de Port-Cros)
Au cours des siècles précédents, de nombreux botanistes ont réalisé des inventaires, mais concentrés essentiellement sur les trois grandes îles.
Dans sa monographie des îles d’Or (1929), Jahandiez aborde de façon synthétique et moderne de nombreuses thématiques naturalistes sous forme d’inventaires : botanique (plantes vasculaires terrestres, mousses, champignons, lichens, algues ) et zoologie (mammifères, oiseaux, reptiles, batraciens, poissons, mollusques, crustacés terrestres et marins, bryozoaires, échinodermes, éponges, insectes : orthoptères, lépidoptères, névroptères, hémiptères, diptères, coléoptères, hyménoptères, myriapodes, arachnides). Il évoque aussi la géologie, avant une réactualisation de l’approche par Bronner (De schiste et d’eau, 1987 ; Guide géonautique, 2006).
La végétation a fait l’objet d’études et cartographies, également surtout sur les grandes îles : Molinier a réalisé les premières études de végétation à Port-Cros (1937, 1952) et Porquerolles (1955). En 1972, Lavagne et Moutte ont réalisé la cartographie de la végétation de l’île de Port-Cros avec une réactualisation récente par Lavagne, Bigeard et Delaye (2007). En 1976, Lavagne a levé la carte phytoécologique de l’île de Porquerolles au 1/5000 ème. Enfin Noble & Michaud (2016) ont dressé la cartographie de la végétation et des habitats naturels de l’ensemble du site Natura 2000 « Rade d’Hyères » qui comprend l’archipel des Îles d’Hyères, les îlots de Giens et de Bormes les Mimosas et les Anciens salins d’Hyères. Ces travaux ont permis de recenser les formations végétales dont les principales sont listées ci-dessous pour ce qui concerne les îles et îlots.
Maquis et forêts
Formations littorales
– Sur rocher, formation halophile à statice nain, criste marine, lotier faux cytise, puis en s’éloignant un peu de la mer, formations basses à euphorbe des Îles Pithyuses et cinéraire maritime, passerine tartonraire (Le Levant), passerine hirsute (Porquerolles, Petit Langoustier), ou formation à Anthyllis barba-jovis et Genévrier rouge (Porquerolles, Petit Langoustier).
Pelouses et milieux ouverts
-Pelouses rases, éphémères et très diversifiées à Tuberaria guttata et Hypochoeris glabra
-Formations des falaises siliceuses d’ubac à doradille obovale et nombril de Vénus (avec la très rare doradille des Baléares)
-Pelouses xérophiles vernales à ail petit-Moly et romulées (Porquerolles)
Zones humides :
-Zones humides temporaires bassins et oueds, mares temporaires à Isoète de Durieu (3 îles)
-Formations d’oued à Tamaris d’Afrique (Le Levant)
-Roselières des eaux douces, ou formation à Massette de St-Domingue (Le Levant).
Quelques cartographies végétales ont été réalisées pour les îlots : Petit Langoustier (Delorme M. & Aboucaya A.2002 in Aboucaya & al. 2012, réactualisation Noble et Michaud 2016) et Petit Ribaud (Aboucaya A. 2000 in Aboucaya & al. 2012, réactualisation Noble et Michaud 2016).
Un effort important d’inventaires a été mené de longue date par le Parc national et le Conservatoire botanique national méditerranéen sur les îles d’Hyères, en particulier en ce qui concerne la flore vasculaire. La réactualisation de l’inventaire de Porquerolles a été publiée en 2009 par N. Crouzet : 705 taxons. En cours de réactualisation, l’inventaire de Port-Cros réalisé par D’Onofrio (2003, inédit) comporte environ 662 taxons tandis que celui du Levant est en cours d’élaboration (l’accès en zone militaire est autorisé sous certaines conditions aux naturalistes du PNPC). Avec l’aide de l’initiative «Petites Iles de Méditerranée » (PIM) du Conservatoire du Littoral, les inventaires de flore vasculaire des îlots satellites de Giens, Porquerolles, Port-Cros ont été réactualisés en 2009 et 2014 (sauf Gabinière, total extrait de Médail (1998). Les îlots comportant un nombre nul à faible de plantes vasculaires sont le Ribaudon, le rocher des Mèdes-mer, les Fourmigues avec un total de 0 à 1, Petit Sarranier, Rocher des Mèdes-terre, Ratonnière, Cap de l’Estérel, Pointe Ste-Anne, Gabinière avec moins de 20 plantes recensées, les îlots à nombre moyen comportant plus de 20 mais moins de 100 : Ile Longue, Redonne, Petit Ribaud, Petit Langoustier, Cap Rousset, Gros Sarranier, Rascas. Les îlots dont l’effectif de taxons vasculaires dépasse les 100 sont plus rares : Grand Ribaud, Bagaud.
Les Bryophytes ont fait l’objet d’une étude récente sur Porquerolles où Hugonnot (2007) a recensé 117 taxons. Sur Port-Cros, l’étude de JP Hébrard (1978 et 1979), réactualisée partiellement par B. Offerhaus (2014 in SILENE Flore) avait inventorié 101 espèces.
Les cryptogames non vasculaires ont malgré tout fait l’objet de moins d’attention et les travaux existants nécessitent une évaluation pour les champignons et une réactualisation ou une réalisation (selon les territoires) pour les Lichens et Bryophytes.
Pour la faune terrestre, les îles d’Hyères ont fait l’objet de nombreux inventaires. Port-Cros est le principal bénéficiaire devant Porquerolles, puis le Levant. Les îlots de la presqu’île de Giens, de Porquerolles et de Port-Cros ont également bénéficié d’opérations mises en œuvre par le Conservatoire du littoral avec l’initiative PIM. Les bases de données SILENE Faune, l’outil SINP de la Région PACA et l’outil Faune PACA (LPO) concentrent les données régionales.
Sur tous les territoires du Parc national on note pour la faune terrestre un certain déséquilibre dans les taxons inventoriés. Si l’avifaune, les mammifères, les amphibiens ou les reptiles sont bien étudiés, les invertébrés le sont beaucoup moins, à quelques exceptions près, notamment les Araignées, le Parc national de Port-Cros étant sans doute celui dont la faune d’Arachnides est la mieux connue.
Avec plus de 400 références scientifiques concernant le milieu marin, les cœurs marins de Parc national, et tout particulièrement Port-Cros, bénéficient d’un niveau de connaissance exceptionnel.
Les cartographies des biocénoses engagées sur Porquerolles, le Levant, Port-Cros puis l’ensemble du site N. 2000 « Rade d’Hyères » dans le cadre de la réactualisation du docob ont permis de mieux appréhender les différentes communautés littorales et profondes (jusqu’à la tranche bathymétrique des 40 m et au-delà sur Port-Cros). Les états de conservation ont également été établis. Ce niveau de connaissance est considéré comme très bon, voire même excellent sur Port-Cros grâce à une cartographie en 3D réalisée en 2011 avec des prospections en ROV sur les roches profondes.
Parmi les principaux habitats marins recensés, on trouve les replats boueux ou sableux exondés à marée basse (haute et moyenne plage), les bancs de sable à faible couverture permanente d’eau marine (avant-plages submergées), les grottes marines submergées ou partiellement submergées, les roches infralittorales à algues photophiles, habitat du mérou brun (Epinephelus marginatus), de la grande cigale de mer (Scyllarides latus) et du corb (Sciaena umbra). Les récifs présentent des formations particulières intéressantes comme les ceintures à Rissoella verruculosa, rhodobionte endémique de Méditerranée, les trottoirs à Lithophyllum byssoides autour des 3 grandes îles d’Hyères. Les herbiers de posidonies figurent parmi les habitats prioritaires, cartographiés autour de l’archipel hyérois jusqu’à au moins 30 m de profondeur, globalement en bon état même s’ils sont dégradés par endroits par les mouillages forains, la prolifération des caulerpes et l’impact des ganguis et chaluts dans les zones pêchées. Le coralligène et le détritique côtier sont considérés comme des habitats à très forte valeur écologique en Méditerranée, en raison de leur richesse biologique et de la grande diversité de micro-habitats.
Plusieurs inventaires archéologiques sous-marins détaillés ont été réalisés (Long, 2004). Le PNPC dispose aussi d’une excellente connaissance du grand patrimoine bâti des îles.
Le Conservatoire botanique national méditerranéen de Porquerolles.
Le Conservatoire Botanique National Méditerranéen de Porquerolles est un établissement public, agréé depuis 1990 par l’Etat. Son territoire d’agrément lui permet d’exercer ses missions sur 9 départements : Var, Bouches du Rhône, Vaucluse, Alpes Maritimes pour la Région PACA et l’ensemble des départements du Languedoc Roussillon (Gard, Hérault, Aude, Pyrénées Orientales et Lozère).
Ses principales missions sont :
*La connaissance de la flore et des habitats naturels et semi-naturels : flore spontanée ou introduite, l’évaluation scientifique des statuts des taxons et le suivi des espèces exotiques, dont certaines ont un caractère envahissant.
*L’identification et la conservation des éléments rares et menacés de la flore sauvage et des habitats
*La fourniture à l’État et aux collectivités territoriales d’un concours technique et scientifique
*L’information et la sensibilisation du public sur ces thématiques.
Le conservatoire botanique administre une importante base de données, SILENE Flore, contenant près de 4 millions d’observations floristiques issues du travail de son équipe de botanistes (inventaire, numérisation de la bibliographie historique et des herbiers) et de son réseau de collaborateurs. Les données d’observation sont mises à disposition du public dans un souci de partage des connaissances mais également pour favoriser la conservation de la flore sauvage en amont des projets d’aménagement. Couvrant toute la zone méditerranéenne française continentale et, en collaboration avec le Conservatoire botanique national alpin, l’intégralité de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et de l’ex Languedoc Roussillon, elle est accessible sur internet : flore.silene.eu.
Une banque de semences d’espèces menacées
Le conservatoire botanique dispose d’environ 1800 espèces ou sous-espèces, conservées sous forme de 8 000 accessions (lots de semences), réparties pour moitié en chambre froide et moitié en ultra dessiccation (lyophilisation). Le verger conservatoire
Des collections variétales fruitières représentatives du bassin méditerranéen ont été plantées sur l’île de Porquerolles à des fins de conservation et de recherche (oliviers, figuiers, mûriers).
Sylvia Lochon-Menseau, directrice du Conservatoire botanique national méditerranéen de Porquerolles
De par l’histoire géologique de la formation des Îles d’Hyères (cf fiche sous bassin Sud), la grande taille de Porquerolles, Port-Cros, le Levant, Bagaud et la politique de préservation des milieux, on rencontre dans l’archipel de nombreuses espèces animales et végétales rares, voire endémiques, conservées grâce à l’isolement insulaire, ce qui confère une responsabilité toute particulière au gestionnaire. La flore et la végétation possèdent en outre une originalité liée au substrat siliceux, rare en Provence.
Parmi les espèces végétales patrimoniales, citons Delphinium requienii, Teucrium marum, Teucrium massiliense, Ptilostemon casabonae, les Romulées endémiques, de découverte récente : Romulea florentii et Romulea assumptionis, Crepis leontodontoides, Galium minutulum, Genista linifolia, Isoetes duriaei, Alkanna lutea, Vicia elegantissima (découverte et décrite à Porquerolles), Plantago subulata, Thymelaea hirsuta, Orobanche sanguinea, les formations à barbe de Jupiter, à Euphorbes arborescentes…
Pour les îlots, on peut évoquer entre autres les belles populations de Brassica montana et Silene badaroi sur l’île Longue, d’ Anthyllis barba-jovis au Petit Langoustier et sur le Rascas, de Fumaria flabellata au Gros Sarranié, au Grand Ribaud, au Cap Rousset, sur l’Ile Longue,de Thymelaea hirsuta sur la Redonne et le Grand Ribaud, de Crepis leontodontoides sur le Grand Ribaud.
Pour Bagaud et le Grand Ribaud, on se référera utilement à leurs fiches spécifiques pour avoir plus de données dans toutes les rubriques traitées.
La faune terrestre n’est pas avare non plus en espèces patrimoniales. Parmi les oiseaux, nous pouvons citer le Puffin yelkouan, endémique de Méditerranée et strictement insulaire, dont les Iles d’Hyères abritent entre 90 et 95% de la population nationale et représentent le principal site de reproduction en France. On rencontre aussi le Puffin cendré, le Faucon pèlerin avec au moins une quinzaine de couples nicheurs sur l’archipel, l’Engoulevent d’Europe, nicheur sur l’archipel, le Cormoran de Desmaret dont un seul couple nicheur est connu (Le Levant)… De nombreuses espèces de Chiroptères sont recensées parmi lesquelles le Murin à oreilles échancrées (se reproduit à Porquerolles), le Minioptère de Schreibers, la Pipistrelle pygmée (récemment découverte à Porquerolles)… Pour les amphibiens, le Discoglosse sarde, discrète endémique tyrrhénienne est connue à Port-Cros et Le Levant. L’archipel présente aussi une belle richesse pour l’herpétofaune avec l’Hémidactyle verruqueux et le Phyllodactyle d’Europe, nocturne, la Couleuvre de Montpellier, la Couleuvre à échelons, la Coronelle girondine.
Les invertébrés ont été moins étudiés que les vertébrés mais le développement de leurs inventaires permet également de redécouvrir une richesse souvent peu perçue. A titre d’exemple, plus de 115 espèces d’abeilles sauvages vivent sur Porquerolles, dont 13 rares ; le grillon maritime, qui vit dans les zones rocheuses en bord de mer, a été récemment redécouvert sur Port-Cros, Porquerolles et Bagaud ; des cloportes remarquables vivent par ailleurs dans les mattes de posidonie et ont eux aussi récemment été redécouverts. Plus courant, le Jason et d’autres papillons de jour tels que le Vulcain ou le Citron de Provence colorent les îles de leurs présences quasiment toute l’année.
Pour le domaine marin, l’effectif important de mérous est un indicateur de la gestion suivi sur le long terme. Parmi les espèces patrimoniales, nous pouvons évoquer le corb, la patelle géante devenue rarissime, les champs de grandes nacres dans les herbiers de posidonies, le récif-barrière de posidonies à Port-Cros.
Le sanctuaire international PELAGOS a été créé en 1999 par la France, la principauté de Monaco et l’Italie pour la protection des mammifères marins. Englobant l’archipel des Iles d’Hyères, ce territoire de 87 500 km² abrite le Dauphin bleu et blanc, le Grand Dauphin, le Dauphin de Risso, le Globicéphale noir, le Rorqual commun, le Cachalot, le Dauphin commun et la Baleine à bec de Cuvier. Les nombreuses études réalisées sous l’égide du Sanctuaire réaffirment l’importance de l’archipel des îles d’Hyères pour ces espèces, particulièrement pour le Grand Dauphin, espèce à affinité côtière, considérée comme très régulière sur la zone.
Enfin l’archipel possède un intérêt culturel important avec un extraordinaire patrimoine de bâtiments militaires et la présence d’épaves sous-marines. Il a depuis longtemps inspiré des écrivains, entre autres Melchior de Voguë, St-John Perse, André Gide, Jacques Audiberti, Jules Supervielle pour Port-Cros, Simenon à Porquerolles. Le sentier littéraire de Port-Cros a d’ailleurs été récemment inauguré pour en garder la mémoire. C’est également un lieu privilégié pour les réalisations de films : Jean d’Agrève, Pierrot le Fou parmi les tournages déjà anciens, plus récemment et parmi d’autres, le Parfum de la dame en noir…
Avec plus de 1,2 million de visiteurs par an, l’archipel, en particulier l’île de Porquerolles, subit une très forte pression de fréquentation touristique terrestre et marine (plaisance) qui s’avère préjudiciable aux objectifs de protection des milieux naturels.
Divers travaux scientifiques réalisés et en cours ont pour thématique la capacité de charge, devenue un point clé de la réussite des actions de gestion et protection (Bergère 2009, master Université de Bretagne ; Bergère & Le Berre 2011).
L’observatoire de la biodiversité et des usages marins a été créé par le Parc national de Port-Cros pour évaluer l’état de conservation de la biodiversité marine et l’efficacité de sa gestion. Conçu comme un outil d’aide à la décision, il vise à mesurer les pressions qui s’exercent sur la biodiversité marine des 3 grandes îles d’Hyères et de la presqu’île de Giens et à apprécier l’effet des mesures de gestion mises en place en réponse. Il fonctionne au travers de nombreuses thématiques, d’indicateurs et grâce à des protocoles scientifiques rigoureux.
La prolifération de nombreuses espèces exotiques envahissantes, perturbant les fragiles équilibres naturels insulaires constitue une problématique de plus en plus préoccupante pour le gestionnaire. Pour la faune terrestre, citons le rat noir sur l’essentiel des îles et îlots, les faisans commun et vénéré et le chat haret à Porquerolles. Des espèces indigènes très prolifiques, ou initialement absentes des Îles d’Hyères comme le hérisson, introduit volontairement à Porquerolles et Le Levant et depuis peu le sanglier, désormais présent à Port-Cros et Porquerolles, peuvent s’avérer également problématiques par la concurrence exercée sur des espèces vulnérables et emblématiques de l’archipel.
Pour la flore terrestre, la plante sans-doute la plus répandue en termes de surfaces colonisées est la griffe de sorcière sur les grandes îles et sur la plupart des îlots. L’arrachage en a été réalisé par le Parc national sur l’îlot du Petit Langoustier et des opérations d’éradication sont en cours sur Bagaud, mais également sur le Petit Ribaud par les propriétaires privés. Lors de la mission PIM d’avril 2014, des arrachages totaux ont été réalisés par les équipes PNPC/PIM sur l’îlot du Cap Estérel et partiels sur l’île Longue. Le personnel du PNPC pratique régulièrement des opérations de contrôle de la plante à Port-Cros et sur certains secteurs de Porquerolles. A Porquerolles, un contrôle est également réalisé sur les populations d’ Eucalyptus globulus et sur les Mimosées (Acacia dealbata, A. retinodes, A. longifolia). Signalons les importantes populations d’Herbe de la Pampa, de Paraserianthes lophanta et d’ Aptenia cordifolia au Levant.
Concernant les plantes les plus ornementales, ces enjeux et opérations de contrôle ne sont pas toujours compris des propriétaires privés.
En mer, des opérations annuelles sont réalisées pour la maîtrise de Caulerpa taxifolia depuis 1994 dans les eaux de Port-Cros d’où elle est aujourd’hui totalement absente et 2004 dans celles de Porquerolles. Caulerpa racemosa est largement présente dans l’archipel hyérois.
L’observation de la régression de certaines plantes indigènes sur les îlots semble indiquer un impact des apports de nitrates par les populations de goélands leucophée et de substances diverses par les embruns.
La gestion de la ressource en eau, limitée sur les îles, constitue aussi un point clé dans la gestion de la capacité de charge.
Port-Cros est le premier parc national marin d’Europe et le deuxième plus ancien parc national français (création en 14 décembre 1963). L’essentiel de l’île de Porquerolles est devenu un cœur terrestre et marin du parc national de Port-Cros (décret du 4 mai 2012).
La réserve intégrale des îlots de Port-Cros, incluant les îlots satellites de Port-Cros (Bagaud, Rascas, Gabinière) assure une protection très forte (décret du 9 mai 2007).
Les îles et îlots de Porquerolles et l’île de Port-Cros bénéficient d’un statut de classement de site, Bagaud, la presqu’île de Giens et Porquerolles d’une inscription.
Au Levant, une réserve naturelle des Arbousiers d’une vingtaine d’hectares a été créée par le syndicat des copropriétaires d’Heliopolis en 1993, à l’initiative de Mme Claude Teilhol.
L’ensemble du secteur renferme de nombreuses propriétés du Conservatoire du Littoral et des rivages lacustres situées à Port-Cros, à Porquerolles, sur l’ensemble de l’île de Bagaud et certains îlots de Giens.
Depuis 1999, le sanctuaire international Pelagos a pour ambition de protéger les mammifères marins .
L’application de la démarche Natura 2000 sur le territoire a débuté en 1996 lorsque le site « Iles et îlots de Port-Cros et de Porquerolles » a été choisi pour être l’un des 37 sites pilotes français LIFE – Natura 2000. Le Parc national de Port-Cros, désigné comme opérateur, a produit en 1998 un DOCOB validé par arrêté préfectoral le 15 juillet 1999 et mis en œuvre durant 3 années. Le Pr. Lavagne, phytosociologue et rapporteur désigné pour le Parc sur cette période, a rédigé en 2002 un rapport d’expertise sur la mise en œuvre de ce document.
En 2002, une nouvelle consultation a permis à la Commune d’Hyères de se prononcer favorablement à l’extension du site aux territoires acquis par le Conservatoire du Littoral (Salin des Pesquiers et Vieux Salins), ainsi qu’aux territoires terrestres et marins (jusqu’à l’isobathe -50 m) de l’île du Levant. Le site « Iles et îlots de Port-Cros et de Porquerolles » a alors été redessiné et découpé en plusieurs sites, ce qui a engendré une réactualisation du DOCOB. La nouvelle désignation fût la suivante :
– La ZPS « FR 9312008 Salins d’Hyères et des Pesquiers » comprenant les Vieux Salins, le Salin des Pesquiers et ses marais périphériques et la pinède des Pesquiers.
– La ZPS « FR 9310020 Îles d’Hyères » comprenant les îles et îlots de Port-Cros (entourés par une bande marine de 600 m de large), de Porquerolles (entourés par une bande marine de 500 m de large) et du Levant (entourée par une bande mariné limitée par la bathymétrie – 50m).
– La ZSC « FR 9301613 La côte d’Hyères et son archipel» comprenant les îles et îlots de Port-Cros, de Porquerolles et du Levant, les Vieux Salins, le Salins des Pesquiers et ses marais périphériques et la Pinède des Pesquiers.
La réécriture du DOCOB pour ces 3 sites a été entreprise par le Parc national de Port-Cros. Il a été validé le 29 avril 2008.
Par la suite, les périmètres de la ZPS « Îles d’Hyères » et de la ZSC « Côte d’Hyères et son archipel » ont été étendus pour inclure une importante zone marine continue entre les îles et le continent. Le nouveau périmètre de la ZPS « Îles d’Hyères » a été fixé par l’Arrêté ministériel du 27 mai 2009 ; 94 % de sa superficie est marine. Le périmètre de la ZSC a été modifié par l’Arrêté ministériel du 26 juin 2014 ; 92% de sa superficie est marine. Cette ZSC a été renommée « Rade d’Hyères ».
Aboucaya A., 1989. La flore des îles d’Hyères : étude des rapports phytogéographiques et biosystématiques avec les Maures et la Corse. Thèse en Sciences naturelles, Université Aix-Marseille III, 361 p. + 1 tome annexes floristiques.
Stratégie scientifique 2013-2022 du Parc national de Port-Cros , version réactualisée 2016, 38 p. + annexes.
Tableau récapitulatif des clusters et îles du sous-bassin
NOM DES ILES ET ILOTS | NOM DE L’ARCHIPEL | surface (ha) | Altitude max (mètre) | Linéaire côtier (mètre) | Distance à la côte (mile nautique) | Coordonnées géographiques | Propriété | Iles avec au moins un statut de protection | Présence d’un gestionnaire | |
Latitude | Longitude | |||||||||
Ilot du Cap de l’Esterel | 0,14 | 8 | 156,2 | 0,01 | 43,03273 | 6,17359 | Domaine public maritime (100%) | |||
Les Fourmigues Est,Les Fourmigues de l’Escampobariou | 0,27 | 13 | 249,7 | 1,06 | 43,03981 | 6,069429 | Domaine public maritime (100%) | |||
Les Fourmigues Ouest,Les Fourmigues de l’Escampobariou | 0,08 | 3 | 118,4 | 1 | 43,04015 | 6,06792 | N/A | |||
Porquerolles | 1278 | 143 | 41530 | 1,46 | 43,00095 | 6,21304 | N/A | Institution publique ‘Parc National de Port-Cros’ | ||
Port-Cros | 627,4 | 195 | 23200 | 4,61 | 43,00543 | 6,39601 | Conservatoire du Littoral (50%), Défense nationale, Ministère de l’environnement | Institution publique ‘Parc National de Port-Cros’ | ||
Bagaud | 59 | 59 | 8314 | 4,86 | 43,0124439 | 6,36327 | Conservatoire du Littoral (100%) | Institution publique ‘Parc National de Port-Cros’ | ||
Levant | 1001 | 131 | 37740 | 5 | 43,0299 | 6,467057 | Ministère de la défense | |||
Île du petit Langoustier | 2,2 | 8 | 1166 | 1,34 | 43,00447 | 6,1614 | Ministère de la défense | Institution publique ‘Parc National de Port-Cros’ | ||
Gros Sarranier,Gros Saraignet | 1,85 | 25 | 790 | 4,28 | 42,99887 | 6,252806 | Ministère de l’Environnement (100%) | Institution publique ‘Parc National de Port-Cros’ | ||
Petit Sarranier,Petit Saraignet | 0,51 | 23 | 339,1 | 4,57 | 42,99669 | 6,259336 | Ministère de la défense | Institution publique ‘Parc National de Port-Cros’ | ||
Rocher des Mèdes nord,Rocher des deux frères | 0,07 | 22 | 126,8 | 3,07 | 43,02822 | 6,241202 | Ministère de la défense | Institution publique ‘Parc National de Port-Cros’ | ||
Rocher des Mèdes sud,Rocher des deux frères | 0,1 | 17 | 125 | 3,07 | 43,02739 | 6,241893 | Ministère de la défense | Institution publique ‘Parc National de Port-Cros’ | ||
Rousset | 1,03 | 16 | 451,2 | 1,36 | 43,00864 | 6,172628 | Ministère de la défense | Institution publique ‘Parc National de Port-Cros’ | ||
Rocher du Rascas | 0,69 | 15 | 456,5 | 4,37 | 43,01442 | 6,389294 | Conservatoire du Littoral (100%) | Institution publique ‘Parc National de Port-Cros’ | ||
Îlot de la gabinière | 3,38 | 62 | 1330 | 6 | 42,98833 | 6,395287 | Ministère de l’Environnement (100%) | Institution publique ‘Parc National de Port-Cros’ | ||
Ilot de la Pointe Sainte Anne | 0,005 | 1,6 | 35,38 | 1,52 | 43,00189 | 6,159811 | N/A | |||
Ile Longue | 1,04 | 28 | 551,7 | 0,09 | 43,04115 | 6,090967 | Conservatoire du Littoral | |||
Ile Longue – îlot est | 0,16 | 169,5 | 0,05 | 43,04115 | 6,090967 | Conservatoire du Littoral (100%) | ||||
île du Portugais | 0,13 | 8 | 196,1 | 0,01 | 43,03192 | 6,124579 | N/A | |||
île du Grand Ribaud | 16,33 | 52 | 4095 | 0,4 | 43,01883 | 6,143434 | ETAT MINISTERE DE L EQUIPEMENT DES TRANSPORTS ET DU LOGEMENT (20%) | Commune de Six-fours les plages | ||
Ile du petit Ribaud | 0,68 | 17 | 495,7 | 0,14 | 43,02346 | 6,147157 | N/A | |||
Ilot du Ribaudon | 0,1 | 4 | 168,9 | 0,12 | 43,02427 | 6,147441 | Domaine Public Maritime (100%) | |||
Ile de la Redonne | 0,48 | 12 | 427 | 0,07 | 43,04251 | 6,09804 | Conservatoire du Littoral (100%) | |||
Ile de la Ratonnière | 0,49 | 18 | 452,1 | 0,23 | 43,04032 | 6,087943 | Conservatoire du Littoral (100%) |