ISSN 2970-2321
ISSN 2970-2321
Rédigé par : Conservatoire du littoral (avec l’appui de O2 Terre)
Date de création : 01/12/2021
Pour citer cette version : CONSERVATOIRE DU LITTORAL. (2021). Fiche cluster : Côte des Maures – Sous-bassin : France Sud. Atlas of Small Mediterranean Islands. https://pimatlas.org/explorer-atlas/clusters/cote-des-maures/
Composition du cluster : îles | 14 |
Composition du cluster : archipels | |
Nombre d’îles avec au moins un statut de protection national | |
Nombre d’îles avec au moins un statut de protection international | |
Nombre d’îles avec au moins un gestionnaire |
Le cluster de la Côte des Maures est composé de 14 îlots et rochers affleurants d’une surface totale de 6,15 hectares. L’île de Brégançon couvre 3,14 ha et constitue la plus grande île du cluster. La surface moyenne de ces îles est de 0,43 ha. Elles s’étendent de La Londe-les-Maures à l’ouest jusqu’à l’extrémité de Saint-Maxime dans le Var à l’est. Le linéaire côtier de ce cluster est donc d’environ 90 km, et pourtant le nombre d’îles et îlots est assez limité, ce qui s’explique notamment par l’origine géologique du massif des Maures. En effet ce massif, qui est une petite chaîne de montagne varoise culminant à 776 mètres, est composé en grande partie de roches cristallophylliennes et cristallines très érosives sous l’action de la houle et du vent, ce qui limite fortement la création d’îlots résistant aux éléments au niveau des côtes exposées au sud.
Les îles de ce cluster ne sont pas habitées, hormis la résidence présidentielle de Brégançon qui constitue une villégiature du Président de la République Française depuis 1968.
Malgré leur petite taille, il faut savoir que certains de ces îlots possèdent un couvert forestier dense, ce qui permet d’accueillir une certaine biodiversité assez peu étudiée, et permet notamment aux oiseaux marins de s’y développer ou de s’y reposer au cours de leur migration lors d’une halte migratoire.
Une seule de ces îles n’est pas concernée par le périmètre d’un site NATURA 2000 : Les Sardinaux, au large de Sainte-Maxime
Les connaissances pour les îles de ce cluster restent assez limitées, autant au niveau historique qu’environnemental.
Concernant l’étymologie, plusieurs hypothèses ont été émises pour l’origine du mot “Maures”. L’’hypothèse de Frédéric Mistral, qui écrit que ce mot provient du toponyme provençal “Mauro”, qui signifie “sombre et obscurs”. L’’adjectif maure qui signifie également « brun, foncé» est commun à l’ancien occitan et à l’ancien français. De fait, ce nom exprime et provient certainement de l’aspect foncé du massif des Maures, et de sa géologie particulière.
L’histoire de ces îlots semble méconnue mis à part Brégançon, qui accueillait déjà un comptoir grec au VIIème siècle avant JC, et qui prit le nom de Pergantion. Nous savons également, qu’une seigneurie fut installée dès le moyen-âge, avant de subir de nombreux dommages liés aux guerres de religion. A partir du XVIIème siècle, le fort fut renforcé par le Cardinal de Richelieu pour permettre à la France de protéger les côtes toulonnaises et hyéroises. Enfin, le fort devient propriété de l’Etat à la Révolution, avant de devenir un lieu de villégiature officiel du Président de la République en 1968 par décision du Général de Gaulle.
Encadré – L’histoire du Fort de Brégançon
Joyau du patrimoine français, le fort de Brégançon possède en lui une partie de l’histoire du pays, de ses jeux de pouvoirs, de ses conquêtes et de ses multiples guerres. Érigé au sommet d’un rocher de 35 mètres, sur la commune actuelle de Bormes-les-Mimosas, l’emplacement du fort fut rapidement occupé du fait don emplacement stratégique aux abords du port de Toulon et de Hyères. Dès l’an 118 avant J.-C., l’ilot de Brégançon abritait déjà une forteresse, construite par les Ligures de Provence.
Cette forteresse fut ensuite détruite, pour laisser place au XIème siècle à un fort, construit et possédé par les vicomtes de Marseille, avant d’intégrer le royaume de France en 1257. Après avoir traversé les âges et les différentes guerres régionales, le fort fut utilisé par Bonaparte pour y installer une artillerie lourde et surveiller les ports alentours, avant d’être utilisé pour y installer un régiment de vétérans nationaux.
Enfin, l’histoire contemporaine du fort commence lors du mandat du Général de Gaulle en 1968, lorsque ce dernier décida d’y installer la résidence officielle des présidents ! Depuis, les chefs d’État auront pour habitude d’y séjourner en période estivale durant leur mandat, mais également d’y recevoir les présidents des grandes puissances mondiales !
La plupart des îlots du cluster de la Côte des Maures sont restés très peu connus sur le plan de la biodiversité jusqu’à très récemment. Les inventaires naturalistes effectués dans le cadre des inventaires ZNIEFF et NATURA 2000 ont permis d’améliorer les connaissances et de mettre en exergue la présence d’espèces floristiques et faunistiques d’intérêt patrimonial.
Les îles siliceuses de la côte des Maures disposent d’un couvert forestier assez dense où le Pin d’Alep Pinus halepensis et le Chêne vert Quercus ilex dominent en taillis, voire en futaies, mais où les essences caducifoliées (Quercus pubescens, Sorbus, Acer) sont très rares ou absentes. Côté faune, les Caps Lardier et Taillat abritent la dernière population littorale de Tortue d’Hermann Testudo hermanni en France occidentale, et la zone des 3 caps possède également 21 espèces patrimoniales dont 6 déterminantes ZNIEFF. La zone littorale possède également des populations d’insectes d’intérêt patrimonial comme la Thécla de l’arbousier Callophrys avis, qui sont essentiellement des espèces d’affinités méditerranéennes.
Le littoral de la Côte des Maures est par endroit très fortement urbanisé. Cependant, une majorité du littoral reste sauvage, et ses fonds marins restent préservés. On retrouve de ce fait près de Brégançon des petits massifs de posidonie Posidonia oceanica, espèce protégée au niveau national, sur des fonds peu profonds. On retrouve également des grandes nacres Pinas nobilis, une espèce indigène à la méditerranée rare et également protégée au niveau national. Cette espèce patrimoniale, en danger critique d’extinction, est en effet très sensible aux pollutions en tout genre, attestant que les eaux sur le littoral des Maures restent à certains endroits peu exposées aux fortes pollutions.
Les zones plus profondes possèdent de grandes étendues de posidonies et de cymodocées Cymodocea nodosa qui abritent des raies pastenagues. On note également une grande richesse en concrétions de coralligènes, et la présence ponctuelle de bancs de Maërl, qui sont très rares en méditerranée (contrairement à l’Atlantique) et qui mettent en lumière une eau de qualité.
Plusieurs mammifères marins, comme le Grand dauphin Tursiops truncatus, ont également été signalés autour des îlots.
Enfin, le cluster de la côte des Maures, et notamment de ses îlots ouest, font partie intégrante du patrimoine local, et sont notamment reconnus grâce à la réputation de Brégançon. Le littoral de la côte des Maures est très apprécié par les touristes, notamment durant la période estivale. Les pourtours de Brégançon sont également très fréquentés par les bateaux de plaisance, grâce à la mise à disposition de bouées de mouillage. Enfin, les îlots sont également fréquentés par les activités nautiques grâce à un accès facile en partant des différentes plages aux alentours. Les spots de plongée sous-marine sont également très prisés et fréquentés en été.
La pression la plus importante au niveau des îles de ce cluster est liée à la pression touristique très importante durant la période estivale. La proximité des îlots ouest avec les ports (Le lavandou, La Londe-les-Maures) et les plages du littoral de la côte des Maures (plage de Brégançon, plage de la Galère) rendent leur accès très facile pour les balades ou les activités nautiques. Ces îlots sont donc exposés à une nuisance sonore importante durant l’été, et au mouillage des bateaux qui dégradent fortement les herbiers de posidonie aux alentours.
Ces îlots sont également exposés aux incendies qui touchent régulièrement le massif des Maures, et sont également exposés à l’échouage de déchets provenant des villes aux alentours et du bassin méditérannéen, notamment à cause des courants et des vents.
Enfin, les îlots du cluster de la Côte des Maures, comme une grande partie de la Méditerranée occidentale, sont envahis par Caulerpa taxifolia depuis 1999 et par Caulerpa racemosa depuis 2003. Ces deux espèces exotiques envahissantes sont particulièrement problématiques pour les herbiers de posidonie et pour la faune marine, car elles ne possèdent pas de prédateurs connus en méditerranée, même s’il semble que leur progression récente soit maintenant limitée (source : Campagnes Caulerpes 2011 – Observatoire Marin du littoral des Maures) grâce notamment aux actions de l’Observatoire Marin.
Les fonds marins du cluster de la côte des Maures ont été suivis depuis 1999 par l’Observatoire Marin, structure créée grâce à une initiative des élus du Golfe de Saint-Tropez. Cette structure conseille également les mairies du littoral pour les projets liés au milieu marin, et opèrent dans le but de créer une connaissance poussée des milieux littoraux de la zone. L’Observatoire marin a également pour mission de sensibiliser les différents usagers du littoral des Maures, et de mettre en place des opérations de gestion des littoraux. Ils ont notamment permis, en 2011, la mise en place de bouées de mouillage dans le but d’éviter l’ancrage des bateaux sur les herbiers de posidonie.
Depuis 1999, l’Observatoire Marin a également mené des campagnes d’études et d’éradication de l’espèce envahissante Caulerpa taxifolia, qui fut très problématique sur le littoral méditérannéen. Pour cela, une concertation avec les acteurs et élus locaux a permis de faire émerger plusieurs principes pour le littoral de la Côte des Maures :
Une partie des îlots du littoral des Maures fait également partie du Natura 2000 FR9301624 – CORNICHE VAROISE depuis 2014, dont la gestion a été confiée à la DREAL PACA.
Enfin, le fort de Brégançon et son îlot sont classés comme Monument Historique (MH) depuis 2012, ce qui permet une protection accrue contre l’urbanisation et la fréquentation.
Tableau récapitulatif des clusters et îles du sous-bassin
NOM DES ILES ET ILOTS | NOM DE L’ARCHIPEL | surface (ha) | Altitude max (mètre) | Linéaire côtier (mètre) | Distance à la côte (mile nautique) | Coordonnées géographiques | Propriété | Iles avec au moins un statut de protection | Présence d’un gestionnaire | |
Latitude | Longitude | |||||||||
Bregançon | 3,15 | 36 | 1264 | 0,06 | 43,09279 | 6,32227 | Etat (100%) | |||
Cap Taillat,Cartaya | 0,51 | 10 | 361,4 | 0,04 | 43,16671 | 6,647083 | N/A | |||
Ilot Cristau | 0,16 | 10 | 186,9 | 0,06 | 43,09115 | 6,372141 | N/A | |||
Ilot de l’Estagnol nord,Estagnol Terre | 0,3 | 8 | 278,3 | 0,02 | 43,1055 | 6,299368 | N/A | |||
Ilot de l’Estagnol sud,Estagnol Large | 0,17 | 8 | 189,5 | 0,07 | 43,10481 | 6,298982 | N/A | |||
Rocher de l’Estagnol Nord | 0,01 | 45,53 | 0,01 | 43,10632 | 6,29871 | N/A | ||||
L’Estagnolon | 0,05 | 100,7 | 0,03 | 43,10593 | 6,299689 | N/A | ||||
Fourmigues du Cap Benat | 0,09 | 5 | 126,6 | 1,63 | 43,10598 | 6,404201 | N/A | |||
Ilot du Jardin | 0,14 | 5 | 300,3 | 0,16 | 43,10532 | 6,304966 | N/A | |||
Ilot de Leoube | 0,38 | 13 | 288,8 | 43,11405 | 6,282773 | N/A | ||||
Rocher Fouras | 0,05 | 129,1 | 0,33 | 43,19917 | 6,688609 | N/A | ||||
Ile aux Oiseaux,Ilot du Cap Camarat,Rocher des Portes | 0,63 | 16 | 360,1 | 0,03 | 43,2001 | 6,682353 | N/A | |||
Les Sardinaux | 0,15 | 216,2 | 0,61 | 43,31446 | 6,686996 | N/A | ||||
Teste de Can | 0,12 | 197,2 | 0,38 | 43,25814 | 6,703202 | N/A | ||||